jeudi 14 juin 2012

OVNIs et la pathologie de la Raison d’Etat

OVNIs et la pathologie de la Raison d’Etat

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Extrait d'un film de l'armée française sur un OVNI - 1952

Après un article sur Roswell et un autre sur les témoignages d’anciens militaires (dont de nombreux hauts gradés) américains organisés par le National Press Club, il me semble intéressant de revisiter la question des OVNIs en essayant de comprendre pourquoi les Etats, et les Etats-Unis en particulier, sont si frileux en la matière. Je pointe les USA car c’est le pays qui semble être le plus “visité”, qui dispose de la technologie militaire et scientifique la plus avancée, et dont les services concernés (militaires et NASA) sont les plus autistes, attachés à une dénégation systématique du phénomène qui relève soit de la pathologie clinique, soit de raisons qui nous sont actuellement inconnues.

Pour situer le sujet, voici un excellent documentaire réalisé par James Fox intitulé “Out of the Blue”, faisant vraiment le tour de la question à l’aide de nombreux témoignages très crédibles.



Face à la vague de témoignages qui secouent l’opinion américaine à la fin des années 40 et début des années 50, l’USAF lance un programme de recherche sur les OVNIs baptisé Blue Book. 15 ans plus tard et après moultes circonvolutions, cette étude est publiée en 1968 sous le nom de Rapport Condon. C’est un chef-d’oeuvre d’enfumage, donc acclamé par la presse, totalement à côté de la plaque et dont la conclusion est “rien d’utile en termes scientifiques n’est sorti de 21 années de recherche sur les OVNIs. L’analyse attentive des faits tels que nous les connaissons nous mène à conclure que la continuation d’études poussées en matière d’OVNIs ne peut se justifier par l’espoir de faire avancer la science.” Cette conclusion est sans doute recevable en soi, mais elle ne répond pas à la question initiale qui était de savoir si certains phénomènes pouvaient être objectivement attribués à des objets volants de nature inconnue et donc, vu la supériorité technologique américaine de l’époque, éventuellement de nature extra-terrestre.

Une étude autrement plus sérieuse fut menée en France et remise à Jacques Chirac et Lionel Jospin en 1999, le Rapport Cometa. Elle fut au même moment publiée par le magasine VSD, garantissant ainsi son non-enterrement pour raison d’Etat. Ce rapport se fonde sur un grand nombre de témoignages (dont de nombreux militaires) et d’analyses depuis 1977, mais passe également en revue des récits historiques de l’Antiquité à nos jours. Ses conclusions sont à l’opposé de celles du rapport Condon : “Le problème des OVNIs ne peut pas être éliminé par de simples traits d’esprit caustiques et désinvoltes… (ces études) démontrent la réalité physique quasi-certaine d’objets volants totalement inconnus, aux performances de vol et au silence remarquable, apparemment mus par des intelligences… Des engins secrets d’origine bien terrestre ne peuvent expliquer qu’une minorité de cas… Force est donc de recourir à d’autres hypothèses… L’hypothèse extraterrestre est de loin la meilleure hypothèse scientifique ; elle n’est certes pas prouvée de façon catégorique, mais il existe en sa faveur de fortes présomptions, et s'il elle est exacte, elle est grosse de conséquences

Cette étude, il faut le rappeler, fut conduite par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) et préfacée par le Général Bernard Norlain, ancien directeur de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale. On est donc pas chez les bisounours et autres soucoupistes à la petite semaine.

Venons-en à la question de la Raison d’Etat, qui est d’ailleurs adressée dans le rapport Cometa. Certains ne souviennent peut être de l’extraordinaire déclaration de Ronald Reagan, en tant que Président des Etats-Unis lors de la 42 ème assemblée générale des Nations Unies en septembre 1987 : “Dans notre obsession avec les antagonismes du moment, nous oublions souvent tout ce qui unit les membres de l’humanité. Peut-être avons-nous besoin d’une menace externe, universelle, pour nous obliger à reconnaître cette nature commune. Je pense parfois à quelle vitesse nos différences disparaîtraient si nous devions faire face à une menace extérieure à ce monde.” Mais comme le note le rapport Cometa, “pour les dirigeants politiques comme pour les scientifiques, s’intéresser officiellement aux OVNIs et aux extraterrestres c’est d’abord risquer le ridicule face à des commentateurs et à des médias qui manient régulièrement l’omission, l’ironie destructrice et même le mensonge.

Nous avons ici identifié les deux faces du problème : d’une part ce que les dirigeants politiques savent vraiment (nous y reviendrons), et d’autre part ce qu’il leur est possible de dire face à des médias de masse et un monde politico-médiatique totalement imperméable à toute évaluation intelligente de cette problématique. On fait déjà tout un plat lardé d’hypocrisie et de désinformation sur le cannabis, alors les extraterrestres…

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Que savent les responsables politiques ? Peut être que Reagan avait quelque chose de précis en tête lors de son discours de 1987 aux Nations-Unies, mais on a plutôt le sentiments qu’en fait les élus ne savent pas grand chose : Jimmy Carter et Bill Clinton, en qualité de Présidents, ont tous deux essayés de sonder ce que les services américains savaient vraiment sur les OVNIs, et ont du essuyer des fins de non recevoir. Eisenhower, dans son discours de départ de la présidence américaine en janvier 1961, disait notamment ceci : “Au sein des conciles gouvernementaux, nous devons être en garde contre l’acquisition, volontairement ou non, d’un pouvoir trop important par le complexe militaro-industriel. Le potentiel pour une désastreuse montée en puissance d’un pouvoir mal placé existe, et continuera d’exister. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison (militaire + industriel, ndt) mettre en danger nos libertés et processus démocratiques. Rien n’est assuré. Seule une citoyenneté alerte et instruite peut garantir le bon rapport entre l’énorme machine militaro-industrielle et nos paisibles objectifs et méthodes, de manière à ce que liberté et sécurité puissent prospérer ensemble.” Tout est dit, et le danger ainsi pointé par Eisenhower est, depuis longtemps mais de toute évidence depuis le 11 septembre 2001, une réalité absolue.

Le somptueux navet qu’était Independance Day avait le mérite de mettre en scène la méconnaissance totale d’un président américain, pourtant élu, beau et courageux, des secrets et des opérations spéciales gérés par ses services de sécurité nationale – en l’occurrence, la captation et l’étude d’une soucoupe volante crashée à … Roswell, of course. Cette imperméabilité entre la politique et les officines pathogènes dotées de moyens illimités remonte à la création de la NSA en 1952. Ces services secrets extrêmement puissants et autonomes, associés aux vastes intérêts du complexe militaro-industriel, du pétrole et de la finance, constituent cet Etat Profond dont j’ai proposé une introduction dans ce billet. Là où se prennent les vrais décisions, d’où sont tirées les ficelles et d’où est apparu l’Etat Prédateur, la captation par ces forces occultes de l’appareil d’Etat à leur profit.

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C’est donc dans cette logique qu’il faut, sans doute, comprendre l’inexistence politique sur la questions des OVNIs : non seulement politiciens et scientifiques ont peur du ridicule s’ils font mine de s’y intéresser, mais surtout ils ne savent pas grand chose et “on” leur fait vite comprendre qu’ils n’ont pas intérêt à y mettre le nez. Ceci vaut, en tous cas, pour les Etats-Unis où l’assassinat de JFK est l’exemple absolu. L’impossibilité, volontaire ou non, pour Obama de sortir du sillon sécuritaire (lire par exemple Obama resigne pour le Patriot Act) est à mon avis un signe des pressions que subit un exécutif a priori non aligné sur les intérêts de l’Etat Profond. Cette omerta existait aussi en URSS bien sur, et de nombreuses informations intéressantes sont apparues suite à la chute du mur.

Nous avons en Europe la chance de disposer d’une plus grande ouverture et de rapports crédibles, mais on est encore loin de traiter en place publique la question des OVNIs, de leur nature et de leurs effets, par exemple sur le contrôle des installations de missiles nucléaires. Cette question est d’ailleurs à l’origine du rapport Cometa, dont le titre officiel est “Les OVNIs et la Défense, à quoi doit-on se préparer ?“.

En conclusion, étant donné que le phénomène OVNI ne peut plus, objectivement, être balayé sous le tapis et que si les officines au sein des services secrets, des armées, des agences telles la NASA en savent en fait beaucoup sur ces phénomènes, s’ils ont peut être en leur possession des restes d’OVNIs voir des spécimens biologiques ET, comment reprendre le contrôle de ce qui est in fine financé par les citoyens et imposer notre droit absolu à accéder à ces informations ? Faudra t’il détruire cet Etat Profond, cette mafia psychopathe pour accéder à la connaissance – connaissance peut-être révolutionnaire, dans tous les sens du terme ? Et pour ce faire, il suffit au fond d’appliquer le conseil d’Eisenhower, le pire cauchemar de l’Etat Profond et du dogme sécuritaire : une citoyenneté alerte et instruite.

Sources : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/ovnis-et-la-pathologie-de-la-118144,
http://area51blog.wordpress.com/2012/06/08/ovnis-et-la-pathologie-de-la-raison-detat/


SFH 06-2012

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