lundi 24 novembre 2014

Caraibes et archéologie : les découvertes en République Dominicaine

Caraibes et archéologie : les découvertes en République Dominicaine

Grottesborbon dessinsrupestres extrait

Quand on parle des Caraïbes, on cite souvent les pirates et les corsaires, le rhum, Christophe Colomb, les tropiques et le sable fin. Certains parlent parfois du Triangle des Bermudes, ou encore de l'Atlantide et de Bimini, de pyramides englouties au large de Cuba... mais on n'entend jamais personne se soucier d'antiquité ou de préhistoire dans ces régions. Pour une majorité de gens, ces territoires sont jeunes et étaient vierges, voir inconnus avant les débuts de l'esclavagisme et de l'arrivée des conquistadores espagnols...

Quelle ne fut donc pas la surprise de Sir Robert H. Schomburgk lorsqu'en 1849, il découvrit les grottes de Borbon ou " del Pommier " et leurs peintures rupestres étonnantes. Ses écrits, publiés en 1854 à Londres, restent parmi les plus anciens connus parlant des peintures rupestres au niveau mondial. C'était tellement inattendu d'ailleurs pour la science de l'époque, que cette découverte faite en République Dominicaine (ou île Hispaniola, où Colomb établi ses quartiers à son arrivée) retomba assez vite dans l'oubli...

Situées à environ 35 kilomètres à l'ouest de Santo-Domingo (Saint-Domingue) et à côté du village de Borbon, c'est 55 cavités qui ont été localisées dans un petit karst composé de collines boisées atteignant les 170 mètres de hauteur. Ces grottes sont en majorité des abris sous roche, des grottes horizontales d'environ 200 mètres de développement, ou de grottes plus importantes accessibles par des puits et des dolines d'effondrements (sur 10 à 40 mètres) et recoupant des galeries ou tunnels importants.

Cartegrottesborbon

Ce sont dans ces sanctuaires que des amérindiens, identifiés d'abord comme des Arawaks (Caribs) et des Tainos, mais aussi depuis par les Igneri, considérés comme les vrais indigènes pré-colombiens, habitant les Bahamas, les Grandes Antilles et quelques petites îles antillaises, et qui ont laissé des peintures et des témoignages de leur lointaine culture. Des datations ont confirmé un âge étalé sur 8000 à 2000 ans pour ces peintures, et on sait aussi qu'un peuple s'est installé très tôt à Cuba par exemple puisque des traces très anciennes y auraient été découvertes récemment...

Ce n'est qu'en 1955 qu'un prêtre, Tarciso Villanueva, accompagné de jeunes scouts, redécouvrira la " Cueva del Corral ", et ce n'est qu'en 1976 qu'une mission du Museo del Hombre Dominicano, dirigée par Dato Pagan Perdorno, réalise les premiers relevés topographiques et photographiques de ces cavités, ce qui provoque en même temps leur classification en tant que "parc national". Depuis, Domingo Abreu Collado (président du seul groupe spéléologique de l'île), lutte pour la reconnaissance et protection de ces sites. Car malgré leur classement comme parc national, le site archéologique n'a jamais fait l'objet de protection réelle ni d'attention particulière.

La scène internationale avait été alertée lors du 8ème symposium international d'art rupestre américain qui s'était déroulé à Saint-Domingue en juin 1987. En 1992, Robert Bednarik écrivait dans le rapport INORA (t17) l'importance de ces sites et faisait état de demandes répétées auprès de l'IFRAO pour une intervention directe de cet organisme. Malheureusement, cela est resté sans suite et les préjudices causés à ces sites se poursuivent et atteignent un degrés de risques pouvant provoquer leur destruction pure et simple.

Des carriers sans scrupules dynamitent au-delà de leurs limites d'exploitation à l'intérieur même du parc national. Des tirs ont eu lieu à 6 - 8 mètres de l'entrée de la Cueva la Cigua, provoquant le détachement des parois d'un bloc de 50 à 60 tonnes...

Grottesborbon dessinsrupestres 
YH : peintures rupestres dans les grottes et interprétations des archéologues concernant ces rites dits "chamaniques" (cliquer dessus pour lire)

On note que ce n'est qu'en 1996 que ces sites ont enfin reçu une protection officielle, après quelques endommagements malheureusement irréversibles...

Ceci est un extrait de la Lettre Internationale d'informations sur l'Art Rupestre (I.N.O.R.A en anglais) N° 7 de 1994, une édition du Dr. Jean Clottes qui est intéressante car l'une des rares publications archivée de l'époque sur ce qui se trouve dans les Caraïbes au niveau antique, voir préhistorique.

El pomier cueva numero uno

" Given the international importance of these caves for the study of Amerindian groups that inhabited the Caribbean Islands for nearly 8,000 years prior to the arrival of western culture, the caves are being considered for the unique category of Capital Prehistoric De Las Antillas (Prehistoric Capital of the Antilles) and the rehabilitation of one of its caves and its surrounding area to match this new category. "


YH : on ne peut s'empêcher de faire la relation entre ces dessins de silhouettes d'oiseaux et les dessins similaires trouvés sur l'ïle de Paques, ainsi que toutes les légendes (mondiales) parlant des hommes-oiseaux ou dessinant des hommes-oiseaux... à ce titre, il est encore difficile d'appuyer la thèse de "culture locale" ou "d'un peuple"... mais bien plutôt d'une culture très ancienne et mondiale, trouvable sur tous les continents, et à des périodes pas très éloignées les unes des autres en final...

Iledepaques homme oiseau
Ile de Paques-l'Homme-Oiseau

Yves Herbo Archives, Sciences, Faits, Histoires, 24-11-2014

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