La Pierre dans la Montagne
Cadotte Pass-Tableau 1860
Par Yves Herbo (c)
Nord du Missouri, vers les Greats Falls, septembre 1865. La nuit tombante était dégagée, l’air était doux et James Lumley s’arrêta un instant pour boire quelques lampées d’eau de sa gourde. Lumley était un trappeur d’expérience, né du côté de Putnam County, il y avait un peu plus d’un demi-siècle. Cela faisait 35 ans qu’il chassait et tannait des peaux entre les Rocheuses et Great Falls, du Montana au Missouri. Cet après-midi, il avait repéré une famille de castors établie sur un des petits cours d’eau qui allait nourrir le Mississippi plus bas dans la vallée, et n’avait pas voulu trop s’en éloigner. Tant pis pour sa cabane installée plus haut, il avait de quoi camper, la nuit devrait être douce et sans vent. Il se dirigea vers un campement idéal repéré plus tôt dans la journée, un abri naturel créé par un gros bosquet de centaurées au nord, protégeant de l’air frais et d’un mur de gros rochers en forme de L qui fermait l’espace à l’est et au sud.
Les premières étoiles commençaient à apparaître dans le ciel violacé quand, du coin de l’œil, Lumley fut surpris par un soudain éclair, ou une luminosité de quelques dixièmes de seconde dans le ciel, vers l’ouest. Il tourna la tête dans la direction et s’immobilisa, aux aguets. Ses instincts de chasseur-poseur de pièges s’étaient aussitôt alarmés, et il ressentait un imperceptible changement dans l’atmosphère. Un silence anormal semblait résonner dans ses oreilles, même les oiseaux s’étaient tus, et tout était figé, comme si le temps lui-même s’était arrêté.
Soudain, entre deux battements sourds de son cœur, le trappeur entendit comme un grondement de tonnerre, long et en augmentation, alors qu’un nouvel éclair illuminait le ciel vers l’ouest et qu’une grosse étoile grossissait au-dessus des Rocheuses.
Les étoiles filantes ou traînées de bolides n’étaient pas exceptionnelles pour lui, tout comme les orages violents, les tempêtes de neige ou de sable suivant les saisons, les tornades même et les crues imprévues. Mais ce point lumineux, tirant sur le rouge-orangé, surmonté d’un panache blanc, ne provenait pas des régions du ciel habituelles, plus hautes. Il était presque à l’horizontale, entamant à peine une légère descente. Et surtout, il grossissait à vue d’œil et se dirigeait dans sa direction, dans une trajectoire oblique le menant à passer au nord de sa position, vers Cadotte Pass. À peine cinq secondes s’étaient écoulé, semblant durer beaucoup plus longtemps, que l’objet lumineux éclata en de multiples morceaux, comme un feu d’artifice ou une boule de pollen soufflée par le vent.
Etonné mais ravi par cette magnifique vision, il repartait en direction de son abri quand le bruit d’une explosion résonna en direction du nord, puis la terre se mit à trembler, à vibrer légèrement. Quelques oiseaux affolés s’envolèrent d’un bel ensemble, alors qu’un bruit semblable à une forte pluie s’amplifia un instant et qu’un puissant vent courba la cime des arbres alentours. L’air s’était aussi rempli d’une odeur particulière, ayant un caractère sulfureux. Le tout s’arrêta deux minutes après, et la nature reprit aussitôt ses droits, une chouette plongea sur un rongeur, un coyote gémit au loin… Lumley rejoignit son campement et se promit d’aller voir ce qu’il en retournait dès le lendemain.
Remettant à plus tard la famille de castors, notre homme décida que la pose de quelques pièges du côté de la crête Nord-Ouest des Great Falls devrait être bénéfique, et s’en alla donc dans cette direction, tôt après le lever du soleil. Il avait bien parcouru trois kilomètres lorsqu’il tomba sur un chemin comme tracé à travers la forêt : de gros arbres géants déracinés, d’autres cassés ou pliés près du sol, beaucoup de branches brisées. Un peu plus loin, même le sommet des collines était rasé, la terre littéralement labourée par un énorme sillon. Un grand ravage avait dévasté les environs, un peu comme une tornade, se remémora le trappeur.
Il suivit le chemin chaotique en direction du flanc de la montagne, qui trônait un kilomètre plus haut, et aperçut en y arrivant l’origine de tous ces bouleversements : une énorme roche sombre s’était encastrée dans la paroi de la montagne. À cet endroit précis, un silence profond régnait, et même les animaux préféraient encore s’en éloigner. Il faut dire qu’une odeur d’œufs pourris ou de souffre flottait dans l’air quand Lumley s’en approcha.
La pierre était encore chaude et on entendait de petits crépitements tout le long de la paroi rocheuse, recouverte de lichens ou de cactae, sauf à l’endroit où la pierre de plusieurs mètres de large s’était enfoncée. Il recula instinctivement quand il marcha sur ce qui ressemblait à du verre, éparpillé sur un sol recouvert de taches noires, comme s’il avait bu récemment du liquide. Or, il n’avait pas plu depuis au moins deux semaines dans le coin, il était bien placé pour le savoir. Il s’attarda à examiner la pierre, ou tout du moins ce qui dépassait de la paroi, constata que la roche s’était divisée en plusieurs blocs sous l’impact et que sur plusieurs endroits, au niveau des déchirures, des signes étranges étaient visibles.
Lumley, comme beaucoup de citoyens de l’époque, avait vu des caractères chinois qui ressemblaient plus ou moins à ces dessins, mais le fait qu’ils soient sur cette pierre tombée du ciel relevait du surnaturel. Pour lui, c’était visible sous ses yeux, cette roche appartenait à un plus grand ensemble, qui avait éclaté et dont l’un des gros débris était tombé ici. Comprenant qu’il ne pourrait pas découvrir grand-chose d’autre, le trappeur prit des repères pour retrouver facilement l’endroit, ramassa plusieurs échantillons de « verre » et de roches puis partit s’acquitter de sa tâche quotidienne…
Les chaleurs de septembre s’étaient déjà éclipsées en ce début octobre pluvieux et venteux lorsque Lumley, avec son cheval et sa mule chargés de peaux, arriva dans la ville de Everett House, Missouri. Il avait bonne réputation, même s’il ne savait pas trop bien lire ou écrire, il savait compter et on le disait honnête. N’ayant au aucun mal à vendre sa marchandise à bon prix, il allait repartir quand il décida de raconter l’histoire qui lui était arrivée le mois précédent.
L’homme n’ayant pas l’habitude de raconter des sornettes et ne buvant pas avec excès parut tellement sincère qu’un journaliste présent s’intéressa à l’affaire. Le curieux, nommé John Riley et détenteur d’une colonne dans le Daily Missouri Democrat, interrogea James Lumley, qui finit par le convaincre par son assurance et enthousiasme. Et surtout en lui montrant ses preuves, dont des échantillons des signes trouvés dans la roche éclatée. Riley était d’autant plus attentif que, effectivement, un météore avait été signalé le mois dernier. Il avait été vu à Leavenworth, à Galena et dans cette cité par le colonel Bonneville en personne. À Leavenworth, on l’avait vu se séparer en particules ou exploser.
Ravi d’avoir pu témoigner de son histoire pour la postérité mais n’éprouvant aucun autre intérêt pour la chose, James Lumley laissa ses échantillons pour repartir à une dernière campagne de chasse avant l’hiver. On n’entendit plus parler de lui.
Riley, conscient d’avoir peut-être mis le doigt sur un article scientifique intéressant, put s’entretenir avec quelques collègues journalistes et même, grâce au télégraphe électrique de monsieur Morse, avec quelques astronomes. Il avait aussi lu les découvertes du français Champollion, et fit le rapprochement avec des hiéroglyphes immédiatement. Son article parut le 19 octobre 18 65 en bonne place, et fut remarqué par des universitaires des Etats environnants. Il était extrêmement peu probable, à leur avis, qu’un trappeur presque illettré ait pu inventer une telle histoire inédite, recoupée d’ailleurs en partie par d’autres témoins. Ce fut en novembre 1865 que Riley reçut une missive d’un certain Abott Schultz, archéologue de son état, attiré par la mention des hiéroglyphes. Le scientifique désirait le rencontrer rapidement, et le prévenait même qu’il était déjà en route, de New-York, pour le voir !
Le professeur Abott Schultz, compte tenu des différents moyens de transport empruntés pour le trajet, arriva début décembre à Everett House. Et, après une courte pause dans l’un des rares hôtels de la ville, il retrouva Riley à son domicile. Ce dernier avait préparé l’entrevue en invitant l’un des meilleurs cuisiniers de la ville, un grand costaud d’origine française qui était arrivé de Louisiane dix ans plus tôt, le pasteur Mortimer Lawson, d’obédience protestante et un confrère journaliste de passage du Charleston News, son ami John Pipper. Les courtoisies et présentations classiques furent rapidement dépassées lors du repas et les hommes entrèrent vite dans le vif du sujet : Riley retira une peau de castor qui couvrait les échantillons, étalés sur une table.
— Vous voulez dire que ces quelques débris viennent du ciel ? s’exclama Henry Rochette, qui n’était pas seulement cuisinier, mais aussi peu crédule de nature. Des cailloux qui ont cassé une antiquité et du verre, c’est tout ce que je vois…
— Ne vous fiez pas à votre premier coup d’œil, s’il vous plaît, intervint Riley, j’ai eu le temps de faire procéder à plusieurs analyses chimiques qui valident la provenance météoritique de ces roches. D’autres semblent contenir des échantillons de plusieurs minerais me faisant penser à un alliage, que je n’ai pu identifier avec mes ressources limitées ici. Même le verre ne reflète pas un spectre normal, y compris comparé aux cristaux comme le quartz, d’après le professeur Bishop à Saint-Louis, à qui j’ai envoyé des débris.
— Hum, fit Schultz en prenant l’un des plus grands débris, composé de deux morceaux de roches sombres mêlées par la fonte d’un côté, et sur lequel apparaissait, sur l’autre face, plusieurs signes en reliefs, aussi bien en lignes qu’en colonnes, très petites. Il approcha une loupe de l’objet et murmura : ce n’est pas de l’égyptien antique, ni des caractères runes trouvés à Sumer. Pas plus de l’asiatique à ma connaissance. Mais c’est indéniablement artificiel ! Je pensais que vos « dessins » étaient créés par la fonte de la pierre… mais là ! Vous avez mis le doigt sur quelque chose d’incroyable, si l’histoire du trappeur est réelle...
Le pasteur fit le tour de la table et, trouvant un autre débris semblable, passa le doigt dessus avant d’affirmer :
— En plus, les gravures sont effectuées parfois en creux, parfois en aspérités. Quel démon a pu fabriquer ce genre de chose ? Si le trappeur avait raison, il y aurait de gros problèmes de rhétorique envers l’Eglise et la Science … Personnellement, je pense plutôt que la météorite a fracassé une vieille tombe indienne dans la montagne… Ces sauvages sont capables de toutes les hérésies…
Pipper, qui n’avait pas ouvert la bouche depuis la vision des échantillons, s’éclaircit la voix et lança d’une voix malgré tout aphone :
— Le seul moyen de nous départager sur la question est de monter une expédition et d’aller voir…
— Pas de problème en ce qui me concerne, mes amis ! assura le pasteur avec un grand sourire. L’aventure m’intéresse, mais il va falloir faire vite si nous voulons éviter les grosses rigueurs de l’hiver à venir. Mais, monsieur Pipper, votre état de santé me fait penser que ce ne serait pas raisonnable vous concernant…
— Effectivement, les gamins de ma sœur semblent m’avoir contaminé récemment ! Je m’occuperais donc, pendant votre voyage, de comparer ces signes avec ceux des indiens que nous connaissons, pour appuyer ou non votre théorie, pasteur…
— Je ne peux délaisser mes fourneaux en cette période, intervint Rochette, mais je peux vous fournir le matériel nécessaire à votre petite expédition. Ce n’est pas si loin que ça, après tout, vous devriez être revenus bien avant noël.
— Surtout que les traces risquent de disparaître très vite avec l’humidité et la végétation qui s’accroissent, renchérit Riley : nous ne pourrons peut-être pas retrouver l’endroit au printemps prochain.
— Nous sommes donc trois, dit Abott Schultz. Je me dois d’assister à cette expédition pour des raisons scientifiques évidentes. Je pourrai obtenir plus d’aides financières à notre retour, suivant nos conclusions, mais je peux déjà investir l’or en ma possession ici.
— J’ai déjà la plus grande partie du matériel nécessaire dans ma grange, le rassura le pasteur, qui était également proche de la nature, explorant dès qu’il le pouvait la région encore désertique. Nous pourrons partir après-demain, si ce cher Monsieur Rochette nous prévoit de quoi manger pour trois semaines d’ici là !
— C’est comme si c’était fait, assura le pesant cuisinier en prenant congé.
Les choses entendues, les hommes se séparèrent tandis que Riley et Pipper, penchés sur les cartes, tentaient de trouver le chemin le plus rapide et le plus sûr pour atteindre l’endroit indiqué par le trappeur.
Les cinq hommes s’étaient bien démenés le lendemain de cette réunion, ce qui leur permit de lancer leurs chevaux dès l’aube, à un rythme soutenu mais régulier et pas trop fatigant pour les montures. Ils s’arrêtèrent quand il le fallait pour abreuver les bêtes car une douceur un peu brumeuse détonnait en ce début décembre, même dans les montagnes. Ils se dirigèrent donc sans encombre vers Cadotte Pass qu’ils atteignirent quatre jours plus tard. Ils mirent une journée de plus pour retrouver l’endroit indiqué par le trappeur, dans un lit d’éboulements cachés par de nombreux bosquets d’arbustes épineux qu’ils devaient contourner.
Ils trouvèrent, bien que commençant déjà à être recouverts par les herbes ou plantes, les dégâts décrits par le trappeur et cette nette ligne droite parmi les arbres, les collines et les épineux. La grosse pierre avait frôlé le sol, rebondissant même pour finir par s’encastrer et éclater contre la paroi. Trajectoire peu commune pour une météorite, constata Schultz aussitôt, prenant d’une main frénétique ses notes. Malheureusement, la nuit tombait vite dans les montagnes, et ils ne purent s’approcher d’avantage ce soir-là, préférant aller camper plus bas dans une clairière avec les chevaux, qu’ils devraient abandonner le lendemain, les épineux étant trop serrés vers l’endroit visé…
Cette nuit-là, alors que chacun dormait d’un sommeil profond dû à la fatigue du voyage, une épaisse brume se leva et envahit rapidement tous les environs. Du ciel, un sifflement ténu jaillit, accompagné d’une lumière éblouissante. Un énorme globe lumineux surgit, comme apparu sur place, et demeura suspendu au-dessus du campement des curieux. Aucun bruit d’aucune sorte ne troublait maintenant la nature, même les chevaux étaient figés et dormaient profondément. Un rayon intense de lumière blanche apparut à la base du globe, très épais, paraissant presque solide. Contrairement à un rayon normal, il s’arrêtait net à quelques mètres du sol, comme coupé au ciseau et n’éclairait pas, malgré sa forte luminosité. Un autre rayon surgit soudain, d’une couleur nettement rouge-orangé, et se dirigea comme par à-coups, un peu comme un assemblage de rectangles, ou une file de dominos en ligne droite, vers la paroi de la montagne où la roche s’était encastrée. Ce rayon resta de longues minutes collé à la montagne, pulsant un peu comme un cœur lumineux à cet endroit.
Soudain, le rayon blanc, presque fluorescent, s’abaissa sur les silhouettes endormies, ainsi que sur les chevaux. Les formes humaines et animales, enveloppées par le rayon, s’élevèrent rapidement vers le globe qui les absorba, pendant que le rayon se rétractait et disparaissait, par à-coups comme il était arrivé. La grosse boule lumineuse sembla frémir ou pulser et le rayon rouge se mit à balayer l’ensemble du flanc de la montagne, puis de la végétation environnante. Quelques minutes plus tard, un orage de vent se leva soudainement et des bourrasques tourbillonnèrent comme une tornade, emportant les débris du campement des curieux, ravageant tous les environs sur plusieurs hectares. Pour finir, la boule, que la tempête n’avait même pas fait frémir, s’éleva dans le ciel de plus en plus rapidement pour disparaître à une vitesse que l’œil ne pouvait suivre…
Lorsque Pipper et Rochette ne virent pas revenir leurs amis dans les temps, ils donnèrent évidemment l’alerte, mais de nombreux jours étaient passés depuis leur départ, la lenteur des communications, ainsi qu’un hiver plus précoce que prévu, repoussèrent au printemps une recherche sérieuse de ce qui avait bien pu arriver à l’expédition.
Pipper et Rochette, n’ayant pas du tout les relations et possibilités de leurs amis qui avaient en plus emmené la majorité des échantillons pour les comparer sur place, abandonnèrent petit à petit espoir et intérêt. Personne ne vit quoi que ce soit d’ailleurs dans les environs, hormis de classiques traces d’orages ou de tornades, peu banales dans la région, et plus personne n’entendit parler non plus du météore aux hiéroglyphes… avant 1897… mais c’est une autre histoire…
(c) Yves Herbo -
« Cette histoire est basée sur des faits réels, décrits dans le journal The Daily Missouri Démocrat du 19/10/1865 dont certaines archives ont été numérisées, mais elle est une œuvre de pure fiction dans son développement et est parue dans le magazine de Science-Fiction "Studio Babel N°1" (8/2011).
Une histoire similaire s’est à nouveau produite et a même été décrite dans plusieurs journaux de l’automne 1897. Des scientifiques de l’époque se sont penchés sur une météorite comportant des signes gravés, météorite qui a d’ailleurs été exposée un certain temps, avant de disparaître complètement, et physiquement, de la mémoire collective… » Yves Herbo
Voici les éléments parus à l'époque sur cette étrange histoire de la fin du 19ème siècle, ainsi que d'autres observations :
Désolé pour les vieux extraits de journeaux de mauvaise qualité mais cela fait partie des témoignages sauvés du passé. Voici le texte plus lisible de la plus ancienne manchette de journal de du 19-10-1865 :
A STRANGE STORY-REMARKABLE DISCOVERY
10-19-1865
" Mr. James Lumley, an old Rocky Mountain trapper, who has been stopping at the Everett House for several days, makes a most remarkable statement to us, and one which, if authenticated, will produce the greatest excitement in the scientific world.
Mr. Lumley states that about the middle of last September, he was engaged in trapping in the mountains about seventy-five or one hundred miles above the Great Falls of the Upper Missouri, and in the neighborhood of what is known as Cadotte Pass. Just after sunset one evening, he beheld a bright luminous body in the heavens, which moved with great rapidity in an easterly direction. It was plainly visible for at least five seconds, when it suddenly separated into particles, resembling, as Mr. Lumley describes it, the bursting of a sky-rocket in the air. A few minutes later, he heard a heavy explosion, which jarred the earth very perceptibly, and this was shortly after followed by a rushing sound, like a tornado sweeping through the forest. A strong wind sprang up about the same time, but suddenly subsided. The air was also filled with a peculiar odor of a sulphurous character.
These incidents would have made a slight impression on the mind of Mr. Lumley, but for the fact that on the ensuing day he discovered, at the distance of about two miles from his camping place, that, as far as he could see in either direction a path had been cut through the forest, several rods wide-giant trees uprooted or broken off near the ground- the tops of hills shaved off and the earth plowed up in many places. Great and widespread havoc was everywhere visible. Following up this track of desolation, he soon ascertained the cause of it in the shape of an immense stone driven into the side of a mountain. An examination of this stone, or so much of it as was visible, showed that it was divided into compartments that in various places it was carved with curious hieroglyphics. More than this, Mr. Lumley also discovered fragments of a substance resembling glass, and here and there dark stains, as though caused by a liquid. He is confident that the hieroglyphics are the work of human hands, and that the stone itself, although but a fragment of an immense body, must have been used for some purpose by animated beings.
Strange as this story appears, Mr. Lumley relates it with so much sincerity that we are forced to accept it as true. It is evident that the stone which he discovered, was a fragment of the meteor which was visible in this section in September last. It will be remembered that it was seen in Leavenworth , Galena and in this city by Col. Bonneville. At Leavenworth it was seen to separate into particles or explode.
Astronomers have long held that it is probable that the heavenly bodies are inhabited—even the comets—and it may be that the meteors are also. Possibly, meteors could be used as a means of conveyance by the inhabitants of other planets, in exploring space, and it may be that hereafter some future Columbus, from Mercury or Uranus, may land on this planet by means of a meteoric conveyance, and take full possession thereof—as did the Spanish navigators of the New World in 1492, and eventually drive what is known as the « human race » into a condition of the most abject servitude. It has always been a favorite theory with many that there must be a race superior to us, and this may at some future time be demonstrated in the manner we have indicated. "
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