Découverte du plus ancien texte de St Marc connu à ce jour
This mummy mask was one of the masks that the researchers took apart to reveal ancient papyri. This mummy mask is similar to the one that contained the first century gospel fragment.
Credit: Courtesy of Prof. Craig Evans
Un texte important va être prochainement publié. Important pour l'Histoire humaine mais également bien sûr pour les instances religieuses de trois religions du monde basées sur la même histoire... Ce texte est actuellement la plus ancienne copie connue à ce jour d'une partie de l'Evangile de Marc et a été écrit au cours du 1er siécle de notre ère, avant l'année 90 plus précisément. Jusqu'à présent, il faut bien le dire, les plus anciens textes connus des Evangiles dataient du deuxième siècle après la naissance de Jésus-Christ, c'est-à-dire entre les années 101 et 200, bien après la mort de tout témoin...
Découvert en 2012 (l'année des révélations "loupées", c'est à noter), ce fragment avait été brièvement annoncé mais les scientifiques voulaient être absolument certains de sa bonne datation avant de le publier. C'est chose faite et la publication scientifique est pour cette année. Déjà, il faut savoir qu'il a été écrit sur une feuille de papyrus qui a ensuite été utilisée pour créer un masque mortuaire qui a été porté par une momie. Alors que les momies des pharaons égyptiens portaient des masques en or, les gens ordinaires du peuple devaient se contenter de masques fabriqués en papyrus ou en lin avec de la peinture et de la colle. Dans la mesure où le papyrus lui-même était assez coûteux, les gens (la famille) utilisaient bien souvent des feuilles qui avaient été utilisées et donc déjà écrites.
Au cours des dernières années, les scientifiques ont mis au point une technique qui permet que la colle de masques de momies puisse être éliminée sans nuire à l'encre sur le papier. Le texte sur les feuilles peut alors être lu.
L'évangile du premier siècle est l'un des centaines de nouveaux textes qu'une équipe d'environ trois douzaines de scientifiques et de chercheurs cherchent à découvrir, et à analyser, en utilisant cette technique de décollage des masques, a déclaré Craig Evans, professeur d'études du Nouveau Testament à Acadia Divinity College à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.
« Nous récupérons les documents anciens du premier, deuxième et troisième siècles. Pas seulement des documents chrétiens, et pas seulement des documents bibliques, mais des textes grecs classiques, des papiers d'affaires, divers documents communs, des lettres personnelles", a déclaré Evans à Live Science. Les documents comprennent des textes philosophiques et des copies des histoires du poète grec Homère. (YH : Peut-être quelques nouveautés ou précisions à venir de ce côté aussi ? - ce serait bien de découvrir aussi certains textes de Platon dans leur intégralité par exemple...) [Voir les images des inscriptions paléochrétiennes et des artefacts]
Les lettres d'affaires ou personnelles ont parfois des dates sur elles, dit-il. Quand la colle a été dissoute, les chercheurs ont daté l'évangile au premier siècle en partie par l'analyse des autres documents trouvés dans le même masque.
Un inconvénient de ce processus est que le masque de momie est détruit, et aussi, des chercheurs dans ce domaine se demandent si cette méthode particulière devrait être utilisée pour révéler les textes qu'ils contiennent.
Mais Evans a souligné que les masques qui sont détruits pour révéler les nouveaux textes ne sont pas ceux de haute qualité qui seraient présentés dans un musée. Certains ne sont pas des masques du tout, mais sont tout simplement des morceaux de cartonnage.
Evans dit à Live Science, " Nous ne parlons pas de la destruction d'une seule pièce de qualité musée." (YH : on s'en doutait presque, les objets du peuple ont très peu d'importance... mais on pourrait aussi noter que les textes les plus importants et intéressants doivent bien être... dans des masques de riches et de personnalités de l'époque et de qualité-musée intouchables... espérons qu'une méthode moins destructrice soit découverte dans le futur !)
La technique amène beaucoup de nouveaux textes à la lumière, note Evans. " D'un seul masque, il n'est pas étrange de récupérer quelques dizaines ou même plus de nouveaux textes. Nous allons nous retrouver avec plusieurs centaines de papyrus là où le travail est fait, si ce n'est des milliers."
Crédits : The Brooklyn Museum, Charles Edwin Wilbour Fund
débat
Les chercheurs qui travaillent sur le projet doivent signer un accord de non-divulgation qui limite ce qu'ils peuvent dire publiquement. Il y a plusieurs raisons à cet accord. La première est que certains propriétaires de ces masques ne veulent tout simplement pas se faire connaître, dit Evans (YH : probablement que certaines propriétés proviennent d'anciens pillages no légaux et via des héritages légaux). " Les chercheurs qui travaillent sur ce projet le font pour honorer la demande des musées, des universités, des propriétaires privés, ainsi de suite."
Les propriétaires des masques de momies conservent la propriété des feuilles de papyrus après que la colle sur eux soit dissoute.
Evans a déclaré que la seule raison pour laquelle il peut parler de l'Évangile du premier siècle avant sa publication est parce qu'un membre de l'équipe a divulgué certaines informations en 2012. Aussitôt après la fuite de 2012, des spéculations ont entouré les méthodes que les savants utilisaient pour déterminer l'âge de l'Evangile.
Evans dit que le texte a été daté par une combinaison de datations au carbone 14, par l'étude de l'écriture sur le fragment et l'étude des autres documents trouvés avec l'Évangile. Ces considérations ont conduit les chercheurs à conclure que le fragment a été écrit avant l'année 90. Avec l'accord de non-divulgation en place, Evans a dit qu'il ne peut pas en dire beaucoup plus sur la date du texte jusqu'à ce que le papyrus soit publié.
This mummy mask was one of the masks that the researchers took apart to reveal ancient papyri. This mummy mask is similar to the one that contained the first century gospel fragment.
Credit: Courtesy of Prof. Craig Evans
Destruction des masques de momies
Le processus qui est utilisé pour obtenir le papyrus, qui implique la destruction des masques de momies, a également suscité un débat. Par exemple, l'archéologue Paul Barford, qui écrit à propos des solutions sur la collecte et le patrimoine, a écrit un billet cinglant sur son blog pour critiquer le travail sur l'Évangile.
Roberta Mazza, professeur en lettres classiques et d'histoire ancienne à l'Université de Manchester, a blogué ses préoccupations concernant le texte a Brice Jones, candidat au doctorat en religion à l'Université Concordia.
Lorsque les textes seront publiés, le débat est susceptible de se déplacer au-delà de la blogosphère et dans les médias grand public et les revues spécialisées...
indices bibliques
Bien que le fragment d'Evangile du premier siècle est petit, le texte fournira des indices quant à savoir si l'Evangile de Marc a changé au fil du temps, dit Evans.
Sa propre recherche se concentre sur l'analyse des textes des masques de momie, pour essayer de déterminer combien de temps les personnes les ont détenues sur eux avant de les éliminer ou de les réutiliser. Cela peut donner des informations précieuses sur la façon dont les textes bibliques ont été copiés dans le temps.
" Nous avons toutes les raisons de croire que les écrits originaux et leurs copies les plus anciennes auraient été en circulation pendant une centaine d'années dans la plupart des cas - dans certains cas beaucoup plus longtemps, même 200 ans," a-t-il dit.
Cela signifie que " un scribe faisant une copie d'un script au troisième siècle pourrait en fait avoir à sa disposition les originaux du premier siècle, ou des copies du premier siècle, ainsi que des copies de deuxième siècle."
Publications
Evans a déclaré que l'équipe de recherche publiera le premier volume de textes obtenus dans les masques de momies et les cartonnages plus tard cette année. Il comprendra le fragment de l'Évangile que les chercheurs croient remonter au premier siècle.
L'équipe espérait initialement que le volume serait publié en 2013 ou 2014, mais la date a dû être reculée à 2015. Evans dit qu'il est incertain de savoir pourquoi la publication du livre a été retardée, mais l'équipe a fait usage du temps supplémentaire pour mener d'autres études sur l'évangile du premier siècle. « L'avantage du retard, c'est que quand il sortira, il y aura des informations supplémentaires à ce sujet et d'autres textes connexes."
En fait, on sait très peu de choses sur St Marc ! Il était sans doute un compagnon très discret des apôtres Pierre et Paul. Le texte de l'évangile selon saint Marc ne dit rien rien de son auteur. Ni apôtre, ni homme célèbre, on ne sait rien de saint Marc. La tradition la plus ancienne, remontant à Irénée de Lyon mort en 202, affirme que Marc l'évangéliste était un disciple et un interprète de l'Apôtre Pierre.
Les Actes des Apôtres parlent d'un certain "Jean", surnommé "Marc", qui était en relation avec Pierre à Jérusalem (Ac 12, 12). Mais plus loin dans le livre des Actes on apprend que ce "Jean"-"Marc" devient un disciple de Paul. Il l'accompagne dans ses missions auprès des gentils -les païens- (Ac 13, 5 ; 15, 37). Saint Paul parle de lui dans sa lettre aux Colossiens (Col 4, 10), le disant proche de lui à Rome; de-même saint Pierre dans sa première lettre (1 P 5, 13) le reconnait comme étant son ami, présent avec lui dans la Capitale de l'Empire.
C'est certain, Marc était proche des deux colonnes de l'Eglise, pourtant il demeure un personnage secondaire. Bien longtemps l'évangile selon Saint Marc est resté dans l'ombre des trois autres : Mathieu, Luc et Jean. Plus court avec seulement 16 chapitres et donc plus concis, ce texte ne s'encombre pas de détails ou d'envolées spirituelles ou théologiques. Il a été écrit pour être appris par cœur et récité lors des assemblées liturgiques.
Les exégètes sont d'accord aujourd'hui pour reconnaître l'évangile selon saint Marc comme étant le plus ancien des quatre textes de l’Évangile de Jésus-Christ.
En fait, on pense pour l'instant que l'Evangile de Marc date de la fin des années 60 ou du début des années 70, les Évangiles de Matthieu et de Luc des années 80-90 et l'Évangile de Jean des années 90-100. (YH : un minimum d'une trentaine d'années après la disparition de Jésus-Christ donc pour le plus ancien : pourquoi avoir attendu si longtemps, que s'est-il passé entre-temps ?)
Citation : " La datation des Évangiles a fait l'objet, il y a quelques années, d'une controverse passionnée. Tel ou tel exégète voulait faire remonter la rédaction de ces écrits au plus près de la vie de Jésus, estimant ainsi augmenter leur crédibilité. Pourtant il faut admettre que ces textes ne sont pas des reportages journalistiques. Ils sont le fruit d'une relecture des événements au sein des premières communautés chrétiennes. "
" On peut le regretter, Jésus n'a jamais écrit (sauf sur le sable, devant la femme adultère ?). De plus, la première génération de chrétiens avait une telle conscience de la proximité de la fin des temps qu'elle a beaucoup prêché et peu écrit. Elle attendait le retour imminent du Christ. La première littérature chrétienne s'est donc constituée de lettres ou d'épîtres qui s'efforcent de répondre aux questions immédiates. Ce n'est qu'avec l'éloignement des événements fondateurs que l'on a commencé à mettre par écrit des récits, notamment celui de la Passion, et à les organiser en séquences. "
Et les Apocryphes ?
" L'avez-vous remarqué ? Aucun des quatre évangiles n'évoque, lors de la naissance de Jésus, l'âne et le bœuf, ni même une grotte comme lieu de cette naissance. Aucun n'évoque des miracles que Jésus aurait réalisés durant son enfance, ou encore sa descente aux enfers… Ces épisodes nous sont pourtant connus car ils figurent dans une vingtaine de textes, appelés "évangiles apocryphes". "
" Parmi eux, citons le Protévangile de Jacques, l'Évangile du pseudo-Matthieu, l'Histoire de Joseph le Charpentier, l'Évangile de Thomas, etc. Dès le IIIe siècle, la polémique fit rage entre les chrétiens : comment s'y retrouver, au milieu de tous ces textes, tous plus merveilleux, ou orientés, les uns que les autres ? Par exemple, au milieu du IIe siècle, l'écrivain chrétien Marcion voulut rejeter toute trace juive rappelant l'Ancien Testament ; il tenta donc de réduire les évangiles à celui de Luc, et à quelques lettres de Paul. En réaction, on vit apparaître des listes de livres considérés comme représentatifs de la vraie foi en Jésus-Christ. "
" En 360, le concile de Laodicée arrêta une liste définitive. On fit dès lors la distinction entre les livres dits "canoniques" (du grec "canon", qui signifie "norme", "règle") et les livres dits "apocryphes" (issu du grec "caché", qui signifia plus tard "non reconnu" (!)). Selon leur origine, ces textes obéissent à des logiques différentes : soit ils apportent des précisions, non unanimes, sur tel ou tel aspect de la doctrine ; soit ils répondent à la curiosité ou au besoin de merveilleux populaire ; soit enfin ils déclarent manifester des faits et des paroles "cachés" du Christ, se voulant compréhensibles exclusivement à une élite de croyants. "
" L’Évangile de Marc est le plus ancien : écrit à Rome dans les années 60, il est destiné aux païens convertis. Matthieu et Luc s’inspirent de la même source que Marc, dans les années 80-90, ce qui permet de mettre en parallèle ces trois Évangiles dits "synoptiques". Matthieu s’adresse à des chrétiens venus du judaïsme et insiste sur la reconnaissance de Jésus comme le Messie attendu par les Juifs. Luc écrit pour des chrétiens de diverses origines qui vivent dans le monde grec, et développe la dimension universelle du message de Jésus. Enfin, l’Évangile attribué à Jean - écrit par des disciples de l’apôtre à la fin du premier siècle - révèle Jésus qui est à la fois "vrai homme et vrai Dieu". Ces écrits ne sont donc pas des reportages mais des "proclamations de foi". Les Évangiles témoignent de la diversité des premières communautés. Chaque texte n’a pas la prétention de tout dire de Jésus, fils de Dieu, mais veut transmettre la manière dont la rencontre du Christ ressuscité a bouleversé la vie des croyants. "
Tout ceci est extrêmement étrange, vous en conviendrez : comment le plus ancien des quatre textes ait pu émaner d'un discret disciple n'ayant jamais rencontré Jésus-Christ et soit resté dans l'ombre des plus récents parlant de Jésus-Christ, tout en les inspirant tous... ? Et en plus, c'est encore un Jean qui prend le pseudo de Marc... les mystères liés aux évangiles et aux apôtres n'ont pas fini de nous surprendre apparemment... Attention, je ne critique ni ne condamne : j'ai été élevé (puisque je suis né dans un pays "laïc" à majorité chrétienne) en partie dans la foi chrétienne et j'ai même fait partie (un peu contraint !) d'une chorale d'église réputée encore de nos jours... j'ai été effectivement touché (c'est bien le terme, voir les débuts de mon autobiographie sur ce site, ceux qui veulent savoir chercheront), tout enfant, par "quelque chose", une sorte de "connexion divine" difficile à décrire, plusieurs fois mais de façons différentes. Mais il est normal aussi de s'interroger devant tant de contradictions et d'illogismes dans un monde des humains qui se veut rationnel et logique...
Quoiqu'il en soit, ce texte plus ancien attribué à St Marc et donc plus proche de l'original nous montrera peut-être des différences intéressantes par rapport aux copies déjà connues et éventuellement détournées par Rome ou autres...
Source chrétienne : http://www.croire.com/Definitions/Bible/Evangile/Naissance-des-Evangiles
Yves Herbo Traductions, Sciences, F, Histoires, 28-01-2015