vendredi 27 août 2021

Suisse: Lucerne découverte d'un village de 3000 ans englouti

Suisse: Lucerne découverte d'un village de 3000 ans englouti


Suisse 3000ans unterwasserarchaeologie zh1

Un plongeur du département d'archéologie sous-marine de Zurich au travail dans le lac des Quatre-Cantons Unterwasserarchäologie UWAD Zürich / Canton de Lucerne


Des traces d'un village d'habitation sur pilotis (ou maison sur pilotis) ont été mises au jour lors de la pose d'un pipeline dans la zone portuaire naturelle. Les restes ont été trouvés par des archéologues sous-marins à environ quatre mètres sous la surface de l'eau.

Il s'agit d'un village lacustre de l'âge du bronze trouvé sous la surface du lac des Quatre-Cantons. La découverte montre que la ville de Lucerne était déjà peuplée il y a 3 000 ansC'est 2000 ans plus tôt qu'on ne le pensait auparavant, ont déclaré jeudi des chercheurs.

Les archéologues cherchaient des preuves de peuplement depuis un certain temps, mais avaient été gênés par une épaisse couche de boue au fond du lac. Les travaux sur l'oléoduc ont cependant révélé une trentaine de pieux ou échasses en bois préhistoriques et cinq pièces de poterie.

Le bois et la poterie ont été testés et datés au carbone 14 de la fin de l'âge du bronze, soit environ 1000 ans avant JC.


Suisse 3000ans unterwasserarchaeologie zh2

Un plongeur ramène un morceau d'échasses à la surface (22 avril 2021) Keystone / Urs Flueeler


" Cela confirme enfin la théorie selon laquelle, dans les temps anciens, le bassin du lac de Lucerne était une zone de peuplement appropriée ", un communiqué du canton de Lucerne.

C'est pour le compte de l'Archéologie cantonale de Lucerne qu'une équipe d'archéologues sous-marins du Bureau du développement urbain de la ville de Zurich a fait la découverte tout en soutenant les travaux de dragage en vue de la construction d'un pipeline.

Le lac des Quatre-Cantons est un lac d'eau douce de 114 km² qui atteint jusqu'à 434 mètres de profondeur. Au 15 e siècle, la rivière Krienbach a transporté de grandes quantités de gravats et de débris vers la rivière Reuss, limitant le débit du lac.

Lire la suite ci-dessous :

mercredi 25 août 2021

Techniques avancées de l'élevage au début du néolithique

Techniques avancées de l'élevage au début du néolithique


Moutonsprehistoriqueanalyses 

CRÉDIT Alejandro Sierra

Lorsque les chercheurs parlent de techniques avancées précoces, on entend souvent parler de techniques liées à la pierre et la construction, mais la surprise vient ici de preuves de techniques avancées dès le début du néolithique au niveau de l'élevage des moutons. Une surprise car ces modifications des rythmes de reproduction saisonniers et de l'alimentation des moutons déjà très élaborées au début du néolithique prouvent aussi que ces méthodes et l'élevage ne peuvent que provenir d'une période encore plus lointaine dans la préhistoire. Et que ces méthodes ne peuvent logiquement pas tellement provenir d'un pastoralisme classique, tel qu'encore pratiqué régionalement dans le monde entier.

Une autre chose étonnante, c'est que ces preuves ne sont pas issues d'une étude scientifique faite en Asie (origine de la domestication du mouton : son agriotype, l'Ovis orientalis, se trouve en Asie Centrale et du Sud-Est, mais par une étude poussée faite en Europe, plus précisément dans le site néolithique de la grotte Chaves à Huesca, dans la région centrale des Pyrénées en Espagne (5600-5300 avant notre ère - l'an 0) !

Comme la recherche moderne semble le prouver de plus en plus, la majorité des innovations et nouvelles techniques préhistoriques (comme la navigation, la domestication et élevage des animaux, l'agriculture organisée, les canaux d'irrigation et barrages, les premières constructions d'habitation en dur, etc...) proviennent d'Asie. Il est bien sûr possible que toute ancienne traces de telles structures aient disparue totalement en Europe, un territoire plus petit et entièrement "terraformé" par une présence intense et constante de l'homme par rapport aux grands espaces asiatiques, mais les faits sont là pour l'instant.

Cette nouvelle recherche a été coordonnée depuis le laboratoire d'archéozoologie du département d'antiquité de l'UAB (Universitat Autonoma de Barcelona), avec la participation de chercheurs de l'Université de Saragosse, du Musée d'Histoire Naturelle de Paris et de l'Institut catalan de paléocologie humaine et d'évolution sociale (IPHES) à Tarragone et vient de faire l'objet dans un premier temps d'un communiqué de presse, puis dans le Journal of Archaeological Science: Rapports à paraître en juin 2021 :

Il y a plus de 7500 ans, les premiers agriculteurs ont jeté les bases de stratégies d'élevage qui persistent aujourd'hui

Les résultats, une première preuve exceptionnelle de l'alimentation et de la reproduction précoces des troupeaux de moutons domestiques dans la péninsule ibérique, sont actuellement le premier exemple de modification des rythmes de reproduction saisonniers des moutons dans le but de les adapter aux besoins humains.

Le projet comprend des approches techniques basées sur l'analyse des isotopes stables et le micro-usure dentaire des restes d'animaux d'il y a plus de 7500 ans trouvés dans le site néolithique de la grotte Chaves à Huesca, dans la région centrale des Pyrénées en Espagne.

" La modification des rythmes de reproduction saisonniers du bétail a représenté une étape importante pour les sociétés préhistoriques, permettant d'avoir accès à la viande et au lait tout au long de l'année, ce qui a à son tour eu un impact énorme sur l'alimentation, sur l'économie et sur l'organisation sociale des premières communautés agricoles, et jeté les bases des stratégies agricoles qui se poursuivent actuellement. Jusqu'à très récemment, on pensait que l'élevage du néolithique en était à ses débuts, alors que de nouvelles possibilités d'analyses biogéochimiques aient été utilisées dans cette étude et ont révélé des pratiques d'élevage pleinement consolidées depuis le début du néolithique ", explique le Dr Maria Saña, chargée de cours au Département de Préhistoire de l'UAB et coordinatrice du projet.


Moutonsprehistoriqueanalyses

L'étude sur les restes d'animaux trouvés sur le site de la grotte Chaves à Huesca, dirigée par l'Universitat Autònoma de Barcelona, ​​obtient de nouvelles données sur le contrôle de l'élevage et de l'alimentation des premières fermes de moutons domestiqués trouvés dans la région méditerranéenne occidentale au cours de la Néolithique. La modification de leurs cycles naturels d'accouchement a affecté leur physiologie et a entraîné des périodes prolongées de fertilité. CRÉDIT Alejandro Sierra


La domestication des moutons n'a pas eu lieu dans la péninsule ibérique. Son agriotype, l'Ovis orientalis, se trouve en Asie centrale et du sud-est. " Ce qui est surprenant, c'est la rapidité avec laquelle les moutons sont intégrés dans les stratégies d'élevage et leur énorme importance économique dans les premières périodes du néolithique. Ce que nous constatons, c'est une adoption rapide et réussie, qui démontre que leurs mécanismes d'adaptation à la fois au nouvel environnement et leur nouveau rôle économique étaient bien connus et contrôlés par une partie des communautés humaines. Les pressions sélectives exercées sur l'espèce étaient artificielles, elles poursuivaient des objectifs spécifiques et étaient bien définies. Ces nouvelles preuves représentent un tournant dans la recherche sur les animaux, la domestication et les origines de l'élevage."

YH : C'est aussi la preuve que soit ces cultures n'ont pas oublié et se sont transmis fidèlement ces techniques en migrant de l'Asie vers l'ouest, soit que les relations avec l'Asie étaient constantes, avec des voyages (maritimes et fluviales ?) dans les deux sens. Je rappelle ici cette étude génétique sur les toutes premières migrations Europe-Asie-Asie-Europe, mais qui ont été suivies de nombreuses autres au fil du temps : 

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/genetique-adn/genetique-une-nouvelle-migration-ancienne-en-europe-inconnue.html


La recherche s'est concentrée sur l'étude de l'élevage de moutons dans la grotte néolithique de Chaves (5600-5300 avant notre ère) dans les contreforts des Pyrénées, un site qui est " spectaculaire pour la qualité et le nombre de restes récupérés. Par rapport aux niveaux néolithiques de la faune, ses 12 754 vestiges reconnaissables représentent au moins trois fois ce que l'on trouve dans d'autres sites néolithiques de la péninsule, les moutons et les chèvres domestiques étant l'espèce la plus nombreuse et la plus grande présence de porcs de tous les sites néolithiques avec animaux et au type d'établissement stable connu pour être dédié à l'élevage, et dans une grande grotte qui avait 3.000 mètres carrés d'espace habitable ", affirme Pilar Utrilla, professeur à l'Université de Saragosse et directeur des interventions archéologiques.

YH : Nous avons donc ici en quelque sorte une sorte de ferme d'élevage intensif, pratiquant des techniques modernes il y a environ 7500 ans et sédentarisée sur une longue période...

Lire la suite ci-dessous :

mardi 24 août 2021

Le lac sacré, un conte de Loussiné Terteryan

Le lac sacré, un conte de Loussiné Terteryan


Yzaart2 650 

Photo : YsaArt (merci)


Auteure de contes et d'un livre publié (La plume magique), Loussiné Terteryan a également publié récemment un article ici sur les légendes arméniennes et une recherche :

https://www.sciences-faits-histoires.com/blog/legendes-mythes/melusine-affinites-avec-les-deesses-meres-de-l-asie-mineure.html

La revoici avec un conte issu de son imagination mais empruntant son art aux légendes de l'Arménie, dont elle m'a proposé sa publication ici.


Le lac sacré


 Loin très loin, derrière des vallées qui se trouvent derrière des monts couverts de neige éternelle, il existe un lac situé sur le Père Montagne. Ceux, qui l’ont vu, racontaient qu’il était le plus haut placé et le plus beau de tous les lacs de la planète. L'histoire de la naissance du lac est due à l’amour du Père Montagne et d’une étoile perdue dans le ciel nocturne et tombée dans ses bras.

Le jour, lorsque les dieux retrouvent leur étoile perdue, l'obligent à retourner à sa place dans le ciel. Elle résiste mais enfin cède. La veille de son retour, le cœur d’étoile s’alourdit et elle commence à pleurer. Les larmes d’étoile débordent sur la cime de la Montagne: le lendemain à l’aube, le cœur de Montagne fut creusé et un lac de larmes de sa bien-aimée s’était formé : le lac sacré....

-Comment as-tu appris cette histoire, grand-mère ? - demanda Annie à sa grand-mère qui était en train de lire cette incroyable histoire.

-C’est ma grand-mère qui me l’a racontée - répondit la grand-mère.

-Et elle ? D’où elle l’a apprise, elle-même ? - redemanda Annie.

-De sa grand-mère - dit la grand-mère. Et ajouta, - cette dernière l’a apprise de sa grand-mère et ainsi de suite. Et nous ne saurons jamais qui l’a racontée pour la première fois. Mais veux-tu savoir ce qui s’est passé ensuite ?

-Oui ! Bien sûr, vas-y raconte-moi, s’il te plait.

L’étoile qui s’appelait Astghik n’arrivait pas à oublier la Montagne. Et un jour elle réussit à échapper à la vigilance des dieux et aller rendre visite à son amoureux. C’est ainsi qu’elle a pris l’habitude d’attendre que tous les dieux s’endorment pour pouvoir courir vers la montagne chaque minuit.

Lorsqu’elle se précipitait vers la Montagne ses cheveux en feu illuminait le ciel nocturne et à chaque fois, lorsqu’elle courait, on pourrait voir l’astre qu'on croyait tomber. Après avoir retrouvé le Père Montagne, le matin avant que les dieux ne se réveillent, elle s’envolait et reprenait sa place au ciel.

Mais un jour un des dieux maléfiques qui ne dormait pas cette nuit-là, repéra et découvrit le secret des amoureux. Ainsi il observait les rencontres cachées de la Montagne et de l’Etoile. Ce fut le dieu le plus jaloux de tous qui se nommait Vishap.

Une fois, il se transforma en dragon et alla se cacher dans les alentours du lac sacré. Comme le lac était la fille de la Montagne et d’étoile, elle comprit le plan de Vishap.

Quand la nuit tomba, comme d’habitude, Astghik se précipita vers la Montagne et sa fille le lac sacré.


Yzaart1

"lac sacré-le dragon se cache" -  Photo YsaArt (merci)


Donc cette nuit-là, comme on peut deviner, tout n’allait pas se passer comme c’était prévu. L’Etoile descendit sur la cime de la Montagne et se pencha pour donner un bisou à sa fille le lac sacré et c’est ainsi qu’elle lui montra le reflet du dragon caché.

Astghik poussa un cri et s’évanouit. Le dragon l’attrapa et l’enleva dans les profondeurs des eaux du lac.

-Où il l’a emmenée ? Raconte, s’il te plait, grand-mère - demanda Annie.

-Aie patience, dit la grand-mère. Et en arrangeant ses lunettes, continua.


...La douleur qui débordait la fille lac lui faisait pleurer des jours entiers. C'est ainsi qu’un jour, les eaux du lac sortirent de leurs bords et partirent en bas de la montagne. Les eaux donnèrent naissance à une belle cascade et une rivière.

À son tour, le Père Montagne souffrait à cause de sa séparation avec son étoile ainsi que de la peine de sa fille-le lac. Il ne pouvait plus supporter cette situation. Il cherchait à trouver comment sauver son amour et retrouver le calme.

-Et qu’est-ce qu’il a fait ? - demanda Annie impatiente.

-Tu verras bien. Le Père Montagne devrait trouver une issue. Il était immense, poussant mais il était immobile, ce qui à son tour, le rendait faible dans ces circonstances. Donc il réfléchissait jour et nuit à comment pouvoir sortir de son corps de montagne.

-Est-ce possible ? - cria Annie.

-Bien sûr, ma chérie - répondit sa mamie.

Et elle continua son histoire.


Lire la suite ci-dessous :

dimanche 22 août 2021

Génétique: une nouvelle migration ancienne en Europe inconnue

Génétique: une nouvelle migration ancienne en Europe inconnue


L'analyse du génome révèle une ancienne migration humaine inconnue en Europe


Grotte bacho kiro bulgarie 45000ans


Le séquençage génétique de restes humains datant de 45 000 ans a révélé une migration jusque-là inconnue en Europe et a montré que le mélange avec les Néandertaliens au cours de cette période était plus courant qu'on ne le pensait auparavant.

La recherche est basée sur l'analyse de plusieurs restes humains anciens - y compris une dent entière et des fragments d'os - trouvés dans une grotte en Bulgarie l'année dernière.

Le séquençage génétique a révélé que les restes provenaient d'individus qui étaient plus étroitement liés aux populations actuelles d'Asie de l'Est et des Amériques qu'aux populations d'Europe.

" Cela indique qu'ils appartenaient à une migration humaine moderne en Europe qui n'était pas connue auparavant par les archives génétiques ", indique la recherche, publiée mercredi dans la revue Nature .

Il " fournit également la preuve qu'il y avait au moins une certaine continuité entre les premiers humains modernes en Europe et plus tard les gens en Eurasie ", a ajouté l'étude.

Les résultats " ont changé notre compréhension antérieure des premières migrations humaines en Europe ", a déclaré Mateja Hajdinjak, chercheur associé à l'Institut allemand Max Planck d'anthropologie évolutive qui a aidé à diriger la recherche.

" Cela a montré comment même la toute première histoire des Européens modernes en Europe a pu être tumultueuse et impliquer des remplacements de population ", a-t-elle déclaré à l'AFP.


Grotte bacho kiro bulgarie 45000ans1

Le secteur Niche 1 (à gauche) et le secteur Main (à droite) lors des fouilles de la grotte Bacho Kiro, Bulgarie, en 2016. La zone de ciment au premier plan a été excavée auparavant dans les années 1970. De nouvelles fouilles ont repris là où ces fouilles s'étaient arrêtées. Crédits: MPI-EVA / Nikolay Zaheriev


Une possibilité soulevée par les résultats est " une dispersion de groupes humains qui seront ensuite remplacés (par d'autres groupes) plus tard en Eurasie occidentale, mais continueront à vivre et à contribuer à l'ascendance des gens en Eurasie orientale ", a-t-elle ajouté. YH: autrement dit, les premiers arrivés en Europe de l'Ouest n'y sont pas restés en majorité mais ont voyagé vers l'Asie, et leurs descendants sont ensuite revenus en partie d'Asie, et ces derniers ont remplacé leurs ancêtres locaux.

Les restes ont été découverts l'année dernière dans la grotte Bacho Kiro en Bulgarie et ont été salués à l'époque comme preuve que les humains vivaient aux côtés des Néandertaliens en Europe beaucoup plus tôt qu'on ne le pensait.

L'analyse génétique a également révélé que les humains modernes en Europe à cette époque se mélangeaient davantage avec les Néandertaliens qu'on ne le supposait auparavant.

Tous les « individus des cavernes de Bacho Kiro ont des ancêtres néandertaliens cinq à sept générations avant de vivre, ce qui suggère que le mélange (hybridation) entre ces premiers humains en Europe et les néandertaliens était commun », a déclaré Hajdinjak.

Lire la suite ci-dessous :