Cobayes humains : ne jamais oublier la réalité
Cet
assez vieil article de Science et Vie par Alexandre Dorozynski et Petra
Cambell, (Science & Vie n° 917, février 1994) est précieux pour la
mémoire de l'humanité : nous sommes au 21ième siècle et les mensonges,
censures et soi-disants "Secrets d'Etats pour le bien du peuple" de la
plupart des grandes nations se réclamant "de la démocratie" se révèlent
de plus en plus. Les plus intelligents se renseignent et s'aperçoivent
qu'il n'y a jamais eu vraiment de démocratie dans ce monde : c'est une
utopie que même les anciens grecs n'ont pu mettre en oeuvre. Pourquoi ?
Parce qu'une démocratie consiste à ce que les citoyens exercent
réellement le pouvoir, en travaillant tous réellement pour leur nation
(tous les citoyens sont fonctionnaires en quelque sorte et effectuent un
travail pour le compte de la communauté, à TOUS les niveaux, plusieurs
jours par mois) et surtout, il n'y a surtout pas de système électoral,
mais un tirage au sort entre tous les citoyens en âge d'être président.
Les citoyens apprennent a contrôler et faire tourner les rouages de la
société et les postes sont échangés régulièrement pour éviter toute
corruption ou prise de pouvoir par un ou plusieurs individus. Voilà ce
qu'on nomme une vrai démocratie, telle que définie politiquement (avant
le détournement de l'appellation par des... politiques) depuis les
anciens grecs. Ce qui existe dans le monde depuis les révolutions
républicaines européennes n'a jamais été des démocraties, mais des
olligarchies, qui consistent à laisser une élite (aristocratique bien
souvent et noble ou ayant ses propres régles (fonctionnaires actuels par
exemple ou parti politique, ou secte)) se disputer le pouvoir et élire
l'une de ces élites (qui n'a souvent pas conscience de la réalité des
vies des "vrais" citoyens). Les révolutions ont été trahies dès le début
et les citoyens n'ont jamais récupéré le pouvoir en réalité : il serait
temps que le monde s'en rende compte...
Ces
essais nucléaires sur leurs propres troupes par des sociétés dites
"démocraties" ou "communistes" sont une preuve en soi de la réalité des
mensonges perpétuels de la part de la classe dirigeante, car il s'agit
bien d'une classe qui tient à son pouvoir (et qui a joué d'ailleurs
elle-même avec les médias pour affirmer que "la lutte des classes est
révolue et dépassée, il n'y a plus de classes..."), mais la réalité est
bien là et elle éclate de plus en plus au visage de ces peuples nommés
"mouton" par un grand défendeur de l'élitisme inégalitaire (et pour
cause, un militaire !), le général De Gaulle... cet homme qui a trahi la
confiance d'une partie de ses citoyens (les français habitant depuis
les années 1880 en Algérie) contre des négociations secrètes pour le gaz
algérien et des essais nucléaires dans le désert algérien (j'ai
découvert dans l'archivage de vieilles affaires à l'époque que mon
ancienne entreprise Sodeteg/Thales avait bien participé a ces essais
dans les années 70 en Algérie), qui a accompagné (sans succès) la
tentative de colonisation du Viet-Nam et qui a aussi tenté (aussi en
vain) de lutter contre la main-mise des banquiers illuminatis sur le
pouvoir économique mondial...
Le scandale des cobayes humains
Entre
1946 et 1991, les grandes puissances ont sciemment exposé des centaines
de milliers d'humains aux retombées radioactives de plusieurs de leurs 2
000 essais nucléaires. Le voile vient seulement d'être levé sur ce
chapitre atroce de la guerre froide.
En septembre 1954,
l'armée soviétique exposa sciemment des civils et des militaires aux
retombées d'une bombe atomique de 20 kilotonnes, explosée à 350 m
au-dessus de la ville de Totskoye, dans l'Oural. Nous l'avons rapporté dans notre précédent numéro (p. 16). Depuis, de nouveaux chiffres ont été révélés: outre les 45 000 soldats
qui furent exposés - quand les généraux décidèrent de leur imposer des
exercices militaires sur les terrains encore brûlants de radioactivité
-, il y avait aussi des civils: un million de personnes environ,
réparties dans un rayon de 160 km autour du site de l'expérience. En
effet, Kouibichtchev (aujourd'hui Samara), alors peuplée de 800 000
habitants, se trouve à 130 km à l'ouest du site et Orenbourg, 265 000
habitants, à 160 km à l'est.
Un film, tourné par les services de l'Armée rouge, témoigne de la véracité des faits.
Tandis que les cameramen commencent à filmer, un commentateur explique
que l'objectif de l'exercice est de savoir si les troupes seront
capables de combattre dans une zone sous bombardement atomique. Les
soldats, pour la plupart de jeunes recrues, des milliers de véhicules,
des centaines de canons et de tanks, sont à proximité du point zéro. A
une quinzaine de kilomètres de là, prudents, des généraux soviétiques,
des membres du ministère de la Défense et quelques invités des pays de
l'Est sont bien à l'abri dans un poste de commandement. Parmi eux, le maréchal Georgi Joukov, héros de la Seconde Guerre mondiale, qui dirige l'exercice.
Le champignon atomique se forma quasiment à la verticale des troupes.
Après la dispersion des ondes de choc, les soldats sortirent de leurs
abris ou tranchées et s'élancèrent dans la fournaise radioactive à
l'assaut d'une cible imaginaire. Dans le film, on les voit courir entre
les maisons en flammes, parmi des animaux brûlés par la chaleur et les
radiations et le matériel militaire calciné.
Ce
n'est pas le seul chapitre de l'expérimentation sur des êtres humains
dans l'histoire du xxème siècle, ni même dans celle de la guerre froide:
les dossiers du KGB, récemment entrouverts, montrent que dans
l'ancienne URSS, des centaines de milliers d'individus ont été
eux aussi exposés aux radiations, à leur insu mais en pleine
connaissance de cause des responsables. Cela s'est produit surtout au
Kazakhstan, comme on va le voir, mais aussi en Nouvelle-Zemble, en
Sibérie, dans l'Oural... L'inventaire des victimes sera
probablement impossible à dresser. Mais l'institut médical de
Semipalatinsk, au Kazakhstan oriental, contient une collection
de foetus et d'enfants nouveau-nés conservés dans des bocaux de verre.
Ce véritable catalogue de malformations provient de la maternité de
l'hôpital voisin, situé à 165 km de ce que l'on appelle "le polygone":
18 500 km2 de steppe où les explosions atomiques se sont succédé pendant
plus de quarante ans.
La Kazakhstan tient donc la vedette dans la géographie de l'horreur. Des dizaines de milliers de vies
y furent sacrifiées par les dirigeants soviétiques, pour préparer leur
"grand coup" contre le capitalisme. C'est dans cette république que la
première bombe soviétique explosa le 29 août 1949,
donnant naissance à un nuage radioactif qui dériva vers l'est, jusqu'aux
montagnes de l'Altaï. Depuis, ce pays devint la terre de prédilection
des militaires soviétiques.
Aujourd'hui,
le Kazakhstan est peuplé d'environ 17 millions d'habitants (40 % de
Kazakhs, 40 % de Russes, et 20 % appartenant à 130 ethnies différentes).
Avec 2,7 millions de kilomètres, sa surface équivaut à celle d'environ cinq France. Un
quart du territoire kazakh est occupé par les terrains d'essais et des
usines militaires. On y a fait exploser 466 bombes atomiques: 26 au sol,
90 en altitude et après la signature en 1963 du traité de limitation
des essais nucléaires, 350 sous terre. Le tout dans des conditions qui ont conféré à ce pays le triste record mondial de contamination nucléaire. Ainsi,
les explosions au sol ont dispersé des poussières radioactives sur 800
villages jusqu'à plus de 100 km du site - Semipalatinsk a reçu des
retombées à 90 reprises, 11 des 90 explosions dans l'atmosphère ont
projeté des nuages radioactifs à des milliers de kilomètres. Un tiers
environ des explosions souterraines ont projeté débris et poussières
radioactives dans l'atmosphère, et, à 30 reprises, la contamination
atteignit des régions peuplées.
Les
scientifiques parlent enfin librement. Et l'on commence à mesurer la
catastrophe infligée à ce pays. Lors de ces essais, militaires et civils
continuèrent à être exposés aux radiations. Le Dr Gusuv,
qui dirige aujourd'hui l'institut de radiation et d'écologie du
ministère de la Santé du Kazakhstan, se souvient de l'essai, en 1953, de
la première bombe à hydrogène mise au point par le physicien Andreï Sakharov. 14 000 personnes, rapporte-t-il, furent exposées aux retombées. L'armée fit évacuer 191 habitants du village de Karaoul à 120 km de l'épicentre, mais y laissa 49 hommes adultes auxquels elle ordonna de rester dehors.
On fit boire à la moitié d'entre eux de la vodka, dont on pensait
qu'elle avait des vertus radioprotectrices. Par la suite, on fit des
examens de sang et de tissus des victimes irradiées. Seuls trois hommes
survécurent. Des survivants d'autres villages témoignent qu'on
leur ordonnait de rester en dehors de leurs maisons pendant les essais
atomiques, parfois sous le prétexte que les maisons risquaient de
s'écrouler...
Le géologue Evgeni Alexandrovitch,
employé pendant neuf ans au polygone, se trouvait dans la cabine d'un
camion lorsqu'une explosion atomique se produisit à 70 km de là. " Nous
voyions le champignon atomique, et le vent soufflait dans notre
direction ", dit-il Protégé par la cabine, il fut le seul survivant. Par
la suite, il dut creuser, sans même la protection d'un masque, sur le
site d'une explosion souterraine pour y récupérer des roches
contaminées. Il est aujourd'hui atteint d'un cancer.
Or, ce n'était pas la seule guerre froide qui motivait cette cruauté, mais aussi des projets "pacifiques" mégalomaniaques. En
1974, une bombe de 140 kt fut ainsi mise à feu à 100 m sous le lit de
la rivière Tchagan, pour relier celle-ci à la rivière voisine d'Achys,
afin d'améliorer l'irrigation de la région. Au lieu de creuser un
cratère de retenue, où l'on pensait édifier un barrage, la bombe projeta
dans l'air des tonnes de roches et de poussières radioactives dont les
retombées furent équivalentes à celles d'un essai au sol, soit de 3 000 à
4000 fois supérieures à la norme internationale.
On
n'en resta pas là : on fit exploser d'autres bombes atomiques sous
terre pour creuser des cratères utilisés ensuite comme poubelles pour
les déchets nucléaires. Trente-sept cratères ont été dénombrés, dont dix-sept non loin de la mer Caspienne. En 1989,
les autorités militaires du polygone apprirent au gouvernement du
Kazakhstan qu'un nuage radioactif de 10 km de diamètre avait été dégagé
par un essai souterrain. Les Nations unies s'en inquiétèrent et
demandèrent une enquête... qui fut menée par les autorités soviétiques.
Conclusion : tout allait bien. Les maladies qui avaient été signalées
étaient sans doute dues à la "radiophobie" - peur irraisonnée des
radiations -, à l'alcoolisme, à une mauvaise alimentation et à une
pollution chimique.
Quelles furent les réactions ? Nursultan Nazarbaïev,
président du Kazakhstan, alors Premier ministre de la République
soviétique du Kazakhstan, ne pouvait interdire les essais (dont Moscou
n'ignorait pas les risques, puisqu'il avait offert une compensation de 500 millions de roubles.) Mais il encouragea la création d'un mouvement antinucléaire, nommé Nevada-Semipalatinsk, dont Oljas Suleimanov
écrivain populaire et homme politique prit la direction. Nommé premier
secrétaire du parti communiste du Kazakhstan en 1989, Nazarbaïev
continua à s'opposer aux essais atomiques, au point d'être réprimandé
par Gorbatchev lui-même pour avoir mis en cause un programme important. Ce ne fut qu'en 1991 que Nazarbaïev put signer le décret de fermeture du polygone, et il
se plaît à souligner que son pays fut le premier, avant les Etats Unis,
la Russie ou la France, à fermer définitivement un site d'essais
nucléaires.
Les rapports sur la contamination nucléaire du Kazakhstan, même partiels et contradictoires, confirment
qu'une vaste région de ce pays est contaminée. Elle a subi une
irradiation d'un niveau comparable à celui de Tchernobyl pendant
quarante ans.
Cela n'est certes pas "de la vieille histoire" : les conséquences sont présentes. Les reflets les plus sûrs de l'état de santé d'une population sont la mortalité infantile et l'espérance de vie. Or, selon le Dr Gusuv, le taux de mortalité infantile dans les environs de cette ville est dix fois plus élevé qu'avant les essais atmosphériques. Et, selon Rizatay Aytmagenbetov, radiologue en chef au ministère de la Santé, l'espérance de vie dans la région du polygone est abrégée de quinze ans par rapport au reste du pays. Le Dr Gusuv fait encore état d'une augmentation importante du nombre d'avortements spontanés, de cas d'anémie et d'anomalies chromosomiques. Pour le Pr Vyatcheslav Tcherenkov, directeur du service de cancérologie de l'institut médical de Semipalatinsk, le
taux de cancers du colon et du rectum a triplé depuis dix ans, celui de
cancers de l'ovaire a été multiplié par sept, celui de cancers du sein a
doublé.
L'épisode
de Totskoye reste certes le plus atrocement spectaculaire qu'on
connaisse (à ce jour) de la guerre froide, où les grandes puissances
poursuivaient leur course effrénée aux armements et où - on le reconnaît
aujourd'hui - l'on foula aux pieds les considérations morales. Il
suffirait à la condamnation sans recours d'un régime politique. Mais,
stupeur, aux Etats-Unis, des enquêtes commencent à révéler des faits
aussi choquants, enfouis dans quelque 32 millions de pages de documents
encore classés secrets.
MENSONGES sur LES ESSAIS
La
fameuse guerre froide ne fut pas si froide : plus de 2 000 bombes y ont
été mises à feu ! Près d'un millier de tirs américains, à peu près
autant de tirs soviétiques, de 180 à 200 français, quelques dizaines
d'essais britanniques (en Australie et au Nevada), à peu près autant en
Chine (desquels on ne sait quasiment rien).
Les mensonges se dissipent lentement. Le secrétaire d'Etat à l'Energie américain, Hazel O'Leary, a révélé que son pays a fait, en quarante-cinq ans, 204 essais nucléaires secrets (le dernier en avril 1990) et mené des expériences sur quelque 700 "cobayes humains".
Ces essais ont requis 98 tonnes de plutonium et ont laissé un héritage
qui risque de coûter cher au Departement of Energy (DOE), successeur de
l'Atomic Energy Commission: 33,5 t de plutonium, dispersées dans
diverses "Poubelles" nucléaires dont certaines ne correspondent pas aux
normes de sécurité. Au sommet de la liste des sites suspects se
trouvent les sites d'essais d'armes nucléaires, qui couvrent quelque 10
000 Km2 dans treize Etats. A Hanford (Etat de Washington), on a jeté
tellement de déchets nucléaires que personne ne sait exactement ce que
contiennent les réservoirs.
Thomas Grumbly
sous-secrétaire du DOE, responsable de la restauration de
l'environnement et de la gestion des déchets, a déclaré à notre confrère
Newsweek que le nettoyage de toutes ces poubelles coûterait
plus de 300 milliards de dollars, mais qu'il faut néanmoins lever le
sceau du secret et se mettre à la tâche, car les sous-produits de
l'obsession nucléaire du temps de la guerre froide " représentent le
plus grand risque pour l'environnement et la santé de la nation ".
Quant
à la France, rappelons que, comme la Chine, elle n'a pas signé le
traité de Moscou interdisant les tirs aériens. Ce n'est qu'en avril 1992 que Pierre Bérégovoy, alors Premier ministre, annonçait la suspension des essais nucléaires pour un an.
la France a officiellement effectué Près de 200 tirs.
Mais quels en sont les effets sur les Polynésiens ? Secret Défense.
Le secrétaire d'Etat à l'Energie, Hazel 0'Leary,
a révélé en effet qu'en plus d'avoir dissimulé à l'opinion nationale et
internationale 204 tirs nucléaires, les autorités américaines avaient
mené des expériences sur quelque 700 "cobayes humains" et exposé des
milliers de personnes à des retombées radioactives, quoique de moindre
intensité que celles reçues par des milliers de Soviétiques.
Pour mémoire, le premier essai américain eut lieu au Nevada, à 100 km de Las Vegas, le 16 juillet 1945.
Son succès mena à l'utilisation de deux bombes atomiques d'une
puissance équivalente à 20 kt de TNT contre le Japon: Hiroshima le 6
août 1945 et Nagasaki trois jours plus tard. A la fin de la guerre, deux
des îles Marshall, placées sous tutelle américaine, furent choisies
pour les essais américains: le fameux atoll de Bikini et Eniwetok.
Les habitants furent évacués vers des îles voisines, et les essais
commencèrent avec un tir de 20 Mt le 1er juillet 1946. Le 24 juillet
suivant fut marqué par l'échec d'une conférence internationale sur le
contrôle des armes nucléaires. Deux jours plus tard, à Bikini, une bombe
de 50 Mt explosait sous l'eau, détruisant plusieurs navires vides. Un
documentaire de Robert Stone, Operation Crossroads, montre
les marins de l'US Navy montant à bord des navires qui n'ont pas coulé,
dans le crépitement des compteurs Geiger. Le narrateur a survécu à
l'opération, mais en bien piteux état: il a perdu ses deux jambes,
amputées après qu'elles ont gonflé démesurément, et son bras gauche fut
atteint de la même "mystérieuse" maladie, dont il est mort.
Les essais aux îles Marshall furent poursuivis jusqu'en 1958; ils furent suivis d'une décontamination partielle dans les années soixante. Mais,
après un début de réoccupation de Bikini, la radiation resta trop forte
pour y vivre en permanence, et l'île fut de nouveau évacuée à la fin
des années soixante-dix.
Les
effets de la nouvelle "arme absolue" étaient théoriquement mal connus:
telle est aujourd'hui la grande excuse de ces expériences. Mais l'assertion laisse sceptique : si l'on ne connaissait pas ces effets aussi bien qu'aujourd'hui, on les savait nocifs. Ainsi, dès 1895, Becquerel avait noté que le radium provoquait une dermite. En 1928,
déjà, les radiologues, alertés par le fait que tant des leurs mouraient
des effets des radiations, avaient fondé la Commission internationale
pour la protection contre les radiations ionisantes. Et plaider
l'ignorance sied mal en tout cas aux autorités américaines: quand, en 1942, Fermi
construisit à Chicago le premier réacteur nucléaire, celui dont sortit
donc la bombe, on se soucia d'emblée de la protection des chercheurs; ce
fut l'année où fut fondé le groupe de radioprotection Health Physics,
qui essaima des équipes dans d'autres centres de recherche atomique. On
s'équipa donc à Chicago, puis, en 1943, à Oakridge, de dosimètres et
autres appareils de mesure, ainsi que d'écrans, Néanmoins, sur
le reste du territoire, militaires et scientifiques américains se
livrèrent à des expériences sur des cobayes humains.
Ainsi,
dans les années quarante, on administra à plus de 700 femmes enceintes,
venues dans un service de soins gratuits de l'université Vanderbilt
(Tennessee), des pilules radioactives exposant les foetus à des
radiations trente fois supérieures à la normale, ce qui n'était pas
considéré comme dangereux à l'époque. Tous les enfants ne furent pas
suivis après leur naissance, mais on sait que trois d'entre eux
moururent de cancers, deux à l'âge de 11 ans et un à 5 ans. Dans le
Massachusetts, on servit à des enfants handicapés mentaux de la
nourriture contenant des éléments radioactifs.
Selon
un autre rapport, une contamination radioactive de l'atmosphère fut
délibérément provoquée lors d'essais secrets au Nouveau Mexique, au
Tennessee et dans l'Utah, entre 1948 et 1952. Ces expériences
faisaient partie des "recherches sur la radioprotection", car on
craignait que les Soviétiques missent au point une arme spécifiquement
radiologique. Dans certains cas, on libéra dans l'atmosphère des radionucléides (isotopes radioactifs produits par une explosion) déterminés, pour en suivre le cheminement. Ainsi, les chercheurs du centre nucléaire de Hanford, à Richland (Etat de Washington), lâchèrent
un nuage d'iode-131 contenant plusieurs centaines de fois la
radioactivité libérée, en 1979, lors de l'accident de la centrale de
Three Mile Island en Pennsylvanie. L'iode radioactif peut s'accumuler
dans la thyroïde et y provoquer un cancer (comme ce fut le cas chez de
nombreux enfants à la suite de l'accident de Tchernobyl). Ce nuage-là se
répandit jusqu'en Oregon et en Californie.
Et cela dura. En 1963 (là, on était pourtant édifié sur les effets de la radioactivité !), 131
détenus de prisons d'Etat de l'Oregon et de Washington se portèrent
"volontaires", en échange d'un dédommagement de 200 dollars chacun, pour
recevoir de fortes doses de rayons X (jusqu'à 600 röntgens) aux
testicules. On put ainsi constater qu'une dose de 15 röntgens ou plus
entraînait une stérilité transitoire, mais que la production de sperme
reprenait après l'interruption de l'irradiation. Certains de ces détenus
furent observés pendant plusieurs années, sans qu'on pût confirmer chez
eux l'apparition de cancers résultant de l'irradiation. Après
l'expérience, les détenus de l'Oregon furent vasectomisés pour éviter
qu'ils n'engendrent des enfants atteints de mutations.
Une
autre expérience a consisté à injecter à des patients hospitalisés de
petites doses de plutonium afin d'en suivre le devenir dans l'organisme.
Une grande partie de ces patients étaient gravement malades et on ne
s'attendait pas à ce qu'ils vivent longtemps, mais certains survécurent
pour raconter leur histoire. Ainsi, un ouvrier qui s'était blessé à la
jambe y reçut une injection de plutonium 239. Trois jours plus tard, la
jambe fut coupée et emportée par des chercheurs. L'homme survécut
quarante-quatre ans.
Nous
décernerons-nous, en France des satisfecit puisqu'il n'existe pas de
témoignages comparables ? Ce serait peut-être hâtif. La France,
troisième puissance nucléaire, a enregistré près de 200 tirs (officiels, car le nombre exact relève du secret Défense). Alors que les Etats-Unis reconnaissent
la contamination des îles Marshall et lèvent le voile du secret sur les
expériences biologiques, et que les Russes ouvrent les archives du KGB,
en France on ne sait rien, même des effets sur les humains. Michel Daëron, journaliste et cinéaste, a réalisé pour La Sept-Arte-Point du Jour un documentaire intitulé Mururoa, le Grand Secret, où il tente d'évaluer les conséquences de trente-deux ans d'essais français dans le Pacifique. Manque
de données, mutisme des militaires qui sont pratiquement la seule
source d'informations "officielles", limites imposées aux missions
scientifiques indépendantes, projettent une image trouble. Daëron a
interrogé des sages femmes, qui évoquent " une flambée de malformations
". Son film montre deux abris atomiques; celui pour la population est
une bâtisse en tôles, alors que celui pour les militaires est doté de
murs épais d'un mètre...
Pourquoi,
demande-t-il, les causes de mortalité à Tahiti disparaissent-elles, dès
1963, à la fois des tables de l'Organisation mondiale de la santé et
aussi du Journal officiel où elles étaient régulièrement publiées ?
Combien de cancers sont dûs aux expériences nucléaires ? Combien de
malformations chez les nouveaux nés, d'accidents de contamination ? Il
ne peut répondre à ces questions, et cela même justifie qu'elles soient
sérieusement posées...
Alexandre Dorozynski et Petra Cambell
Bon,
n'oublions pas tout de même que la France a avoué avoir joué au
"terroriste" elle-même en tentant de faire sauter un bateau de
Greenpeace qui s'intéressait à ses essais nucléaires... quelle
"démocratie", en effet... ah, et c'est aussi ce que les médias tentent de faire percevoir par les citoyens comme "théorie du complot"... sauf qu'il ne s'agit ici pas de théories ni de complots, mais bien de morts et de réalités...
Yves Herbo-SFH-07-2013
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