L'est de l'Antarctique plus fragile que prévu
La
région située à l'est de l’Antarctique est beaucoup plus sensible au
changement climatique qu’on ne le pensait jusque-là. Au Pliocène, à elle
seule, cette partie de l’inlandsis a tellement fondu qu’elle aurait
provoqué une hausse du niveau de la mer de 10 m sur les 20 m totalisés
en incluant les fontes de sa partie ouest et du Groenland.
Au Pliocène, c'est-à-dire il y a entre cinq et trois millions d’années, la fonte partielle de l’Antarctique de l’est aurait entraîné à elle seule une hausse du niveau de la mer de 10 m. Au cours de cette période, l’Antarctique de l’ouest et le Groenland fondaient également, si bien qu’au total la fonte des pôles pourrait bien avoir engendré une hausse du niveau de la mer de 20 m.
La température atmosphérique au Pliocène était supérieure de deux ou trois degrés à celle que l’on connaît aujourd’hui. La concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère était sensiblement proche du taux actuel. Ainsi, cette ère géologique présente un intérêt majeur pour les climatologues, qui essaient d’évaluer la réponse de la planète à ces modifications atmosphériques. « Notre étude souligne que ces conditions ont conduit à une importante perte de glace et à des hausses significatives du niveau global de la mer dans le passé.
Les scientifiques prédisent que des températures mondiales similaires
pourront être atteintes d'ici la fin de ce siècle, il est donc très
important pour nous d'en comprendre les conséquences possibles », commente Tina Van De Flierdt, l’une des chercheuses impliquées dans l’étude.
Publiée dans la revue Nature Geoscience,
l’étude se base sur l’analyse de la composition d’échantillons de boue
issus de forages réalisés au large de l’Antarctique, à plus de trois
kilomètres de profondeur. Les éléments chimiques qu'ils
contiennent permettent de déterminer d’où elle vient. Ainsi, l’équipe a
identifié qu’elle provenait des roches situées actuellement sous
l’épaisseur de glace de la calotte. D’après les chercheurs, de telles quantités de boue se sont déposées dans les sédiments marins lorsque la glace s’est retirée de l’inlandsis, érodant les roches.
Les plateformes de glace flottantes (ice shelf en
anglais) sont l'extension des glaciers sur l'océan. Leur épaisseur peut
dépasser les 400 m. Il ne faut pas les confondre avec les banquises qui
elles résultent du gel de l'eau de mer. © Yukon White Light, Flickr, cc
by nc nd 2.
L’inlandsis est sous l’eau
La calotte antarctique s’est formée il y a 34 millions d’années. Jusqu’alors, on pensait
qu’elle s’était stabilisée voilà 14 millions d’années et que la partie
est de l’inlandsis était considérée comme plus stable que celles de
l’ouest et du Groenland. « Ce résultat est important pour notre compréhension de ce qui peut arriver sur Terre si nous ne nous attaquons pas aux effets du changement climatique », explique Tina Van De Flierdt.
Certaines régions de la calotte reposent sur des roches qui se trouvent en dessous du niveau de la mer.
C’est probablement en raison de cette configuration que la couche de
glace s’est trouvée mise à mal. Dans ces zones, lorsque l’océan s’est réchauffé, il était en contact permanent avec la glace, la rendant vulnérable.
Cette étude montre que la partie est de la calotte glaciaire est plus sensible qu’envisagé jusqu’à présent.
Ce résultat est donc capital dans la compréhension de ce qu’il peut se
produire dans le contexte actuel de changement climatique.
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