Réchauffement climatique ou pas, les eaux montent plus vite
L'île
Surprise, du récif d'Entrecasteaux, à 230 km au nord de la
Nouvelle-Calédonie, où les auteurs étudient le fonctionnement des
écosystèmes depuis plus d'une décennie. Sa faible élévation la rend
particulièrement sensible à la montée du niveau des océans suite au
réchauffement climatique, avec une probabilité forte d'inondation
permanente et totale d'ici la fin du siècle. © Jean-Louis Chapuis
La hausse du niveau des mers condamne des dizaines d’îles françaises
D’ici 2100, le niveau des mers va poursuivre sa montée, de 1 à 3 m selon diverses estimations non catastrophistes. Selon de nouveaux travaux, la
France aura alors perdu entre 6 et 12 % de ses îles, ainsi que 300 des
espèces endémiques que certaines d'entre elles abritent. La Polynésie et
la Nouvelle-Calédonie seront les plus touchées.
Les
scénarios les plus récents concernant le réchauffement climatique
montrent que le niveau de la mer devrait s'élever, d'ici la fin du
siècle, entre un et trois mètres. Certains scénarios, qui prévoient une
débâcle catastrophique des glaces du Groenland, tablent même sur une
élévation atteignant six mètres. Cette hausse aura des conséquences dramatiques sur les populations, la flore et la faune établies sur la bande littorale.
Les
chercheurs du laboratoire Écologie, systématique et évolution
(université Paris-Sud) se sont d'abord intéressés aux conséquences de la
hausse du niveau de la mer sur les îles françaises. La France possède dans le monde entier 2.050 îles de plus d'un hectare,
et donc susceptibles d'abriter des communautés animales et végétales.
Les scientifiques ont croisé les profils de relief de 1.269 de ces îles
avec les modèles d'élévation du niveau de la mer. Ceci, en tenant compte
du fait que cette hausse ne sera pas homogène. La mer n'étant pas plate, certaines régions de l'océan s'élèveront plus que d'autres.
Ainsi, si le niveau de la mer augmente de 1 m seulement en moyenne, la France perdrait 6 % de ses îles, contre 12 % pour une montée des eaux de 3 m.
La Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie seraient les régions
les plus affectées, puisque deux tiers des îles submergées leur
appartiendraient. La France possède des îles dans tous les océans, sous
toutes les latitudes et de divers types géologiques et écologiques. De
ce fait, les chercheurs pensent que si leurs résultats sont extrapolés
aux 180.000 îles du monde entier, la planète pourrait perdre entre 10.000 et 20.000 îles au cours de ce siècle. Ces chiffres ont été rapportés dans la revue Nature Conservation.
La
courbe rouge caractérise l’augmentation mesurée par satellite du niveau
des mers (en cm en fonction du temps en années). Elle est comparée aux
données récoltées par des marégraphes (en orange). Les traits bleus et
verts correspondent aux projections établies par le Giec, respectivement
dans ses 3e et 4e rapports, sur la base de
différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre. Les océans
montent bien plus vite que prévu. © Adapté de Rahmstorf et al. 2012, ERL
Près de 300 espèces endémiques pourrait disparaître, au minimum
Les
chercheurs se sont ensuite intéressés aux pertes de biodiversité dues à
cette hausse du niveau de la mer, notamment dans certains points chauds
de biodiversité comme la Méditerranée, les Philippines ou la
Nouvelle-Calédonie. En effet, les îles abritent 20 % de la biodiversité mondiale, dont une très grande proportion se compose d'espèces endémiques (uniques).
Les Philippines, l'Indonésie et les Caraïbes sont les zones les plus vulnérables : au moins 300 espèces endémiques, en majorité des végétaux, y sont gravement menacées par l'élévation du niveau des mers. Ce chiffre constitue l'estimation la plus basse, selon l’article paru dans la revue Global Ecology and Biogeography.
En effet, les chercheurs n'ont considéré que les espèces dont l'aire de
répartition serait totalement immergée à l'horizon 2100. Ils n'ont pas
pris en compte les espèces perdant 70, 80 voire 90 % de leur territoire,
ni l'addition d'autres facteurs comme l'érosion littorale ou les marées
exceptionnelles. Pourtant, ces conditions peuvent rendre inaptes à la
survie de nombreuses espèces sur une large bande du littoral. Enfin, les
chercheurs n’ont pas tenu compte des événements catastrophiques comme
les cyclones.
Ces
travaux montrent à quel point l'élévation du niveau de la mer est une
nouvelle menace qui pèse sur la biodiversité des écosystèmes insulaires.
De ce fait, les politiques de conservation ou de sauvegarde d'espèces
en danger doivent aussi intégrer les conséquences de ce processus inexorable.
La calotte glaciaire du Groenland mesure plus de deux kilomètres d'épaisseur. Les couches de glace les plus anciennes datent de 110.000 ans.
Le Groenland est largement menacé par le réchauffement climatique. Si
tout l'inlandsis se mettait à fondre, cela provoquerait une élévation du niveau de la mer de 7,2 m. © Algkalv, Wikipédia, DP
http://www.sciences-fictions-histoires.com/blog/environnement-planete-terre/la-fonte-estivale-des-glaces-de-l-arctique-s-accelere.html
http://www.sciences-fictions-histoires.com/blog/sciences/climat-de-nouveaux-rapports.html
http://www.sciences-fictions-histoires.com/blog/sciences/le-rechauffement-climatique-va-refroidir-l-europe.html
http://www.sciences-fictions-histoires.com/blog/environnement-planete-terre/rechauffement-la-montee-des-oceans-largement-sous-estimee.html
http://www.sciences-fictions-histoires.com/blog/environnement-planete-terre/rechauffement-ou-guerre-meteorologique.html
Yves Herbo-SFH-09-2013
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