L'Afrique Australe se réchauffe plus vite qu'ailleurs
Une
nouvelle étude parue dans Nature Geoscience affirme que le trou d'ozone
de l'Antarctique amplifie considérablement les modifications
climatiques en Patagonie et en Australie, mais aussi dans le sud de
l’Afrique. Le principal responsable de l'apparition du trou d'ozone dans
l'Antarctique (mais des mesures prouvent qu'il en existe un aussi, plus
discret, sur l'Arctique) a été identifié comme étant les émissions de
CFC par l'être humain.
On
nous affirme aussi que ces émissions sont maintenant contrôlées et
interdites et que cet énorme trou qui perturbe toute la circulation
climatique de l'hémisphère sud (et mondial) devrait retourner à des
conditions de 1980 entre 2050 et 2060. Mais si on lit attentivement le
dernier rapport
de suivi sur le trou d'ozone et les émissions de CFC, on voit aussi que
de nombreuses dérogations, exceptions ont été aménagées, que tout le
monde n'a pas encore commencé vraiment certaines mesures et des dates de
2015, 2036 sont encore citées pour des applications concrètes de ces
décisions qui datent des années 1990... on sait aussi que l'influence
des banques a fait que le droit de polluer soit possible, en payant des
amendes ou même en vendant à d'autres son pourcentage de droit à polluer
(et oui, quand le bénéfice l'emporte sur les amendes et les taxes, tout
se revend...y compris la conscience...).
Ces
émissions de CFC sont donc interdites en majorité (sauf certaines
dérives chimiques qui ont le droit d'exister encore des dizaines
d'années, voir le rapport) depuis 1995 et l'organisme contrôleur a
affirmé qu'en 2009, 98% des substances contrôlées (mais elles ne le sont
pas toutes...) avaient été éliminées. Et, bien que le record
d’extension du trou d'ozone ne date que de 2005 (le plus haut jamais
enregistré, voir le rapport), les scientifiques sont optimistes et
misent sur l'inversion prochaine du phénomène, jusqu'à une stabilisation
à son état d'avant les années 1980... mais pour l'instant, il semble
bien que les effets perdurent toujours sans s'éliminer, on constate
juste une stabilisation et il ne semble pas que la production naturelle
d'ozone soit prête à prendre le relais de façon visible pour
l'instant... car nous sommes bien d'accord : le trou doit bien être
comblé par de l'ozone, celui qui a été détruit (et l'est toujours en
partie donc) par les CFC...
En
attendant donc, les conditions climatiques (accompagnées par les
émissions en constante augmentation des déchets des énergies fossiles
dans l'atmosphère) se détériorent encore plus vite aux abords de ce (ces
? - une zone de la Sibérie subit le même sort) trous d'ozone et le climat se modifie réellement.
Des habitants de Sibérie commencent déjà à regretter la disparition de leur toundra :
Rapport 2012 : presentation-sao-reglement1005-2009.pdf
Autres données sur la désertification de l'Afrique Australe : texte-integral-desertification.pdf
Yves Herbo
L’Afrique australe se réchauffe : le trou de l’ozone en cause
En
été austral, le parc national Kruger connaît, depuis le début des
années 1990, une augmentation abrupte et intense de la température de
l'air. © Valérie Hukalo, Flickr, cc by nc sa 2.0
L’appauvrissement
de la couche d’ozone modifie le climat austral, en Patagonie et en
Australie, mais aussi dans le sud de l’Afrique. La partie australe de ce
continent se réchauffe de façon abrupte et intense au démarrage de
l’été. Le trou d’ozone amplifiant le centre d’action dépressionnaire de
l’Angola, cela apporterait humidité et chaleur.
Dans
le sud de l’Afrique, la température moyenne de l’air augmente plus
rapidement que dans les autres régions du monde. Le principal facteur
mis en cause est l’émission intensive de gaz à effet de serre, mais
l’affaire n’est pas aussi linéaire. Si l’on regarde de plus près les
variations de la température, il apparaît que le réchauffement
atmosphérique connaît un pic annuel. Durant l’été austral, le
thermomètre grimpe de plus belle, et ce depuis le début des années 1990.
L’appauvrissement de la couche d’ozone en Antarctique en serait le
principal coupable, d’après une nouvelle étude parue dans Nature
Geoscience.
Plusieurs
études ont déjà suggéré que le trou de la couche d’ozone dans
l’hémisphère sud était le principal facteur de changement de la
circulation atmosphérique dans la troposphère. Au même titre que le
climat européen pulse au rythme de la NAO, la variabilité du climat
austral est gouvernée par le Southern Annular Mode (SAM). Ce mode
d’oscillation caractérise les variations des centres d’action
atmosphériques entre les moyennes et les hautes latitudes. Dans sa phase
positive, le SAM est associé à de plus hautes pressions que la normale
aux moyennes latitudes, et de plus basses pressions aux hautes latitudes
(55° S à 70° S).
Différence
entre les centres d'action atmosphériques avant (figure de gauche) et
après (figure de droite) formation du trou de l'ozone. © Desmond Manatsa
Il
y a aujourd’hui un consensus autour de l’idée que l’appauvrissement de
la couche d’ozone amplifie la phase positive du SAM. En été, l’Afrique
australe connaît un changement de température rapide et abrupte. Durant
le printemps austral, le trou de la couche d’ozone au-dessus de
l’Antarctique est maximal, et provoque un refroidissement de la
stratosphère (couche atmosphérique située au-dessus de la troposphère).
Ce refroidissement n’est pas anodin, puisque les variations thermiques
engendrent des changements dans les vents, qui déplacent les centres
d’action, et modifient in fine le climat régional.
SAM amplifie la dépression de l’Angola
En
conditions moyennes, il existe un puissant courant-jet autour de
l’Antarctique. Il s’agit d’un vent d’ouest étroitement lié à la présence
d’anticyclones subtropicaux, et de dépressions polaires. Durant le
printemps austral, l’appauvrissement de la couche d’ozone est à son
maximum et aurait pour effet de rapprocher le courant-jet du pôle. C’est
le renforcement de la phase positive du SAM : les anticyclones
subtropicaux se renforcent aux moyennes latitudes, et les centres
dépressionnaires s’activent d’autant plus aux pôles. Ce renforcement du
SAM joue un rôle sur le climat estival de l’Afrique australe.
Chaque
année, au démarrage de l’été austral, il se forme juste au-dessus de
l’Angola un système dépressionnaire nommé Angola Low. Il est le centre
d’action dominant la température estivale de toute la région
sud-africaine. L’étude, menée par l’équipe du chercheur Desmond Manatsa,
suggère que l’intensification du trou de la couche d’ozone estival
amplifie ce système dépressionnaire, qui transporte de l’air humide et
chaud des basses latitudes vers l’Afrique australe.
Disparition du trou de l’ozone à l’horizon 2065 ?
L’équipe
a utilisé des réanalyses pour comparer la variabilité du SAM, de la
température et de l’appauvrissement de la couche d’ozone. Ils ont
découpé leur étude en deux périodes : les périodes 1970-1993 et
1993-2011. L’année 1993 caractérise l’année du renforcement du trou de l’ozone. Ils ont ainsi trouvé une corrélation (avec 90 % de confiance) entre l’augmentation du trou de l’ozone et du système dépressionnaire Angola Low. (YH : et 2005 c'est le maximum)
Le trou de l’ozone, à son maximum, s’étend sur 28.5 millions de km2.
Il résulte principalement de l’émission des CFC, dont l’utilisation est
aujourd’hui interdite. Si l’on en croit les modèles de prévision
climatique, ce trou pourrait
complètement se dissiper à l’horizon de 2065. En attendant, il est
toujours présent, et domine la variabilité saisonnière du climat.
Par Delphine Bossy, Futura-Sciences
Yves Herbo-SFH-10-2013
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