Dolines et systèmes Karstiques en Hauts de Seine
Clamart 1961
L'apparition pendant une nuit d'un large trou béant et profond juste devant l'escalier de la porte d'entrée de la tour où nous habitons depuis plus de vingt ans maintenant, il y a seulement quelques années m'avait fait réfléchir et chercher des équivalences et les raisons de ce subit effondrement de la chaussée et du sous-sol (profondeur d'au moins quatre mètres sur une longueur de cinq-six mètres pour une largeur de 2-3 mètres environ de mémoire) juste devant la sortie de l'immeuble (heureusement qu'un enfant n'est pas sorti tôt ce jour-là en courant !). Ceci s'est passé devant la tour T2 (enfin, anciennement car le Tribunal d'Antony semble avoir validé le fait que ces tours n'existent pas ! - l'OGIF en a profité pour effacer la numérotation des immeubles précédente ! (T1, T2 et T3)) située au 1 allée des marronniers au Plessis-Robinson dans le 92.
Voilà une vue satellite de l'endroit en question, et un zoom avec l'endroit marqué en rouge de l'effondrement devant la tour du 1 allée des marronniers. Notons que le trou a été très rapidement rebouché et la chaussée refaite, dans la journée même (un exploit, à tel point que je me demande si des experts ont été alertés... ou même la mairie). Bon, certains vont penser que j'en rajoute, mais c'est pourtant bien pour moi révélateur : j'habite au 9ème étage de cette tour depuis 1992, et les problèmes récurrents de l'unique ascenseur de cette tour m'apparaissent liés : le vieil ascenseur a toujours frotté une paroi en arrivant vers le haut, entre le 7 et 9° étages et est souvent tombé en panne à cause de ça. A plusieurs occasions, lors de ces dépannages, j'affirme avoir entendu des ouvriers frapper et racler, poncer la paroi pendant un bon moment pour empêcher ces frottements... et le tout nouvel ascenseur installé... et déjà tombé en panne et j'ai à nouveau entendu que l'on raclait fortement une paroi pour le refaire fonctionner. Mon impression est donc que le sous-sol de cette résidence (comme beaucoup d'autres endroits dans les environs) est miné par une ancienne galerie ou une champignonnière (comme sous certains quartiers de Bagneux par exemple), une carrière. Je pense que cette tour est légèrement déstabilisée, penchée sans que ça soit visible... sauf au niveau de l'ascenseur qui reprend tôt ou tard le bon axe de gravité et frotte contre la paroi... je pense en tout cas que ça mériterait d'être vérifié, mais surtout au niveau du sous-sol et des descentes d'eaux provenant de la grosse colline derrière la résidence...
Données pour Le Plessis-Robinson et Sud-Paris (extraits) :
(...) f.- La géologie
L'essentiel du substratum de la Ville (à une profondeur de 3 mètres) est principalement constitué par des sables de Fontainebleau et de meulière de Montmorency. De l'altitude la plus haute de la Commune à la plus basse, affleurent les strates suivantes :
• Oligocène supérieur : La meulière de Montmorency. La meulière de Montmorency, qui a été entièrement érodée à Paris même, forme encore l'entablement des buttes et plateaux environnants (Mont Valérien, plateau de Meudon - Vélizy).
C'est pourquoi cette strate affleure dans la partie Nord de la Commune, en limite de Clamart et de Fontenay-aux-Roses, du cimetière au quartier du Pierrier.
C'est pourquoi cette strate affleure dans la partie Nord de la Commune, en limite de Clamart et de Fontenay-aux-Roses, du cimetière au quartier du Pierrier.
• Stampien supérieur : Les sables de Fontainebleau. Les sables de Fontainebleau constituent le sous-sol immédiat sur la majeure partie de la Commune. Ce sont des sables fins quartzeux, généralement blancs au sommet mais rouges ou jaunes à la base. Certains niveaux sont très argileux, d'autres indurés en grès. Ils sont très riches en silice (de 95 à 99%).
Du point de vue hydrologique, la nappe libre circulant dans les sables de Fontainebleau est soutenue par les marnes à huîtres au sommet des buttes oligocènes environnant Paris. Dans la proche banlieue, c'est sous le plateau de Meudon - Clamart (bois de Meudon, Vélizy-Villacoublay, Clamart et le Plessis-Robinson) que les sables de Fontainebleau, dont l'épaisseur peut atteindre 60 mètres, contiennent une nappe importante (15 mètres environ au centre). De nombreuses sources émergent de ces sables de Fontainebleau à la surface des marnes à huîtres (par exemple : source de la Fontaine du Moulin au Plessis-Robinson).
• Les strates affleurantes. Dans une petite partie de la Commune, de l'Hôpital Marie Lannelongue au carrefour des Mouilleboeufs, affleurent successivement les strates du Stampien inférieur
(marnes à huîtres), du Sannoisien supérieur (calcaires de Brie et de Sannois), du Sannoisien inférieur (argile verte) et du Ludien supérieur (marnes supragypseuses).
Dans les sables de Fontainebleau, d'anciennes sablières sont aujourd'hui remblayées, sur le territoire communal. Celles-ci ont été répertoriées par l'Inspection Générale des Carrières. "
Le relief de la Ville du Plessis-Robinson est très mouvementé
. Le territoire de la commune porte en effet, pour partie sur les confins du Plateau de Meudon - Vélizy et pour partie sur les pentes des affluents de la Bièvre. En effet, la commune du Plessis-Robinson se situe sur le bassin versant de la Bièvre.
. Le territoire de la commune porte en effet, pour partie sur les confins du Plateau de Meudon - Vélizy et pour partie sur les pentes des affluents de la Bièvre. En effet, la commune du Plessis-Robinson se situe sur le bassin versant de la Bièvre.
La dénivellation est donc importante :
• A l'Ouest, sur le plateau, le point le plus haut se situe à 178 mètres d'altitude,
• A l'Est, le point le plus bas, se trouve à 85 mètres. "
J'ai rapidement trouvé de nombreuses références à la catastrophe qui s'est passée dans une ville toute voisine du Plessis-Robinson : Clamart :
" Le jeudi 1er juin 1961, deux effondrements au niveau des anciennes carrières de l'allée de Bellevue, du sentier des Loges et ensuite de la rue du Général de Négrier provoquent la mort de 21 personnes et font 45 blessés. Le quartier Percy, habité par de nombreuses familles d’origine arménienne, est en partie construit sur d’anciens puits et galeries de carrières de craie.
Selon les premiers éléments de l’enquête, des pluies diluviennes avaient fragilisé le terrain limitrophe entre Clamart et Issy-les-Moulineaux, en début de semaine.
Le glissement de terrain détruit 23 immeubles et plus de 6 hectares de zone urbanisée. 6 rues sont rayées de la carte. La catastrophe est désastreuse pour les quelques habitants rentrés dans leurs maisons après le premier effondrement. 17 familles clamartoises perdent l’intégralité de leur maison et sont relogées dans les nouveaux logements sociaux du quartier de la Plaine. Des obsèques nationales, amplement suivies par la presse, ont lieu à l’hôpital Corentin Celton à Issy-les-Moulineaux. "
http://www.clamart.fr/decouvrir-clamart/histoire-patrimoine/fiches-patrimoine/leffondrement-des-carrieres/
vidéo ci-dessous en http :
Trouvé sur internet : " juillet : Un couple habitant dans un pavillon de Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, a constaté avec surprise dans la nuit de mercredi à jeudi que son jardin n'était plus qu'un énorme trou. 27 m2 effondrés dans 7 m de profondeur.
Chantal et son mari, qui vivent dans un pavillon de Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, ont très peu dormi dans la nuit de mercredi à jeudi, ils ont vu leur jardin se transformer en une crevasse de 7 mètres de profondeur.
Selon nos confrères du Parisien, ce phénomène n'a rien de nouveau. On appelle cet effondrement un fontis, une dizaine sont répertoriés en Ile-de-France chaque année. Ce fléau touche principalement les maisons construites sur d'anciens sites d'extraction de gypse. La carrière de la Fosse Maussoin, se retrouvant juste en face de la maison sinistrée, exploitée de 1866 à 1965, a vocation à devenir un parc Natura 2000, une fois les carrières remblayées. Une entreprise s'y attelle pour le compte du conseil général, qui précise qu'« il n'y a pas de lien direct fait à ce stade avec le chantier du département »." - http://www.lane-forumactif.com/t6488p10-dolines-fontis-sinkholes
Données scientifiques :
" Les vastes plateaux de la craie du Bassin parisien possèdent de véritables systèmes karstiques dans quelques secteurs : pays de Caux et d’Othe, vallée de l’Eure et de l’Iton, Champagne de Reims. Les « bétoires » (puits absorbants), pertes de rivière et vallées sèches sont inégalement réparties en fonction de l’existence ou non d’intercalations marneuses et des caractères propres de la craie permettant l’existence d’un double système hydrologique (nappes et réseaux karstiques). Sous la couverture fréquente de sables et d’argiles à silex, une altération irrégulière (figure 3) a permis le dégagement par l’action marine ultérieure des « bonshommes de craie » des falaises du pays de Caux " [Rodet, 1992].
" Bien que de faible puissance, les calcaires tertiaires peuvent aussi constituer des unités karstiques : par son hydrologie, la Beauce monotone est la plus vaste mais ceux de l’Entre-Deux-Mers et du Médoc (cryptokarst) présentent des réseaux karstiques typiques " [Courrèges, 1997] "
" De nombreux karsts du gypse et des évaporites, présentent des phénomènes actifs générant des dolines d’effondrements. Les formations d’âge triasiques sont souvent situées aux semelles de chevauchement des unités tectoniques : Pyrénées occidentales, Corbières, Provence varoise, petits karsts alpins aux champs d’entonnoirs hyper-évolutifs, bordure occidentale du Jura. D’autres existent dans les affleurements gypseux et salifères du nord-est de la Lorraine. Enfin d’importants réseaux sont creusés dans les gypses tertiaires de l’Île-de-France. Certains phénomènes sont principalement liés aux fluctuations climatiques et hydrologiques (vidanges du lac de Besse dans le Var) mais dans bien des cas les processus naturels sont accélérés par les actions anthropiques : effondrements liés à l’abandon des plâtrières, champs de dolines induits par l’exploitation du sel par dissolution (Poligny, Varangeville), fontis provoqués par l’accroissement des pompages dans les aquifères (agglomération parisienne).
Enfin, il existe de nombreux cas de karsts modifiés ou même créés par les activités humaines : exhumation des cavités paléokarstiques par extraction des bauxites en Provence, phosphatières du Quercy, minières de « fer fort » de l’est de la France (karst de Poissons en Lorraine méridionale) [Jaillet, 2005], prélèvement de l’argile à silex dans les poches des plateaux crayeux. En Lorraine, l’extraction du minerai de fer aalénien a modifié les circulations karstiques dans les calcaires jurassiques.
Dans les extensions urbaines modernes (Meudon, Caen, etc.) des désordres sont induits par l’évolution des anciennes carrières souterraines, sorte de « karst artificiel ».
" Le Sud du département est formé d’un plateau calcaire d’où, depuis l’époque gallo-romaine et pendant des siècles, a été extraite la pierre à bâtir : les carrières de Châtillon, de Bagneux et de Clamart ont donné naissance à la plupart des monuments de Paris, tandis que la craie était exploitée pour la fabrication de la chaux, le blanc de Meudon pour la peinture, le sable, la verrerie et les fonderies.
Ainsi, sur le territoire du département, les anciennes carrières de calcaire grossier s’étendent sur 1 014 ha, les carrières de craie sur 35 ha, principalement sur les communes d’Issy-les-Moulineaux, Sèvres, Meudon et Clamart et les anciennes carrières de gypse sur 150 ha.
En ce qui concerne les phénomènes de retrait-gonflement, seules certaines formations argileuses affleurantes (marnes à huîtres, marnes supragypseuses, marnes à pholadomies ludensis, les argiles à meulière de Montmorency, les argiles vertes de Romainville et les argiles plastiques) provoquent des tassements différentiels sur le département. Ils se manifestent par des désordres affectant principalement le bâti individuel. Sur le territoire métropolitain, ces phénomènes, mis en évidence à l’occasion de la sécheresse exceptionnelle de l’été 1976, ont pris une réelle ampleur lors des périodes sèches des années 1989-91, 1996-97 et plus récemment en 2003.
Les glissements rencontrés dans le département trouvent majoritairement leur origine dans une intervention humaine (réalisation de travaux, défaut d’entretien des ouvrages de soutènement...).
Deux types de désordres peuvent être observés :
- des glissements plans de faible ampleur affectant les éboulis de pente,
- des glissements rotationnels intéressants les masses de remblais mises en place au-dessus de formations argileuses sensibles (argiles plastiques et argiles vertes).
Le département des Hauts-de-Seine est classé en 17ème position nationale au regard du coût cumulé des sinistres retrait-gonflement indemnisés entre 1991 et 2002 et fait donc partie des départements français les plus touchés par le phénomène. 584 sinistres déclarés liés à la sécheresse ont été recensés.
Les communes sur lesquelles a été pris au moins un arrêté de reconnaissance de catastrophe naturelle lié à la sécheresse sont :
Les communes sur lesquelles a été pris au moins un arrêté de reconnaissance de catastrophe naturelle lié à la sécheresse sont :
Antony, Bagneux, Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry, Châtillon, Chaville, Clamart, Fontenay-aux-Roses, Garches, Issy-les-Moulineaux, Marnes-la-Coquette, Meudon, Le Plessis-Robinson, Rueil-Malmaison, Sceaux, Sèvres, Suresnes et Ville-d’Avray. "
Exemples de dolines énormes
Autres données : http://dailygeekshow.com/2013/07/28/decouvrez-le-secret-derriere-la-formation-des-dolines-ces-trous-geants-qui-engloutissent-tout-sur-leur-passage/
Yves Herbo, Sciences, F, Histoires, 25-08-2014
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