samedi 14 mars 2015

Honduras : la Cité du Dieu-Singe découverte ?

Honduras : la Cité du Dieu-Singe découverte ?

Honduras gravuressurroches mini
Honduras-pétroglyphes

Après les découvertes étonnantes au Panama et l'article lié, nous restons en Amérique Centrale avec cette nouvelle exploration de la jungle du Honduras et la possible découverte d'une cité mythique. Situons d'abord le pays (en bleu clair ici) en question sur une carte :

Ameriquecentrale

Au Honduras, il existe une légende tenace parlant de la "Ciudad Blanca", la Cité Blanche, qui a des origines très anciennes, et qui aurait été découverte par des Espagnols qui se sont perdus en explorant la jungle lors des conquêtes. D'autres versions suggèrent que le groupe ethnique Pech (habitant le territoire du Honduras pendant au moins 500 ans), croyait en l'existence d'une "White City", qui aurait été construite par les dieux. On a également parlé d'une "maison blanche", qui était composée de colonnes géantes de pierre blanche sculptées...

Le 3 Septembre 1526, Hernán Cortés a écrit ses impressions d'Amérique, adressées à l'empereur Charles V. Dans cette lettre, plus tard connue comme la Carta de Relación Nº 5, le vainqueur a fait allusion à l'existence d'une ville inconnue, et dont il a dit :

“Por otra parte dolíame el ánima dejar aquella tierra en el estado y coyuntura que la dejaba, porque era perderse totalmente; y tengo por muy cierto que en ella vuestra majestad ha de ser muy servido y que ha de ser otra Culúa, porque tengo noticia de muy grandes y ricas provincias, y de grandes señores en ellas, de mucha manera y servicio, en especial de una que llaman Hueitapalan, y en otra lengua Xucutaco, que ha seis años que tengo noticia de ella, y por todo este camino he venido en su rastro, y tuve por nueva muy cierta que está ocho o diez jornadas de aquella villa de Trujillo, que pueden ser cincuenta o sesenta leguas. Y de ésta hay tan grandes nuevas, que es cosa de admiración lo que de ella se dice, que aunque falten los dos tercios, hace mucha ventaja a esta de México en riqueza, e iguálale en grandeza de pueblos y multitud de gente y policía de ella. Estando en esta perplejidad, consideré que ninguna cosa puede ser bien hecha ni guiada si no es por mano del Hacedor y Movedor de todas, e hice decir misas y hacer procesiones y otros sacrificios, suplicando a Dios me encaminase en aquello en que él más se sirviese”.

" J'ai en effet des renseignements sur de grandes et riches contrées, gouvernées par de puissants seigneurs, avec grand état de cour et notamment le royaume de Hueitapalan, en autre langue, Xucutaco, dont on m'a parlé depuis six ans (...). D'après ce que l'on en dit, et quand on en retrancherait la moitié, ce royaume dépasserait celui de Mexico en richesse et l'égalerait pour la grandeur de ses villes, la multitude de ses habitants et l'ordre qui la gouverne. ". Cortes y précise également qu'il aurait entendu parler de Xucutaco dès les premiers temps de son arrivée dans l'empire Aztèque, en 1519.

Selon les données recueillies par différentes sources, ce site est appelé en indigène Xucutaco, (en nahuatl) et Hueitapalan, (en maya), et Cortes a renoncé à y aller en raison de la jungle impénétrable.

Ciudad blanca honduras
l'endroit soupçonné comme étant la jungle abritant la cité perdue (2013)

L'Évêque du Honduras, Cristobal de Pedraza partit en 1544 à la recherche de la fameuse cité. Dans une lettre adressée à Charles Quint, il décrit son voyage à travers la jungle de la Côte des Mosquitos. Il y dit notamment avoir vu - depuis le sommet d'une montagne - une grande ville située dans une vallée. Selon ses guides, les nobles de cette cité mangeraient dans des assiettes d'or...

Carte honduras

Xucutaco, dans la littérature, est aussi suggérée comme étant le lieu de naissance du dieu aztèque Quetzalcoatl. On pense que la ville blanche a été abandonnée par ses habitants en milieu du XVIe siècle, sans en connaître les raisons.

Des maisons effondrées avec des murs en pierre et des plafonds en bois, des monticules qui étaient autrefois des maisons, une fabrique de pierres pour meules, un mur épais et haut et un chemin de pierre, des milliers de petites statuettes autochtones, une table de jeu qui a été témoin des rois et des tombes de chefs et de gens importants, qui ont été enterrés avec des colliers de jade et d'autres objets, sont quelques-uns des vestiges de cette culture indigène peu connue.

Honduras gravuressurroches
Honduras, petroglyphes - le Dieu-Singe ?

Pour les "Chanes" ou les guides, se sont quelques-uns des vestiges de la légendaire Ciudad Blanca. Soi-disant que c'était une fortification spectaculaire en pierre construite au milieu des jungles dangereuses de la Mosquitia au Honduras. Certes, le fait est que plus de popularité a été donnée à l'énigme de Ciudad Blanca grâce à la publication de "La Ville de Dieu Singe", par l'explorateur américain Théodore Morde, qui prétendait avoir été dans l'enclave secrète et y a vu les pyramides et les statues étranges , y compris un "Mono", isolé et érigé sur le sable blanc, d'où le nom de l'ouvrage.

Theodore morde 3

Morde aurait jalousement gardé secret l'emplacement exact de sa découverte, avec l'intention de revenir plus tard à Ciudad Blanca, avec une expédition officielle, dirigée par lui-même, pourvu qu'il soit celui qui supervise tout pour que les "pilleurs de trésors" ne fassent pas partie de la fête. Toutefois, le navigateur n'a pas imaginé que la mort le surprendrait à la mi-parcours de ses projets. Morde a été mystérieusement frappé par une voiture en marchant près de l'Institut britannique, une organisation qui, paradoxalement, lui permettrait de financer cette nouvelle et ambitieuse expédition à Ciudad Blanca. On a ensuite parlé de complot et on a dit même que Morde était un agent secret de la CIA et qu'il ne devait pas annoncer sa découverte de 1939. Quoi qu'il en soit, après que son agent soit mort, l'Institut britannique a mené des expéditions sans Morde à la Mosquitia. Mais toutes ont échoué. Que cherchaient-ils vraiment ?

Certaines traditions ont souligné Ciudad Blanca comme étant le lieu secret d'où sortait le Kukulkan lui-même, l'homme barbu mystérieux qui a dirigé les Olmèques et les Mayas, et de nombreux chercheurs l'ont associés au Quetzalcoatl des Aztèques. Est-ce possible ?

Arquitectura precolombina honduras

Les Indiens Pech ont écrit que la ville blanche a été créée par la foudre et le tonnerre, sous la puissance surnaturelle de leur dieu Wata. " Dans cette prétendue ville sainte, disent-ils, il aurait été déposé des énormes pierres où des figures d'animaux et des humains ont été sculptés à l'échelle naturelle, un peu comme l'image qui nous avait été montrée il y a 500 ans, au temple inca de Koricancha, à Cusco, avec ses brillantes statues d'or pur ". La similitude de cette description avec l'image offerte par le Temple solaire Inca de Cusco ouvre au minimum quelques soupçons. Y a-t-il un lien entre la Ville Blanche et les cultures d'Amérique du Sud anciennes ? Cela semble incroyable et improbable. Toutefois, les légendes les plus anciennes de la lignée Pech racontent :

" Il y a 500 ans, environ 6000 colons ont atteint la Mosquitia, la région du Rio Platano, venant comme ils nous ont dit (dans les contes familiaux) d'endroits de ce qui est maintenant connu comme l'Amérique du Sud. La première colonie a été fondée dans un endroit que nous appelons Chilmeca, situé près de Casa Blanca. Nos ancêtres nous disent qu'ils sont nés et ont grandi dans une ville taillée dans la pierre blanche et c'est pourquoi ils l'ont appelé maison blanche ". Les Indiens continuent l'histoire en affirmant qu'ils ont perdu le chemin de la Cité Blanche, et donc les "dieux" ont puni ses habitants avec la sécheresse, les pilleurs et la vermine. Ils disent que c'est un lieu interdit qu'on "ne devrait pas atteindre". En outre, ils affirment que Ciudad Blanca a été construite par des êtres cosmiques pour être l'enclave sacrée de Patatahua, les ancêtres primitifs des Indiens Pech eux-mêmes. Mais malgré tout cela, la ville a été abandonnée après la punition divine, et probablement toujours là, enfouie dans la jungle du Honduras...

Honduras ruines

Aujourd'hui, les archéologues pensent avoir trouvé cet endroit mystérieux.

La découverte archéologique a été faite par des scientifiques financés par des studios de cinéma et une enquête topographique connue sous le nom "Lost City and White City", avec la technique de détection aérienne de la zone et de modélisation topographique en 2012. l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (IHAH) a annoncé officiellement la découverte après avoir été sur place en février 2015. Il s'agit bien d'une civilisation nouvelle et distincte de celle des Mayas, possédant un haut degré de développement artistique et technique, selon les archéologues.

Honduras citeperdue1

Le site se trouve dans une zone de jungle très dense, dans la région de Mosquitia, à plus de 320 km au nord-est de la capitale. "Nul ne s'y était rendu depuis plus de 600 ans", a précisé Virgilio Paredes, patron de l'IHAH. (YH : la rumeur faisant état d'un abandon de ces villes au XVIe siècle serait donc fausse).

Lost city honduras
Cette tête d'homme-jaguar fait partie des nouvelles découvertes. Pas de mentions du Dieu-Singe dans les découvertes...

Les archéologues, qui ont isolé 52 objets ainsi que les vestiges d'une pyramide et d'autres structures, estiment que deux cités jumelles s'y sont développées avant de tomber dans l'oubli. Ces structures en ruine auraient été bâties entre l'an 1000 et l'an 1200 (estimations peut-être un peu rapides et uniquement de surface !). Des sculptures représentant des hommes ou des jaguars ont notamment été mises au jour.

S'agit-il vraiment de la Cité Blanche des légendes ? Il est trop tôt pour le dire. "Ce que nous savons, c'est que le site englobe deux cités qui étaient très peuplées", a encore dit M. Paredes.

Comme nous l’explique un article du Courrier international, un avion équipé d’un scanner a survolé la vallée dans laquelle se trouve la cité mythique, tout en sondant la jungle à l’aide d’un laser. Les chercheurs ont alors pu réaliser par la suite une carte en 3D révélant la présence de ruines archéologiques. Et si rien n’a vraiment filtré, on le doit à Porfirio Lobo Sosa, président du Honduras à l’époque qui a considéré que les coordonnées exactes relevaient du secret d’état, pour éviter tout pillage. Le souci actuel, c’est que le pays manque de moyens pour protéger la cité, et fait appel à l’aide internationale pour cela.

Steven Elkins, documentariste obsédé par cette légende, monte lui aussi plusieurs expéditions infructueuses. En 2012, il a l'idée d'utiliser le LIDAR, un système de navigation de la NASA, qui fonctionne sur le même principe que le radar, mais utilise la lumière.

Lors d'une expédition en avion, il parvient à "scanner" plusieurs zones de la jungle hondurienne et identifie deux cités perdues. Il se rend sur place en février avec une équipe d'archéologues et d'anthropologues qui confirme sa découverte: des murs d'enceinte, des pyramide, un système d'irrigation et cinquante deux statues qui témoignent d'un grand savoir faire. Il s'agirait de l'une des découvertes majeures de ce début de siècle en matière d'archéologie. Mais le site est menacé par la déforestation.

Ecoutez le découvreur Steven Elkins entre 1m29 et 06m00 qui nous raconte que la deuxième cité découverte est encore plus grande que celle visitée mais inaccessible pour l'instant : c'est peut-être celle-ci la véritable Ville Blanche... (France-Culture) :


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Capture d'écran d'une vidéo de l'Université de Houston utilisant la technologie LIDAR © UNIVERSITÉ DE HOUSTON





Yves Herbo traductions, Sciences, F., Histoires, 10, 14-03-2015

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