La peinture paranormale
Miltoran
Voulant approfondir les choses par rapport aux récits et dessins, peintures de Miltoran présents sur ce site (http://www.sciences-faits-histoires.com/blog/temoignages/mon-experience-extraordinaire-6.html), j'ai cherché des analogies et d'autres exemples. J'avais entendu parler comme tout le monde de l'écriture automatique (qui me rendrait bien service parfois !) mais pas ou peu des dessins ou même peintures automatiques. Il s'avère en fait que, non seulement les exemples abondent, mais qu'ils concernent même des artistes très célèbres, sans qu'il y ait eu d'ailleurs une volonté d'y faire entrer le paranormal. Mais les expériences et acquisitions diffèrent selon les personnes, ce qui fait dire que ce phénomène n'est pas si éloigné de la réalité vécue par tout un chacun, dans la mesure où la réalité est composée aussi de différences et de perceptions expérimentales uniques selon chaque individu.
L'un des artistes à avoir sans gêne aucune mis en avant le fait que son don provenait d'une relation avec l'esprit des morts est Auguste Lesage. D'autres ont été beaucoup plus discrets ou ont peut-être aussi un peu triché sur l'origine de certaines de leurs toiles, car on parle aussi de gens comme André Masson, Picasso par exemple, qui l'ont pratiqué aussi... et certains à l'aide de l'hypnose ou de drogues... Le dessin automatique est une variante de l’écriture automatique. Il a été développée par le peintre et dessinateur André Masson (1896-1987). Il a été pratiqué par les surréalistes Joan Miro, Salvador Dali, Max Ernst, Hans Arp. Dans les années 1940 les Automatistes groupe d’artistes canadiens créé par Paul-Emile Borduas utilisent la technique, puis plus tard Picasso, dans les années 1960. L’artiste prend une feuille de papier. Il ferme les yeux ou met un bandeau.simplement. Il dessine librement guidé par son inconscient. Il trace des traits de droite à gauche et de haut en bas, des ovales des ronds. Il rouvre les yeux et en observant le résultat il verra apparaître l’ébauche d’une forme d’un sujet qu’il finalisera en le complétant, en y appliquant des couleurs...
Commençons par Auguste Lesage car son travail est exemplaire en la matière :
Augustin Lesage est né en 1876 dans le nord de la France, dans le Pas de Calais. En 1890, à 14 ans, il commence à travailler dans les mines de charbon. Il n'avait jamais manifesté une disposition pour le dessin et le seul contact qu'il a eu avec les arts était une visite au Palais des beaux-arts de Lille pendant son service militaire. Il était toujours mineur, en 1911, à l’âge de 35 ans, et il travaille au fond de la mine dans une minuscule galerie, lorsqu'il entend un énorme grondement venu de nul part et une “voix” lui dire : “un jour, tu seras peintre”. Il fut effrayé car bien entendu il est mineur de fond et ne connaît rien à l’art, craignant d’être pris pour un fou, il n’en parla à personne, même pas à sa femme. Une dizaine de mois passèrent avant qu'il entende parler de spiritisme. Il décida avec quelques amis de faire des séances car l'un d'entre eux avait quelques succès de guérisseur (Jean Béziat dit “le guérisseur d’Avignonet"). Les premiers dessins d’Augustin Lesage datent de ces séances spirites que lui et son groupe d’amis organisent en 1911, et où très vite Lesage est désigné en tant que médium. Il se met à recueillir les messages, et à exécuter des dessins qu’il signe « Marie », du nom de sa sœur, morte en 1883 à l’âge de trois ans. Ces dessins médiumniques sont totalement abstraits, avec une graphie très spiralée, parfois ondulée. Le papier est travaillé sur toute sa surface et comme encadré par des aplats ou des lignes festonnées. Un semis de points colorés envahit le fond. Le vert, le noir et les trois couleurs primaires se répartissent en masses équilibrées, aucune ne prévaut.
Quand les « esprits » lui commandent de passer à la peinture, il se met à « tamponner » la feuille avec le pinceau en une multitude de points, jusqu’à en remplir toute la surface. À dominante brun et bleu ou brun et vert, on y retrouve les structures spiralées des dessins. Il n’aurait pas exécuté plus d’une dizaine de ces « ébauches », avant de passer à son Grand Œuvre…
Un message s'adressa à lui : « Aujourd’hui il n’est plus question de dessin, mais de peintures. Sois sans crainte, suis bien mes conseils. Oui, un jour tu seras peintre et tes œuvres seront soumises à la science. Tu trouveras cela ridicule dans les débuts. C’est nous qui guideront ta main. Ne cherche pas à comprendre. Surtout suis bien nos conseils. Tout d’abord, nous allons te donner par l’écriture le nom des pinceaux et des couleurs que tu iras chercher chez M. Poriche à Lillers. Tu trouveras chez lui tout ce qu’il te faudra. » Ce qu'il fit, puis Augustin Lesage se mit au travail...
Sa première peinture date de 1912. Il reçu par erreur une grande toile, commandée par un ami alors qu’il en voulait une petite pour débuter. Il souhaite alors la découper mais un message s’y oppose : “ne découpez pas la toile, elle se réalisera, tout s’accomplira. Suis nos instructions et nous la remplirons dans la perfection. Mets toi à la peinture”.
C’est alors qu’il débute sa première toile monumentale, il y travaille tous les soirs après 12h dans la mine, lorsqu’il peint sa fatigue s’évanouit, il est dans une sorte d’extase !
C'est un très grand tableau carré, une huile sur toile de 3 mètres de côté (9 m2 en tout) que le peintre aborde dans le coin supérieur droit, et sans aucun plan préconçu de ce qu’il adviendrait ensuite.
« L’esprit m’a tenu dans ce petit carré pendant trois semaines consécutives. Je ne faisais rien et c’en était un travail… Après, tout s’est développé, le pinceau a marché de gauche à droite, il y a eu de la symétrie… »
Lesage peint chaque jour, au retour de la mine, dans la pièce principale de sa maison. L’exiguïté lui empêche, de toute façon, d’avoir une vue d’ensemble de la toile, et une partie de celle-ci reste roulée. Lesage « descend » donc le long de la toile en une sorte de processus organique où l’évolution stylistique est très nette, plus libre, évoquant souvent des motifs végétaux en haut, évoluant progressivement vers des constructions symétriques «libres» d’abord, puis plus construites et contraintes ensuite, menant vers une sorte de « cristallisation » géométrique et architecturale. L’impression finale de cette peinture, que Lesage mit deux ans à finir, est d’avoir plusieurs tableaux en un, avec cette immense partie sauvage, anarchique, qui va du haut à droite vers la gauche, et plusieurs autres parties symétriques, dont quatre sortes de « temples » de tailles différentes, deux en bas très géométriques et deux vers le haut, plus libres.
Augustin Lesage - 1ère Toile 1912-1914 - Musée Villeneuve d'Ascq
" La première grande peinture d’Augustin Lesage est l’une des plus audacieuses de l’art moderne. Sans être à proprement parler non figurative (les figures, tant architecturales qu’anthropomorphes, y fourmillent), elle explore à peu près toutes les possibilités de l’abstraction –lyrique aussi bien que géométrique- à une époque où cette dernière, chez les artistes professionnels, en est encore à ses balbutiements. Ornementale, décorative, elle n’en répond pas moins –comme les œuvres de Kandinsky dont elle est contemporaine- à une intention spirituelle. La distance est-elle si grande, d’ailleurs, entre la théosophie chère à l’artiste russe et le spiritisme embarrassé par le mineur français ? Celui-là se réclame de Rudolf Steiner, celui-ci de Léon Denis. " (Christian Delacampagne, Outsiders : fous, naïfs et voyants dans la peinture moderne (1880-1960), Paris, Éditions Mengès, ).
Et à partir de juillet 1913, Augustin Lesage cesse de peindre pour exercer l'activité de guérisseur. Pendant quelques temps il ne peint plus et consacre son temps à ses patients. Très vite les médecins locaux le traduisent en justice pour exercice illégal de la médecine. 30 personnes viennent témoigner à son procès dont il sera acquitté (1914), il soignera même le président du tribunal ! Il est ensuite mobilisé pour la guerre entre 1914 et 1916. À la fin de la guerre, après sa démobilisation, il est réaffecté aux mines de charbon.
Mais dès son retour, il reprend aussi la peinture et il continuera à peindre jusqu’à sa mort. Au retour de la guerre, Lesage réalise une vingtaine de tableaux d'un format plus réduit quoique encore assez important. « La symétrie partielle de sa première toile fait alors place à une symétrie totale, les peintures s’ordonnant autour d’un axe médian conférant à la composition un caractère monumental. » Lesage atteint alors l’apogée de son art durant ces quelques années, à travers des compositions de grand format. Selon les témoins, son rythme de progression est étonnamment rapide. De cette période l'exposition au Musée des arts décoratifs de Paris de 1967 a retenu notamment : Composition symbolique sur le monde spirituel, huile sur toile, 1923, 158,5 × 117 cm, Composition décorative, huile sur toile 1923, 140 × 92 cm, Composition symbolique sur le monde spirituel, huile sur toile, 1925, 205 × 145 cm, Les Grande œuvres ne s'élaborent que dans le recueillement et le silence huile sur toile, 1923-1925, 192 × 113 cm18.
Il utilise de préférence des couleurs pures avec un pinceau pour chacune d'elles, couleurs disposées dans des godets. Presque toujours abstraites, on peut trouver cependant dans ces peintures, ici et là, minuscules, des visages ou des oiseaux, géométrisés, qui se lovent dans les constructions. La composition n’occupe pas la totalité de la surface, elle se découpe sur un fond uni, et laisse apparaître des coupoles et des tourelles.
En 1921, il reçoit la visite de Jean Meyer, directeur de La Revue spirite. Celui-ci devient rapidement son mécène, ce qui permet à Augustin Lesage de quitter définitivement la mine en 1923. Sa toile est exposée en 1927 à l'Institut métapsychique de Paris pendant plusieurs mois et l'on s'étonne, selon les dires du docteur Osty, « qu'un homme inculte, sans hérédité artistique, simple mineur, soit arrivé à cette forme d'art. » Cette idée exprimée par le docteur Osty dans son étude contemporaine du peintre, répond à l'idée fortement accréditée à l'époque où le docteur écrivait, que l'esprit de création est inséparable de la culture de celui qui crée. Il rencontre l’égyptologue “Meret” et découvre la peinture égyptienne. Adepte de la réincarnation, Augustin Lesage croit avoir été un ouvrier des pyramides. En 1922, il aurait été averti par les esprits “lorsque tu peindras la moisson des blés en Egypte, ton voyage vers le Nil sera proche”.
Augustin Lesage - l'esprit de la pyramide - 1926
Il produira au total près de 800 œuvres dont 1 à l’institut Métapsychique International en 1927, où des personnalités scientifiques l’étudièrent en train de produire pendant un peu plus d’un mois ainsi qu’un public nombreux, il réalisera devant eux une toile de 2m sur 1,50m et en entame une autre d’un format plus modeste. Ceci est bien la réalisation de la prédiction qui lui avait été faite au départ “tes œuvres seront soumises à la science…”. En cette année 1927, Lesage prévient :
« mes guides me disent depuis un certain temps que je suis arrivé à l’apogée de mon premier apostolat, que je dois entrer dans la deuxième phase de mon apostolat ».
Et, effectivement, le changement advient, pour le moins brutal, puisque, occupant la toile jusqu’à en repousser les limites, des formes rondes et ovales se mettent à enfler et bourgeonner comme débarrassées du carcan des lignes et s’épanouissent en plumages chatoyants, soulignés par des touches de peinture, qui font penser à la première manière de Lesage, organique, avec laquelle il avait attaqué sa première toile. Mais là, ce sont des formes d’oiseaux très nombreuses qui apparaissent, et des visages de plus en plus présents qui vont jusqu’à occuper le centre même des toiles. Les tons purs se raréfient pour laisser place aux roux, bruns, mauves… Très vite, ces éléments « naturels » vont venir s’insérer, entourer les tabernacles symétriques chers au peintre.
Augustin Lesage - Sans titre connu - 1929 - Musée LAM Villeneuve d'Ascq
C’est en 1937 qu’il peint “la moisson en Egypte”, lors de sa réalisation, ses “guides” lui disent qu’il retrouvera la même fresque lors d’un voyage en Egypte. Effectivement en 1939, l’occasion d’un voyage en Egypte lui est proposé. Là-bas, on l’invite lui et ses amis à visiter la tombe d’un égyptien prénommé “Menna” (un des scribe de Toutmösis IV), le guide présente une fresque qui viendrait juste d’être découverte (mais non), à ce moment là aucune reproduction n’existe donc, personne ne la connaît, sauf Augustin stupéfait de voir parmi cette fresque sa scène de “la moisson en Egypte” peinte par ses soins 2 ans auparavant cette découverte ! Augustin Lesage est alors persuadé qu’il s’agit d’une scène qu’il a peint durant une vie précédente alors qu’il était ce “Menna”. Mais on pense qu'il a du apercevoir cette fresque dans un magazine et qu'il l'a reproduite inconsciemment. En effet, La tombe de Menna est connue depuis 1888 des archéologues. La tombe a d'abord été dégagée par la Mission Archéologique française dans les années 1888, travail continué au début du XXe siècle. Robert Mond en particulier reprend, en 1905, le dégagement de la chapelle et des nombreuses sépultures qui s'étaient ajoutées dans la cour, tandis qu'il faut attendre 1910 pour voir un premier relevé du décor par Colin Campbell, et la fresque de la moisson a été plusieurs fois reproduite dans des publications européennes avant 1930... (notamment : Campbell, Stewart. Two Theban Princes, Kha-em-Usat & Amen-Khepeshf, sons of Rameses III, Menna, a Land Steward, and Their Tombs. Edinburgh: Oliver & Boyd, 1910. See esp. Pp. 85-106. - Gardiner, Alan H. and A. E. P. Weigall. A Topographical Catalogue of the Private Tombs of Thebes. London: Quaritch, 1913). - https://www.osirisnet.net/tombes/nobles/menna69/menna_01.htm
Il continuera à peindre des centaines d’œuvres chargées de symboles religieux de toutes origines (principalement venant d’Egypte mais aussi des motifs chrétiens et quelques références à l’Art du Moyen Orient).
Souffrant des yeux, affaibli par l’âge, Augustin Lesage doit se résigner à déposer les pinceaux durant l’année 1952, moins de deux ans avant sa mort (1954).
À travers le spiritisme, Augustin Lesage aura réussi le tour de force, sans aucune formation artistique, à créer une œuvre peinte qui accompagne, voire anticipe trois des plus grands mouvements artistiques du xxe siècle : l’art abstrait (la première œuvre non figurative de l’art occidental généralement admise est une aquarelle de Kandinsky de 1910, et le Carré noir de Malevitch date de 1915) ; le surréalisme (les premiers essais de créations « automatiques » ne débuteront qu’après 1917) et l’art brut (dont le terme et les fondements n’apparaissent qu’en 1945). D'après Lesage lui-même, ses guides artistiques ont été successivement sa sœur Marie, Léonard de Vinci, puis, à partir de 1925, Marius de Tyane, (peintre antique). Il ignore ce qu’il va représenter et dit : « Je fais ce qu’on me dit de faire… Jamais il ne m’est arrivé, avant de peindre une toile, d’avoir une idée de ce que ce serait. Jamais je n’ai eu une vision d’ensemble d’un tableau à n’importe quel endroit où j’en étais de son exécution. Un tableau se fait détail par détail sans que rien ne m’en vienne préalablement dans l’esprit. Mes guides m’ont dit : "Ne cherche pas à savoir ce que tu fais. » ...
Fleury Joseph Crépin (1875-1948) est un autre exemple, il peint en formant des gouttes. " A des toiles, j'ai fait jusqu'à 1500 points à l'heure. Mes tableaux n'ont pas de titre, je ne comprends pas ce qu'on me fait faire, pourquoi on me les fait faire, ni quand s'arrêtera ce travail ".
Madame d’Espérance (1849-1919), une anglaise du nom d’Elizabeth Hope, grand médium à effets physiques mais aussi une grande dame du spiritisme, consacra sa vie à nous délivrer les témoignages et les preuves transmises par l’autre monde. Parmi les multiples facettes de sa médiumnité, elle développa le dessin médiumnique. Bien qu’elle ne possédât pas de technique particulière, elle était capable de retranscrire sur le papier les portraits des entités qu’elle percevait. Ce qui est remarquable, c’est que ce travail s’exécutait dans l’obscurité la plus totale avec une vitesse de réalisation prodigieuse, allant parfois jusqu’à trente secondes.
Dans son ouvrage "Au Pays de l'ombre" , Elizabeth nous parle de sa première expérience de dessin médiumnique : « Un soir, pour une raison quelconque nous étions assis dans l'obscurité… Ayant eu l'idée de regarder la partie de la chambre la plus sombre, il me sembla voir une curieuse luminosité nuageuse, parfaitement distincte, dans l'obscurité. Je la surveillai pendant une ou deux minutes sans rien dire, en me demandant d'où elle provenait et quelle pouvait en être la cause. …Tandis que je surveillais le nuage lumineux, celui-ci sembla se condenser, devenir compact et enfin revêtir la forme d'une enfant, éclairée comme par la lumière du jour, une lumière semblant venir non du dehors, mais du dedans, l'obscurité de la chambre servant de fond et mettant en relief chaque contour et chacun des traits de la figure. J'appelai l'attention des autres sur cette étrange apparition, et je ne fus pas médiocrement surprise lorsqu'ils déclarèrent ne rien voir du tout, ni enfant, ni luminosité.
- « Comme c'est étrange, fis-je, je la vois si bien que je pourrais faire son portrait si j'avais du papier et des crayons. »
- « Voici du papier et un crayon, » me dit ma voisine la plus proche. Me saisissant de ces objets, je commençai en hâte à esquisser la tête, les traits et les épaules de la petite visiteuse qui semblait très bien comprendre ce que je faisais.
- « Je crois que c'est Ninia, » remarquai-je, et aussitôt la petite créature affirma vivement de la tête. Je me mis à rire et à exprimer le plaisir que j'en éprouvais, et le dessin fini je le contemplai avec quelque orgueil.
- « Ne trouvez-vous pas que c'est très ressemblant ? » demandai-je à M. F., mon voisin.
- « Il est difficile d'en juger dans l'obscurité, répondit-il. Faisons de la lumière et l'on verra. »
Alors, pour la première fois, je me rappelai que nous étions assis dans l'obscurité la plus noire, et je commençai à penser que j'avais dormi et rêvé de l'enfant lumineuse, et rêvé que mon dessin était ressemblant. …
Je tenais nerveusement le papier, craignant que la lumière des bougies ne tombât sur une feuille de papier d'un blanc immaculé. Mais non ! Le dessin y était; je n'avais pas rêvé. Le visage de Ninia nous souriait sur le papier comme elle m'avait souri de son coin sombre.
A la nouvelle du développement de cette faculté, Elizabeth fut assaillie de demandes venant du monde entier. « La nouvelle de ce développement particulier de ma médiumnité se répandit bientôt, et je me trouvai, à mon grand ennui, obsédée de visites et de correspondance. De toutes parts, on désirait des portraits d'amis perdus, et l'on semblait croire que je n'avais qu'à fermer les yeux et me mettre à l'œuvre pour fournir des dessins à tout le monde »
Elle nous dit encore ; « Si quelque étranger assistait à l'une de nos séances, presque toujours des esprits étrangers y apparaissaient, et je réussissais souvent à faire leurs portraits. En général, ces esquisses étaient immédiatement reconnues et réclamées par les amis de ces esprits. »
C’est seulement après cette phase de dessin médiumnique qu’Elizabeth commença à produire des matérialisations d’Esprits.
Madge Gill et deux de ses dessins automatiques
Madge Gill (1882-1961), cette anglaise, se mit à écrire et dessiner de façon automatique, poussée par une force qu’elle ne peut définir. Elle dit : « J'ai senti que j'avais une faculté artistique qui cherchait à s'exprimer… je sentais que j'étais guidée très certainement par une force invisible, sans que j'aie pu dire quelle était sa véritable nature ». En fait, elle identifiera cette force comme étant son guide auquel elle donne le nom de Myminerest. Elle utilise l’encre de chine et diverses encres sur des toiles pouvant atteindre 11 mètres de long ou sur des cartes postales au dos desquelles elle note une pensée spirite. Elle laissera une œuvre considérable et on retrouva chez elle des centaines de dessins empilés dans les placards et sous les lits.
un dessin automatique de Lonne
Plus près de nous Raphaël Lonne (1910-1989), né dans les Landes, il aime la musique, la poésie, le théâtre. Il découvre ses dons de « médium dessinateur » lors d’une séance spirite chez sa cousine. Il utilise l’encre, le stylo bille, le marqueur, la cire et bien d’autres techniques. Il travaille dans un état proche de la transe et toujours de la même façon, de gauche à droite et de haut en bas, comme une page d'écriture. il raconte son premier dessin médiumnique : "Dans une séance spirite où je fus convié, chaque participant avait devant lui une feuille de papier et un crayon. Chacun était recueilli et attendait. Soudain, je suis parti, j'ai été contraint de suivre le mouvement de ma main. Sur la feuille il y avait des choses informes et pour finir un portrait fait d'arabesques et de spirales représentant un personnage, un être vivant, mi-homme, mi-animal, un être qui avait envie de naître. C'est ainsi que l'on me nomma peintre médium. Je pose la main et je me laisse aller, c'est comme un rêve qui se réalise au fur et à mesure. Je suis calme et tranquille ». Lonné précise qu'il n'invoque personne, il reçoit ce qu'on lui donne et sait que son tableau est achevé lorsqu'il le termine en bas à droite. Son oeuvre reste exemplaire de la création médiumnique, son univers est harmonieux confondant le règne animal, végétal et minéral.
Luis Antonio Gasparetto, né au Brésil en 1949, tente à 13 ans de peindre. Mais il n’est pas doué et s’apprête à tout abandonner lorsque l’Esprit de Manet lui propose de l’aider. Il peint alors un superbe portrait en trois minutes. A partir de ce moment une cinquantaine de peintres viennent lui prêter leur concours dont Delacroix, Van Gogh, de Vinci, Monet, Rubens, Goya, Degas, Gauguin, Matisse … Il travaille sur une table, les yeux fermés ou la tête posée dans le creux du bras gauche. Tout se passe très vite, il ne regarde pas le résultat et passe directement au dessin suivant. Il se sert des couleurs sans les choisir et les pose sur la toile avec la paume de la main ou les doigts et signe chaque toile comme le ferait le peintre présumé. La vitesse d’exécution reste hors du commun (quelques minutes) et dans le plus pur style de l’artiste inspiré. Mais le plus remarquable est que lorsqu’il en a assez d’utiliser ses mains, il se déchausse et continue avec les pieds. Il parvient même à réaliser deux œuvres en même temps sous l’influence de peintres célèbres tels Renoir, Picasso ou Rembrandt. Notons enfin que Gasparetto n'est pas peintre professionnel mais psychologue et que toutes ses toiles sont revendues aux enchères au bénéfice d’œuvres de charité.
Marcello Modrego (1912-1997) est né en Espagne. Il quitte l’école à l’age de neuf ans pour garder les moutons. Puis à la mort de sa femme il est atteint par une profonde dépression qui va l’amener à une boulimie créatrice. Il peint tout : tableaux, meubles, accessoires de cuisine. En 1966, il commence à peindre les murs de son appartement, comme catapulté, comme il le dit vers un endroit précis pour y peindre des fleurs. Le mur tout entier est recouvert de fleurs, d'oiseaux, de motifs géométriques particuliers. Les couleurs sont vives et il ne sait par avance ce que sa main va peindre. Des personnages et figures diverses semblent apparaître comme dans un labyrinthe. Après quinze années de travail (1981), Marcello Modrego s’arrête brusquement de créer. Il meurt en 1997.
Un dessin automatique de Modrego
Florencio Reverendo Anton Neto est brésilien, c'est un médium peintre d'une trentaine d'années. Ce médium travaille sur toiles en disposant tout autour de la table de travail, les différents tubes de peinture, sa prestation dure en général une heure. Après une prière et à l'aide d'un support musical choisi par les esprits eux-mêmes, le médium se met à la disposition des frères spirituels et être un fidèle instrument.
Florencio Reverendo Anton Neto
Fernand Desmoulin
La liste serait encore longue et l’on pourrait citer Vadelice Salum, Maria Gertrudes Cohelo, Fernand Desmoulin, Marguerite Burnat-Provins, Hélène Smith, Josef Kotzian, Léon Petitjean et bien d’autres encore. Tous ont commencé à œuvrer sous l’impulsion d’une entité et tous réalisent leur travail de manière spontanée. Le geste est sûr, sans hésitation, précis. La vitesse d’exécution est époustouflante. Cependant l’œuvre n’en est pas moins empreinte d’élégance, souvent imprégnée de compositions florales, d’animaux ou d’humains. Bien que les conditions de réalisation échappent à l’entendement, les œuvres sont là et, bien là, preuves de la présence d’entités spirituelles travaillant à leurs côtés. Il se pourrait bien que Miltoran fasse partie de ces artistes médiums improvisés, car tout comme eux, ce n'est pas son métier ni ne fait partie de ses connaissances et c'est presque malgré lui que ses dessins puis peintures naissent...
Miltoran
Sources : spirite.free.fr
http://www.cslak.fr/
Wikipedia.fr
Youtube, Dailymotion
Yves Herbo, Sciences-Faits-Histoires, http://herboyves.blogspot.fr/, 04, 06-02-2018
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