jeudi 25 octobre 2018

Génétique et récentes découvertes : Homo Sapiens serait né en Eurasie !

Génétique et récentes découvertes : Homo Sapiens serait né en Eurasie !

Genetique

J'ai déjà parlé de ces récentes découvertes et de cette remise en question d'une naissance de Homo Sapiens (l'homme moderne) en un lieu unique en Afrique, qui était la théorie la plus admise encore très récemment. Cette théorie était basée sur les découvertes anciennes faites en Afrique ("Lucy", australopithèque dont la "branche" menant à l'Homme moderne a été annulée finalement, ainsi que les Paranthropes : on parle encore par convenance à leur sujet (le seul critère étant la bipédie partielle !) de lignée humaine, mais ceci est de plus en plus contesté). Et même "Toumaï", découvert en 2001 au Tchad (et qui a donné une nouvelle espèce de primate menant à l'Homme : Sahelanthropus tchadensis à l'époque) considéré pendant un temps comme le plus ancien représentant de la lignée humaine (7 millions d'années) n'a pas gardé son statut très longtemps avec d'autres découvertes plus récentes. Pareil pour Orrorin tugenensis et Ardipithecus ramidus : ces fossiles de primates "évolués" et les études génétiques de leurs vestiges ont permis de les situer à une date précédant environ un demi million d'années les australopithèques. Autrement dit, la divergence entre les pré-humains et des éventuels chimpanzés se serait produite bien plus tôt que l'on ne pensait, soit entre – 13 et – 7 millions d'années. Cette théorie d'un lieu unique en Afrique pour la naissance du genre Homo est actuellement en passe d'être annulée : la multiplication des découvertes en des lieux multiples de fossiles et d'espèces différentes contredit cette hypothèse. Les découvertes au Maroc d'Homo Sapiens archaïques, vieux de 300000 ans, en est un exemple flagrant. Et celles en Afrique du Sud n'arrangent pas les choses sur la multiplication en question. Tout récemment, les restes de deux types d'hominidés nommés respectivement Australopithecus sediba et Homo naledi découverts en Afrique du Sud, ont augmenté les incertitudes. Leurs squelettes sont très différents de l'un à l'autre. L'A. sediba comporte des mâchoires et des mains proches de celles de l'homme, mais des pieds proches de ceux du singe. Pour sa part, Homo naledi était doté d'un crane et de pieds proches de ceux de l'homme moderne. Il était âgé d'environ 300.000 ans... Ceci conduit beaucoup de paléoanthropologues à se demander aujourd'hui s'il ne conviendrait pas d'abandonner l'hypothèse d'une évolution quasi linéaire vers l'homme moderne...

La théorie de la sortie d'Afrique du genre Homo, affirmant que seuls des hominidés ayant un gros cerveau et de longues jambes (Comme Homo Habilis, Homo Ergaster, Homo Erectus) est quant à elle annulée par la découverte, en 2002, d'un crane daté de – 1,75 millions d'années, qui était trop petit pour contenir un gros cerveau (nommé Homo Georgicus). Il convenait à un cerveau de 600 cm3, soit la moitié du cerveau humain actuel. Or le fossile se trouvait, non en Afrique mais dans le Caucase, à Dmanisi. Ceci était la preuve que des hominidés à petits cerveaux avaient pu quitter l'Afrique... et tout aussi bien être aussi à l'origine d'espèces de lignée humaine !


Pire, la découverte récente d'un homininé plus ancien que Toumaï en... Grèce, l'année dernière, ainci que la découverte d'outils de pierre accompagnés de fossiles "travaillés" en Chine très anciens (2,12 millions d'années) mettent maintenant la naissance d'un ancêtre du genre Homo Sapiens possible ailleurs qu'en Afrique (le critère privilégiant l'Afrique étant bien jusqu'à présent les datations et la génétique). 7,2 millions d'années (Ma) : Graecopithecus freybergiDécouverte en 1944 à Pyrgos Vassilissis au nord-ouest d'Athènes, le fragment fossile de mandibule de ce primate a été passé en 2017 au crible des scanners, révélant une fusion des racines de deux prémolaires, caractère que l'on retrouve principalement chez les hominidés. Ce caractère s'ajoute à un autre, propre à notre lignée : la taille réduite des canines. On peut aussi parler de la découverte du crâne Dali Man en Chine, qui a été daté à 260 000 ans, qui remet d'une certaine façon une origine absolument certaine d'Homo Sapiens en Afrique, ou alors il faut admettre une sortie d'Afrique bien avant des premiers Homo Sapiens archaïques... Et on peut aussi compter l'Homme de Floreshttp://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/l-homme-moderne-homo-sapiens-a-bien-un-nouveau-cousin.html


Et encore mieux, c'est maintenant la génétique qui remet en question la naissance d'Homo Sapiens en Afrique ! Mais voyons donc ces nouvelles études génétiques qui bouleversent tant de choses si elles sont confirmées par d'autres encore, et d'autres découvertes de fossiles :


En 2017, le professeur de génétique suédois Ulfur Arnason avait jeté un pavé dans la mare en publiant une étude dans la revue « Gene ». Ses travaux ont porté sur l'analyse génomique des populations d'hominidés qui peuplaient la région à cheval entre l'Europe et l'Asie, et, selon ses conclusions, les mélanges génétiques entre Homo sapiens, Néandertal et Denisova ne peuvent pas s'expliquer avec le peu de temps de vie en commun que suggère le modèle « Out of Africa ».

Partant d'Eurasie, Homo sapiens aurait colonisé l'Afrique, l'Europe et l'Asie en plusieurs groupes distincts, expliquant les mélanges génétiques marqués de l'homme moderne avec ses cousins d'une région à l'autre du globe. « La dispersion d'Homo sapiens à travers l'Eurasie, il y a 60.000 ans, a sans doute permis des interactions répétées à grande échelle avec les populations archaïques », avance Ulfur Arnason. Ce qui pourrait expliquer, mieux que les théories actuelles, comment Néandertaliens et Dénisoviens ont été absorbés par l'homme moderne.

La substantivité de l'hypothèse "Out of Africa" a été abordée à la lumière de l'analyse génomique récente des humains existants (Homo sapiens sapiens, Hss) et des progrès réalisés en paléontologie néandertalienne. L’examen n’a pas étayé le scénario commun d’Afrique, mais a plutôt privilégié une divergence eurasienne entre Néandertal et Hss (hypothèse d’Askur / Embla) et une hypothèse hors Asie / Eurasie selon laquelle toutes les autres parties du monde ont été colonisées par des migrations de Hss d'Asie. L'examen a suggéré en outre que les ancêtres des KhoeSan et Mbuti existants composaient la première dispersion d'Hss en Afrique et que les ancêtres des Yoruba constituaient une vague ultérieure dans le même continent. Les conclusions constituent un changement de paradigme pour l'étude de l'évolution humaine...


Une autre publication (2018) enfonce aussi le clou : La théorie « Out of Africa », selon laquelle le berceau de l'humanité serait le résultat d'une expansion démographique partie de l'Afrique subsaharienne, vient de subir de nouveaux coups de boutoir. Dans un article publié cet été par la revue « Trends in Ecology & Evolution » , un groupe de scientifiques spécialistes de l'évolution humaine, de génétique et des climats du passé, affirme qu'au cours des 300.000 dernières années, c'est une dynamique complexe de connexions, de séparations et de métissages entre les différentes lignées et cultures de nos ancêtres qui aurait engendré, à la manière d'un puzzle, la diversité de notre espèce... Cette publication intègre le fait que Homo Sapiens n'était pas qu'en Afrique, son origine est multiple et non régionale...Gunz P. et al. La diversité humaine moderne précoce suggère une structure de population subdivisée et un scénario complexe hors d’Afrique. PNAS. 2009; 106 : 6094-6098

La toute récente étude (2018) des chercheurs américains des universités de Washington et de Princeton va exactement dans le même sens !

Une étude réalisée par des chercheurs américains, Sharon Browning et ses collègues des universités de Washington et de Princeton, montre que plusieurs interactions se sont produites avec Homo sapiens. En inspectant le génome de plus de 5.500 individus, ils ont repéré de l'ADN dénisovien chez les populations d'Asie de l'Est, en particulier deux ethnies chinoises et les Japonais. Ils ont aussi remarqué que cet ADN différait significativement de celui retrouvé dans les populations d'Australasie (chez les Papous). Il existait donc deux populations dénisoviennes que notre ancêtre a rencontrées, respectivement en Asie de l'Est et en Asie du Sud-Est.

Genetique

https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(18)30175-2


Plusieurs études ont ainsi montré qu'une partie de l'ADN des Dénisoviens a été sélectionnée chez certaines populations d'Homo sapiens : chez les Inuits, il influence par exemple la gestion des tissus adipeux ; chez les Tibétains, il améliore le transport de l'oxygène dans le sang, expliquant leur capacité à vivre en altitude où l'air est pauvre en oxygène. L'homme de Denisova, qui tire son nom de la grotte des montagnes de l'Altaï (Asie Centrale) où a été découverte les restes d'une jeune fille qui est une hybride Néandertal/Denisova, a aussi contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Papous de Nouvelle-Guinée et des aborigènes australiens.





Dans une nouvelle étude de Browning et de ses collègues, les restes de deux vagues distinctes d'adjonction Dénisovien sont identifiés dans les populations d'Asie de l'Est modernes. Consultez l'article à l'adresse suivante: https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(18)30175-2. Sharon R. Browning, Brian L. Browning, Ying Zhou, Serena Tucci et Joshua M. Akey (2016). L'analyse des données de séquences humaines révèle deux impulsions de mélange aristatique de Denisovan. Cellule 173. L'analyse génétique prouve que Denisova n'a aucun lien avec l'Afrique, alors qu'il est une espèce humaine à part !

Une autre découverte, réalisée fin août, confirme cette vision buissonnante de l'évolution, faite d'une mosaïque foisonnante qui a vu apparaître et disparaître des espèces jusqu'à conduire notre famille vers une lignée unique qui a inventé le feu, le langage et la bombe atomique.Elle provient également d'une équipe de l'Institut allemand Max-Planck, menée par l'anthropologue évolutionniste Svante Pääbo. Ce chercheur est connu pour avoir largement contribué au décodage du génome des Néandertaliens et permis d'avancer qu'ils avaient mélangé leurs gênes à nos ancêtres Sapiens.

Nous avons aussi des preuves concrètes de la présence d'Homo Sapiens (Homme moderne) hors d'Afrique, bien plus tôt que supposé :


Et même les tenant de l'hypothèse "Afrique" admettent des choses bien réelles : " Nous sommes juste au début d'essayer de comprendre comment affiner cette nouvelle théorie (YH : celle de la multiplicité des lieux de naissance de Homo Sapiens en Afrique) ", explique Scerri. " Pour en savoir plus sur ce qui s'est passé, nous devons obtenir davantage de données sur de nombreuses lacunes en Afrique. Les premiers fossiles d'Homo sapiens nous viennent de 10% de l'Afrique, et nous extrapolons sur 90% du continent. La plus grande partie reste inexplorée. Nous disons effectivement que ces endroits ne valent pas la peine d'être vus parce que nous avons la réponse de 10%. Comment pouvons-nous savoir cela ? "... La naissance de Homo Sapiens en Afrique est bel et bien une extrapolation...

D'autre part, il est tout de même très étrange que nous ayons pu déterminer les ancêtres et origines d'animaux bien plus anciens que l'Homme, grâce à des fossiles datant de centaines de millions d'années (et même les origines de certains dinosaures), mais, pour l'être humain, bien plus récent, on ne trouve pas...




Sources : 









Yves Herbo et traductions, S-F-H, 28-09-2018, 25-10-2018








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