Sodome et Gomorrhe détruites par un astéroïde ?
Un bilan de plusieurs années d’étude au sujet du site de Tall El-Hammam, situé au sud de la vallée du Jourdain, à environ 14 kilomètres au nord-est de la mer Morte, a été exposé récemment lors de la réunion annuelle de l’American Schools of Oriental Research. C'est l’archéologue Steven Collins de la Trinity Southwest University aux États-Unis, qui mène des fouilles des lieux depuis plusieurs années dans le cadre du Tall el-Hammam Excavation Project avec des collègues, qui en est le principal rapporteur. Je parle déjà des recherches de Steven Collins en 2012, voir le lien tout en bas...
Notons que ce site de Tall el-Hammam semble être considéré comme l'une des plus grandes villes antiques de l'âge du bronze au Proche-Orient et que le chercheur suppose qu’il peut correspondre aux villes de Sodome et Gomorrhe de la Bible, à l'instart d'autres villes citées dans cet ancien texte, découvertes au fil du temps. Pour rappel, ces villes sont décrites dans les textes comme des lieux de perdition, qui finissent par attirer la colère divine et qui sont donc détruites en réaction par le soufre et le feu...
Les études locales semblent indiquer un tout autre scénario sur la destruction de ces villes, qui aurait été interprétée d'une façon religieuse par les prêtres :
Un violent séisme ou même une violente éruption volcanique a été évoqué par certains érudits, en liaison avec « le soufre et le feu ». Mais aujourd’hui, les archéologues étudiant le site avancent une tout autre hypothèse : la chute et l’explosion d’une météorite comme celle de Chelyabinsk récemment ou encore comme celle à l’origine de la fameuse explosion de la Tunguska en 1908. L’hypothèse est en fait développée depuis un certain temps et c'est le rapport à son sujet qui vient d'être exposé devant un pannel de scientifiques.
Les archéologues ont en effet constaté qu’une région d’une vingtaine de kilomètres de diamètre, où se trouvent les ruines de ce qu'ils pensent être Sodome et Gomorrhe, était une plaine fertile occupée pendant au moins 2.500 ans, avant et pendant l’âge du bronze, avant d’être mystérieusement et brusquement désertée il y a 3.700 ans et ce pour plusieurs siècles.
Les archéologues ont en effet constaté qu’une région d’une vingtaine de kilomètres de diamètre, où se trouvent les ruines de ce qu'ils pensent être Sodome et Gomorrhe, était une plaine fertile occupée pendant au moins 2.500 ans, avant et pendant l’âge du bronze, avant d’être mystérieusement et brusquement désertée il y a 3.700 ans et ce pour plusieurs siècles.
Chronologie du site, la bande noire vers le haut montre une totale absence de l'être humain pendant plusieurs siècle...
Or, les études sur les vestiges de 120 petites colonies de cette région ont livré des signes de chaleur extrême en surface sur des poteries. Certaines preuves laissent penser aussi qu’un brusque apport de saumure, issue de la mer Morte, aurait stérilisé les terres agricoles au même moment.
Tout cela est donc compatible avec l’explosion dans l’atmosphère d’un corps céleste, ne laissant pas de cratère (comme à Chelyabinsk), mais produisant une onde de choc thermique tuant peut-être des dizaines de milliers de personnes et soufflant une partie de l’eau de la mer Morte. Il reste évidemment encore du travail à faire pour confirmer pleinement cette hypothèse, et aussi celle que l'on a bel et bien retrouvé Sodome et Gomorrhe...
Du sable vitrifié découvert à 4km au sud-ouest du site
Le projet d’excavation de Tall el Hammam (TeHEP) est un projet scientifique conjoint du Collège d’archéologie et d’histoire biblique de l’Université Trinity Southwest (Albuquerque, Nouveau-Mexique, États-Unis) et du Collège d’archéologie et d’histoire biblique de l’Université Veritas International University (Santa Ana, Californie, États-Unis). ) et le Département des antiquités du Royaume hachémite de Jordanie.
Plusieurs ossements humains ont été découverts dans une couche de cendres et brisés sous un fort choc. Des poteries vitrifiées prouvent une forte chaleur, ainsi que des briques ayant subi une déflagration et feu.
Le territoire de la cité-État de l'âge du bronze du site s'étend dans les collines à l'est et au sud, vers le nord-est, sur le Wadi Kafrein (Kufrayn) sur plusieurs kilomètres, au nord de sa «frontière» avec le royaume voisin situé à Tall Nimrin, à l'ouest du Jourdain. et au sud-ouest de la mer Morte. Les rois qui régnaient depuis Tall el-Hammam avaient un contact direct avec la quasi-totalité des près de 200 kilomètres carrés de l’acropole occidentale de la haute ville et du centre-ville, où se trouvait le complexe du palais de l’âge de bronze de leur domaine.
Avec son centre géographique et sociopolitique massif, le hammam proprement dit, ce royaume de l’âge du bronze a dominé la vallée du Jourdain méridionale (le disque Jordan, ou Kikkar), voire toute la région pendant près de 1 500 ans, à partir de 3000 ans av. JC. A cette époque, le premier système de fortification fut construit autour du périmètre de la ville. Le site avait commencé (au moins) au cours du 4ème millénaire avant notre ère, prospérant pendant au moins mille ans en tant que communauté agricole ouverte (du Chalcolithique au Bronze ancien 1). Mais au début du 3ème millénaire avant notre ère, la paix relative de la région fut bouleversée et les habitants de Tall el-Hammam construisirent un formidable système de défense comprenant un mur de pierre et de briques de brique creuse de 5,2 m d’épaisseur et jusqu’à 15 m de hauteur, pour une distance linéaire de plus de 2,5 km, encerclant la ville. Une large chaussée de terre battue et d'argile suivait le périmètre extérieur du mur. Remplies de tours, de multiples portes et de créneaux (probables), ces défenses étaient pour le moins impressionnantes.
Un grand nombre de couches archéologiques de diverses époques
Des tronçons de digue récemment creusés recoupant la face extérieure du mur d'enceinte EB2 / 3 et une chaussée extérieure révèlent que ce mur et cette rue ont continué d'être utilisés jusqu'à la mise en service d'un nouveau système de fortification encore plus massif, vers le début du Bronze moyen 1 (vers 1950 BCE). Ceci est clairement démontré par le fait que de la surface de la chaussée EBA / IBA jusqu’à la hauteur préservée du mur associé, la zone est recouverte de multiples couches (en fait, des pieux) de remblayage de composition variable, comprenant une base (substrat) pour d'énormes défenses de murailles de ville et de remparts en terre / terre battue MB1 / 2 d'une épaisseur horizontale allant jusqu'à 33 m.
Les constructeurs de MBA ont conservé une bonne partie du mur d'enceinte précédent, d'une épaisseur de 6 m, en tant que «fondation» pour la partie la plus lourde de leur rempart / glacis extérieur en pente (leur nouveau mur de ville de 4 m d’épaisseur), puis trois autres murs de stabilisation «intégrés» à la structure essentiellement en terre crue de leur rempart à plusieurs pentes en gradins. Aussi vaste et impressionnant que l'enceinte "originale" de la ville au cours de ses sept siècles d'existence, le système défensif MBA a englouti son prédécesseur dans ses dimensions colossales. La principale porte d'entrée monumentale menant à la ville à travers ces fortifications a été découverte pour la première fois au cours de la saison sept en 2012.
Au sein de ces vastes défenses, les rois de la cité-État de Tall el Hammam ont construit leurs palais, leurs temples et leurs complexes administratifs. Commençant littéralement sur les flancs du Hammam proprement dit et rayonnant sur une distance allant jusqu'à 5 km, de nombreuses villes, villages et hameaux de l'âge du bronze parsemaient un paysage agricole fertile et bien arrosé. Le noyau de la cité, à Tall el-Hammam, a également profité d'au moins deux sources situées à l'intérieur des remparts (une chaude, une douce) et de plusieurs autres à proximité immédiate. Il est évident que l’utilisation des ressources en eau a été une considération essentielle dans l’implantation et le développement de la ville.
Compte tenu de son histoire apparemment longue et stable en tant que cité-État dominante de la région (s’épanouissant même grâce aux changements climatiques catastrophiques qui ont mis fin à l'âge du Bronze Levantin, environ 2500 ans avant notre ère), il est remarquable que Tall el-Hammam et ses voisins ( Nimrin notablement, probablement au centre de la cité au nord immédiat de Hammam), subirent une calamité mettant fin à la civilisation, particulièrement la leur, à la fin de l'âge du bronze moyen. Alors que les villes à l'ouest (Jérusalem, Bethel, Hébron), au nord (Deir'Alla, Pella, Beth Shan) et à l'est (Rabbath-Ammon, Tall al-Umayri, Nebo) continuaient normalement pendant l'âge du bronze. En fait, à partir du moment de leur destruction à la fin de MB2, les sites de l’est du disque Jordan sont restés inoccupés pendant cinq à sept cents ans...
Un lien possible avec la civilisation minoenne a été trouvé sur place
Notons que les chercheurs Alan Bond et Mark Hempsell ont également avancé leur théorie de la destruction des deux villes bibliques après la découverte en 2008 d'une tablette d'argile semblant décrire l'impact d'un astéroïde il y a 5 000 ans :
https://tallelhammam.com/
https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/archeologie-asteroide-aurait-detruit-villes-sodome-gomorrhe-50000132/
https://www.slideshare.net/jonnymo81/tall-el-hammam
Autres liens sur la Jordanie :
http://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/nouvelles-archeologiques.html - Je parle déjà ici en 2012 des découvertes de l’archéologue Steven Collins
Yves Herbo et traductions, Sciences-Faits-Histoires, 01-12-2018
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