jeudi 10 décembre 2020

Cultes et sacrifices humains en Europe

Cultes et sacrifices humains en Europe

 

Roquepertuse piliers

Le portique de Roquepertuse, (vers aix en Provence), Musée Borély, Marseille, IIIe siècle Av. JC

 

Lorsque l'on fait une recherches de données concernant les sacrifices humains sur internet et les médias, on tombe invariablement en tête des données sur les sacrifices humains pratiqués par les anciennes civilisations précolombiennes des Amériques centrales et du sud. Ceci étant tempéré par le fait également prouvé que certaines de ces cultures ont préféré utiliser des figurines pour sacrifier aux dieux et qu'il n'est pas non plus prouvé que cette pratique ait été constante et le fait de tous les rois et élites religieuses sur la longueur temporelle. Mais il y a un fait tout aussi certain, c'est que les choses ont été "pires" à ce niveau parmi les cultures protohistoriques en Europe, du bassin méditerranéen, et en Asie (d'où proviennent d'ailleurs logiquement les pratiques perpétuées par les amérindiens des Amériques, puisqu'ils en venaient).

En effet, de nombreuses découvertes et études nous prouvent indéniablement que le sacrifice humain et par exemple le culte des têtes coupées, était très répandu en Eurasie et le bassin méditerranée, de la fin du néolithique jusqu'à l'Antiquité et même le Haut-Moyen-Age. Les pratiques des Gaulois par exemple, au sujet du culte des têtes coupées sont de plus en plus documentées, mais également au niveau des Ibériques par exemple. L'Europe ayant fait l'objet de plusieurs migrations préhistoriques et historiques, les origines de ce type de culte aux dieux sont assez mal définies, la probabilité étant que ses origines proviennent de l'Est (Caucase, Asie Mineure, Inde), origine de toutes ces migrations.

Une récente étude par exemple, semble prouver que 500 mots gaulois sont semblables au langage dravidien, une vaste culture provenant de la région Inde-Pakistan, qui a migré vers les Balkans et la Mer Noire (y répandant entre autres des symboles de paix comme la swastika, à priori de façon pacifique, influence et symboles que l'on retrouve jusqu'à l'ouest de l'Europe, semblant possiblement indiquer les origines des Gaulois et Celtes (ces derniers ayant intégré auparavant le dravidien). Une étude encore actualisée en ce moment, dans laquelle certaines de mes recherches et compilations de données ont d'ailleurs été intégrées :

Nos ancetres les gaulois les slaves et Dravidiensnos-ancetres-les-gaulois-les-slaves-et-l.pdf (1.14 Mo)

 

Des anciens textes connus nous parlent de ces pratiques de sacrifices humains et cultes liés, les exemples ne manquent pas : la page de ce site recense 26 citations antiques nous parlant de ces pratiques sacrificielleshttp://www.arbre-celtique.com/approfondissements/druidisme/inventaire-txt/sacrifices-hum.php

Les recherches et études ne sont pas toutes récentes (voir plus bas pour des études récentes), puisque cette publication scientifique datée de 1903 en parle déjà :

REMARQUES SUR LA PLUS ANCIENNE RELIGION GAULOISE (Suite) 1

Rites

Sacrifices humains et suicides. — Le plus célèbre (2) des rites gaulois, et en réalité le plus banal de tous, fut celui des sacrifices humains «pour apaiser les dieux» 3. Les textes le mentionnent dès l'année 277 4 chez les Galates (Celtes) de Grèce et d'Asie, et nous le retrouverons peu à peu chez toutes les hordes de la race (nous sommes en 1903 - la notion de race a toujours cour).
De toutes les variétés du sacrifice humain 5, nous ne connaissons, dans les temps anciens, que ce qu'on peut appeler le sacrifice de guerre pour la nation tout entière 6.

1. Voyez Revue des Études anciennes, les trois derniers fascicules de 190a, I. IV, p. 101-114, 217-234 et 71-286.
2. C'est le gros reproche que leur fait Cicerón, Pro Fonteio, X, ai ; mais il ne faut pas oublier que le Pro Fonteio est un plaidoyer contre les Gaulois.
3. Cicerón : Si quando aliquo meta adducti deos placandos esse arbitrantur... Deos immortales arbitrentur hominum scelere et sanguine facillime posse pl acari. — Cf. Lucain, I, 444-5 : Inmitis placatur sanguine diro Teutates; César, VI, 16, 3: Nisi non posse deorum immortaliam numen plac ari arbitrantur (remarquez la ressemblance qui existe entre le texte de César et celui de Cicerón). — Jusqu'à preuve du contraire,
on peut penser que ces victimes humaines étaient destinées seulement aux plus grands dieux, " aux dieux communs " de la nation (cf. Revue, 1903, p., 220); chez les Germains, Tacite ne parle que de sacrifices à Mercure (Germanie, IX), ou à des dieux fédéraux (XXXIX).
4. Justin, XXVI, 2. On remarquera avec quel soin la tradition du Brennos de l'Allia, que j'ai toujours soupçonnée d'avoir été retouchée par un Gaulois, écarte tout sacrifice sanglant des détails de cette geste.
5. Sacrifice « pour la santé » d'un homme (César, VI, iG, 2); sacrifice « judiciaire » de condamnés (VI, 16, 5; Diodore, V, 3a); sacrifice « d'expiation » pour sacrilège (VI, 17, 5; Strabon, IV, 4, 6); etc.
6. Für das Volk, comme dit Grimm (p. 36), traduisant le coeso publiée de Tacite,Germanie, XXXIX.

Ce sacrifice lui-même se présente sous deux formes et à deux moments différents. — Avant la bataille 1, si les présages sont trop menaçants, les Gaulois égorgent jusqu'à leurs femmes et leurs enfants, « pour racheter leur vie et la victoire 2, » ce qui n'exclut pas, sans doute, d'autres victimes humaines d'importance moins grande. C'est ce que firent les Galates avant leur grand combat contre Antigone, en 277. Le sacrifice de ces vies était donc à la fois un rachat d'autres vies que les dieux paraissaient désirer, et un achat de la victoire. — Après la bataille, s'ils sont vainqueurs, ils sacrifient leurs prisonniers, comme récompense de l'appui que les dieux leur ont accordé 3.
Si les Gaulois sont vaincus, il arrive assez fréquemment qu'ils égorgent les blessés et s'égorgent eux-mêmes : « affaissé jusqu'à la mort, » dit Diodore du vaincu de Delphes, « Brennos rassembla ses hommes, et, s'entretenant avec eux, il leur conseilla de le tuer, lui et les blessés; » conseil qui fut suivi en ce sens que Brennos s'égorgea et que son successeur fit mourir les blessés et les éclopés, au nombre, dit-on, de vingt mille 4. Je ne doute pas que ce formidable égorgement et que ce suicide du chef n'aient été parfois une manière de sacrifice.

 

Les celtes sacrificeshumains

Dessin B. Lambat - Site JF Bradu
 

1. Cf. chez les Sicambres (Florus, II, 80, a4) : Viginti centarionibus in crucem actis hoc velut sacramento sumpserunt bellum. C'est pour cela que les supplices ordonnés par Vercingétorix avant la campagne de 5a (César, VII, 4 et 5) doivent être regardés comme des sacrifices.
2. Le caractère religieux de ce massacre est indiqué par Justin (XXVI, a), c'est-à dire, ne l'oublions pas, par le Gaulois Trogue. Pompée : Extis cum magna caedes interitusque omnium praediceretur, non in timorem, sed in furorem versi, sperantesque deorum minas expiari caede suorum posse, conjages et liberos trucidant... Itaque quasi scelere vitam victoriamque redemissent... Cf. César, VI, 16, 3 : Pro vita hominis nisi hominis vita redditur. — Comme sacrifices de victimes semblables, c'est-à-dire choisies, en cas de grand péril, dans la parenté môme, voyez celui de Mésa le Moabite (II Rois, III, 27); celui de Hakon en Norvège (Golther, p. 55a). Celui de Jephté (Juges, XI) est un sacrifice après voeu, ce qui n'est pas la même chose. Tylor (Histoire de la Civilisation, trad, fr., t. II, p. 5 12 et 519) croit que « les plus frappants
de ces exemples » de victimes prises dans la parenté « se rencontrent chez les peuples sémitiques »; mais je ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas là une illusion de tradition, et que les Sémites aient été plus enclins que d'autres à ce genre de sacrifices. — Voyez, à propos de ces passages, les théories nouvelles de MM. Hubert et Mauss sur le sacrifice (Année sociologique, t. II, 1897-8, notamment p. i34).
3. Nous verrons plus loin les différentes catégories de ces sacrifices après la guerre.
4. Diodore, XXII, 9; Pausanias, X, a3, G. — De même chez les Bretons, vaincus par Agricola, constabat saevisse quosdam in ron juges ae Uheros, tanquam misererentur (Tacite, Agricola, XXXVIII).

L'échec était une preuve que les victimes d'avant le combat n'avaient point été agréées par les dieux 1, ou que la lutte avait été entachée par une faute religieuse qu'il fallait expier 2. La certitude de la défaite, du désarmement et de l'esclavage était souvent, chez les Gaulois, le signal du suicide collectif, consommé dans une sorte de délire sacré 3.
Le suicide, même en temps de paix, fut un acte si commun chez les Gaulois qu'il est bien difficile de ne pas voir en lui une variété du sacrifice, soit spontané, soit plutôt provoqué par la conviction que les dieux l'exigeaient.

 

1. Les premières victimes n'ayant pas plu à Odin, Éric le Suédois lui promet, en échange de la victoire, sa propre mort ou son suicide au bout de dix ans (Golther, p. 55a). Comparez la devotio de Décius en 340 (Tite-Live, Vili, g): les victimes ne sont qu'à moitié favorables; le premier engagement est un échec, alors Décius « se dévoue ».
2. Les Grecs paraissent bien avoir attribué au suicide de Brennos un motif religieux, « la volonté d'un dieu » outragé, mais, il est vrai, d'un dieu grec. Valère-Maxime, I, i, g : Apollinis tempïum ingressus, dei volúntate in se manus vertit; Pausanias, X, a3, ia : Τή ot'tôoï πλέον. Cf., note 3, le suicide des Sénons, regardé comme une δίκη. — II est possible, cependant, qu'il y ait eu souvent un motif plus humain à ce suicide ou à cet égorgement. Je remarque que Brennos et Cichorios firent mourir les blessés avant de εϊς οικεία έπανελθεΐν (Diodore, XXII, 9), et que les Sénons s'entre-égorgèrent ούκ ε'χοντες £τι πατρίδας ες δς διαφύγωσι (Appien, Celtica, XI) : la mort fut donc peut-être pour eux soit un moyen de revivre, mais libres et en armes, dans le séjour des morts, soit de revenir simplement chez eux par voie de migration dans d'autres corps, comme ces nègres esclaves qui se suicidaient pour renaître dans leur propre pays (Tylor, II, p. 6).
3. J'emprunte ces expressions à Appien, Celtica, XI, parlant du suicide des Sénons en 283 : Τστερον δε Σένονες ουκ έχοντες 'έτι πατρίδας ες ας διαφΰγωσι, συνέπεσον ες χείρας υπό τόλμης τω Δομετίω, κα\ ήττώμενοι σφδς αυτούς ύ π 'οργής διεχρώντο μα-νικώς, et Appien ajoute: Κα\ δίκη μεν ήδε παρανομίας. Le récit est répété dans les mêmes termes Samnitica, VI. — En 225, en Cisalpine, Άνηρόεστος εί'ς τίνα τόπον συμφυγών μετ' ολίγων προσήνεγκε τας χείρας αυτω κα\ τοις αναγκαίο ις (Polybe, II, 3 1). — Les Galates en 189 (Florus, I, 37 — II, 11,6): Alligati miraculo quidam fuere, cum catenas morsibus et ore temp tassent, cum offocandas invicem fauces praebuissent. — Les Gaulois (ou Ligures) des Alpos, en 118 (Orose, V, i4, 5) : Cum se... bello impares fore intellegerent, occisis conjugibus ac liberis, in flammas sese projecerunt ; qui vero... capti fuerant, alii ferro, alii suspendió, alii abnegato cibo, sese consumpserunt. — Des Celtibères en 195 se suicident, parce qu'on leur enlève leurs armes, nullam vitam rati sine armis esse (Tite-Live, XXXIV, 17). — Silius Italiens dit à peu près de même des Cántabros (III, 329-331) : Nec vitam sine Marte pati. Il s'agit, dans ce cas, du suicide des vieillards, contraint ou spontané (cf. Schrader, p. 36). — Voyez ce que dit Nicolas de Damas des Ombriens, apud Stobée, VII, 3g. — Suicide collectif des Numantins en 133: Rhoecogene duce... in ultimara rabiem furoremque conversi (Florus, I, 34 = 11, 58, 15; Appien, Hispánica, XCVI). — Suicide des Vénètes, en 56: Dion Cassius, XXXIX, A3 (détail qui ne se trouve pas chez César). — Suicide de Cantabres au temps d'Auguste (Florus, II, 33, 50; Strabon, III, 4, 17)· — Suicide de Sacrovir et de ses compagnons en 21 ap. J.-C. (Tacite, Annales, III, 46): Illic sua manu, reliqui mutuis ictibus occidere : incensa super villa omnes cremavit.

Suicides individuels de Gaulois :
César, I, 4, 4?; VI, 3i, 5; Hirtius, Vili, 44, a; Plutarque, Virtutes mulierum, XX; Amatorius, XXII; Tacite, Annales, III, 4a*, etc. — Strabon fait justement remarquer (III, 4, 17), a propos du suicide des Cantabres, que cela n'est point le propre d'une race : Κοινά δέ χα\ ταΰτα προς τα Κελτικά εΌνη χα\ τα θράκια κα\ Σκυθικά.

 

Lire la suite ci-dessous :

« Ces luttes insensées qu'ils soutenaient contre les éléments 1 » ne sont que des modes de sacrifice de soi-même, répondant à quelque présage ou à quelque désir des dieux. Ce n'est pas par simple bravade, comme le disaient Aristote et d'autres, que les Celtes allaient en armes au-devant des flots déchaînés 2 : les écrivains grecs ne voyaient qu'une passade de folie 3 dans ce qui était un acte de foi. Le Gaulois qui se laisse engloutir, tout armé, par la marée montante, va rejoindre, dans son costume solennel, les dieux ou les ancêtres 4 qui le rappellent, ou il s'immole à la mer qui le demande 5. — De la même manière, lorsque les Celtes refusaient de fuir devant une muraille qui s'écroule, ou de quitter une maison en flammes 6, c'est qu'ils pensaient que les dieux voulaient leur mort et venaient les prendre 7. Que la bravoure gauloise ait multiplié ces actes et rendu la résignation facile ou joyeuse, je le veux bien, mais c'est la religion qui leur donne leur vrai sens et, si je peux dire, leur formule morale 8.

 

1. C'est le mot de R. de Belloguet, p. 19.
2. Aristote, Morale à Eliderne, III, ι, a5 : Oí Κελτοι προς τά κύματα δπλα άπαντώσι λαβόντες. De même, Nicolas de Damas apud Stobée, VU, 4o: Κελτοί... πλημμυρίδος δε εκ τήί εξω θαλάττης επερχόμενης μεθ' οπλών απαντωντες ύπομένουσιν εως κατακλύζονται, ίνα μή δοκώσι φεΰγοντες τον θάνατον φοβεΐσθαι. Elien, Historia varia, XII, 22 : Οΰτως δε αίσχρον νομίζουσι το φεύγειν, ώς μηδέ εκ τών οικιών κατολισθαινουσών κα\ έμπιπτουσών πολλάκις άποδιδράσκειν, αλλά μηδέ πιμπραμένων αυτών, περιλαμβανόμενους ύπο του πυρός. Πολλοί δε και έπικλΰζουσαν την θάλασσαν ΰπομένουσιν. Είσί δε και οϊ δπλα λαμβάνοντες εμπίπτουσι τοις κύμασι κοή την φοράν αυτών είσδέχονται, γυμνά τα ξίφη κα\ τά δόρατα προσείοντες, ώσπεροΰν η φοβήσαι δυνάμενοι η τρώσαι- Même tradition à propos des Cimbres (Strabon, VII, 2, ι) : "Οπλα αί'ρεσθαι προς τάς πλημμυρίδας τους Κίμβρους.
3. Cf. Jules César, Bévue des Études anciennes, p. 273, n. 6.
4. Que le suicide soit une manière de rejoindre ses proches défunts, c'est ce que; montre la Gauloise Camma (Plutarque, Amatorias, XXII.; Virtutes malierum, XX).
5. De Belloguet avait peut-être raison (p. 20) de prononcer à ce propos le mot de Berserker; mais je crois que de pareils actes n'étaient pas seulement le propre de possédés, d'autant plus que les Berserker Scandinaves ne se présentaient pas, ce me semble, avec l'appareil du guerrier ordinaire. Cf. Golther, p. 103; Schwally, p. 101, où il y a d'excellents rapprochements.
6. L'incendie de la maison du Gaulois, qui, dans ce cas, provoque son suicide, l'accompagne dans d'autres circonstances (Tacite, Annales, III, 46; Plutarque, Amatorias, XXV : Τεθνάναι μεν ύπο φαρμάκων, συμπεφλέχθαι δε μετά τοΟ σώματος την επαυλιν). La maison sert alors de bûcher (il semble qu'on ait trouvé des traces de ces maisons incendiées avec leurs maîtres; voyez les remarques de Flouest et de Perron, Revue archéologique, 1882, t. XLII, p. 71). Au surplus, la destruction, par le feu, de la villa, en même temps que celle du dominus, s'explique, chez les Gaulois, par le principe des funérailles : Omnia, quae vivis cordi fuisse arbitrantur, in ignem inférant (César, VI, 19, 4).
7. Elien (voir n. 2). Nicolas de Damas apud Stobée, VII, 4o : Κελτοι οί τω Ώκεανώ γειτνιώντες α'ισχρον ηγούνται τοΐχον καταπίμτοντα η ο'ικίαν φεΰγειν.
8. Voyez l'invocation, soit à sa déesse (Plutarque, Virtutes mulierum, XX), soit à son mari défunt (Amatorius, XXII), de Camma se suicidant; ici, le rituel du suicide vient s'adapter, en quelque sorte, au rituel du sacrifice de fiançailles. — Qu'on n'objecte pas, pour différencier absolument le suicide et le sacrifice, qu'il s'agit de victimes d'origine différente, étrangères dans un cas et nationales dans l'autre.
D'abord, les Gaulois prenaient souvent pour victimes leurs compatriotes, criminels condamnés et etiam innocentes (César, VI, 16). D'autre part, il semble que beaucoup de peuples, avant de sacrifier leurs prisonniers de guerre, les aient d'abord, par une sorte de fiction, transformés en compatriotes (Schwally, p. 45). Le sacrifice, comme je crois que MM. Hubert et Mauss l'ont bien mis en lumière (p. 133 en particulier), implique une communion entre la victime, le dieu et le sacrifiant, et cette communion n'est jamais plus complète que lorsque le sacrifice est volontaire de la part de la victime, c'est-à-dire dans le cas du suicide : ce qui explique l'efficacité particulière, dans les cas de bataille, des devotiones comme celle de Décius. C'est pour cela encore que, malgré toutes les objections qui m'ont été faites, je maintiens fermement que, dans sa pensée, Vercingétorix se rendit à César comme une victime destinée à la mort, à être immolée « pour son peuple », piaculum omnis deorum irae. comme dit Tite-Live de Décius (VIII, 9).

 

Les procédés d'immolation, dans les sacrifices humains, paraissent avoir varié suivant les cas 1 : les flèches servaient pour les massacres en masse 2, sans doute l'épée de guerre pour les égorgements isolés 3. On trouve aussi la pendaison avec pal 4, la pendaison ordinaires 5, le pal pur et simple 6, le bûcher 7, la crucifixion 8, le démembrement 9, l'asphyxie par immersion 10, etc. On remarquera que, chez les Bretons de Boudicca, ce sont « les captives les plus distinguées » que l'on offre à la déesse : victimes femelles à déesse-femme 11.
On regardera comme des compléments de l'acte du sacrifice l'usage de goûter de la chair de la victime humaine 12, et celui de boire de son sang dans un crâne fourni par quelque autre victime 13.
De ces sacrifices, nous voyons que les uns étaient faits « dans des lieux sacrés », mais que la plupart avaient lieu au cours des expéditions militaires, au hasard des théâtres de guerre; nous ignorons si, dans ce cas, l'endroit d'immolation avait été consacré au préalable.
Autres sacrifices. — Les Gaulois ont connu, sans doute dès les plus anciens temps, des sacrifices moins horribles.14

1. Tacite, Germanie, XII : Distinct io poenarum ex delicto.
2. Diodore, XXXI, i3; cf. Strabon, IV, 4, 5.
3. Strabon, IV, 4, 5; Diodore, V, 3i, qui ne parlent, il est vrai, que de victimes destinées à l'extispicine.
4. Dion Cassius, LXII, 6 : il s'agit des femmes prises par les guerriers de Boudicca, et auxquelles, en outre, on coupe les mamelles pour les leur coudre sur la bouche ; cela, εν τοις ιεροί;. La combinaison de ces trois supplices s'expliquerait bien si ces captives étaient des transfuges de la liberté, Bretonnes passées aux Romains, criminelles et prisonnières à la fois. — Tacite nous dit des Germains (XX) : Proditores et tránsfugas arboribus suspendunt. — De même, à Rome, Tite-Live, I, 2C. — Etc.
5. Après la défaite de Mallius, en 105, par les Cimbres et les Teutons et Galloram gentes : Homines laqueis collo inditis ex arboribus suspensi sunt... nova quadam atque insolita exsecratione (Orose, V, 16, 6 et 5). Orose dit que tous les prisonniers romains subirent ce sort. Les arbres, et la pendaison comme conséquence, interviennent, dans ce cas, en tant que choses divines ; de la même manière, la pendaison des captives de Boudicca (cf. la note précédente) eut lieu εν τω της Άνδράστη; μάλιστα α>σει. — Voyez encore, sur la pendaison chez les Celtes, le texte des scholies de Lucain cité p. 34 - Ce
genre de supplice se rattache à la dendrolâtrie, et il a été beaucoup plus répandu chez les peuples primitifs qu'on ne le croit d'ordinaire; cf. Schrader, p. 600 et 831.
6. Pour les malfaiteurs (Diodore, V, 3a), pal suivi du bûcher.

7. Diodore, V, 3a ; César, VI, iO; Strabon, IV, 4, 5. Cf. César, VII, 4, 10.
8. Strabon, IV, 4, 5. Cf. chez les Germains, Floras, II, 3o, 24.
9. Strabon, IV, 4, 6 (certainement un acte religieux, bien que cela ne soit pas dit formellement). — Le rite du démembrement des prisonniers de guerre est indiqué chez les Ligures, à la date de 177 (Tite-Live, XLI, 18) : Captivos cumfoeda laceratione interflciunt.
10. Ce genre de supplice est attesté par la scholie de Lucain sur les sacrifices humains à Mercure-Teutatès; voyez ce texte dans la note suivante. Un exemple de sacrifice de ce genre est sans doute celui de sainte Reine à Alésia : Jussit impius praefeetus ad/erri vas qaoddam magnum et impleri aqua et deponi earn (la jeune fille) de ligna et alligari manus ej us et pedes, et mitti ibi ut suffocaretur (Acta Sanctorum.
Passio Reginae, n. éd., 7 sept., t. HI, p. 39), et cette dernière partie du texte ressemble à celui du scholiaste. — Au semicupium (sur le sens de ce mot, cf. Tourneur, Musée belge, 190a, p. 78) dont parle ce dernier, comparez également la capa de Wuotan dans la Vie de saint Colombari (Grimm, I, p. 45); et, dussé-je me tromper, je ne peux me dispenser de songer, à propos de tous ces vases sacrés, à celui que tient le dieu gaulois au maillet : ne serait-ce pas, réduit et stylisé, le vase destiné à l'immersion des victimes ? la transformation iconographique de l'objet ne serait pas plus grande que celle qu'on a fait subir à la hache, devenue, dans la main de ce dieu, une sorte de marteau (cf. Reinach, Bronzes, p. 167): dans l'un et l'autre cas, l'instrument du sacrifice serait passé au rôle d'attribut du dieu.
Il semble bien, d'après les scholies de Lucain (Usener, p. 3a), que chaque dieu préférait, pour sa victime, tel genre déterminé de supplice : Teutatès, la suffocation : Teutates Mercurius sic apud Gallos placatur ; in plenum semicupium homo in caput demittitur ut ibi suffocelur; Esus, la pendaison : Mars sic placatur : homo in arbore suspenditur usque donee per cruorem membra digesserit, et ce texte est d'autant plus remarquable que le culte d'Esus paraît avoir été lié à celui de l'arbre (voyez l'autel de Paris). Tarants Ditis paler hoc modo apud eos placatur : in alveo ligneo aliquol homines cremantur, ce qui s'explique peut-être parce que Taranis représentait le feu du soleil.
Tous ces textes sont beaucoup plus importants et plus significatifs qu'on ne le croit.
11. Dion Cassius, LXII, 7. — Chez les Germains, lors du désastre de Varus (TaciteAnnales, I, 61) : Luçis propùiquis barbarae arae, apud quas tribunos ac primorum ordinum centuriones mactaverant; ailleurs (Florus, II, 3o, a4) : Viginli centurionibus in crucem actis. Ce sont là, également, victimae eximiae.
12. Pausanias, X, aa, 3 : Τούτων Sa κα\ τα υπό του γάλακτος πιότερα άποκτείνοντες, επινόν τε ο\ Γαλάται του αίματος, κα\ ήπτοντο τών σαρκών (il s'agit des Galates qui ont envahi la Grèce). Ce choix du sang et de la chair des victimes, eximiae et lactentes, doit être rituel. Nous voyons là toujours le procédé habituel des écrivains grecs et latins lorsqu'ils parlent des Barbares, généralisant et transformant en faits profanes, ridicules ou coupables, des actes épars de ritualisme.
13. Ammien, XXVII, 4,- 4 (Scordisques) : Hostiis captivorum Bellonac litantes et Marti, humanumque sanguinem in ossibus capitum cavis bibentes. De même, Orose, V, a3, 18. Le capite quo solemnia libarent, des Boiens, en 216 (Tite-Live, XXIII, 24), peut s'entendre des libations de sang humain. Ce sont là, encore, autant de preuves que l'idée de communion, par l'intermédiaire de la victime, est inséparable de celle du sacrifice. Cf. également, dans ce sens, le rite des Irlandais (Solin, XXII, 3) : Sanguine interemptorum haustoprius victores vultus suos oblinunt. — Je voudrais savoir si, lorsque les Gaulois coupaient les oreilles aux condamnés (VII, 4, 10), ils ne les offraient pas aux dieux, comme les Lusitans leur offraient les mains des captifs (Strabon, III, 3, 6).
14. Je ne puis rattacher le ver sacrum des Gaulois aux sacrifices humains (Justin, XXIV, 4, 1); même chez les Italiotes, il ne semble pas qu'il y ait eu un lien entre les deux choses (Wissowa, Religion und Kultur der Römer, 1902, p. 354). Plutôt des sacrifices d'animaux ici...

Je vais arrêter ici cet extrait de cette longue étude historique, vous pouvez la lire intégralement ici - Camille Jullian Revue des Études Anciennes  Année 1903  5-1  pp. 19-27 :

https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1903_num_5_1_4934

 

Je rappelle tout de même qu'il ne s'agit ci-dessus que de témoignages et Histoire antique de la part de vainqueurs ou appartenant à la culture romaine, et que nous n'avons pas l'avis des "Barbares" concernés sur leurs propres rites et traditions : les historiens n'ont pas autre chose à se mettre sous la dent, bien que les Gaulois comme les autres savaient écrire, rien ne nous ait parvenu à ce sujet précis.

Mais les découvertes archéologiques viennent tout de même en complément à cette Histoire partielle euroasiatique :

VIE QUOTIDIENNE, TOMBES ET SYMBOLES DES SOCIÉTÉS PROTOHISTORIQUES DE MÉDITERRANÉE NORD-OCCIDENTALE

 

Textes réunis par Claire-Anne de CHAZELLES et Martine SCHWALLER

Les Monographies d’Archéologie Méditerranéenne sont destinées à promouvoir les résultats des recherches archéologiques conduites dans les régions bordant les rivages de la Méditerranée nord-occidentale (France, Italie, Espagne).

Les ouvrages constituant cette série sont à la fois limités et ouverts : limités à l’archéologie de la Préhistoire récente (Néolithique, Chalcolithique), de la Protohistoire (Âges du bronze et du fer) et de l’Antiquité (du début de l’Empire Romain au début du Moyen-Âge) ; limités à une approche scientifique du patrimoine antique des régions méditerranéennes ; ouverts  à toutes les disciplines et les champs d’investigation intéressant l’archéologie, et aux résultats des travaux de terrain comme aux synthèses thématiques ; ouverts enfin à tous les acteurs de l’archéologie, quelle que soit leur institution de rattachement.

 

La pratique des têtes coupées attestée à Ullastret (Catalogne). Nouvelles données, nouvelles lectures

 

Les sites archéologiques d’habitat ibérique d’Ullastret (le Puig de Sant Andreu et l’Illa d’en Reixac) se trouvent dans la plaine actuelle de l’Empordà (Gérone) et sont séparés de seulement 300 m. Ils sont situés sur un emplacement jadis lacustre. Ces deux sites ont constitué conjointement, entre le VIe  et le IIe siècle av. J.-C., une véritable ville qui exerçait les fonctions de capitale de la tribu des indigetes ou indiketes et qui joua un rôle de centre politique, économique, militaire et religieux d’un vaste territoire qui s’étendait entre la rivière Tordera, au sud, et le massif de l’Albera, au nord. En raison de sa situation géographique, ce peuplement a entretenu d’étroits liens avec le monde celte de l’autre côté des Pyrénées. Ces contacts sont attestés dans le type d’armement utilisé, de type la Tène, et dans la pratique du rituel d’exposition de crânes humains accompagnés d’armes mutilées.

La présence de restes humains dans les sites archéologiques d’Ullastret, en particulier de type céphalique, a été attestée de façon réitérée depuis le commencement des fouilles en 1947 : plus de 40 individus ont été découverts. Ces ossements ont été mis en relation avec le rituel d’exhibition de têtes coupées, pour la première fois en 1969, lorsqu’un silo a été mis au jour au Puig de Sant An-dreu, près de l’une des poternes de la muraille (Campillo 1976-1978 ; Pujol 1980). On a retrouvé à l’intérieur un ensemble constitué de trois crânes d’hommes adultes à côté d’une épée engainée qui avait été détruite par pliage et perforation. Plus tard, il a été vérifié que, tout comme les crânes, l’épée avait également été fixée à un support et qu’elle conservait encore une partie du clou qui la traversait in situ, confirmant qu’il s’agissait de restes qui avaient été exposés ensemble (Rovira 1998). D’autres restes crâniens ont été retrouvés sur le même site à l’intérieur de quelques silos, dans une citerne, dans des chambres et aux alentours de certaines des portes de l’oppidum.

En revanche, l’ensemble le plus volumineux a été récupéré à la suite des fouilles d’un bâtiment de type aristocratique situé au centre-ouest du lieu d’habitation. Plusieurs restes crâniens y ont été retrouvés à proximité d’armes détériorées (épées de type la Tène et pointes de lance), comportant des signes évidents de violence et, dans certains cas, d’enclouage. En raison de leur situation, il semble que ces restes aient été exposés dans des lieux ouverts et visibles du même bâtiment : des façades, des lieux d’accès, des cours et des portiques.

D’autre part, il convient de souligner la présence d’autres crânes associés à des épées de type la Tène dans la rue principale du site de l’Illa d’en Reixac et dans un bâtiment à caractère aristocratique analogue à celui du Puig de Sant Andreu.

À tous ces restes humains, déjà publiés et étudiés (Agustí et al. 2010 ; Agustí, Martin 2006 ; Campillo 1976-1978 ; Ciesielski et al. 2011), il convient d’ajouter les cinq individus récupérés récemment (Prado, Rovira 2015).

Les conclusions de ces prospections ont permis de confirmer que le site s’étendait sur une zone beaucoup plus vaste que ce qui avait été considéré traditionnellement et que cette zone, que l’on croyait jusqu’alors située extra-muros de l’oppidum, faisait partie du même habitat et avait été occupée par un tissu urbain dense et structuré à partir d’une rue principale orientée dans le sens nord-sud. Des fouilles archéologiques ont été menées dans cette zone en 2012 pour vérifier les résultats de la prospection géophysique. Trois sondages ont été réalisés, l’un à l’extrémité nord, l’autre dans la partie centrale et le troisième dans la partie sud. Le sondage pratiqué à l’extrémité nord a permis de découvrir une grande structure rattachée à l’une des portes principales du site qui permettait d’accéder à la rue découverte par la prospection géophysique. Ce sondage a donc permis d’établir la limite nord de cette partie de l’enceinte fortifiée et de confirmer l’existence de cette rue. Le sondage de la zone centrale a permis de constater que la zone occupée jadis s’étendait vers l’est. Cependant, en raison de la profondeur à laquelle ont été retrouvés les restes de l’époque ibérique (3,50 m) par rapport au niveau superficiel, les fouilles n’ont pas pu être poursuivies. Finalement, un sondage orienté dans le sens est-ouest, de 15 m de long et de 3 m de large, a été réalisé dans la partie sud. Les extrémités du sondage ont révélé partiellement plusieurs édifices avec des aménagements de la fin du IIIe siècle av.J.-C. La rue principale orientée dans le sens nord-sud, est apparue dans la partie centrale. Cette rue mesurait 4,60 m de large et était sub-divisée en deux secteurs. Sur un côté, il y avait un espace plus bas, de 3,50 m de large, recouvert d’un pavage très compact à base de gravier, dont la surface concave permettait le drainage de l’eau de pluie. La partie ouest de la rue était surélevée de 10 cm par rapport à la chaussée principale, et présentait un sol en terre compressée, délimité par un alignement de blocs suivant l’orientation de la rue. Cet espace avait pour fonction de protéger les façades des bâtiments de l’eau qui était canalisée dans la partie centrale de la voie.

Dans les strates d’abandon qui couvraient directement la chaussée, plusieurs restes de crânes humains exceptionnellement bien conservés ont été retrouvés.

Effectivement, 15 fragments ont été identifiés. Après reconstruction, il a été démontré qu’ils correspondaient à 5 individus. L’ensemble du matériel archéologique qui les accompagnait, était constitué de céramique non tournée, de céramique attique et de céramique campanienne (Lamb. 27, Lamb. 28 et Lamb. 31b), céramique commune ibérique, céramique grise de la côte catalane, céramique de cuisine faite au tour, amphore ibérique, amphore punique ebusitaine (T.8.1.3.1.), amphore punique du centre de la Méditerranée et amphore gréco-italique. Ces objets permettent de situer la chute des restes crâniens au début du IIe siècle av. J.-C.

Leur situation permet de penser ainsi qu’ils auraient pu être exposés pendant un certain temps à l’entrée d’un bâtiment situé dans la partie ouest de la rue. Au début du IIe siècle av. J.-C., alors que le site était déjà abandonné, ces crânes se sont décrochés et sont tombés sur la chaussée. Il convient de tenir compte du fait que le sondage réalisé dans la rue portait sur une surface très réduite (12 m²) et que le bâtiment n’a pu être étudié que de façon très partielle. Il est possible que la quantité de restes crâniens était plus élevée et que ceux-ci aient même été accompagnés d’armes.

L’extraction de ces restes crâniens a été effectuée avec les plus grandes précautions...

 

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Radiographie du crâne 4942 réalisée à l’Hôpital de Palamós, avant les travaux de restauration, l’étude anthropologique et les prises d’échantillons.

 

Ces cinq crânes présentent des lésions par enfoncement et fixation. Trois des individus (4945, 4947, 4948) possèdent une morphologie robuste et masculine, tandis qu’un adolescent (4942) présente des traits peu définis, rendant difficile la détermination de son genre. Le quatrième adulte (4944) n’est pas dans un état suffisamment correct pour en effectuer une estimation fiable.

Trois des quatre adultes (4945, 4947, 4948) avaient plus de 40 ans, alors que le crâne 4944 appartenait un individu entre 20 et 40 ans. L’adolescent (4942) devait avoir entre 16 et 18 ans (Agustí, Díaz-Carvajal 2013). Une distinction est effectuée entre les lésions réalisées à des fins cultuelles et celles qui s’expliquent par des actions belliqueuses

Les cinq crânes ont été traversés par un clou en fer dans le sens fronto-basal. Dans deux cas (4942 et 4945) le clou à tige de section carrée se trouvait encore en position sur le bloc crânien, alors que le reste a subi des fractures posthumes qui coïncident avec le point fragilisé par la lésion ; la partie antérieure de l’os et le clou n’ont pas été conservés. Le type de fissures radiales qui se produit avec ces manœuvres a favorisé le décrochage de la partie faciale lors du processus de squelettisation. Dans un seul cas, la préservation exceptionnelle de la partie basale du crâne 4947 nous a permis d’observer l’affectation distale produite par l’enfoncement.

 

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La découverte de restes osseux céphaliques au Puig de Sant Andreu en 2012, ainsi que ceux qui avaient déjà été trouvés dans la région d’Ullastret, aussi bien dans la même localité de Puig de Sant Andreu qu’à l’Illa d’en Reixac (Agustí 1997 ; Martin et al. 1999), représente un apport majeur à la connaissance du rituel d’exposition de têtes coupées dans le monde ibérique du nord-est péninsulaire. Ces nouvelles études, toujours en cours, permettent une nouvelle lecture du rituel à partir des récentes preuves archéologiques qui, tel que l’a exposé B. Dedet (2011), concordent avec les récits des sources littéraires et l’iconographie des sculptures du sud de la Gaule.

Les traces de lésions documentées par l’analyse anthropologique sur ces crânes confirment le traitement de la tête post mortem en trois phases successives : décapitation, préparation et clouage.

Concernant la chronologie, la majorité des exemplaires d’Ullastret ont été découverts dans un contexte d’abandon général de la ville, à la fin du IIIe siècle ou au début du IIe siècle av. J.-C., à l’exception de cinq individus de l’Illad’en Reixac qui ont été retrouvés dans des niveaux correspondant au IVe siècle av. J.-C. (Agustí et al. 2010, p.308-309). Cela montre que la tradition des « têtes coupées » a perduré longtemps...(...).

Je vous passe une bonne partie de l'étude, car vous pourrez en voir l'intégralité ci-dessous, et qu'elle contient d'ailleurs d'autres données archéologiques intéressantes, notamment d'autres articles, dont ceux-ci : L’architecture des habitats protohistoriques de la bordure occidentale du Massif central. Exemples inédits de la fin de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer dans les départements de la Haute-Vienne, de la Corrèze et du Lot. Lou Clapio à Banassac, Lozère. Regard sur une enceinte parmi les sites fortifiés des causses lozériens.

L’enceinte du Clapio couronne une avancée du rebord septentrional du causse de Sauveterre en Lozère. À 890 m d’altitude, elle domine de 360 m la confluence Lot-Urugne. Reconnue en 1987, elle a fait l’objet de sondages d’évaluation de 1988 à 1991. Ils dévoilent les grandes lignes de l’architecture du rempart et de son entrée plutôt originale. Ce dispositif en arc de cercle de 265 m de long, 8 m de large et 4 à 5 m de haut, en pierres sèches, complète les défenses naturelles de la corniche flanquée de falaisesLa quantité de pierres de jet (galets calibrés du Lot) atteste de la violence des assauts. Les aménagements domestiques adossés au parement interne, ensevelis sous un puissant atterrissement, renseignent sur leur organisation, les ressources alimentaires et la culture matérielle. Occupée, semble-t-il, à la fin du premier âge du Fer, elle constitue une réserve archéologique, à protéger absolument. "

Source : La pratique des tetes coupees attesteeLa pratique des tetes coupees attestee (9.79 Mo)

 

Strabon (64/63 av. J-.C. - 24/25 ap. J.-C.) dans sa Géographie (IV, 4, 5) précise le rôle des druides :

« Les Romains réussirent pourtant à les faire renoncer à … maintes pratiques de leurs sacrificateurs et de leurs devins qui répugnaient trop à nos mœurs : il était d'usage, par exemple, que le malheureux désigné comme victime reçût un coup de sabre [à l'endroit des fausses côtes,] puis l'on prédisait l'avenir d'après la nature de ses convulsions [et cela en présence des Druides], vu que jamais ils n'offraient de sacrifices sans que des Druides y assistassent. On cite encore chez eux d'autres formes de sacrifices humains : tantôt, par exemple, la victime était tuée [lentement] à coups de flèches, tantôt ils la crucifiaient dans leurs temples, ou bien ils construisaient un mannequin colossal avec du bois et du foin, y faisaient entrer des bestiaux et des animaux de toute sorte pêle-mêle avec des hommes, puis y mettant le feu, consommaient l'holocauste. »

source : http:// www.remacle.org

Les fouilles archéologiques des sanctuaires de Gournay-sur-Aronde et Ribemont-sur-Ancre en Picardie ont permis de mieux connaître les pratiques religieuses des Gaulois. A Ribemont, les corps décapités et démembrés, exposés étaient très probablement des ennemis vaincus. Il ne s’agit donc nullement de sacrifices humains.

Il est cependant probable que des sacrifices ont eu lieu, les victimes devaient être des prisonniers de guerre ou des condamnés. Des découvertes faites dans des tourbières en Grande-Bretagne et en Irlande ont mis en évidence des pratiques sacrificielles.

Les auteurs grecs et latins ont délibérément placé la civilisation celtique dans le camp de la sauvagerie pour mieux justifier la supériorité romaine.

Lors de la conquête de la Gaule par César les sacrifices humains n’étaient déjà plus pratiqués, car il est probable que Strabon et César ont puisé leur information chez Posidonius (135 av. J.-C., vers 51 av. J.-C.) bien antérieur.

 

Les sacrifices humains à Rome : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/08/sacrifices.htm

Aperçu des sacrifices dans le monde ancien : https://www.cairn.info/revue-etudes-sur-la-mort-2007-2-page-141.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sacrifice_humain

Gaulois, Celtes et sacrifices humains : http://jfbradu.free.fr/celtes/les-celtes/savoir-plus-sacrifices-humains.php3

https://www.lepoint.fr/politique/heros-ripaille-et-sacrifices-21-02-2013-1691628_20.php

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-sacrifice-humain-au-temps-des-107526

Turquie-Mésopotamie : https://sciencepost.fr/des-sacrifices-humains-entourent-une-tombe-mysterieuse-vieille-de-5000-ans/

Afrique : https://medium.com/@stessnews/afrique-lafrique-les-rituels-spirituels-et-les-sacrifices-humains-a8332270ad3a

 

Yves Herbo et compilation de données, Sciences-Faits-Histoires, 26-10-2020

 

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