Autobiographie - Ma Vie Hors Normes
Introduction
Après
mûre réflexion, j'ai décidé de révéler ici mon histoire, tout
simplement. Ce sont des parties de ma vie réelle, pas de la fiction ni
d'ajouts inutiles. Je ne faits pas ceci pour la gloire, je ne le faits
pas pour l'argent, je ne le faits pas pour faire douter les hommes ni
pour nier leurs croyances. Je témoigne, c'est tout, et je n'affirme être
rien d'autre qu'un homme assez cartésien qui se pose des questions sur
trop de choses non cartésiennes dans ce qu'il voit (et échange, discute)
autour de lui... mais inutile de tergiverser, pour témoigner au mieux
des enchaînements et phénomènes rencontrés, il va me falloir vous
raconter d'assez longs passages de ma vie, et des témoignages de
proches, témoins eux-mêmes , et souvent coi devant de tels faits
surprenants. Dans la mesure où ces billets sont assez limités en
caractères, je procéderai par Chapitres et je réunirai le tout comme
page de thème par la suite. Voici donc le début et évidemment pour
commencer l'une de mes plus étranges rencontre/phénomène/hasard
rencontré tout au long de ma vie, et qui s'est donc produit vers 1969,
et finalement assez peu de temps après mon arrêt subi de toute activité
spirituelle (voir plus bas).
C'est une page appelée à être assez souvent remontée en tête...
Chapitre 1
Je
vais donc commencer par le tout début : je dis tout de suite que je ne
me souviens pas du tout de la date précise (mon père non plus) ni même
de l'année à 100% : ce dont je suis sûr, c'est que cela c'est passé un
soir très doux (probablement entre avril et juillet), vers 21 heures
(nous avions fini de manger et mon père débutait une émission ou un
match à la télévision pendant que ma mère était encore dans la cuisine -
du classique !). Moi la télé ne m'intéressait pas trop ce soir-là,
j'avais chaud et j'étais sorti sur le petit balcon que nous avions au
4ème étage de cet immeuble de 7 étages au 50 rue Balard, Paris 15ème.
Nous avions une vue bien dégagée car au-dessus des arbres de la large
rue et en face il n'y avait que les bas murs et entrepôts des usines
Citroen (qui prenaient à l'époque une grande partie des deux rives de la
rue Balard et du Quai André Citroen).
C'était probablement en avril ou mai 1969 (je
me souviens de 1968 et de ses événements grâce à une belle vue de haut
sur les usines en question et ce qu'on y voyait !) car il faisait déjà
nuit, mais encore chaud alors que les infos de 20 h étaient finies
depuis un petit moment : j'avais donc encore 9 ans (je
suis né le 4-8-1959). Situé sur un balcon au 4ème d'un immeuble au 50
rue Balard avec une belle vue en direction de l'est et le sud de la
capitale, je vois juste en face de moi, frôlant le haut des immeubles
qui barrent l'horizon, une lumineuse boule blanche grossir. L'héliport
de Paris, situé juste à côté du périphérique entre le 15ème et
Issy-les-Moulineaux me permet de connaître depuis plusieurs années les
bruits et lumières liées aux hélicos... rien à voir : aucun bruit et les
hélicos ne survolent jamais le 15ème directement : mêmes les touristes
sont obligés de faire le tour de Paris et à l'époque, il n'y a pas
encore la montgolfière qui s'envole régulièrement de nos jours des quais
André Citroen réaménagés... la boule grossi très lentement et se dirige
tout droit vers moi, tout en abaissant son altitude : je la vois un
moment devant les immeubles du fond, quand elle passe au-dessus du
Cimetière de Grenelle qui est en face et des entrepôts des usines. Je la
fixe et suis comme hypnotisé par sa vision : éclatante et en même temps
pas aveuglante du tout : pas du tout un phare d'hélicoptère et toujours
aucun bruit. D'ailleurs il y a un silence étonnant à cette heure et peu
de trafic, mais l'endroit est assez tranquille quand les usines dorment
(plus ou moins) : peu d'habitations à l'époque. Je me retourne
rapidement pour taper aux carreaux de la fenêtre et faire venir mon
père... celui-ci est en plein film et je l'ennuie manifestement... il me
demande du geste ce que je veux, je lui faits signe de venir vite,
excité, mais il m'envoie bouler et détourne son attention... je laisse
donc tomber et reporte mon attention sur la boule blanche, qui est
devenue assez grosse, autant que la Lune et même plus, avec une espèce
d'aura blanche brumeuse autour, s'estompant dans la nuit. L'objet n'est
pas haut et je me tord le coup pour le voir passer au-dessus de la rue,
toujours identique, il s'est légèrement décalé par rapport à moi et je
regarde un peu vers la gauche et à mon zénith. L'objet s'arrête
soudainement 2-3 secondes juste au niveau du toit de mon immeuble et je
me suis donc tourné sur la gauche pour lui faire face. Il disparaît
soudainement en reprenant son chemin au-dessus du toit. Je me précipite
de l'autre côté de l'appartement où 3 fenêtres donnent vers l'ouest et
le sud. Ma mère encombrant la cuisine et n'osant pas trop entrer dans la
chambre de mes parents, je me jette vers les WC, grimpe sur la lunette
fermée (je précise :) ), et me penche pour surveiller la réapparition de
la boule si elle a suivi la même direction... j'attendrai bien 15
minutes en vain... rien, aucun bruit. Vers le sud-est, très loin, un
clignotement rouge signale un hélico en approche. C'est tout, soit la
boule s'est volatilisée, soit elle est partie à la verticale du toit.
Bien que ce soit difficile de se rappeler précisément la durée de toute
l'observation, en tenant compte du fait que je me suis retourné vers mon
père pour frapper au carreau, que j'ai fermé les yeux quelques secondes
pour être sûr de ne pas rêver, je dirai qu'elle n'a pas dû durer plus
d'une minute, deux maximum, ce qui est suffisamment long pour identifier
un éventuel hélico, ou un simple gros ballon gonflé à l'hélium...
d'autant plus que le souvenir de voir les bords de l'immeuble, en haut,
être légèrement illuminés par l'objet lorsqu'il l'a frôlé est présent...
J'étais
sur mon balcon (petite croix rouge) et l'objet est en blanc. Les
immeubles que j'ai rayé en bleu n'existaient pas en 1969. D'ailleurs mon
immeuble a aussi été rasé et remplacé par un autre depuis, et en face
tout a été construit : je ne pourrai plus voir venir d'aussi loin cette
boule de nos jours du 4ème étage. Le quartier a bien changé, exit la
tranquillité des entrepôts a un étage, immeubles et commerces ont
remplacé en grande partie des usines Citroën, la rue à même l'air à
double sens maintenant...
A
la vue de ce témoignage (les scènes précises n'ont jamais quitté mon
esprit, même quand je suis passé à d'autres obligations, elles sont
toujours revenues, en rêves ou en voyant juste un article parlant de
certains sujets) d'un enfant de 9 ans, je pense que vous comprendrez
pourquoi je n'en ai pas fait trop mention au cours de ma vie. Mon seul
témoin indirect est mon père, qui m'a confirmé encore récemment se
souvenir de cet incident, il m'a aussi d'ailleurs rappelé qu'il m'avait
fait passer, tout enfant, un test de QI devant mes surprenantes
soudaines aptitudes (et aussi à la demande d'un prof de français à
priori).
Je
n'en ai pas trop parlé aussi jusqu'à présent car, maintenant, je
commence seulement à réaliser à quel point certains événements étranges
de ma vie l'ont influencés réellement, et d'une façon tellement subtile
qu'une compréhension totale m'est encore impossible. Je m'explique :
avant cet événement, j'étais un enfant très calme et assez isolé :
j'avais été élevé en grande partie par ma grand-mère et ma tante dans le
Pas-de-Calais (ma famille est originaire du Nord et du Pas-de-Calais -
un ancêtre aurait travaillé pour un roi au 17ème siècle d'après des
recherches familiales, mais surtout des mineurs de charbon ou
cultivateurs pour la plupart...), puis subi des déménagements entre La
Ferté-Allais en banlieue parisienne et Paris 15ème : pas d'amis de mon
âge avant mon arrivée dans le 15ème. Je passe mes loisirs entre le vélo
et les batailles rangées de petits-soldats (les batailles pouvaient
durer des semaines au désarroi de ma mère : elles prenaient les 3/4 de
ma chambre ^^)... jusqu'à cet événement donc. Après, et aussi de l'avis
de mes parents donc, je m'extériorise beaucoup plus, me retrouve assez
vite avec de bons amis, etc... mais en même temps, mon imagination
s'exacerbe.
Je
pense qu'il me faut encore remettre à plat toutes ses données
éparpillées (ou déjà regroupées) dans ma mémoire, y ajouter les
nouvelles données issues d'autres mémoires (famille) et écrire un (long)
récit de cette mini-biographie familiale, tout en respectant la
décence, vérité simple et mémoire de cette même famille.
Voici
une anecdote familiale qui a été tenue "secrète" au sein de la famille,
principalement tant que les parents concernés étaient vivants, mais je
n'ai vraiment découvert cette histoire véridique que l'année dernière,
issue de ma cousine et marraine Janine, fille de l'une des sœurs de mon
père donc, auxquelles cette histoire est arrivée, et de mon père qui a
aussi découvert tardivement l'ensemble de l'histoire. Mais commençons
par le début.
Août 1944, Pas-de-Calais-Artois. Contexte
: les alliés ont débarqué bien sûr en juin 1944 et sont en train de
libérer Paris. La région Pas-de-Calais, très tôt envahie par les nazis,
est toujours occupée par des allemands de plus en plus nerveux. Les
attentats se multiplient et les grèves des mines n'arrangent pas les
choses : le couvre-feu est décrété et il est interdit de sortir ou même
de se montrer à la fenêtre (mon père a d'ailleurs perdu un camarade
d'école de 15 ans car il a commis la bêtise d'ouvrir sa fenêtre au
moment où une patrouille allemande passait : une balle dans la tête...).
Toute personne prise dehors après l'heure limite est immédiatement
fusillée sans autre procès...
Cinq
jeunes filles finissent un peu plus tard leur travaille que prévu (elle
s'occupe de personnes âgées dans un hospice) ce jour-là, et elles n'ont
pas été prévenues du couvre-feu décrété dans la journée par l'autorité
allemande (pas de radio, pas de visites...). Parmi ces cinq jeunes
femmes, les deux sœurs de mon père, Janine et Marcelle, (c'est là que
mon père n'a pas su la vérité non plus à l'époque, comme leurs parents :
ils ne savaient pas que c'étaient les deux qui ont subi ce qui est
arrivé, les filles ont minimisé les choses pour ménager leurs parents :
l'une des deux, plus jeune, n'était pas censée accompagner sa grande
sœur...), une nonne en civil et deux autres collègues qui habitent aussi
vers leur ville. Pas de transports à cette heure et époque, elles ont
plusieurs kilomètres à faire à pied pour rentrer, comme tous les jours.
Leur chemin leur fait traverser une forêt, comme il y en a encore
beaucoup dans la région à l'époque (une forêt domaniale qui existe
toujours d'ailleurs) et, manque de chance pour elles, une patrouille
allemande les croise et les interpelle immédiatement. Elles ont affaire a
un sous-officier nerveux et soupçonneux, qui ne parle ni ne comprend le
français bien sûr. En examinant les papiers des jeunes filles, il
s'énerve en voyant une carte d'identité avec une photo de nonne dessus
et, apparemment, soupçonne la nonne en civil d'être une espionne ou une
terroriste (ne pas oublier que les résistants français étaient bien
appelés terroristes par le gouvernement franco-allemand au pouvoir, bien
sûr). Il prend vite sa décision, les cinq jeunes filles sont placées
devant des arbres, au bord de la route, et le sous-officier ordonne à
ses hommes de les mettre en joue...
C'est
à ce moment précis, celui où le sous-officier va ordonner aux soldats
de tirer, qu'une voiture arrive à toute vitesse vers eux, s'arrête et
qu'un officier allemand en descend et ordonne au sous-officier d'arrêter
la procédure. Il examine a son tour les papiers des jeunes françaises
et, comme il parle et comprend mieux le français, interroge rapidement
la nonne et ses "complices" pour finir par être convaincu de l'innocence
des jeunes femmes et leur demande d'aller passer plutôt la nuit au
château propriétaire de la forêt, tout proche, pour éviter le risque de
rencontrer d'autres patrouilles... ce qu'elles feront d'ailleurs, trop
effrayées de rencontrer à nouveau de simples soldats fébriles...
Bon,
coïncidence heureuse, coup de bol dirons-nous. Oui, bien sûr, je suis
d'accord pour dire ça quand ce genre de petit "miracle" (ou
"catastrophe" suivant le cas, se produit exceptionnellement et rarement
dans l'entourage d'un homme. Précisément, on y fait attention et on le
retient parce que c'est rare. Mais que dire quand ce genre de chose se
produit, et on le verra par la suite, de façon assez récurrente, voir
systématique ?
Un
autre exemple qui, cette fois, à profondément marqué mon père (en
dehors de son adolescence passée sous la domination allemande) :
Après
la guerre et comme la plupart de la région, il a rejoint la seule
entreprise qui a besoin de main-d'oeuvre : les Grands Charbonnages de
France et les Puits de mines de la région, là où il habite avec sa mère,
son père étant décédé d'ailleurs de silicose (maladie du mineur) vers
ses 50 ans...
Divion, Artois, 1954.
Mon père a 24 ans, encore célibataire et, cette nuit du 19 au 20 juin
1954, il y a ducasse (fête foraine) dans le centre-ville de Divion. Peu
d'occupations dans ces petites villes de province et la moindre petite
fête regroupe du monde tard, bien que le temps soit plutôt orageux. Mon
père est avec son meilleur ami, Henri Drouvin, du même âge, et ils sont
également collègues de travail comme mineurs de fond. Curieusement,
alors que cela ne lui était jamais arrivé jusqu'à présent, mon père
s'amuse trop bien à la fête et décide de passer son tour de travail
exceptionnellement cette nuit : il doit en effet prendre le relais avec
une équipe de mineurs vers 3 heures du matin (les mines ne s'arrêtent
jamais) en principe. Mais cette nuit-là, il n'a jamais vraiment su
pourquoi, il n'avait pas envie d'y aller (il ne m'a rien dit mais
peut-être une rencontre ?...), et il s'y est tenu. Il a tenté de
convaincre son ami Henri de "sécher" aussi et de se faire remplacer (les
volontaires ne manquaient pas) mais ce dernier avait peut-être besoin
de cet argent ou n'a pas tout simplement voulu passer son quart...
" Ce
jour-là, à 4 heures du matin, le feu du ciel a déclenché la catastrophe
souterraine. Un orage déchire le ciel au-dessus de l'Artois. Le chef
d'équipe Thelliez pense que le travail des 14 mineurs de l'étage 875 du
puits de La Clarence est bientôt terminé. Au même instant, une flamme
énorme s'abat sur lui, il est projeté à 40 mètres, la foudre vient de
tomber. Elle provoque l'arrêt de la ventilation. Une poche de grisou se
forme et, probablement avec le concours d'une étincelle d'outil,
s'enflamme. C'est la déflagration du coup de grisou, suivie du
redoutable coup de poussier. Immédiatement, les équipes de secours de La
Clarence et d'Auchel accourent. A 7 heures, la première victime est
remontée au jour. Il faudra 3 jours pour dégager les 8 tués et les 6
survivants. Deux d'entre eux succomberont ensuite à l'hôpital. "
C'est
l'équipe de mon père, mais ce dernier ne l'apprendra que quand il
rentrera à l'aube, un voisin surpris de le voir lui apprend la
catastrophe et que sa famille se fait un sang d'encre, puisqu'il est
censé y être descendu dans la nuit... sa mère et ses sœurs, tout le
monde, pensaient qu'il était aussi au fond, porté disparu... Imaginez le
choc pour mon père d'apprendre que, pour une fois qu'il ne veut pas
aller au fond, une catastrophe se produit et surtout, que son meilleur
ami Henri (le plus jeune sur la photo) fait partie des victimes... :
J'ai
retrouvé ici un autre témoignage de cette époque et de voisins directs
de ma famille de cette époque (moi j'étais loin d'être né encore), dont
aucun n'y habite plus maintenant, puisque ma grand-mère et également mon
oncle et tante, habitaient l'un en face de l'autre dans la Rue D de
Divion... (et oui, les corons des Mines... qui existent encore ici et
sont toujours habités !) :
Bon,
encore un hasard extraordinaire pourrais-je penser, si ça s'arrêtait
là... mais il y a fait indéniable pour moi : le même genre de chose
m'est arrivé également, et pas qu'une fois (sans compter les autres"
détails" que je dois décrire), à moi et aussi à ma fille et à son fiancé
Mathieu, mais aussi à ma cousine, et à l'un de mes neveux il n'y a pas
si longtemps.
Mais
j'en reparlerais plus tard, mes souvenirs et conversations avec mon
père l'année dernière m'ont en effet depuis éventuellement éclairé sur
une origine plus lointaine (en ce qui me concerne en tout cas !) des
phénomènes ou tout au moins un début d'explication, un signe...
Je
suis depuis des années assez athée et même anti-religions en général à
une période, plutôt humaniste et internationaliste, probablement
utopiste un peu comme tout le monde... mais ma mémoire (et
confirmation de mon père) me dit aussi que dans mon enfance, ma famille
était tout de même assez religieuse... surtout ma grand-mère et tantes
paternelles, pratiquantes et ma mère, croyante mais plus pratiquante par
la suite...
Je
n'ai pas été vraiment élevé par mes parents mes premières années mais
par ma grand-mère, veuve, et sa fille et mari (Tante Marcelle, la sœur
de mon père donc), tous décédés depuis. Ceci posé, je n'ai pratiquement
évidemment plus de souvenirs de cette période, mais j'ai débarqué en
région parisienne vers 6 et 7 ans (à priori) pour rejoindre mes parents
et entamer l'école officielle... là, je me souviens avoir participé
aussitôt à des offices chrétiens, catéchisme (je devais être emmené
aussi à toutes les messes du dimanche matin je suppose à Divion !) et
figurez-vous que mon père m'a même confirmé il n'y a pas longtemps que
j'ai faits partie des "Chanteurs à la Croix de Bois" du 15ème
arrondissement ! Chose que j'avais évacué de mon esprit apparemment !
Mais par contre, je me suis souvenu d'autres détails plus étonnants : la
lecture de certains passages donnés par le prêtre-ouvrier du Caté
m'éblouissaient vraiment et me troublaient assez profondément... je m'en
souviens parfaitement... un peu quand on est surpris brusquement
(frayeur) et qu'on découvre quelque chose de beau...
Je
me souviens que le prêtre avait remarqué mon bouleversement devant
certains écrits par rapport aux autres, mais je me souviens aussi que
d'autres passages me révoltaient soudainement, et je disais alors au
prêtre : mais comment cela peut-il être aussi contradictoire avec ce que
j'ai lu hier ? lui demandais-je ? Il me regardait alors avec soit un
sourire mystérieux, soit avec de la peine, et me répondait
invariablement : " je ne suis qu'un prêtre ouvrier et je ne comprends
pas toutes les Écritures... "
Pour
vous décrire ma sensation, j'ai eu l'impression d'un contact étroit,
comme quand deux personnes ont en même temps une même réaction,
compréhension... et très rapide. Ou comme quand deux complices se
comprennent à la seconde sans rien dire... ça juste en lisant quelques
passages de la bible... vous avez du déjà avoir cette sensation
aussi quand vous regardez quelqu'un que vous aimez dans les yeux et que
votre esprit "part" vers le sien... une complicité instantanée... je ne
sais pas trop comment décrire ça mais c'est tout ça à la fois... comme
un coup de foudre de quelques millisecondes qui, au lieu d'envoyer mon
esprit vers un regard aimé ou complice, l'a envoyé tout droit vers le
ciel... c'est le mieux que je puisse pour décrire ce sentiment puissant.
Je
sais que le catéchisme et le chant se sont arrêtés assez brutalement
car mon père a trouvé que je passais trop de temps avec le curé ! Je
sais qu'il ne s'est rien passé du tout avec le prêtre-ouvrier et qu'il
ne s'était rapproché de moi que parce que j'avais été touché par
certains éléments spirituels... mais je sais aussi que mon père a été
voir les supérieurs du curé pour se plaindre de ses intentions... et m'a
retiré sans autre procès de toute activité religieuse...
Est-ce
le réel point de départ de toute ma vie, qui est finalement la
conséquence indirecte d'un événement précis décrit ci-dessus ? Tout
pourrait me le faire penser maintenant, après tant de temps de passé, et
pourtant encore plus présent maintenant. Car, encore aujourd'hui et
malgré mes tentatives pour rejeter toujours cette possibilité, je n'ai
pas de doute que ce qu'il m'est arrivé ensuite est tout aussi
extraordinaire que cet OVNI, probablement plus incroyable et digne pour
certains de faire partie des "un peu dérangés", voir beaucoup... tant
pis pour eux s'ils pensent ça, ils font juste preuve de préjugé, ou de
frayeur...
Chapitre 2
Quand vous luttez contre un bailleur de logement qui
manipule des dizaines de familles en leur faisant croire qu'ils sont
seuls à n'avoir pas été augmenté depuis x temps par exemple par rapport à
un quartier fictif et des comparaisons fictives, vous ne pouvez être
tenté de dire les vérités simples et ressenties par vous-même, sans
risque d'offrir une faiblesse ou un faux motif aux adversaires. Je me
suis abstenu donc jusqu'à présent de continuer cette "autobiographie"
concentrée sur les expériences que je juge moi-même comme sortant de
l'ordinaire. Mais dans la mesure où dire les vérités et même les prouver
ne sert à rien dans l'immédiat de cette société dirigée par des gens
qui n'ont pas la même vie que leur peuple, qui sont dans leurs riches
illusions, et dont tous les rouages sont tirés au bénéfice de
quelques-uns, je sais que je suis parmi ceux qui peuvent semer des
graines qui peuvent mettre longtemps à germer, mais qui germent
toujours. Je vais donc reprendre mes souvenirs du mieux possible et je
me moque éperdument des mauvaises pensées ou préjugés d'éventuels
lecteurs : qu'ils aillent ailleurs !
Je
répète par contre que, surtout pour les périodes les plus lointaines,
les scènes décrites ne sont pas obligatoirement dans leur ordre
chronologique, même si elles sont relativement proches temporellement.
Je peux par contre dire que tout à certainement débuté de toute façon
quand je suis arrivé définitivement à Paris moi-même, et après avoir
continué mes études dans le 15ème arrondissement donc, dans un collège
pour garçons Rue St-Charles, assorties d'heures de Catéchisme et de
chorale ! J'avoue avoir très peu de souvenirs de cette époque (commencée
vers 7-8 ans ?), sauf vers la fin, plus marquante. Je crois par contre
me souvenir que je suis passé par plusieurs postes dans la chorale :
d'une belle voix limpide et angélique, ma voix a mué assez rapidement, à
tel point que je me souviens qu'un prof de chant a été surpris de
devoir me "classer" parmi les voix les plus graves et placé parmi les
plus grand malgré mon âge et ma corpulence (je suis resté longtemps
assez petit en taille - et d'ailleurs je ne suis pas bien grand
maintenant, tout juste dans la moyenne !).
Aujourd'hui,
je suis quasiment certain que tout s'est produit la première fois lors
de cette sorte d'émerveillement subi, d'émotions serrant à la fois la
gorge et libérant le cœur, de larmes de bonheur. Une chose que je n'ai
jamais revécue de ma vie avec une telle intensité. L'impression aussi
d'un souvenir dans un souvenir, comme si cette espèce d'extase immense
m'était déjà connue, loin, loin dans les brumes de la mémoire. Et
l'impression d'être au bord de la compréhension totale de tout ce qui
m'entoure... un peu comme quand on a un nom d'objet sur la langue, et
qu'il ne veut pas sortir... et puis plus rien. Seule l'émotion reste,
indéfiniment, et heureusement. C'est ce qui me maintient en vie ici,
alors que je sais qu'il y a un ailleurs. Mais mon raisonnement envers
tout ce qui va suivre, est que cette connexion, si j'ose dire que cela
en était une, la première, ne s'est jamais rompue en réalité, ou encore
que cette connexion a attiré l'attention plus ou moins permanente de
force(s) étrange(s) autour de moi. Et pour ceux qui commenceraient
éventuellement à décréter qu'il y a peut-être des tendances parano dans
tout ça, sachez que non, car je n'ai pas peur d'autrui ni de grand
chose, je ne me sens pas persécuté : cela fait plus de 10 ans que je
n'ai pas quitté le même endroit et je suis "trouvable" par tout un
chacun, voir encore plus par autre chose. Mon seul soucis a été jusqu'à
présent de protéger ma fille en priorité et de tenter de faire en sorte
qu'elle puisse faire ses propres choix d'adulte (30 ans cette année
2014, ma fille !), avec celui qu'elle aime tant qu'à faire !
Peu
de temps après cette forte émotion ressentie à la simple lecture d'un
passage du Nouveau Testament, je me souviens que notre appartement a
reçu une visite inattendue : un vulgaire pigeon s'est écrasé contre la
fenêtre de ma chambre et est tombé sur le balcon, groggy et l'aile
fortement luxée. Je convainquais ma mère de pouvoir le soigner, et même
mon père le soir, puisqu'il est resté plusieurs jours dans ma chambre.
Les deux premiers assez calmement, car je l'avais mis dans une grosse
boite à bottes remplie de coton, et ma mère avait aidé à lui bander les
ailes, surtout celle qu'il n'arrivait plus à refermer tout seul. Il
semblait avoir été empoisonné aussi d'après son comportement mou et
maladif. Mais au bout de trois jours, des soucoupes de lait avec du pain
et quelques graines, son aile au repos forcé ne l'empêchait plus de
vouloir se dégourdir les pattes et sortir de la boîte. Un pigeon
parisien bien nourri n'a pas trop l'habitude du respect d'une chambre,
et bien qu'il ait semblé vouloir comprendre que le papier journal était
un bon endroit pour évacuer tout ça, il reçu rapidement l'ultimatum d'un
départ dès le lendemain.
Et
je me souviens avoir été un peu triste de voir ce nouveau petit
compagnon partir, mais en même temps heureux de l'avoir aidé et soigné.
Et
bien, le lendemain, vers la même heure, il est revenu se poser sur la
rambarde du balcon, bien reconnaissable pour moi, et m'a fait la fête en
tournant autour de moi comme un fou pendant un bon quart d'heure, dès
que j'ai ouvert la fenêtre. Il est revenu comme ça plusieurs jours,
régulièrement, puis un jour, il a été suivi par un compagnon, et à
commencé à partager sa petite soucoupe au lait-pain sur le balcon. Mais
ça s'est gâté : ils sont venus un jour trop nombreux d'un coup, une
vraie nuée de pigeons en train de se poser sur mon balcon et ceux des
voisins, partout sur la façade de l'immeuble ! Je me souviens que ma
mère était effrayée et avait pris un balai. Moi, je claquais brutalement
des mains et leur criait de partir, ce qu'ils firent tous très
rapidement. Je les vis tous partir dans le ciel comme une colonne
allongée et bruyante. Le pigeon ne revint plus après, c'était peut-être
un adieu pour dire qu'il s'était trouvé une bonne bande !
Je
pense que c'est aussi à peu près vers cette période qu'un étrange rêve
est apparu, que j'ai refait à plusieurs reprises à l'époque et aussi
plus tard. Un rêve difficile à décrire car nous ne possédons ni les
couleurs, ni les textures que j'y ai vu. D'abord, c'est assez sombre,
avec des endroits complètement noirs et insondables et c'est assez flou.
C'est en même temps très coloré et visible par endroits, et tout bouge
mollement, comme dans un fluide trouble où je flotte. J'ai une forte
impression de paix et de contentement. Il y a des petites choses qui
bougent parfois devant mes yeux, de différentes couleurs et formes, et
je suis comme heureux de les voir et de les sentir me toucher, Comme si
ces petites choses amicales prenaient soin de moi continuellement et que
je sentais leur amour envers moi... Cela peut sembler peu réaliste,
mais j'ai la forte impression qu'il s'agit d'un souvenir d'avant même ma
naissance, comme fœtus dans le ventre de ma mère.
Ce
qui suit s'est déroulé durant un été, probablement un été où je passais
les journées au "patronage" ou à me promener dans les rues avec de
nouveaux compagnons de jeux. Je ne connaissais pas encore mon ami
Thierry ni mon ami Claude, il y a ça de certain, donc très proche
encore, ou peut-être même juste après ma "rupture" d'avec la Chorale, le
Catéchisme et donc même la religion chrétienne, suite aux détails
racontés plus haut. J'ai connu une petite bande cet été, mais c'est un
petit garçon, plus jeune que moi de 2 ans je pense, qui m'a le plus
marqué, avec le second événement que je n'ai jamais pu oublier. Et
pourtant, je suis incapable de retracer le visage de cet enfant
pleinement, ainsi d'ailleurs que de nos 3-4 autres "copains" d'été, ni
même du père de cet enfant, présent lors de la scène.
Je
pense avoir connu ce petit garçon au moins deux à trois semaines,
chaque jour pratiquement, y compris le week-end où nous nous rejoignions
vers la fin vers chez lui. C'était mon premier vrai copain, en fait
quand j'y repense. Très intelligent et vif pour son âge, je me souviens
que nous passions des heures à jouer gaiement ou à discuter de ce qu'il
se passait chez les adultes. Nous avions une curiosité égale et nous
posions souvent les mêmes questions. Cela s'est gâté lorsque nos 3-4
compagnons de jeux (foot, courses éperdues dans les collines de parcs ou
vers des bassins, billes et quelques bêtises classiques de gamins de 7 à
9 ans) se sont vraiment avérés être stupides et ont commencé des jeux
plus violents du style "tu te moques d'une tête de turc" ou " tous
contre un "... il est possible aussi que j'ai refusé de participer à
l'une de leur bêtise encore plus stupide que les autres, mais ils s'en
sont pris à moi un beau jour sans réelle raison, et mon jeune copain a
préféré (je peux le comprendre maintenant !) les soutenir plutôt que
moi... fâché, je rentrais chez moi. Le lendemain, je suis encore fâché,
et plus encore contre ce que je considérais comme un fidèle ami. C'est
probablement là qu'une "certaine" chose a basculé, sinon le destin, car
j'avais soudainement l'idée de récupérer un des jouets préféré du petit
garçon, qu'il m'avait montré caché sous une brique ôtable d'un vieux
mur, juste en face de son domicile... cela faisait des jours que ce
jouet dont je ne me souviens même pas dormait à cet endroit en
permanence, mais je ne pouvais résister d'y aller en plein après-midi.
J'étais à pied à l'époque et je me souviens qu'il habitait assez loin au
milieu d'une impasse, vers la rue Lecourbe je pense. Je me souviens
mal, peut-être une maison ou un petit immeuble avec une grande porte de
cour toujours ouverte et un grand mur à gauche de l'entrée.
C'est
alors que je me rapprochais enfin et que j'avais quitté la rue
principale pour des petites rues menant à son impasse que cela se
produisit. D'un seul coup et alors que j'étais en plein mouvement, en
route pour aller "punir" le petit. Oui, je sais, pas très gentil et
revanchard, mais vers 9 ans, on hésite rarement... malheureusement ! Là,
une puissante voix cria à l'intérieur de mon crâne " NE FAIT PAS ÇA !
". Je me figeais, surpris, écarquillais les yeux et regardais partout
autour de moi, me retournais et reculais même pour voir si une fenêtre
ou une porte ouverte laissait entendre quelque chose. Rien du tout, tout
était d'ailleurs très très calme et silencieux : ce devait être en
plein mois d'août, même pas de voitures. Et la voix résonnait encore en
moi, impérieuse et en même temps amusée, comme un père qui surprend un
petit enfant qui va faire une bêtise ! C'est l'impression qui me revient
maintenant, mais je peux me tromper. Là, je vous rappelle que vous
n'êtes pas obligé de me croire, mais je n'entendrais en tout cas plus
jamais cette énorme voix à l'intérieur de moi jusqu'à présent, mais je
l'ai bien entendue, et très distinctement... et j'étais encore assez
loin de mon objectif.
Je
me reprenais tout de même assez vite et, comme un enfant de neuf ans
sans trop de compréhension et doutant de beaucoup de choses, je haussais
les épaules et reprenait mon chemin avec les mêmes objectifs...
j’atteignis rapidement le mur au jouet, enlevait la grosse brique
descellée et prenait le jouet visible et là, je me figeais à nouveau,
repensais subitement à cette grosse voix et hésitais. Je reprenais le
jouet de ma poche en m'approchant pour le reposer lorsque d'un seul
coup, le petit, accompagné de son père, apparurent dans l'ouverture de
leur porte. Je compris instinctivement qu'ils étaient déjà sûrement là
depuis un moment, derrière le mur de leur maison cachant la cour. Le
petit garçon s'approcha de moi et me dit " je sais que tu m'as pris mon
jouet ". Là, évidemment, j'éclatais en sanglots en disant que je ne
savais même pas pourquoi je l'avais pris, que je me moquais de ce jouet
et que j'allais le reposer. Sur ce, je le reposais sous la brique, et
lui le reprenait aussitôt dans ses mains, en me disant " oui mais quand
même...", là, je commençais à reculer, plein de chagrin, de regrets mais
aussi de rancœur envers une sorte de trahison que je ressentais... Là,
j'entendis son père lui dire avec un soupir " Je te l'avais dis de ne
pas faire ça avec lui ! ". Comprenant qu'il m'avait lui-même manqué de
confiance et se jouait de moi, j'étais encore plus déçu et honteux de
m'être fait "avoir" et commençais à partir quand le petit sembla
commencer à regretter aussi son "piège" ou "test" à moitié loupé et me
cria qu'il me pardonnait et s'excusait aussi, que je pouvais reprendre
et jouer avec son jouet. Mais j'étais en larme et peu écouteur, déjà
fâché du tour avec l'autre bande et je partais donc en courant.
J'entendais encore le petit dire à son père " mais je veux pas qu'il
parte, c'est celui que je préfère comme ami...". " Je te l'avais dis,
pas lui, mais c'est trop tard..." .
J'étais
probablement très rancunier et conservais un plutôt mauvais souvenir de
cette dernière scène : je ne reverrai plus jamais (à priori, quoique !)
ce petit garçon, ni son père. Et pourtant, ma mère pourrait vous le
dire si elle était encore parmi nous, il a tenté de revenir. Un
après-midi de fin août probablement, ma mère répond au téléphone ou à la
porte (je me souviens mal), et c'est mon jeune ex-copain. La bande a
fini par se moquer de lui aussi et il se retrouve tout seul aussi, et
ils l'embêtent. Je ne répond même pas moi-même (et je le regrette
encore), mais par l'intermédiaire de ma mère, je lui dis que c'est bien
fait, comme il voit ce que cela fait... point. Je suis têtu à l'époque
et, malgré ma mère qui insiste pour que je lui parle et me traite de
méchant, je refusais définitivement de le revoir. J'ai manqué de le
pardonner à la seule occasion possible.
Plusieurs
questions évidemment me taraudent encore au sujet de toute cette scène,
bien gravée dans mon esprit. Cette voix énorme entendue, m'était-elle
bien destinée ? A moi seul, à nous deux avec l'enfant ou seulement
destinée à l'enfant à l'origine. Lequel de nous deux ne devait pas faire
sa "bêtise" ? Les deux probablement, avec le recul...
A
la rentrée de septembre qui suivie, je pense que j'ai rencontré le
meilleur ami de ma jeunesse (avec Claude qui disparu), Thierry. Et il
n'est pas impossible que cet OVNI qui m'a visité un doux soir
silencieux, l'ait peut-être fait en ce même mois d'août (69 ou 70 à
priori)...
Chapitre 3
C'est
à cette période d'été 70 je pense, juste après ces quelques semaines
demeurées assez étranges dans mon esprit (ce petit enfant - plus petit
que mes 11 ans pile de l'époque - est demeuré comme un extraordinaire
esprit brillant, savant sur des sujets d'adultes, hypnotiseur, amical
et... farceur, espiègle, gai, bébé...), que je commençais à écrire. Les
quelques amis de classe que j'avais n'étaient pas revenus ou disponibles
et mes soucis avec la bande du patronage faisaient que je restais
enfermé à écrire jusqu'à la rentrée (mi-septembre à l'époque)...
C'est
probablement également à cette période où j'ai jeté à la poubelle la
majorité de mes jouets "guerriers" - finies mes batailles de petits
soldats, au grand désarroi de ma mère à l'époque pour qui c'était
probablement des souvenirs de cadeaux et de petits moments qui
disparaissaient avec... quoiqu'il en soit, j'ai profité de la rentrée
scolaire pour obtenir des blocs de papier et des stylos et j'ai commencé
à écrire un peu de tout au début, à commencer par des poèmes-chansons
et puis des textes fantastiques et SF. -...
La
plupart de ces premiers textes ont été perdus au cours des années
suivantes, malheureusement, mais j'ai retrouvé quelques feuilles éparses
dans des vieux dossiers, et ce petit texte ci-dessous fait partie de
ces premiers textes :
"
Thaïf s'inquiétait énormément. On l'avait arraché à sa terre natale et
on l'avait emporté dans un endroit sec et pauvre. Où il était avant, il
se portait bien, on prenait soin de lui et l'endroit était humide à
point.
Le
plus incroyable était qu'on lui avait coupé toutes ses substances
nourricières. Comment l'être qui prenait soin de lui voulait--il que
Thaïf reprenne vie ?
Les
nourrisseurs- ainsi les Guers appelaient les êtres qui prenaient soin
d'eux - étaient des choses gigantesques et répugnantes, qui leur
procuraient la nourriture, l'eau et le site d’implantation.
Thaïf
savait qu'il avait changé de nourrisseur, et il sentait bien que ce
dernier était beaucoup moins amical. Il regrettait son ancien
nourrisseur. Thaïf savait également que des Guers mourraient par la
faute de certains nourrisseurs. Cela allait-il lui arriver ? Jamais il
ne s'en aurait douté, auparavant. Thaïf avait un peu peur. Si il aurait
pu se déplacer, il se serait enfuit. Mais les Guers avaient perdu le
pouvoir de se mouvoir depuis de nombreuses générations.
Les
Guers étaient des êtres frêles, qui n' n'esquissaient plus aucun
mouvement. Leur civilisation était fondée sur la spiritualité, et ils
correspondaient entre eux par télépathie. Les Guers pouvaient vivre
longtemps, ou mourir dès leur naissance. Cela dépendait exclusivement
des nourrisseurs, et de nombreux Guers regrettaient cet état "de chose.
Les
Guers n'étaient entrés qu'une fois en contact avec les nourrisseurs, il
y avait des quantités immenses de générations auparavant. Mais les
Guers se transmettaient leur histoire depuis toujours, et ils
n'oubliaient pas.
Et
la seule fois que les Guers ont pris contact avec les nourrisseurs,
cela avait été pour sceller un contrat. Les conditions étaient simples,
et à l'avantage des Guers. Les nourrisseurs devaient éternellement
prendre soin d'eux, et de leur coté, les Guers devaient faire profiter
les nourrisseurs de leur beauté. Car les Guers étaient beaux, et ils le
savaient.
Et
les Guers se laissèrent faire, ils s’implantèrent partout sur la
planète et procréèrent. Mais les Guers devaient rester immobiles, afin
de toujours montrer leur beauté aux nourrisseurs. En effet, si les Guers
partaient après avoir été nourris, le contrat était faussé, cassé. Mais
les êtres frêles, à force de rester immobiles, perdirent le pouvoir de
se mouvoir et ils procréèrent sur place, donnant toujours aux
nourrisseurs de nouveaux Guers à soigner.
Les
Guers regrettaient aussi de n'avoir rien d'autre à offrir que leur
beauté aux nourrisseurs. Il existait des Guers sauvages, qui
s'implantaient d'eux-mêmes et qui se nourrissaient naturellement et
comme ils pouvaient. Ces Guers-là étaient beaucoup moins beaux que les "
civilisés ".
Parfois,
Thaïf regrettait de ne pas être un Guer sauvage. Maintenant, les Guers
étaient les esclaves des nourrisseurs, ils ne pouvaient plus rien contre
eux, et si les nourrisseurs voulaient les laisser mourir, ils
mourraient.
Les
Guers regrettaient leurs grands pouvoirs télépathiques de jadis, ceux
avec lesquels ils avaient pris contact avec les nourrisseurs.
Maintenant, les Guers étaient contrains de se laisser faire, ils ne
pouvaient plus entrer en contact avec leurs protecteurs. Ils étaient
abaissés au niveau des animaux asservis.
Thaïf
sentit que son nourrisseur arrivait. Allait-il enfin être bien soigné ?
Il suffirait de bien peu pour qu'il reprenne vie. De l'eau, tout
simplement.
Thaïf
sentit soudainement l'humidité du sol. Son nourrisseur lui donnait
enfin de l'eau ! Thaïf étendit doucement ses antennes nourricières.
Elles se rétractèrent aussitôt. Il y avait bien de l'eau, mais il avait
détecté des substances chimiques néfastes dans cette eau. Il ne pouvait
pas se réhydrater. Son nourrisseur voulait-il sa mort, ou bien ne
s'était-il pas rendu compte que son eau était polluée ?
Soudain,
Thaïf sut qu'il allait mourir. Il dit adieu à ses congénères, leur
expliquant son cas, et laissa sa beauté se flétrir. Il avait résisté
très longtemps, trop longtemps. Il sentit sa parure tomber, son corps se
courber.
Le
nourrisseur allait-il le laisser ainsi ? N'avait-il pas de pitié ? Que
faisait-il du contrat ? Ses minuscules cellules cervicales atrophiées se
désagrégeaient. Il essaya de faire un mouvement, comme il l'avait si
souvent tenté, mais il n'eut pas plus de succès que les autres fois. Il
sentit un être reproducteur se poser sur l'un de ses organes sexuels,
mais il s'envola aussitôt, probablement déçu. Les êtres reproducteurs
étaient des choses minuscules, à l'inverse des nourrisseurs. Ils
n'étaient pas intelligents, ils faisaient ça par besoin.
Les
Guers étaient hermaphrodites, mais ils ne pouvaient plus se reproduire
directement. Alors, de petits êtres transportaient les gènes d'un organe
sexuel à l'autre, ensemençant ainsi. Les Guers aimaient bien les
reproducteurs, car en définitive, c'était grâce à eux qu'ils pouvaient procréer maintenant. Plus aucun être ailé de se posera sur Thaïf, maintenant...
Thaïf
sentit ses pointes organiques se hérisser, uniques et pauvres défenses
contres les attaques. Ses membres protecteurs se flétrissaient. Soudain,
une atroce douleur monta en Thaïf, partant des organes nourriciers et
implanteurs. Thaïf sut aussitôt que c'était la fin. Des centaines de
Guers entendirent le cri déchirant de Thaïf. On commença une cérémonie
d'adieu et de tristesse...
Jamais
les Guers n'auraient imaginé que les nourriciers auraient pu oublier
leur contrat, pendant ces millénaires. En effet, quand les Guers les
avaient connu, ils n'étaient encore que des idiots primitifs. Les Guers,
eux, restaient toujours au même niveau, et ne pouvaient comprendre 1'
évolution, c'est ce qui les perdait...
* * *
Manuel
Cortega cracha à terre et jeta sur le sol le massif d’orchidées qu'il
venait d'arracher. Il avait volé cette plante il y a quelques jours,
dans une belle propriété de la ville. Il aurait voulu qu'elle reprenne.
Quel chic cela aurait fait, parmi les cases des voisins du bidonville !
Manuel
haussa les épaules et rentra dans sa case en tôle, où ses six enfants
l'accueillirent en un bruit infernal. Agacé, il ressortit, regarda en
passant les restes du beau massif d’orchidées. Mais les racines
pourrissaient, les fleurs étaient flétries et les feuilles déchiquetées.
Il haussa à nouveau les épaules. Drôle d'idée, qu'il avait eu de
replanter une plante de riche dans un bidonville. Hier, il avait eu son
jour de succès. Tout le monde venait voir son orchidée. Aujourd’hui,
c'était fini.
Bah,
soupira-t-il, cela avait égayé un peu sa vie de pauvre. Il se tourna
vers la mer et contempla le paysage grandiose d'un air outré. Il se
demanda pourquoi tant de monde venait voir Rio, capitale des bidonvilles
!
Le
même jour, des milliers d’orchidées moururent à Rio de Janeiro. C'était
le premier geste de protestation des Guers. Mais personne n'y fit
attention…
Le
jour où les Guers mourront tous le même jour, par leur désespérance,
peut-être les humains se souviendront-ils de leur contrat ? Qui sait
?... " - © Yves Herbo
La
rentrée me réservait une surprise, mais est-ce vraiment un hasard ?
L'instituteur principal Monsieur Corneloup (un nom que je n'ai pas
oublié !), en cette classe de la rentrée 1970-1971 et fin de cycle, et
professeur de français, avait décidé d'appliquer un nouveau programme
d'éveil à la littérature qui consistait à faire écrire tout un petit
livre illustré par l'ensemble de la classe. Toutes les matières
pratiques participaient au programme, avec la professeure de sciences
naturelles et de dessin, qui était d'ailleurs en couple avec le
professeur de français si je me souviens bien (nous avons tous été
invités à l'époque par les deux professeurs a une fête dans le jardin de
leur maison qui se trouvaient... au Plessis-Robinson ! C'est la toute
première fois que je mettais les pieds dans cette ville donc, au
Plessis-Robinson dans le 92, en 1970... et je ne me doutais pas que le
destin m'y ramènerai des années plus tard, comme d'ailleurs dans
d'autres endroits où le sort s'est acharné à me faire revenir.
J'ai
dit que j'avais probablement rencontré mon ami Thierry vers cette
époque. Mais je pense que je ne l'ai pas connu tout de suite dans ma
classe, mais plutôt au niveau de l'étude, puisque nous restions tard en
classe pour finir nos devoirs un maximum avant de rentrer... Thierry
n'avait pas de père et sa mère travaillait dans un café-restaurant de
Denfert-Rochereau, avec des horaires assez élastiques : Thierry était
récupéré par une "nounou" qui l'emmenait dans son appartement déjà
rempli par ses enfants et d'autres qu'elle gardait. Un endroit où il
pouvait rarement terminer ses devoirs... nous devenions assez facilement
amis quelques mois plus tard quand il est arrivé (il a rejoint l'école
en cours d'année je pense) et nous entraidions du mieux que nous
pouvions sur les devoirs.
Durant
cette année, je me souviens avoir eu de bons souvenirs avec des gamins
très sympathiques dont les visages me reviennent parfois, et dont j'ai
retrouvé certains derrière la couverture du petit livre que nous avons
écrit ensembles à l'époque : les frères jumeaux S, le costaud D entre
autres... je me souviens qu'à une période donnée, nous avons formé une
petite bande de gamins curieux qui avions entrepris de visiter les
sous-sols et parkings du 15ème arrondissement, les mercredis ou samedis
selon les opportunités. Sans toucher à rien, attention, nous ne faisions
aucun mal... à part crier pour provoquer des échos et jouer aux voleurs
et aux policiers, comme beaucoup d'enfants... Bon, nous avons
probablement réveillé un gardien ou deux endormi et déclenché quelques
alarmes de magasins, mais rien de remarquable... à part la toute
dernière escapade qui nous a valut une chaude entrevue avec la Mère
principale d'une école religieuse de jeune filles dans laquelle nous
avons pu pénétrer par les sous-sols, presque par hasard... le problème
étant bien sur que certaines salles n'étaient pas vides du tout et que
nous nous sommes faits courser dans les couloirs par une énorme sœur, en
robe noir et blanc qui a réussi à nous rabattre vers une voie sans
issue. Vous devinez le reste : alors que deux de mes compagnons de
visite avaient réussi à s'échapper, je me retrouvais avec un autre dans
le bureau de la Mère Supérieure en colère et nous menaçant des pires
maux et punitions... mais je me souviens avoir réussi à la faire sourire
en coin en lui expliquant avec honnêteté nos escapades sans mal et en
ne touchant à rien, juste un jeu. Elle nous fit peur et nota nos noms et
école et nous relâcha... nous rejoignions nos amis embêtés mais
moqueurs qui attendaient plus loin et nous décidions alors d'arrêter ces
visites, rompant aussi un peu le groupe au passage si je me souviens
bien. Je n'entendis jamais parler de cette histoire par la suite,
contrairement à nos craintes envers nos parents et l'école : la Mère
Supérieure avait du juger qu'elle nous avait suffisamment fait peur sur
le coup je pense ! Mais je me rappelle encore les rires et regards
admiratifs des petites filles qui nous avaient vu dans cette école...
c'est étonnant d'ailleurs comme il ne reste souvent, dans les bons ou
mauvais souvenirs, que ces petits détails qui résument tout... un rire
éclatant, un regard éclairé, un sourire ou une grimace, une expression
généreuse ou méchante...
Les Aventures de Bacara
Il
s'agit ici de ma toute première participation officielle à la société
publique en tant qu'auteur, et aussi à un travail collectif littéraire,
dès mes 11 ans donc. Ce petit livre écrit et illustré par des enfants de
10 à 11 ans est évidemment en assez mauvais état mais je vais tenter de
le sauver déjà en scannant les pages, bien que certains textes
commencent à devenir illisibles, sans compter les dessins flous et
peintures passées. Il est possible que l'un de mes co-auteurs de
l'époque reconnaisse aussi ses travaux, qu'il possède aussi encore son
unique exemplaire et qu'il va me contacter... on peut toujours envisager
le meilleur et tenter de sauver une œuvre unique née de l’Éducation
Nationale... j'en rajoute peut-être un peu trop... quoique... c'est tout
aussi bien un hommage à ce bon instituteur, Mr Corneloup, et au hasard
de cet exercice passionnant pour moi, probablement un "révélateur" qui
tombait au bon moment après mon éveil subit à l'écriture (éventuellement
initiée à l'origine par ma rencontre quelques mois auparavant, que
j'estime entre 9 ans et 10 ans, avec ce qu'on ne peut appeler que
"OVNI"...). J'ai retrouvé l'un de mes petits textes écrit vers 9-10 ans -
pas très bon ni bien construit évidemment, et j'avais également écrit
plusieurs pages pour ce petit livre des Aventures de Bacara, malheureusement toutes gardées par le professeur et perdues pour moi.
En
attendant mieux, voici déjà la couverture, les pages de présentation et
des co-auteurs et quelques dessins (pas dans l'ordre), le début du
texte. Tout le livre a été numérisé (le livre a dû être décortiqué et
chaque page et dessin mis à plat) et le tout reste encore assez lisible.
Si une société d’Édition de livres pour enfants est intéressée par un
vrai livre vraiment écrit par des enfants, qu'elle me contacte pour
examiner les possibilités. :
(...)
© Herbo Yves et co-auteurs (1970-1971)
Ce
petit livre commun ne relève pas des faits mentionnés comme faisant
partie de mon témoignage global sur le paranormal et tous ses effets
connexes (religieux et "alien" éventuel), mais est utile à mentionner
dans le processus qui a accompagné la suite des événements. Je publierai
l'intégralité de ce petit livre d'enfants dans une prochaine page car
celle-ci atteint déjà ses limites.
Cette
année 1970-1971 a été à l'évidence une année-charnière de mon
existence. Mon imagination était canalisée plus ou moins par l'écriture
grâce à ce petit livre, et je commençais donc également à produire mes
premières œuvres (beaucoup de perdues malheureusement) et les débuts de
mon premier roman que j'ai dû entamer début 1971, le petit livre incité
par Mr Corneloup étant fini question écriture et nous étions passés aux
illustrations. Ce premier roman s'appelle "Quatre Éternités pour une Rose Immortelle"
(à paraître) et je l'écrivais en assemblant, au fur et à mesure des
mois, un grand nombre d'écrits ne se suivant pas obligatoirement mais,
assemblés dans l'ordre choisi en final, a permit une histoire logique.
Je procédait d'ailleurs de même avec le deuxième roman, "Je n'étais qu'un Androïde" (paru aux Editions Baudelaire),
qui a été écrit après en parallèle entre 1972 et 1974. Il est
intéressant de noter ici que les quelques retours que j'ai eu de la part
de quelques lecteurs de ce roman sont tous positifs (dans la mesure où
ils savent que c'est un roman écrit à l'origine par un enfant) et m'ont
apportés certaines de leurs conclusions ou "moralités". Dans "Je n'étais qu'un Androïde",
plusieurs personnes y ont vu une aventure épique menant à une allégorie
semi-religieuse : l'Humanité, dans sa course à la Connaissance, refait
les mêmes erreurs qu'une autre civilisation de l'univers en créant son
propre Dieu (l'ordinateur suprême) qui finira par la détruire, ce qui
recommencera un autre cycle et une nouvelle civilisation... amenée à
reproduire le même modèle. Pour d'autres, c'est le problème du Créateur
qui est posé : une civilisation (et donc la nôtre un jour) peut-elle, à
force de technologies et de volonté d'expansion, de conquêtes pour
ressources et espaces vitaux, devenir elle-même un "dieu", créateur
d'autres vies et civilisations ? Mais aussi bien évidemment un "dieu"
destructeur d'autres vies et civilisations ? D'autres y ont vu une sorte
d'avertissement, de message envers nos développements actuels de
l'Intelligence Artificielle, les réussites constatées en matière de
robotique... mais aussi en cybernétique (alliance de la matière inerte
et de la matière biologique vivante) et même de clonages... le tout
amenant effectivement dans le futur à l'existence réelle des androïdes
intelligents et à tous les dangers potentiels décrits dans ce roman (et
dans tant d'autres) en matière d'un contrôle robotique de l'Humanité.
Enfin, d'autres, faisant le parallèle avec mon observation d'un OVNI
proche, pensent que ce roman attire notre attention sur le fait que nos
visiteurs (extra-terrestres ou "entités" dimensionnelles, ou entités du
futur) dans notre univers physique particulier, ont de grande chance de
n'être que des robots ou androïdes, seuls capables de "vivre" les
milliers d'années nécessaires aux déplacements entre planètes dans notre
immense réalité...
Mais,
vous vous en doutez, au cours de ces quelques années où je trouvais le
temps d'écrire entre mes devoirs scolaires et mes jeux d'enfants, il
m'arrivait encore plusieurs choses étranges, et des enchaînements
significatifs à mon sens. Je préviens tout de suite, il s'agit (et je
m'en aperçois en réunissant mes souvenirs sur cette période)
principalement de ce que j’appellerai " d'étranges tentations et
rencontres sexuelles". Ces scènes de ma vie réelle, entre l'âge de 11
ans et 13 ans, risquent d'en surprendre certains, mais ma conviction sur
leur étrangeté est renforcée par le fait que je n'ai jamais été seul
pour les vivre. Ce que je juge très surprenant aujourd'hui, c'est
qu'elles se sont toutes déroulées en compagnie du meilleur ami que j'ai
eu sur cette courte période, Claude ou Jean-Claude (j'ai un doute car je
sais que son père s'appelait aussi Claude ou Jean-Claude !).
Tout
d'abord, ce qui est encore assez étonnant, c'est que Claude est apparu
subitement dans ma vie, sans que je me souvienne vraiment des
circonstances. Je suppose encore que c'est juste une rencontre de deux
enfants, par hasard, car je n'ai pas été à l'école avec Claude, ni en
étude. Un autre parallèle, c'est que Claude (à l'inverse de Thierry) n'a
pas de mère mais seulement un père. Autrement dit, je suis un garçon
qui a eu une mère abandonnée et qui n'a pas connu ses parents, qui n'a
pas été élevé en partie par ses propres parents et dont les seuls
meilleurs amis sont tous des enfants avec parent unique !
A
l'époque et dans ces petites classes, l'école se terminait toujours
assez tôt et Claude et moi nous rejoignions toutes les fins
d'après-midi, le jeudi (ce n'était pas le mercredi à cette époque je
crois) et le Weekend. Voici ce qu'il s'est passé, une fin d'après-midi
normale, alors que Claude et moi nous promenions dans notre quartier du
15ème arrondissement de Paris.
Nous
étions en train de marcher en direction de Convention et plus
précisément rue des 4 frères Peignot, Claude passant souvent me prendre à
mon domicile - ma mère aimait d'ailleurs beaucoup Claude, qui était
très poli, calme et charmeur, avec ses yeux bleus et ses cheveux clairs,
l'opposé de moi sur ce point. Il m'est par contre impossible de me
rappeler si j'ai su où habitait vraiment Claude : il a toujours été
mystérieux sur sa famille, sur le métier exacte de son père (homme de
chantiers à priori, un grand costaud aux cheveux longs et blonds que je
n'ai vu que 2 ou 3 fois en tout) et son domicile (je pensais alors qu'il
vivait peut-être dans une caravane ou quelque chose de provisoire,
quelque chose dont il avait peut-être honte inconsciemment... ou qu'il
obéissait aux instructions de son père). Il n'y avait personne dans ces
petites rues parallèles à la rue St Charles aussi, nous sommes surpris
de rencontrer soudainement, au détour d'un croisement de rues, une
grande femme de couleur noire qui avance très lentement, comme une
petite vieille, alors qu'elle a une jeune apparence. C'est une femme
dans la trentaine (à mon avis), très grande et très jolie d'aspect. Je
me rappelle encore son maintien de tête fier, mais aussi ses yeux noirs à
la fois perçant et... dans le vague, comme confus et ne se fixant pas
sur un endroit précis.
Elle
a en effet l'air très confuse, marmonne des paroles incompréhensibles
et semble errer sans but. Arrivés à son niveau, elle se plante devant
nous et nous marmonnent des paroles avec un accent horrible que nous
déchiffrons très mal... il me semble entendre dans ses paroles le mot
"berger"... comme nous venions précisément de passer par la Rue des
Bergers, je lui indique du doigt le chemin pour y aller : elle n'est
vraiment pas loin. Mais elle ne bouge pas et semble attendre que nous la
menions à son adresse... comme nous n'avons pas grand chose d'autre à
faire, nous l'accompagnons donc au coin de la rue des Bergers et lui
montrons la plaque de la rue le mentionnant. Là, elle nous regarde d'un
air insistant, fait non de la tête et répète son mot... que nous
identifions au bout de quelques minutes, effarés, par... "baiser"...
inutile de vous dire notre surprise et ce qui nous est passé par la tête
à ce moment... une jolie femme confuse demande à des enfants non encore
pubères (je l'ai été finalement assez peu de temps après, vers mes 12
ans 1/2) de la "baiser" ! Pour être honnête, nous venons à peine de
découvrir à quoi ressemble le corps d'une femme grâce aux magazines, la
tentation d'en découvrir plus est évidemment énorme... mais nous ne
connaissons absolument aucun endroit où emmener cette femme - une
nymphomane à priori, ou quelqu'un à l'esprit très égaré selon nos
critères... et comme elle ne veut absolument pas nous lâcher d'un pouce,
j'ai l'idée de l'emmener à l'appartement d'un "ami" d'école qui a une
famille nombreuse et des grands frères... ce que nous faisons. Le grand
frère qui m'ouvre la porte après avoir sonné est évidemment surpris de
ce que nous disons... " cette dame cherche un endroit et des gens pour
faire l'amour, on a pensé à ici... ". Mais j'avoue qu'il réagit tout de
même vite - il n'est pas seul et au moins deux de ses amis arrivent avec
des bières à la main - et comprend la situation... il fait entrer la
dame... et nous empêche d'entrer en disant juste " merci les gars, mais
vous êtes trop petits ". Et il referme sa porte devant nos visages
déçus... Quand je revoyais mon collègue d'école (je pense que c'était
Patrick B), je lui demandais des nouvelles de la dame et de ses grands
frères. Il me répondit en s’esclaffant que ses frères en avaient bien
profité... mais aussi qu'ils avaient eu toutes les peines à s'en
débarrasser car elle entendait bien s'installer à leur domicile et vivre
avec eux, en donnant son corps en échange ! Il m'a raconté qu'ils
l'avaient entraîné dans un grand magasin pour faire des courses... et
avaient réussi à la semer...
Bon,
rencontre étrange en 1971 de cette dame confuse. Encore plus surprenant
: j'ai rencontré à nouveau et reconnu très précisément cette femme il
n'y a pas longtemps, en 2010, dans ma propre résidence du
Plessis-Robinson ! Ce soir-là, je sors du parking souterrain où je gare
ma voiture avec ma fille Delphine. A gauche en sortant du parking, il y
avait encore à l'époque une rangée de marronniers sur la pelouse entre
le 2 allée des marronniers et le parking souterrain. Là, en train de
caresser un marronniers, se trouve une grande dame noire âgée,
accompagnée par une plus jeune (sa fille ?), et elle m'interpelle. Ma
fille ne veut pas s'en mêler et reste à l'écart pendant que je
m'approche pour voir ce que veut cette dame. Et là, je suis presque muet
au début : j'en suis certain : c'est bien la jolie femme confuse qui
nous avait faite cette proposition surprenante presque 40 ans avant...
elle était bien sûr beaucoup plus âgée mais son allure général, son port
de tête et visage étaient les mêmes... et elle semblait tout aussi
confuse qu'il y a 40 ans !
Arrivé
devant elle, elle me montre l'arbre et me dit qu'il est empoisonné et
qu'il fallait faire quelque chose pour soigner les arbres. C'est un
fait, tous les marronniers à cet emplacement sont rapidement devenus
"secs" et malades, puis envahis par une colonie de fourmis rouges. Je
tente de lui faire comprendre que je ne suis pas le gardien ni
propriétaire et je lui suggère d'en parler au gardien qui se trouve dans
la tour du 4 allée des marronniers... mais elle ne comprend pas grand
chose, jusqu'à ce que sa fille intervienne et commence à l'entraîner
plus loin...
Il
y a-t-il une explication raisonnable à ceci ? Difficile à voir. Mais,
de nos jours, en 2014, il y a un fait certain : des dizaines de
marronniers semblent avoir été empoisonnés simultanément en des endroits
éloignés les uns des autres, et ont donc été abattus dans cette
résidence... sans avoir été du tout remplacés...
l'endroit
indiqué où se trouvaient 4 ou 5 marronniers est visible ici juste en
face, là où il reste encore la pelouse vide... il y avait aussi des
marronniers à l'origine à gauche sur la pelouse visible aussi.
Ce
qui nous est arrivé ensuite est beaucoup plus sombre et délicat à
raconter. Mais je vais le faire, en vous demandant de ne pas oublier que
ces événements se sont produits alors que Claude et moi avions entre 11
et 12 ans, et que nous n'avions même aucune idée que ce genre de chose
existait ou pouvait se produire. Ne pas oublier non plus qu'à cet âge,
on est intrépide pour beaucoup, voir téméraire, assez peu réfléchis et
n'ayant pas de recul... ni de futur clair !
Cela s'est passé Rue Saint-Charles dans le 15ème donc, et très précisément à l'époque juste à côté de mon école !
A
cet endroit existait à l'époque un long mais peu large terrain vague
sur lequel restait encore les ruines d'une maison individuelle, tenant
encore debout un peu par miracle. Il y avait une palissade en mauvais
état devant et un grillage mais surtout, il y avait une grande résidence
à côté et un grand parking... qui permettait un accès facile
(par-dessus un tout petit mur bas accessible par des enfants de notre
petite taille !) au terrain vague. Nous allions y passer la majorité de
nos loisirs extérieurs pendant quelques semaines... se terminant par une
expérience qui nous a horrifié et fait détester les "adultes" plus que
nécessaire pour notre âge... mais nous a aussi fait "mûrir" bien sûr par
symétrie.
Pourtant,
j'aurai probablement dû prendre ce qui m'est arrivé la première fois
que nous nous sommes aventurés dans cette maison abandonnée comme un
avertissement - ce qu'il était d'ailleurs presque certainement, j'en
suis aujourd'hui convaincu. C'était une maison à un étage dans laquelle y
avait encore quelques meubles éventrés et vermoulus. La façade arrière
avait disparu et les pièces étaient exposées, un reste de terrasse était
envahi par les herbes folles et les débris. Il y avait encore un toit
(très percé par endroit) et un assez grand grenier ou combles en bois.
Le tout était assez branlant avec une charpenterie en bois vermoulue et
la pluie qui tombait directement de trous dans le toit avait ruiné le
centre de toutes les pièces (cinq en tout je crois me souvenir). Nous
avons décidé de commencer par nettoyer la terrasse et la devanture, où
un mur bas bien droit pouvait nous servir de banc et une grosse planche
de table. Tout en continuant nos jeux du bandit et du policier, nos jeux
d'aventures et de poursuites avec nos faux revolvers ou couteaux
imaginaires...
Pendant
l'un de ces jeux de poursuites (nous imaginions de multiples histoires
de héros luttant contre la pègre ou des monstres, etc) et dans la
volonté d'éviter l'autre ou de me cacher, je grimpait prudemment les
marches vermoulues de l'escalier qui menait à l'origine à l'étage, mais
donnait sur un vide : le plancher n'existait plus à cet endroit et
d'ailleurs, le sol de l'étage n'existait plus encore qu'au niveau d'une
chambre humide au toit percé. Le reste était bien maintenu par de la
charpente épaisse et les murs encore présents. Le toit était directement
visible de l'escalier, et il y existait une sorte de grenier,
accessible facilement via la charpente qui formait une sorte d'échelle. A
cet endroit de la façade arrière (dont les murs n'existaient plus), la
charpente du toit était solide et resserrée, formait une sorte de
plate-forme au-dessus du vide complètement plongée dans le noir. Je
laissais mes yeux s'habituer aux ténèbres et j'avançais à quatre pattes
ou accroupit selon les passages entre les charpentes de toit qui
partaient du couloir suivi. A droite, il y avait le premier étage un peu
en dessous. Et là, j’eus l'une des grosses peurs de ma vie !
Là,
dans le noir et au fond, un peu en hauteur et droit devant moi, deux
yeux rouges et sauvages me fixent... pire, sous ses yeux apparaissent
une forme blanche qui apparaît dans la noirceur. Le tout ressemble à une
sorte de tête avec des dents pointues sous les yeux et une vague forme
blanche en dessous... inutile de vous dire que je ne suis jamais
redescendu aussi vite de là par la suite... j'ai fuis comme un malade et
suis tombé nez à nez avec Claude qui m'a "descendu" directement...
" la vache, il y a une bestiole bizarre là-dedans ", lui expliquais-je, détaillant ce que j'avais vu...
Évidemment,
il ne me croit pas et va voir par lui-même malgré mes avertissements.
Moi je l'attends prudemment en bas des escaliers... et il redescendra
encore plus vite que moi, rien qu'en voyant les deux yeux rouges luisant
dans le noir... il a dit avoir entendu aussi une sorte de feulement...
Prenant notre courage à deux mains, nous décidons de tenter de faire
sortir cet animal effrayant de sa cachette : l'un monte l'escalier en
faisant du bruit, l'autre se rend via le rez-de-chaussée en-dessous de
la position de la chose. Armé d'une barre de bois et en tapant l'une des
charpentes épaisses à proximité de sa cachette, nous réussissons à le
faire réagir. Nous voyons surgir soudainement une sorte de petit démon
tout noir avec une tête cauchemardesque, qui détale et saute directement
du haut de l'étage dans l'herbe du terrain vague et disparaît aussitôt
!
Après
concertation, nous tombons d'accord sur le fait que nous avions fait
fuir un chat noir très maigre, auquel il manquait toute la mâchoire du
bas... blessure horrible qui laissait voir son ossature à vif et ses
dents du haut dépassant seules... pour être honnête, nous étions à la
fois soulagés d'être débarrassés de l'animal effrayant et en même temps
désolé pour l'animal, qui était probablement en train de mourir de faim,
incapable de se nourrir dans son état... on s'est d'ailleurs demandé
s'il était réellement en vie, et si nous n'avions pas eu à faire à un
fantôme de la maison détruite... d'où l'avertissement par rapport à la
suite.
Cette
petite aventure effrayante n'empêcha pas notre retour dans la maison en
ruines le lendemain, et par la suite. Nous avons même décidé d'en faire
"notre quartier général", notre "club" et entreprit de l'aménager
lentement. Nous avons déblayé et repoussé un maximum de chose dans le
terrain vague. En nous promenant dans le quartier, nous récupérons même
des vieux sièges de voitures défoncés (sans leur ferraille) et nous les
installons sous le toit restant de la façade, à l'abri de la pluie, nous
récupérons même un vieux bancs en bois abandonné dans un chantier
voisin...
Mais
tout à nos jeux et aménagements, nous n'avions pas remarqué
immédiatement que nous étions l'objet d'une surveillance... malsaine.
Jusqu'à ce qu'un après-midi, alors que nous étions affairés à
reconstituer une aventure de Rahan (et oui, les BD de Rahan faisaient
notre bonheur d'enfants !), un jeune homme assez grand surgisse devant
nous à l'improviste. Il promène un beau teckel qui n'a pas l'air très
sympathique et montre les dents... En fait, le jeune homme est d'un âge
indéfinissable car il a le crâne rasé. Pas très récemment car une petite
couche de poils est visible. Il s'avance en souriant et nous demande
tranquillement ce que nous faisons. Avec méfiance, nous lui disons que
nous montons notre petit club et qu'on essai de l'aménager un peu. Il
nous demande si on habitait là ou dans la résidence et devant notre
dénégation, il hoche la tête et demande juste si on va revenir et si il
pourra revenir nous voir... nous n'osons pas lui refuser et il s'en va
avec son chien vers le fond du terrain vague et passe par l'ouverture
qui mène par là à la résidence aussi (un gros groupe d'immeubles
blancs). Nous en concluons qu'il habite par là.
Le
lendemain, nous revenons avec le tout nouveau magazine de Rahan et son
cadeau-surprise : le couteau de Rahan en grandeur nature... un
beau couteau... en plastique mou sans pointe et sans danger bien sûr. Le
jeune homme apparaît assez rapidement, content à priori de nous voir et
amène même un vieux tabouret qu'il nous offre... tout en s'asseyant
dessus. Il à l'air de s'intéresser au magazine, le lit un peu et semble
se méfier de mon couteau et de mon collier de Rahan (le collier de dents
de tigre - en plastique aussi) qui a tout de même des dents d'apparence
pointues. Au bout d'un moment, il nous demande si nous voulons
l'accompagner chez lui pour voir sa chienne et, comme nous hésitons
fortement, il nous montre qu'il habite là juste en face et un peu à
gauche de nous. Claude hausse des épaules et quand il nous dit qu'il
doit avoir du jus d'orange au frigo, nous hésitons moins. Le début se
passera bien avec l'offre effective des boissons suggérées, mais quand
nous nous installons "cinq minutes" dans le salon pour boire avec lui,
l'ambiance change radicalement. Le salon comporte un divan sur lequel
nous nous asseyons, et un grand fauteuil juste en face. Et là, sur le
fauteuil, nous fixant d'un regard de haine méchant et hautain, il y a la
teckel qui nous semble presque ébouriffée, presque prête à venir nous
égorger au moindre mouvement... une dent dépasse de sa babine de gauche
et il me semble presque voir un tic nerveux lui redresser le museau en
permanence.
"
Elle est impressionnante, hein ? " fait notre convive amusé. La chienne
est en symbiose avec son maître : dès qu'il s'approche du fauteuil,
elle se redresse et bondit au bon moment dans ses bras pour qu'il puisse
la mettre sur ses genoux en s'asseyant... le tout dans le même
mouvement. Je dois dire ici que nous n'en menons pas large et avons hâte
de partir... et il réagit assez vite en nous rassurant, assurant qu'on
ne risquait rien, que sa chienne était une bonne gardienne mais
obéissait au doigt et à l’œil. Moi, je me demandais qui obéissait
réellement à l’œil dans cet appartement, et invoquait l'urgence d'un
départ pour un rendez-vous avec les parents... le jeune homme fut
évidemment déçu de notre volonté de vite partir et nous fit promettre de
ne pas être effrayés... et de revenir...
Nous
n'y sommes pas retournés le lendemain ni pendant au moins trois jours :
des empêchements familiaux d'un côté ou de l'autre, je me souviens mal.
Mais quand nous sommes réapparus dans le terrain vague (je me souviens
avoir amené par méfiance le couteau de Rahan), il ne s'est pas passé un
quart d'heure avant que le jeune homme fasse son apparition, tout vêtu
de noir comme la dernière fois. Il avait l'air nerveux et nous
apostropha presque :
" Je croyais que vous n'alliez pas revenir ! Je me demandais ce que vous faisiez ! Et le Club ? "
Il
était visiblement énervé et marchait de long en large, comme si nous
avions commis une lourde faute ! Claude invoquait des problèmes
familiaux de son père sur un chantier sur lequel il s'était blessé...
l'une des rares fois où il en a parlé. Ensuite, cela se déroula très
vite car il nous prit totalement par surprise : il devint violent
subitement, giflant Claude du revers de la main et arrachant mon couteau
de Rahan des mains. Surpris, nous étions figés et effrayés par ce
déchaînement subit de rage. Il parlait fortement mais sans crier,
donnant des ordres comme un officier. Il nous fit asseoir sur le banc, à
l'ombre de la bâtisse et s'installa en face sur son tabouret. Il menaça
de voler mon couteau et exigea que je lui donne mon collier aussi : il
disait que c'était peut-être une arme. Malgré ses promesses, il ne me
rendit évidemment pas mon couteau mais, au contraire, en mordit à pleine
dent la point molle et l'abîma complètement, provoquant mes larmes.
Soudainement, il demanda à Claude de baisser son pantalon, puis à moi.
Nous refusions bien sûr et nous levions... ce à quoi il réagit
immédiatement en saisissant Claude par le bras et en me donnant une
forte gifle de son autre main, me faisant rasseoir. En même temps, il
s'excusait et parlait d'une voix plus douce, en disant qu'il ne fallait
pas l'énerver car nous n'étions pas venus plus tôt...
Sur
ce, il nous dit que ce n'était pas "sale", que c'était naturel, et que
nous devions apprendre des choses... et il nous montra son pénis en
érection dans la foulée. Nous força à le caresser à tour de rôle un
moment avant de demander à Claude d'abaisser sa bouche vers son sexe...
Là,
profitant de son attention entièrement tournée sur Claude, je remontais
mon slip et mon pantalon et me sauvais. Il se leva et tenta de me
poursuivre et je filais via l'escalier vers l'endroit sombre où il
aurait du mal à me suivre... mais il ne m'avait pas suivi finalement, et
s'en prenait à Claude... il me cria de redescendre en vain, puis menaça
Claude afin qu'il cède et surtout, ne le morde pas... il lui tordait
les doigts d'après ce que je pouvais voir, et Claude finit par dire ok,
si je ne regardais pas... je pris ça pour un signal et me postais à un
endroit de la corniche d'où je pouvais les voir, de haut. Le sexe du
type pointait et ce dernier avait un regard fou. Il tenait le haut de la
tête de Claude et tentait de l'abaisser sur son sexe, tout en le
menaçant qu'il n'avait pas intérêt à mordre... je réagi à temps je
pense et balançait un boulon arraché à la charpente sur la tête chauve
du type. Il sursauta évidemment, se releva en tenant sa tête et lâcha
Claude. Il hurla que je devais descendre tout de suite sinon il montait
me chercher... ce qu'il tenta donc de faire devant mon silence... ce que
j’espérai failli arriver. Pour m'atteindre au fond de la corniche
étroite du grenier, trop petite pour qu'il y passe, il lui fallait
passer par le dernier plancher vermoulu de la chambre du 1er étage... il
m'avait certainement repéré (pas beaucoup d'endroits non plus) et il
passa là où j'espérai que son poids le fasse chuter d'un étage jusqu'en
bas...
Malheureusement
(ou heureusement selon), seule sa jambe passa à travers le plancher, et
il réussit à s'en extirper en râlant et fit demi-tour... bien sûr, mon
ami s'était sauvé pendant ce temps et m'attendait dehors, dans la rue...
le type de son côté, rageur, commença par trépigner, me menacer puis
fini par s'excuser, faire promettre de ne rien dire s'il s'éloignait...
je restais coincé une bonne heure en haut dans l'attente qu'il s'éloigne
suffisamment pour oser redescendre précipitamment et faire presque un
saut périlleux pour passer le mur plus haut à cet endroit... je
rejoignais enfin mon compagnon qui avait jusqu'alors évité de se
remontrer.
Nous
n'avons jamais parlé à quiconque de cette histoire par la suite. Vous
devinez pourquoi je pense... nous n'avions rien à faire là bien sûr, et
cette expérience n'était assurément pas de celles qu'on raconte aux
parents... j'estimais m'en être tiré à bon compte personnellement, et
j'espère que pour Claude aussi. La leçon a en tout cas été retenue car
nous n'y avons plus remis les pieds par la suite... nous imaginions le
fou, comme on l'appelait, surveiller de sa fenêtre la maison en nous
attendant, et nous comptions fortement sur sa déception... Plus tard,
adolescent, je me rappelle m'être dit que ce type était dangereux pour
n'importe quel enfant, et m'être dit qu'il faudrait le débusquer... mais
Claude avait disparu depuis longtemps, emmené par son père sur un autre
mystérieux chantier probablement à l'époque... et la vie faisant, cet
épisode s'est plus ou moins effacé de la mémoire immédiate, comme tout
ce qui loin dans son propre passé. Inutile de chercher ce malade de nos
jours à cet endroit, plus de 40 ans après ces événements, mais mon école
primaire existe toujours, ainsi que l'endroit où se trouvait cette
maison en ruines ! Elle a été abattue depuis bien sûr, mais c'est bien
là : la maison était au même endroit que cet espèce de hangar
commercial, collée contre l'école et avec un terrain vague menant aux
immeubles plus loin... :
Notez
que tout ceci se passe toujours dans le même quartier, où j'ai vu cette
grosse sphère blanche silencieuse et sur un délai de quelques semaines
où j'ai connu Claude...
Et c'est toujours assez curieusement peu
de temps après que nous rencontrions tous deux une petite fille noire
américaine, lors de nos promenades.
Nous rencontrions cette petite fille en bas de son immeuble, en train de jouer tristement seule avec un ballon... je ne me souviens plus très bien des circonstances exactes, mais comme elle était très "sans gène" et vive d'esprit, je pense qu'elle nous a convaincu de jouer un peu avec elle au ballon. Peu après, elle nous expliquait qu'elle était toute seule tous les après-midi parce qu'elle et sa mère étaient arrivées il y a assez peu de temps d’Amérique et que sa mère (elle ne parlait jamais de son père) était en train de s'organiser avec son nouveau travail et son inscription à l'école et démarches en même temps. On apprenait aussi qu'elle avait 12 ans et était donc un peu plus âgée que nous deux, et elle nous demanda si on voulait être bien ses amis et venir jouer avec elle quand on pouvait les après-midi... nous n'avons rien remis en cause à l'époque, et elle avait en effet un petit accent en parlant et elle avait une peau assez claire pour une noire, bien qu'une tignasse bouclée épaisse et ressemblant à un Jackson Five de l'époque. Son français était parfait et elle le parlait bien mieux qu'un certain nombre de nos copains 'parigots", très intelligente, ouverte et délurée, innocente et curieuse, et assez jolie bien qu'encore un peu potelée par son âge.
Chose que nous fîmes donc régulièrement, jusqu'à ce que la petite fille obtienne l'autorisation de sa mère de pouvoir nous emmener chez elle pour jouer. C'était vraiment une petite fille très délurée et curieuse, et je vous passerai les détails sur ses insistances (réussies) pour voir à quoi ressemblaient nos "zizis", comment les garçons allaient aux toilettes, etc... et elle nous faisait bien sûr découvrir les mêmes choses du côté féminin... premiers jeux sexuels donc, mais elle a été vite déçue car même si j'étais un peu plus "avancé" que Claude avec un duvet qui poussait, je n'étais pas plus pubère encore que Claude ! Elle par contre devait être en plein dedans (les petites filles sont parfois pubères dès 10 ans, les garçons jamais avant 12) et, au fil des heures que nous passions chez elle (la plupart du temps à jouer à des jeux de société après avoir fait quelques devoirs d'école, consciencieux tout de même), elle essayais de trouver de nouveaux jeux sexuels mais nous, garçons, n'étions évidemment pas plus emballés que ça par cet aspect des filles. Nous n'avions aperçu sa mère qu'une fois ou deux de toutes ces après-midi, le soir si nous partions trop tard par exemple, mais ce qui devait arriver arriva : la petite fille s'était déniché victorieusement un jeu de carte et s'évertuait de nous apprendre le strip-poker autour de la grande table de sa salle à manger (et oui, c'est une petite fille de 12 ans qui m'a appris à la fois le poker et le principe du strip-poker !), et que nous étions claude et moi déjà torses nus, mais j'avoue avoir un peu aidé la petite fille (je regrette de ne pas me souvenir de son nom) un peu contre Claude à l'époque - éventuellement pour moins perdre moi-même, bien sûr.
C'est à ce moment précis que la porte d'entrée s'est ouverte et que la maman est entrée, la bouche ouverte... inutile de vous dire que les maladroites tentatives d'explications de la part de sa fille ont eu très peu de succès, et que nous étions dehors un quart d'heure plus tard, la chemise de travers... la petite fille en larmes, la mère, qui était rentré exceptionnellement plus tôt dans l'après-midi et qui hurlait, résonnaient encore dans la cage d’escalier quand nous nous sommes enfuis... je me souviens que nous avons fait une tentative quelques jours plus tard pour revoir la petite fille, mais que nous sommes directement tombés sur sa mère, toujours excédée car elle semblait s'être rendue compte que sa fille en connaissait beaucoup plus sur le sexe qu'elle ne le pensait... si elle savait que sa chère fille avait passé une bonne partie de son existence (comme beaucoup d'enfants ?) a espionner sa mère et ses relations amoureuses comme elle nous en avait parlé, elle serait encore plus tombée des nues... Nous ne revîmes plus cette petite fille à ma connaissance (mais une future rencontre me la rappellera fortement !)
D'après mes souvenirs, tout ceci nous a amené à la fin de l'année scolaire 1970-1971 vers juin 71 donc, et je me souviens que l'activité scolaire à l'époque s'était un peu accélérée, notamment à l'occasion de la fête de fin d'année et de la distribution de notre petit livre de classe "Les Aventures de Bacara" aux parents des élèves et à quelques pontes de l'Education. Il y avait eut aussi le tournage toute une journée dans notre classe d'une équipe de la toute nouvelle chaîne régionale, à laquelle je me souviens avoir mal réagit et peu participé, sans plus... je me souviens être peut-être perturbé par les gros câbles électriques et le bruit de ronronnement de la grosse caméra, et être probablement un peu frustré de la non prise en compte de certains de mes écrits pour ce petit livre. Je ne vois pas d'autre explication pour l'époque. Quoiqu'il en soit, je me suis vu à la télévision quelques secondes en effet à l'époque dans ce petit reportage largement coupé au montage (15 minutes pour un tournage étalé sur la journée !), juste comme une fin interrogative, vous voyez un petit garçon assis à une table d'école, un peu figé et qui vous regarde pensivement droit dans les yeux avant le générique... c'est moi...
J'atteignais mes 12 ans donc en août (et ma puberté dans ces eaux d'ailleurs) et je me souviens que Claude et moi passions les premières journées de vacances de juillet à jouer dans les les énormes cuves de sable placées à l'époque (et peut-être toujours d'ailleurs) en bord de Seine par des entreprises de stockages de matières pour le bâtiment. Les cuves étaient énormes et remplies par plusieurs mètres cubes de sables de diverses nature, fin, plus épais, certaines étaient arrosée parfois s'il faisait trop chaud ou s'il fallait de la place, pour tasser le sable. Nous, nous choisissions une cuve à moitié remplie de sable suffisamment épais pour supporter nos sauts et combats sur ce terrain souvent accidenté, avec de véritables montagnes aux plus hauts points (sous le déversoir de sable) ou créé par les grues qui peuvent déverser du sable directement dans les cuvettes... nous faisions évidemment très attention à ne pas prendre possession d'une cuve proche des endroits actifs de l'entreprise (qui s’étalaient sur tous le quai André Citroën), mais je me souviens que nous avons reçu un jour la visite d'un ouvrier du chantier, qui a d'ailleurs été très gentil et nous a dit de rester jouer là mais qu'il allait quand même prévenir les grutiers...
D'ailleurs, nous avons fini par être reconnus plus ou moins par les gens de l'entreprise, même de loin, et nous n'avons jamais été dérangés pratiquement (sauf une fois où la seule cuve disponible et "jouable" était un peu trop près des grues et déversoirs actifs, et que des coups de sirènes nous ont fait évacuer la cuve par précaution). Nous avons délaissé complètement cet endroit également pour des raisons de "dégoûts" et l'impression d'avoir été chassés (ou nos jeux) : nous étions en train d'arriver alors que exceptionnellement (car il n'y avait jamais personne dans la large allée en bord de Seine de l'entrée de l'entreprise d'habitude), une petite foule nous attendait presque à l'endroit où commençaient les premières cuves...
Ce qui les faisait rire et les avait attroupés était un grand type avec un casque de chantier sur la tête, en veste mais sans pantalon, en train de défiler dans l'allée avec son énorme sexe à l'horizontale... je sais bien sûr maintenant que ce type était atteint d'une maladie connue, mais imaginez-vous à la place de petits garçons encore innocents : nous faisions demi-tour en courant (sous les éclats de rire de la troupe) pour ne plus y revenir...
Ce troisième chapitre va se terminer tristement car, si je me souviens bien, je partais en vacances quelque part au mois d'août (colonie ?) et à la rentrée, il ne se passait que quelques jours avant que mon seul et meilleur ami de l'époque me dise qu'il devait partir loin, suivre son père peut-être même dans un autre pays, avec peu de chance de retour...
Je pense que c'est la première fois que mon cœur s'est effectivement brisé en morceaux physiquement, mais c'est une sensation devenue relativement commune par la suite pour moi... car au-delà de la douleur et du chagrin, du déchirement, il y a l'amour et en final l'espoir, le bonheur d'avoir croisé le chemin et connu une âme-sœur, avec laquelle l'entente a été parfaite et sans ombres (autres que celles amenées par...le destin ?). Je n'ai jamais revu Claude mais, avec ce premier petit garçon mystérieux dont j'ai parlé plus haut et Thierry par la suite, il rempli la plus grande partie de mes souvenirs de l'époque... je sais que je passe le plus de temps possible hors de chez moi quand je peux, et que je passe mon temps à écrire des histoires imaginaires qui m'apparaissent lors de nos jeux et je lis les quelques BD que je récupère... mais je cite ici un détail aussi important à l'époque : mon père avait complété toute la collection de l'encyclopédie "Tout l'Univers", et je me souviens aussi avoir lu et cherché dedans pour mes devoirs beaucoup de choses, et l'avoir souvent feuilleté et découvert de multiples réponses à quelques questions...
Fin chapitre 3.
A suivre, Yves Herbo (c) 2013-2014
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