Une nouvelle mini planète découverte dans le Système Solaire
© Subaru, Scott Sheppard, Chad Trujillo, David Tholen
L'astronome Scott Sheppard de la Carnegie Institution for Science et ses collègues viennent d'annoncer à l’occasion de la 47e rencontre de la Division des sciences planétaires de l’AAS (American Astronomical Society) la découverte d'un nouvel astre aux confins du Système Solaire. Nommé V774104 pour l'instant, c'est l’objet le plus lointain jamais observé dans le Système solaire. V774104 est trois fois plus éloigné du Soleil que Pluton et 103 fois plus loin que la Terre. Il est donc à 103 UA de lui, détrônant le précédent record, détenu par la planète naine Éris, à 97 UA. Cet objet, dont la taille est estimée pour l’instant entre 500 et 1.000 km, devrait donc probablement rejoindre les 5 mini-planètes connues à ce jour, Éris, Pluton, Makémaké, Haumea et Cérès.
V774104 a été découvert par l’équipe de Scott Sheppard avec le télescope Subaru installé à Hawaï. © Subaru, Scott Sheppard, Chad Trujillo, David Tholen
Ce qui intrigue surtout ses découvreurs et nombre d’astronomes qui viennent d’apprendre son existence, c’est sa trajectoire au sein du Système solaire, qui est encore pour l'instant complètement inconnue. Pour Scott Sheppard , il y a deux possibilités :
- soit V774104 s’éloigne arbitrairement jusqu’aux franges externes de la ceinture de Kuiper sous l’influence gravitationnelle de Neptune pour ensuite se rapprocher de nouveau du Soleil (tout comme Éris) ;
- soit il ne se rapproche pas davantage et demeure dans les confins, au-delà de cette frontière, dans la partie interne du vaste nuage de Oort.
Dans le second cas, il jouerait alors dans la même catégorie que Sedna, qui n’est jamais à moins de 76 UA de l’astre solaire, et de 2012 VP113 (surnommé Biden et également détecté par Scott Sheppard), à 80 UA minimum. Avec leur aphélie à près de 1.000 UA, les chercheurs excluent que l’excentricité de ces corps débusqués au cours de ces 15 dernières années s’explique uniquement par l’actuelle organisation des planètes. Elles sont trop loin de Neptune.
« Nous ne pouvons pas expliquer l’orbite de ces objets à partir de ce que l’on sait sur notre Système solaire », commente le chercheur qui vient d’annoncer la découverte. Aussi, pour les astronomes, il doit y avoir un acteur hors-champ qui exerce son influence dans cette région lointaine. Là aussi, deux scénarios sont envisagés :
- le premier propose que l’orbite de ces objets conserve la trace du passage d’une hypothétique planète géante qui aurait été exclue du Système solaire, probablement par Jupiter, voici plus de 4 milliards d’années… à moins peut-être qu’elle soit toujours là, mais bien cachée (les sondages de Wise n’ont cependant rien donné pour l’instant (mais il y en a encore pour plusieurs années d'analyses de ses données !)). Dans la même veine, il a été proposé que deux superterres, encore invisibles, imposeraient ces orbites...
- le second spécule que ces perturbations sont héritées de l’influence gravitationnelle des sœurs et voisines du Soleil (des étoiles comme Proxima Centori) dans le nuage moléculaire où il est né, et qui, depuis, s'en sont éloignées.
Une chose est sûre, ces objets « portent la signature de ce qui a pu arriver », note le planétologue Michael Brown (Carnegie Institution for Science)...
De nouvelles observations sont d’ores et déjà programmées la semaine prochaine avec le télescope Magellan, puis au cours des prochains mois et années, afin de mieux caractériser V774104.
Sources : http://news.sciencemag.org/space/2015/11/astronomers-spot-most-distant-object-solar-system-could-point-other-rogue-planets
http://www.futura-sciences.com/, http://www.20minutes.fr/, http://www.huffingtonpost.fr/
Yves Herbo, Sciences, Fictions, Histoires.com, 12-11-2015
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