Ecosse : Cochno, une carte cosmique de 5000 ans ?
Un mystère archéologique très fascinant se trouve en Ecosse, parmi d'autres il est vrai de la même période ou même plus anciens que ces 3000 ans avant J.C.. Découverte en 1887 par le révérend James Harvey, dans le West Dunbartonshire, la pierre antique mesure 13 mètres par 7,9 mètres et présente environ 90 sculptures complexes - considérées comme l'un des plus beaux ensembles de pétroglyphes en Ecosse - qui selon de nombreux chercheurs représentent une carte cosmique, détaillant des planètes et des étoiles.
Située par la suite dans une zone de logements urbains, la pierre s'est retrouvée exposée et vandalisée. En 1965, l'archéologue Ludovic Maclellan Mann a décidé d'enterrer la dalle massive sous plusieurs centimètres de terre, pour la protéger contre d'autres dégâts et pour empêcher les gens d'ajouter leurs propres graffitis... Il avait auparavant photographié la dalle et émis quelques hypothèses. Il s'agit tout de même de la plus grande dalle gravée du néolithique (et âge du bronze) pour l'Europe...
1937, l'archéologue Ludovic Maclellan Mann (à droite) a tracé des lignes sur la pierre pour effectuer des mesures expliquant sa théorie (voir plus bas).
Jusqu'à présent, les archéologues ne peuvent pas s'entendre sur ce qui est exactement représenté sur la dalle massive, ce qui constitue encore de nos jours un grand mystère. Raison pour laquelle la dalle a été déterrée en 2016, après 50 ans d'oubli, photographiée avec tous les moyens techniques modernes disponibles et sous plusieurs filtres avant d'être à nouveau enterrée.
Les débuts de l'excavation par étapes en 2015...
Il n'y a aucun consensus parmi les archéologues sur la signification des symboles complexes trouvés sur la surface. Est-ce peut-être une carte du ciel ou de la terre ? Un autel où se sont déroulés des rituels ? Certains ont proposé que la dalle soit en fait un portail, de la vie et de la mort, symbolisant la renaissance, la résurrection.
Certains archéologues estiment que les dessins complexes des dômes, des lignes et des anneaux sont une expression ancienne de l'art rupestre qui a été trouvée dans de nombreuses régions du monde, telles les spirales.
De nombreux graffitis et inscriptions des 19ème et 20ème siècles ont vandalisé la pierre rare, la numérisation va permettre de les éliminer virtuellement
Selon les experts, les symboles remontent au Néolithique et au début de l'âge du bronze, mais il existe des exemples situés encore à l'âge du fer, prouvant que ce symbolisme a perduré plusieurs millénaires.
Pierre gravée à Newgrange en Irlande
Les pétroglyphes dits "atlantiques" sont associés aux monuments mégalithiques, dans les zones rocheuses de la façade atlantique, depuis l'embouchure du Tage, au Portugal, jusqu'aux Orcades au Royaume-Uni en passant par la Galice, la France et l'Irlande.
Petroglyphes sur dalle, Galice, Espagne
Leur thématique paraît proche : motifs curvilignes, méandres, cupules, spirales, labyrinthes, carrés... Les représentations anthropomorphes ou zoomorphes sont rares. L’apogée de cet art (?) correspond toutefois au IIe millénaire av. J.-C., c'est-à-dire l’âge du bronze. Il n'est pas rare que ce type de manifestations survive durant des phases plus tardives, comme il advient avec les henges britanniques. Cette décoration doit avoir une valeur fortement symbolique et doit représenter des concepts dont le contenu nous s'échappe.
Ile et Cairn de Gravinis, Morbihan, France - Des parois gravées dans l'un des plus mystérieux cairn de France, dont j'ai un peu parlé ici, en citant le livre de Pierre Frobert "Lieux mystérieux" : http://www.sciences-fictions-histoires.com/blog/archeologie/auvergne-france-les-mysterieux-souterrains-annulaires.html
Le chercheur Alexander McCallum a proposé que la pierre de Cochno soit une carte montrant d'autres sites voisins dans la vallée de Clyde. Les marques incroyables rappellent également d'énormes crop circles qui ont été souvent attribués à des civilisations extraterrestres. Fait intéressant, d'autres dalles semblables ont été trouvées dans le nord de l'Espagne, au Mexique, en Grèce et même en Inde.
Donc, toujours de nos jours, il s'agit d'un mystère complet quant aux messages que contient la pierre. Les dessins complexes peuvent être des symboles tribaux, des signes frontaliers (comme sur une carte), des représentations du cosmos ou des fentes contenant des liquides pour des célébrations rituelles, parmi des centaines d'autres explications proposées. Ils peuvent aussi être simplement des formes décoratives, une interprétation qui pourrait être la plus révolutionnaire de tous, car ce serait en quelque manière «relier» les hommes préhistoriques aux artistes abstraits du vingtième siècle...
La pierre de Cochno avant son ensevelissement en 1965. Crédit d'image: Historic Environment Scotland.
Le mystère englobant la pierre de Cochno se poursuit. On sait peu de choses sur ce que symbolisent les marques complexes, mais elles se retrouvent dans de nombreux sites d'art rupestre d'Europe. Les experts en cartographie et en numérisation du Factum Foundation ont utilisé la technologie 3D pour cartographier numériquement la pierre et les données obtenues pourraient éclairer davantage son histoire, son but et les personnes qui ont créé l'éventuelle œuvre d'art il y a environ 5 000 ans. Les analyses sont toujours en cours et la pierre a été ensevelie à nouveau pour la protéger.
Factum Foundation
Le Dr Kenny Brophy, de l'Université de Glasgow, qui se spécialise dans l'archéologie urbaine, a dirigé l'excavation et décrit l'expérience de la pierre visible pour la première fois depuis 51 ans comme «unique dans une vie». " La pierre de Cochno est quelque chose dont j'avais entendu parler en tant que gamin, historiquement, elle est bien documentée, mais je n'avait pu la voir jusqu'à maintenant ". En 1937, l'archéologue Ludovic Maclellan Mann avait peint des lignes sur la Pierre de Cochno afin de faciliter les prises de mesures des gravures et pour voir s'il y avait un lien avec des phénomènes astronomiques, comme les éclipses. Mann " essayait de prouver que ces symboles pouvaient prédire les éclipses et marquaient les mouvements du soleil et de la lune dans la préhistoire " explique Kenny Brophy, archéologue et maitre de conférence à l'Université de Glasgow. " Au final, les propres données recueillies par Mann finirent par réfuter sa théorie ".
Crédit d'image: Historic Environment Scotland.
2016, le chantier après les pluies et le nouvel ensevelissement.
1965, gros plan, Crédit d'image: Historic Environment Scotland.
Les résultats et conclusions des chercheurs, suite à leur cartographie numérique, sont toujours attendus, mais devant la complexité du sujet et le manque de "pierre de rosette", de "notice" explicative de la part des gens du néolithique, il se pourrait bien qu'aucune conclusion ou même tentative ne soit donnée en final...
Yves Herbo et Traductions, Sciences et Fictions et Histoires, http://herboyves.blogspot.com/, 14-06-2017
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