France : La pyramide Pennellus
Il existe une petite pyramide très méconnue en Provence française dont je vais parler ici. Située sur la commune de La Penne sur Huveaune, proche d'Aubagne dans les Bouches du Rhone, la commune est considérée historiquement comme une "vigie", gardienne élevée de la vallée de l'Huveaune, rivière longue de 45 km qui se jette dans la mer à Marseille. La Penne-sur-Huveaune a toujours eu une place stratégique, elle fut durant l’antiquité le passage incontournable pour rejoindre le littoral. Aujourd’hui, la cité est à l’avant-poste du Pays d’Aubagne et de l’Etoile ; une sorte de vigie mais aussi un trait-d’union avec l’agglomération marseillaise mitoyenne.
Des mystères sur les origines et objectifs de cette pyramide demeure, mais le consensus scientifique, aidé par quelques découvertes archéologiques à proximité, font que son existence remonte probablement au 1er siècle avant JC et à la présence des romains sur les lieux. D'ailleurs ce bâtiment est appelé Pennellus ou La Pennelle et des archives de 1636 mentionnent la présence d'un pyramidion à son sommet, lui donnant une allure plus pyramidale que les vestiges restants...
Les mentions historiques nous apprennent que la commune, située entre Aubagne et Marseille est bâtie sur une ancienne route romaine (l'actuelle RN8) mais que sa fondation reste obscure, des gravures et pétroglyphes rupestres dans les hauteurs attestent en tout cas d'une présence humaine dans les environs au néolithique. Le nom de la commune en lui-même est certainement d'origine celtique, "péne" signifiant promontoire.
Emplacement sur l'actuelle commune de La Penne-sur-Huveaune
Un document de la Mairie nous apprend que le bâtiment est une construction massive en forme de pyramide tronquée. Sa base est rectangulaire (ou carré allongé pour certains auteurs) (6,10 sur 5,2 mètres) et sa hauteur est d'environ 8 mètres. L'édifice présente un profil bombé qui n'est pas sans rappeler une pyramide égyptienne de Saqqarah. Les quatre élévations sont différentes et aucune n'est symétrique, en tout cas actuellement. L'élévation sud, très dégradée, présente un décrochement qui suppose la présence d'un escalier de montée vers un exvoto apposé sur l'édifice. Architecturalement parlant, la pyramide est construite en blocage avec un parement extérieur en petit appareil régulier, parement en pierre froide locale, lié par un mortier d'une grande dureté. Des trous de boulins sont restés apparents sur chacune des faces extérieures. Le monument est creux. Sa dégradation est d'origine multiple: chercheurs de trésors, prélèvements de matériaux pour la construction, etc...
Le couronnement de la pyramide est lui aussi très dégradé, à l'origine un pyramidion semblait la couronner comme nous pouvons le découvrir sur un document de 1636. On sait aussi que la Pennelle avait été aménagée en vigie lors de la peste de 1720 (épidémie qui a massacré la grande famille à l'origine de la baronnie et chateau du village). Différentes hypothèses plus ou moins sérieuses ont été émises sur son origine:
Tombeau ou temple grec, sépulture d'un imaginaire général Penellus, enterré avec ses armes et son cheval, borne de territoire pour certains. Pour d'autres, édifice médiéval faisant partie de l'ancien château des seigneurs de Candolle. Elle fut nommée "tour des Arabes" sur le plan de Nicolas de Fer en 1708 ou "Turcad" des Arabes sur la carte de Cassini. Cette allusion aux Arabes semble fantaisiste, aucun document n'y faisant allusion.
L'hypothèse qui semble la plus plausible est celle d'un mausolée, ou plus exactement d'une "pile rurale", moins ornée. Hypothèse confirmée par le milieu archéologique actuel qui ferait remonter sa construction à la fin du premier siècle avant J.-C., construction dans le style de l'époque dite de "Sakkarah", en référence à la pyramide égyptienne. Une cuve cinéraire en marbre, trouvée à proximité, renforce encore cette hypothèse. Elle est dépourvue de couvercle, mais il reste des tenons de fixation en bronze. Aménagée en fontaine (!), transportée en 1964 au prieuré de Saint Jean de Garguier, elle a été ramenée dans le village en 2004 et est visible aujourd'hui dans le hall de la salle de spectacle.
On n'en sait pas plus, en l'absence de fouilles sérieuses autour et à l'intérieur, mais il a aussi été découvert des anciennes monnaies romaines à proximité. La Pennelle fut classé dans l'inventaire des monuments historiques le 12 juillet 1886.
Une autre source, Bernard Savelli dans son ouvrage paru en 2007 aux éditions "Le livre d'Histoire", Histoire de La Penne-sur-Huveaune des origines à 1789, émet l'hypothèse que la pyramide Penellus a été intégrée au cours du Moyen-Age aux défenses de l'ancien château fort de Candolle, dont il ne reste pas grand chose. Même si cette hypothèse était vérifiée un jour grâce à des fouilles environnementales, elle n'indique pas la destination initiale du monument ni ses réels constructeurs.
Plusieurs sources locales et datées du 19ème siècle parlent de la tombe d'un général romain inconnu, Pennellius, qui aurait succombé lors du siège de Massilia (Marseille) et qui aurait même été enterré là avec son cheval, ou encore plus simplement d'un mausolée en l'honneur d'une bataille qui se serait déroulée en ces lieux. Un Temple grec, phénicien ou même égyptien (Isis) ont été évoqués, sans aucun support réel. Il n'est pas impossible que la cuve funéraire en marbre (qui possédait un couvercle à l'origine selon la Mairie de la commune) ou sarcophage ait été à une période inconnue retirée de la pyramide. Cette cuve cinéraire devait contenir une urne puisque des traces de cendres y ont été découvertes. Quoi qu'il en soit, toute traces archéologiques de ces anciennes découvertes ont disparu ou, si elles se trouvent dans un musée ou une paroisse, elles n'ont jamais été identifiées.
Une autre source, http://fr.calameo.com/read/00030331487fdaa9bd952, " Histoire(s) du Pays d'Aubagne et de l'Etoile ", précise que " La pyramide est composée aujourd’hui de 7 niveaux, il y en avait 8 auparavant. Sa construction remonterait probablement à la fin du premier siècle avant JC. La Penelle serait un mausolée gallo-romain. On y a trouvé 2 sarcophages en marbre dont un a disparu. Il y avait certainement un escalier extérieur côté Sud. Le monument était certainement incorporé au château des Candolle datant de la fin du XIIe siècle ".
Une autre source est le chercheur et auteur Guy Tarade, qui nous délivre ainsi ses recherches :
" Sur le chemin des invasions, la Provence a vu fleurir sur son sol les témoignages architecturaux des grands courants qui l’ont traversée. Malgré un modernisme dévorant et boulimique liés à une mutation dantesque des formes et des volumes construits, de multiples témoignages subsistent d’un passé fantastique et mystérieux. La proche banlieue de Marseille nous en apporte la preuve. L’histoire infidèle en a oublié beaucoup. Cependant la pierre témoigne pour l’homme et sert de support à tous ceux qui recherchent avec amour les traces d’un passé fabuleux.
Dans le répertoire du “ Mystérieux Inconnu “, les pyramides occupent une place de choix. Nous devons donc tenter de retrouver tous les vieux monuments qui parfois sommeillent dans la nature totalement délaissés de l’archéologie et livrés à leur navrant destin.
C’est ainsi que depuis un siècle, personne ne semble s’être intéressé à la pyramide de LA PENNE SUR HUVEAUNE, d’une manière sérieuse, ou tout simplement touristique. Il faut être un "initié“ pour remarquer, lorsque l’on emprunte la route Nationale 8, entre Marseille et Aubagne un peu à l’écart de ce charmant petit village, un curieux édifice qui malgré sa modestie, n’est pas sans rappeler les mastabas égyptiens de la région de Saqqara... toutes proportions gardées bien entendu... Appelée “ PENELLE “ dans toute la région, cette pyramide dont la base est constituée par un rectangle de 6 mètres sur 5, a son sommet qui “ culmine “ à seulement 8.50 m du sol. Les bâtisseurs de “ LA PENELLE “, guidés par on ne sait quel architecte, édifièrent un monument à sept degrés en retrait de l’un sur l’autre. La toponymie des lieux indique une origine celtique; en effet, le mot “ PEN “ désigne, en langue celte, un point élevé et fortifié. Or, la PENELLE se trouve sur une butte. La pyramide est-elle celte ? Ce n’est pas impossible, car à l’origine toute cette contrée fut occupée par les celto-ligures. Sa position géographique sur le chemin qu’ils empruntaient pour aller à CARCICIS-PORTIS des Romains ( l’actuel Cassis ), puis à TAURENTUM, à Fréjus et en Ligurie, pourrait laisser croire à l’existence sur ce point d’un poste fortifié. L’architecture du monument, nous devons le reconnaître, n’a rien de militaire. Nous le considérons personnellement comme une borne curieuse, implantée sur un chemin conduisant à un grand centre culturel et initiatique. Ce que nous démontrerons plus loin.
Les historiens eux-mêmes sont divisés : pour les uns, cette pyramide est un tombeau, pour d’autres, un cénotaphe dressé par les Romains, à la mémoire d’un général, sur un point élevé où celui-ci aurait remporté une victoire et se serait distingué par sa bravoure, lors de combats soutenus dans cette région.
NOTA : On a découvert à l’intérieur de la Penelle une cuve de marbre de Paros qui contenait des cendres (YH : selon la majorité des chercheurs, un ou deux sarcophages (ou cuves funéraires) ont été découvert(s) à côté du monument, pas à l'intérieur - mais ont pu en être retiré à une autre époque). Cette cuve fut déposée au prieuré de Saint Jean de Garguier (YH : puis ramenée dans la commune en 2004). Elle pourrait receler les restes du général Mommol, un héros dont l’histoire est mal connue.
UN PEU D’HISTOIRE
On le sait la domination franque se maintint dans cette région de 536 à 879, date du couronnement de Bozon. C’est sous cette domination que la Provence subit trois invasions des Lombards. En 856, ils fondirent sur le midi et battirent le patrice Amat. Mommol les mit en déroute et les refoula au-delà des Alpes, par ce guerrier plein de fougue. Peu après, les Saxons revinrent de nouveau et demandèrent au chef provençal le droit de passage pour gagner l’Auvergne.
Une colonne resta au nord de la Durance, mais une autre s’infiltra par le littoral, causant ici et là d’énormes dommages. Mommol leur fit alors payer toutes les déprédations qu’ils avaient occasionnées. Il nous est donc permis de formuler une hypothèse sur la pyramide de la Penne sur Huveaune. Cette construction aurait été édifiée par les Celtes, comme la pyramide de Couhard près d’Autun, puis détruite plus ou moins par les Romain qui en remanièrent l’architecture en vue d’en faire un cénotaphe.
La fameuse cuve en marbre déposée par les Celtes à la façon des Égyptiens pour des monuments identiques, aurait servi d’urne aux cendres du général Mommol.
L’urne découverte sous la Penelle (ou à côté) fut déposée à Saint Jean de Garguier (YH : En 1964, après avoir été transformée en fontaine !). Plus personne ne semble connaître aujourd’hui ce prieuré discret, bâti sur le côté droit de la route qui conduit de Gémenos à Roquevaire (YH : Mais l'urne-fontaine a été placée dans le hall de la nouvelle Salle de Spectacles de la commune de la Penne sur Huveaune en 2004). Placé sous la protection de Saint Jean, ce lieu de culte avait des caractéristiques solaires très prononcées. En effet, Jean est l’apôtre de la Lumière. Ce site sacré est le pôle éclatant d’une géographie, dont la SAINTE BAUME voisine constituait le centre ésotérique. Des centaines de milliers de pèlerins issus de toutes les villes de Provence, sont venus jadis s’agenouiller dans la chapelle du prieuré. Depuis la plus haute antiquité ce haut lieu magnétisé par les différents cultes s’y superposèrent ".
Sources, références :
http://www.persee.fr/docAsPDF/galia_0016-4119_1964_num_22_2_2700.pdf - Benoit Fernand. Aix-en-Provence (région Sud). In: Gallia, tome 22, fascicule 2, 1964. pp. 573-610;
GUY TARADE, chercheur et auteur provençal
Yves Herbo, Sciences et Fictions et Histoires, http://herboyves.blogspot.com/, 10-07-2017
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