Egypte : 4e pyramide de Gizeh et légende de la Reine Nitocris
Le mastaba de Khentkawes I, Gizeh, Égypte, 4e pyramide de Gizeh ?
L’Égypte ancienne a connu deux âges d'or, l'un situé dans ce que les égyptologues appellent l'Ancien Empire et l'autre dans le Nouvel Empire, ce dernier étant bien mieux connu historiquement que le premier, qui est un mélange de mythes et légendes saupoudrés d'Histoires. Cet Ancien Empire, dont une première partie fondatrice est toujours plongée dans les ténèbres créés par la disparition des papyrus historiques les concernant, étonne toutes les personnes amenées à admirer ses monuments, architectures, organisations et littératures. En ce qui concerne cette littérature, qui ne concerne pratiquement que des traités religieux, médicaux et poétiques, tous les spécialistes sont d'accord pour affirmer leur incroyable qualité, voir "modernité" et même assise ancienne et expérimentée. Et oui, cet Ancien Empire est bel et bien lui-même héritier de traditions et connaissances millénaires, provenant des débuts de l'Holocène, voir de la mi-Pléistocène...
Parmi ces légendes, et ces nombreux Rois ou Pharaons, héros mythologiques, guerriers ou tacticiens politiques, qui ne sont connus que par leurs noms sur une ou deux listes élaborées très tardivement dans l'Histoire égyptienne, se trouve une Reine/Pharaon de la fin de l'Ancien Empire et une histoire digne d'un film épique : Nitocris (ou Nitokris en grec). Et cette Reine légendaire est également et étonnamment liée aux troisième et quatrième pyramides de Gizeh ! Cette dernière faisant toujours partie des mystères de l'Antiquité...
Le mastaba de Khentkawes I, Gizeh, Égypte, 4e pyramide de Gizeh ? (Jon Codsworth / Wikimedia Commons ).
La plus ancienne référence à cette Reine se trouve dans le Papyrus Royal de Turin, l'une des listes mentionnant les souverains égyptiens et l'un des rares documents sur l'Histoire égyptienne par les égyptiens qui nous soient parvenus... et encore, même sa mention est contestée par certains érudits, surtout lors de la période où il était considéré qu'une femme-pharaon était contestable en soit... mais des auteurs de l'antiquité tels que Hérodote, Ératosthène ou encore l'égyptien Manéthon de Sebennytos (3ème siècle Avant JC) en parlent très nettement. Surtout via les extraits d'autres auteurs grecs ou romains (Eusèbe et Jules l'Africain) en ce qui concerne ce dernier, dont peu d'écrits originaux nous sont parvenus.
Là où les choses se compliquent, c'est quand des archéologues pensent que Nitocris pourrait bien être en fait aussi la légendaire Rhodopis, voir même la mystérieuse femme nommée Khent-kaou-es, dont la tombe monumentale et digne d'un pharaon a été découverte sur le plateau de Gizeh, et appelée "la Quatrième pyramide de Gizeh" par les médias des années 1930, lors de sa découverte...
Mais commençons par la légende de Nitocris, Reine qui apparaît comme légendaire au temps des Empereurs de Rome, car elle est considérée comme une ancienne héroïne de l'Egypte (en fait, son histoire remonte à 2500-2400 Avant JC d'après ceux qui pensent qu'elle (ou il) a existé). Située ainsi par Manethon au 3ème siècle Avant JC, comme étant " régnante à la fin de la 6ème Dynastie, elle est décrite par lui comme ayant un teint clair et la femme la plus courageuse et la plus belle de son temps. Il ajoute qu'elle aurait construit la troisième pyramide (celle attribuée à Menkaourê (ou Mykérinos en grec), la plus petite des 3 pyramides du plateau de Gizeh, et régné douze ans ". Autre traduction de Manethon : " Il y eut une femme Nitocris qui régna ; elle était plus courageuse que tous les hommes de son temps, et c'était la plus belle de toutes les femmes ; elle avait le physique d'une blonde aux joues roses " (Christiane Desroches Noblecourt dans La femme au temps des pharaons, éd. Stock 1986). Ératosthène, de son côté, donne la longueur de son règne comme étant de 6 ans et remarque que son nom se traduit par " Athena la Victorieuse " ! Alors que Hérodote (au 5ème siècle Avant JC) note que, " après Menes (le premier roi) viennent 330 rois dans les noms étaient récités par les prêtres, d'après un rouleau de papyrus. Dans toutes ces générations il y avait 18 Rois Éthiopiens et une Reine, une native de la région, et tout le reste étaient des hommes d’Égypte. Le nom de la Reine était le même que la princesse Babylonienne Nitocris ". Hérodote est ici très contesté au sujet de l'assimilation de la reine de Babylone Nitocris et de celle d'Egypte, qui ont des histoires et époques différentes (par exemple : https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_1996_num_22_2_2298).
L'historien grec continue : " Ils me racontèrent que les Égyptiens, après avoir tué son frère, qui était leur roi, lui remirent la couronne ; qu'alors elle chercha à venger sa mort, et qu'elle fit périr par artifice un grand nombre d'Égyptiens. On pratiqua sous terre, par son ordre, un vaste appartement, qu'elle destinait en apparence à des festins ; mais elle avait réellement d'autres vues. Elle y invita à un repas un grand nombre d'Égyptiens qu'elle connaissait pour les principaux auteurs de la mort de son frère, et, pendant qu'ils étaient à table, elle fit entrer les eaux du fleuve par un grand canal secret. Il n'est rien dit davantage de cette princesse, si ce n'est qu'après avoir fait cela elle se précipita dans un appartement toute couverte de cendres, afin de se soustraire à la vengeance du peuple ".
Une histoire extraordinaire de vengeance donc pour celle qui est considérée par certains comme étant la première femme ayant régné sur l’Égypte. C'est Baudouin Van de Walle, Égyptologue et professeur à l'Université de Liège en Belgique, qui ouvre une parenthèse très intéressante sur l'histoire de Nitocris dans son texte de 1935 " LA " QUATRIÈME PYRAMIDE " DE GIZEH ET LA LÉGENDE DE RHODOPIS "
" Depuis que le déchiffrement de l'écriture hiéroglyphique a permis de recourir aux documents égyptiens, les savants se sont efforcés d'appliquer à l'histoire pharaonique les méthodes d'une saine Pour reconstituer les cadres réels du passé égyptien, ils ont recouru avant tout à l'étude des documents contemporains des événements et n'ont plus tenu compte des traditions populaires, par les narrateurs indigènes et par les écrivains grecs qu'en tant que sources accessoires. Cependant, loin de rejeter entièrement le contenu de ces récits légendaires, ils en ont fait la critique : dans la plupart des cas, ils ont retrouvé, sous le déguisement populaire, un événement historique bien établi qui a servi de point de départ aux enjolivements postérieurs. A cet égard, les études de G. Maspero, d'A. Wiedemann, de K. Sethe et de W. Spiegelberg, pour ne citer que ceux-là, sont particulièrement instructives.
" Une nouvelle application de cette méthode d'interprétation vient d'être faite par l'égyptologue viennois, M. Herman Junker. Comme elle intéresse à la fois les égyptologues et les hellénistes, nous résumons ici les points essentiels de l'ingénieuse argumentation proposée par l'éminent archéologue. Pendant l'hiver de 1931-1932, Selim Hassan, professeur d'égyptologie à l'Université du Caire, dégageait au cours de fouilles entreprises dans la nécropole de Gizeh un singulier monument funéraire situé à 400 m. environ au S.-E. de la pyramide et du temple de Chéphren (1). Dans l'enthousiasme de la découverte, des journaux mal informés lui ont décerné, mais à tort, le nom pompeux de "quatrième pyramide". Quelles que soient ses proportions (la base a 40 m. de côté), ce tombeau n'est pas à comparer aux masses impressionnantes des pyramides de Chéops, Chéphren et Mycérinus. Le monument découvert par Sélim Hassan présente cette particularité que son massif intérieur est partiellement constitué par la roche naturelle que l'on a taillée de façon à obtenir un socle rectangulaire : celui-ci devait être revêtu d'un parement de blocs de calcaire fin qui ont été arrachés au cours des âges. Il reste néanmoins assez de vestiges de la maçonnerie primitive pour que l'architecte Steckeweh, assistant de l'archéologue U. Hölscher, ait pu proposer la reconstitution probable du type de construction dont il s'agit. Ce monument, suivant une hypothèse que suggérait déjà R. Lepsius, aurait imité les formes générales d'un immense sarcophage à cuve rectangulaire et à toit bombé, reposant sur un socle carré.
Ce type de construction est exceptionnel ; cependant il se retrouve, abstraction faite du haut socle, dans le tombeau de Shepseskaf, dernier roi de la IVe dynastie, le Mastabat Faraoun, à Saqqarah Sud, récemment fouillé par G. Jéquier pour le compte du Service des Antiquités de l'Egypte. Mais, mutilé comme il devait déjà l'être dans l'antiquité, le nouveau tombeau de Gizeh avait pris des formes indistinctes qui ne le différenciaient plus guère de certaines petites pyramides de princesses voisines des monuments imposants des pharaons. Ce qui fait le nœud du problème que nous aurons à considérer, ce sont les inscriptions qui identifient l'occupant du tombeau; elles se lisent sur une fausse porte et sur les deux montants en granit qui encadrent le passage donnant accès à une chapelle ménagée dans l'angle S.-E. du massif. Le texte contient une titulature singulière qui se traduit littéralement comme suit :
« Roi de Haute et de Basse Egypte, Mère du Roi de Haute et de Basse Egypte, Fille du dieu, dont on dit toutes les bonnes choses qu'elle a faites (*), Khent-kaou-es ».
" Il ressort de cette inscription que la « fausse pyramide » a appartenu à une reine qui, fille de roi et mère de roi, a dû jouer un rôle assez important, puisqu'elle s'arroge le titre essentiellement masculin de « Roi de Haute et de Basse Egypte ». Jusqu'ici le nom de cette reine était resté à peu près inconnu et nous ne possédons sur son règne aucune autre indication que celle que contient cette inscription. Celle-ci, prise dans son sens normal, nous porterait cependant à admettre qu'à un moment donné de sa carrière, Khent-kaou-es a tenu à elle seule les rênes du gouvernement, un peu comme le fera au 16e siècle av. J. C. la fameuse reine Hatshepsout.
" En l'absence de tout document scripturaire permettant d'éclairer le problème (YH : de son identification), admettons provisoirement l'hypothèse de Junker d'après laquelle la reine aurait régné vers la fin de la IVe dynastie (vers 2750 av. J.-C. suivant la chronologie brève). Elle serait la fille de Mycérinus et d'une princesse de sang royal et peut-être la sœur du dernier roi connu de la lignée de Chéops, à savoir Shespseskaf ; les analogies que nous avons notées entre la tombe de Khent-kaou-es et le Faraoun nous portent à croire que les deux personnages sont à peu près contemporains. Le titre de « Mère du Roi de Haute et de Basse Egypte » s'expliquerait alors par le fait que Khent-kaou-es aurait donné naissance par suite de son mariage avec un personnage de sang non royal, aux premiers pharaons de la Ve dynastie. Cette explication n'a rien d'invraisemblable : à l'époque de l'Ancien Empire, l'on a d'autres exemples de princesses qui, lorsque la lignée royale est sur le point de s'éteindre, perpétuent ainsi le pouvoir dynastique. "
Hérodote nous donne à entendre (II, 135) que l'attribution de la troisième pyramide à Mycérinus n'était pas universellement admise de son temps. Tout en donnant personnellement sa préférence au récit traditionnel, il ajoute que certains Grecs attribuent le monument à Rhodopis et il ouvre à ce propos une longue parenthèse sur l'histoire de la célèbre courtisane :
Elle avait commencé par être l'esclave d'Iadmon de Samos en même temps qu'Ésope ; plus tard, transportée en Egypte par Xanthos, elle exerça à Naucratis le métier d'hétaïre et fut rachetée par Charaxos de Mytilène, frère de la poétesse Sappho, à la grande indignation de cette dernière. La même incertitude règne dans l'exposé que fait Diodore de Sicile, contemporain d'Auguste (I, 64). Il rapporte d'abord la version traditionnelle donnant trois rois, appelés par lui Chembes, Képhren (ou Chabrys) et Mycérinus, comme auteurs des grandes pyramides et note que Mycérinus n'eut pas le temps d'achever son monument funéraire. Il reconnaît cependant que ni les habitants du pays, ni les historiens ne sont d'accord sur l'origine de ces pyramides. Selon les uns, elles ont été édifiées par les pharaons cités ; selon d'autres, elles sont l'oeuvre des rois Armaeus, Amasis et Inaros. Enfin Diodore rapporte, sans y insister autrement, l'attribution de la troisième pyramide à la courtisane Rhodopis et dit que le monument « aurait été élevé par quelques monarques, comme un témoignage de leur amour pour cette femme ». Vers la même époque, Strabon (808) affirme d'une manière générale que les grandes pyramides sont des sépultures royales. Mais il s'arrête plus longuement à la plus petite des trois, dont il vante la perfection et raconte l'histoire en ces termes : « On prétend que c'est le tombeau d'une courtisane, construit par ses amants. Sappho la poétesse la nomme Doricha et dit qu'elle fut la maîtresse de son frère Charaxos lorsqu'il se rendit à Naucratis amenant du vin de Lesbos, dont il faisait commerce. D'autres la nomment Rhodopis.
" Ils racontent que, pendant qu'elle se baignait, un aigle ayant enlevé une de ses chaussures des mains de sa suivante, la porta à Memphis ; le roi rendait alors la justice en plein air : l'aigle, placé droit au dessus de lui, laissa tomber la chaussure dans son sein. Frappé d'un événement si extraordinaire et de la belle proportion de la chaussure, le roi envoya dans tout le pays rechercher celle à qui elle appartenait : cette femme fut trouvée dans la ville de Naucratis et amenée au roi, qui l'épousa (YH : cela ne ressemble-t-il pas au conte de Cendrillon ? !). Après sa mort, on lui éleva le tombeau dont nous parlons " (2).
Enfin Pline l'Ancien (xxvi, 12, 78), n'ajoute pas de détails ; il se contente d'insister sur l'inanité de l'oeuvre des constructeurs dont les noms eux-mêmes sont douteux et évoque également l'attribution d'une des pyramides à Rhodopis. Bon, même si les textes et gravures d'époque sont très indicateurs, ils peuvent aussi faire douter des choses : par exemple, la pierre de Palerme mentionne seulement la fondation d'une statue colossale de 7 m de haut ainsi qu’une autre statue en or par Cheops, et pas du tout d'une pyramide !
De tous ces témoignages, empruntés aux auteurs classiques, il ressort d'une part que les deux principales pyramides sont presque unanimement attribuées à Chéops et à Chéphren ; qu'au contraire il existe deux traditions divergentes concernant la troisième pyramide. Selon la première, elle serait la sépulture de Mycérinus, selon d'autres, elle aurait été construite pour une courtisane appelée tantôt Rhodopis, tantôt Doricha. On voyait parfois en celle-ci la maîtresse de Charaxos, frère de Sappho ; mais, suivant Strabon, elle serait devenue l'épouse d'un roi à la suite d'une aventure extraordinaire. Parmi les auteurs proprement grecs, Strabon semble être le seul à parler d'une reine à propos de la troisième pyramide. Mais, du côté égyptien, nous possédons le témoignage de Manéthon de Sebennytos, qui, puisant à des sources indigènes, écrivit au 3e siècle avant J.-C, une histoire d'Egypte en grec, probablement sur l'ordre des premiers Ptolémées.
Manethon, via des extraits donnés par Jules l'Africain et Eusèbe, apporte un éclairage particulier sur cette mystérieuse reine que l'on retrouve sous le nom de Nitocris. D'après cette version, il semble que le texte transmis par Eusèbe et Africain contient une irrégularité. Il nous paraît donc que la reine avait la particularité d'être « blonde (de cheveux) et basanée de teint » et ce trait nous permettra peut-être d'identifier l'héroïne de la légende avec plus de certitude.
Nul doute que la reine extraordinaire décrite par Manéthon soit la même dans le fond que la femme mentionnée par les auteurs classiques. On peut s'étonner qu'Hérodote ne fasse pas mention de la reine Nitocris à propos de la troisième pyramide, alors qu'il connaît une reine égyptienne de ce nom et la signale comme étant la seule femme qui fût montée sur le trône des pharaons (II, 100) : il rapporte seulement qu'elle succéda à son frère qui avait été lâchement tué et qu'elle tira de ses ennemis une vengeance éclatante. Mais Manéthon pouvait recourir à des sources plus sûres que l'historien grec et il nous rapporte apparemment une version plus authentique du récit qui dans la suite donna lieu à tant de développements légendaires.
Y eut-il réellement vers la fin de l'Ancien Empire une reine Nitocris ? Le seul document hiéroglyphique qui la cite est la liste royale de Turin : elle y figure sous le nom de Nt-ikrt, signifiant « Neith est excellente » ou, comme traduisait Eratosthène, " Athena la Victorieuse " (Müller, F.H.G., . Manéthon Extr. 22). Quels que soient les doutes qui continuent à planer sur l'historicité de cette reine, il est de fait que depuis le Nouvel Empire, l'histoire officielle, dont la liste de Turin donne un résumé, admet son existence et que les prêtres auxquels Hérodote prétend emprunter ses renseignements, ont gardé d'elle un souvenir assez vivant. Devant cette abondance de données à première vue contradictoires et tenant compte de la découverte de la sépulture de Khent-kaou-es à Gizeh, H. Junker a reconstitué d'une manière certes fort ingénieuse, mais aussi fort hypothétique, l'évolution de la légende.
La tradition a retenu qu'il y avait dans la nécropole royale de Gizeh une tombe de proportion assez monumentales, occupée par une reine fameuse qui, nous le savons maintenant, s'appelait Khent-kaou-es, mais dont le nom fut confondu, sans qu'on sache pourquoi, avec celui de Nitocris. Cette reine jouissait d'une grande réputation de beauté ; elle avait un teint particulier, peut-être, comme le suggère Junker, à cause d'une ascendance libyenne. L'expédition de Harvard et Boston a découvert à l'Est de la pyramide de Chéops, la tombe de la princesse Meresankh III, qui aurait été l'une des épouses de Chéphren. Sur une des parois de la chambre principale est figurée sa mère Hetepheres II qui serait fille de Chéops et femme de Dedefra, successeur immédiat de Chéops : celle-ci est blonde et porte un costume assez spécial (4). Junker émet l'hypothèse qu'étant née d'une mère étrangère (libyenne ?), elle aurait transmis les caractères de sa race à certains de ses descendants, entre autres à Khent-kaou-es. Comme Hetepheres II, elle aurait eu « les cheveux blonds et le teint basané ». Plus tard, la sépulture de la reine tomba en ruines et ne ressembla plus, comme certaines autres pyramides de la nécropole memphite, qu'à un simple monticule : d'où l'expression dont se sert la version arménienne d'Eusèbe (d'après la trad. Mai) ; « pyramis, speciem collis prae se ferens ». Petit à petit la légende, qui voulait que la reine fameuse fût dans une pyramide, transporta le souvenir de sa sépulture, du monceau informe que présentait le monument de Khent-kaou-es à la pyramide toute proche de Mycérinus...
(1) Ce monument avait déjà été reconnu et décrit sommairement par R. Lepsius, Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien, Berlin, 1849-59, Abteilung I, Bl. 31 ; Text, Bd, I., pp. 121-122.
(2) Trad. Letronne Elien (Var. Hist, XIII, 33) rapporte le même épisode et attribue au roi le nom de Psammétique (trois rois de la XXVIe dynastie portèrent ce nom) ; tandis que Hérodote faisait de Rhodopis la contemporaine d'Amasis (avant-dernier roi de la XXVIe dynastie qui régna de 569 à 525). Le trait légendaire, qui n'est pas sans analogie avec l'histoire de Cendrillon, trouve aussi son parallèle dans un conte populaire égyptien du Nouvel-Empire (le conte des deux frères), où une tresse de cheveux joue le même rôle que le soulier de Rhodopis. (Voir, pour la traduction, G. Maspero, Les contes de l'Egypte ancienne, 4e éd., [1911], pp. 13-15).
(3) Athénée de Naucratis, qui écrivait au 3e siècle après J.-C. tâche d'établir une distinction bien nette entre les deux hétaïres : Doricha, l'amante de Charaxus, qui fut l'objet des blâmes de Sappho n'aurait, d'après lui, rien de commun avec la courtisane Rhodopis. II rend Hérodote responsable de la confusion de noms.
(4) Voir Bulletin of the Museum of Fine Arts, Boston, vol. XXV, n. 151.
Bon, comme l'a enquêté un autre chercheur nommé "Rusty James", avec Hérodote, si l’on accepte que le frère et époux de Nitocris était Merenré II, la reine était donc une fille du roi Pépy II (6e dynastie). Le texte d’Hérodote fut confirmé par le célèbre papyrus de Turin. Dans cette liste de rois d’Egypte rédigée à la XIXe dynastie, il y a le nom de Nitocris (Neitiqerty) après celui du successeur de Pépy II ! Mais, ce nom est absent de la célèbre liste royale d’Abydos. Là, après le cartouche de Merenré II, il y a celui d’un certain Netjer-ka-Ra.
Mais une question demeure, Nitocris est-elle un personnage réel ? L’archéologue suisse Gustave Jéquier mit au jour un bas-relief à Saqqara Sud où figurait une reine du nom de Neith qui était liée à un roi Menkaré, l’un des successeurs de Pépy II et Merenré II. Pour lui, Neith II était probablement la célèbre Nitocris.
En 1943, l’égyptologue britannique Percy E. Newberry (voir dans les sources plus bas) s’intéressa à Nitocris. D’après lui, la reine était une fille de Pépy Ier et une épouse de Merenré Ier. D’après ce chercheur, Nitocris n’exerça pas la royauté directement. D’après Newberry, Hérodote confondait cette reine avec la divine adoratrice d’Amon, la babylonienne Nitocris qui vécut à la XXVIe dynastie. Cette dernière était devenue une sorte de vice-reine de Thèbes (?). Il constata aussi que le neveu de la divine adoratrice, le roi Apriès fut assassiné. Newberry conclut qu’Hérodote mélangea les deux histoires, celle de la divine adoratrice d’Amon et celle de la fille de Pépy Ier.
L’égyptologue français Jean Leclant remarqua lui aussi les erreurs et confusions d’Hérodote. Pour lui, il y eut effectivement une femme très puissante à la VIe dynastie : la reine Pépy-ankh-en-es II. Elle fut l’épouse de Pépy Ier, de Merenré Ier, la mère et la régente de Pépy II. Cette dernière fonction fit d’elle l’une des plus puissantes femmes d’Egypte. Toutefois, souligna-t-il, elle ne fut jamais seule au pouvoir (YH : à croire que Leclant était sur place à l'époque !).
Enfin, en 2000, l’égyptologue Kim Ryholt, apporta un éclairage nouveau sur ce problème. Spécialiste du papyrus de Turin, il parvint à compléter le célèbre texte avec quelques fragments laissés de côté jusque là. A côté du nom de Nitocris, vint s’ajouter un second cartouche : Siptah. Depuis Pépy Ier, tous les rois possédaient deux cartouches. Il n’était donc pas anormal que Nitocris possédât deux noms. Mais son étude démontrait aussi que le nom propre Nitocris pouvait être porté aussi bien par des femmes que des hommes. Il était même porté majoritairement par des individus masculins. Mais celui de Siptah fut toujours porté par des hommes ! Nitocris était donc un homme. C’est Hérodote qui fit de ce roi une femme en le confondant avec la divine adoratrice d’Amon de la XXVIe dynastie. Kim Ryholt pense que Nitocris pourrait même figurer dans la liste royale d’Abydos sous la forme de Netjer-ka-Ra. Avec le temps, écrivit-il, le nom du roi s’est probablement altéré.
Nitocris-Siptah demeure cependant inconnu. Ce roi n’est qu’un nom dans l’Histoire. A ce jour, il n’existe aucune mention d’une éventuelle pyramide...
Mais l'histoire de la 4ème pyramide de Gizeh ne s'arrête pas aux années 1930. Car en fait, la structure de la tombe de la mystérieuse Reine Khent-kaou-es (ou Khentkawes 1) se révèle tout de même assez proche d'une pyramide à degrés... Cette dernière, finalement reconnue comme la mère de deux pharaons égyptiens, a régné pendant la 4ème dynastie et a intrigué les historiens et les archéologues depuis la découverte de son complexe funéraire à Gizeh. Bien que les preuves concernant les anciennes reines égyptiennes soient parfois aussi fragmentées que celles de leurs homologues masculins, les restes de cette dirigeante ont été préservés pendant deux millénaires dans la nécropole jusqu'à leur fouille dans les années 1930. Son mastaba aurait été la dernière tombe royale construite à la nécropole du plateau de Gizeh, et de nombreux chercheurs pensent qu’elle est étroitement liée aux pharaons des 4e et 5e dynasties. Elle serait née vers 2550-2520 av. J.-C. et est décédée entre 2510 et 2490 av. J.-C. Beaucoup d'érudits la croient être la fille de Menkauré et l'épouse du roi Shepseskaf (qui a régné environ entre 2510 et 2502 avant JC). Son titre était initialement considéré comme «Roi de Haute et Basse-Egypte, Mère du Roi de Haute et Basse-Egypte», puis un substitut «philologiquement tenable» qui traduisit son titre de «mère de deux rois» fut proposé par l'égyptologue britannique Alan Gardiner. Cependant, en raison de découvertes archéologiques ultérieures, le titre officiel de Khentkawes I est interprété plutôt comme étant la mère du roi de la Haute et de la Basse-Egypte, [roi du Haut et du Bas-Egypte] (^^).
Image d'un nuage de points orthophotographique (relevé 3D) de la tombe de Khentkawes I à Gizeh, en Égypte. (Yukinori Kawae / Associés de recherche sur l'Egypte ancienne)
Malheureusement, le public ne peut pas voir la structure de l’intérieur, mais sa stratigraphie est très visible de l’extérieur. De l'extérieur, il est visible que la structure ressemble à une pyramide à marches, avec deux marches et un passage, ainsi qu'une superstructure construite au sommet. Il existe également des murs extérieurs en forme de caissons rappelant d’autres complexes construits à l’époque, particulièrement comparables au monument funéraire du roi Shepseskaf à Saqqara.
Coupe transversale de la tombe de Khentkawes I, Gizeh, Égypte. ( CC By SA 2.5 )
Le mausolée est aussi grand que les autres pyramides de ses prédécesseurs et comprend un bateau solaire, une chapelle, des greniers et un réservoir d'eau. À l'intérieur, il y a un passage en pente qui descend dans les chambres souterraines et une antichambre complexe pour dissuader les pilleurs de tombes. Des ajustements et des ajouts ont été apportés jusqu'à la 6ème dynastie, reflétant peut-être son rôle continu dans le folklore et la religion après sa mort. La structure funéraire de Khentkawes I, connue sous le nom de LG100 et G8400, est située dans le champ central de Gizeh. Découpés dans la roche d'une carrière voisine, de nombreux éléments de la tombe ont été partiellement endommagés à l'époque de l'antiquité.
Une fosse à bateau, par exemple, est une caractéristique commune des mausolées royaux dès la première époque dynastique. Les fonctions exactes de ces fosses sont inconnues, mais elles ont été considérées comme liées aux pratiques religieuses. Les bateaux ont peut-être agi comme des vaisseaux pour faciliter la transition vers l'au-delà et beaucoup les considèrent comme une représentation du dieu soleil Ra.
Khentkawes I comme représentée dans sa tombe. Gizeh, Egypte ( Jon Bodsworth / Wikimedia Commons )
Il est intéressant de noter que Khentkawes I a été représentée sur une colonne de granit, prenant un sceptre et portant le cobra royal «uraeus» à son front et une fausse barbe de royauté combinée à ses vêtements féminins traditionnels (bien que son nom ne figure pas dans un cartouche sur ce monument), c'est une autre indication forte qu'elle soit bien une Reine/Pharaon. De plus, il y a un petit village en briques crues avec de nombreuses rues situées à l'est de la structure funéraire de Khentkawes I. Des greniers et un entrepôt ont été découverts dans cette colonie. Les experts estiment que cette zone pourrait avoir été un espace résidentiel pour les prêtres religieux ou pour les employés impliqués dans les pratiques religieuses autour de Gizeh.
Il y a un chemin qui relie la chapelle pyramidale au temple de la vallée de Khentkawes I, qui se trouve également près du temple de Menkauré. En raison de la proximité des deux, beaucoup de gens croient que les membres de la famille royale avaient une relation très étroite. Une petite structure connue sous le nom de "tente de lavage du roi féminin" avait été construite devant son temple et ici le corps sans vie de Khentkawes I avait été lavé et purifié rituellement avant d'être embaumé. Selon Ana Tavares, directrice de terrain des fouilles en 2015 sur le site de Gizeh, le "temple de la vallée et le bassin / port" sont une indication de la position royale de Khentkawes en tant que pharaon - de telles manifestations étaient généralement réservées à des personnes de haut rang.
La qualité mystérieuse du rôle de Khentkawes I en Egypte s'est intensifiée lorsque des archéologues tchèques travaillant au sein d'Abusir ont découvert une pyramide appartenant à une reine Khentkawes dans les années 1970. Initialement supposée être la même Reine, ayant reçu le même titre et dépeignant une tenue royale similaire, on a découvert plus tard que le véritable propriétaire était la femme de Neferirkare et la mère de Neferefre, les deux femmes avaient en réalité une génération d'écart. La confusion continue, mais la femme royale trouvée à Abusir a maintenant été identifiée comme Khentkawes II.
Le complexe pyramidal de Khentkaus II (plus petit) et de son mari Neferirkare Kakai d'Abusir, en Egypte. ( Wikimedia Commons )
Le complexe de Khentkawes I serait-il la quatrième pyramide de Gizeh, celle qui a été surnommée la "Black pyramid" ? Sa proximité par rapport aux trois autres (400 m) en comparant aux anciennes données pourrait le laisser supposer. En effet, contrairement à ce que dit l'article de 1935 cité tout en haut, ce ne sont pas les médias de cette époque qui l'ont inventé par erreur... lisez ce qui suit :
Tony Bushby est l'auteur d'un ouvrage, " The Bible Fraud " dans lequel, comme plusieurs autres auteurs, il remet en question les origines du christianisme et l'histoire de son Eglise et d'un autre, The Secret in the Bible, dans lequel il évoque les souterrains de Gizeh. Il y soutien avoir mené, pendant douze ans, des recherches dans des bibliothèques peu fréquentées, notamment dans la division des manuscrits rares du British Museum, qui contient, dit-il, " une énorme collection d'anciens écrits et de vieux manuscrits " et la bibliothèque alexandrine en Egypte
C'est probablement en se basant sur ces anciens documents qu'il a réalisé le dessin que vous pouvez voir ci-dessous. Nous pouvons y voir la représentation d'une sorte de bassin ou socle rectangulaire en soubassement de la Grande Pyramide avec la légende interrogative suivante : " Great Pyramid built upon suare structure with sculptured facing stones ? " (" La Grande Pyramide construite au-dessus d'une structure carrée avec des pierres de façade sculptées ? "). On peut noter ici tout de suite que le complexe de Khentkawes I est exactement construit de la même façon : les roches naturelles ont été taillées à grande échelle pour donner au complexe un socle rectangulaire !
"The Master Plans" - Tony Bushby
Dans ce dessin de Bushby, il y a plusieurs choses qui retiennent l'attention, notamment la répétition d'une structure semblablement cubique ou rectangulaire et souterraine, au-dessous d'une quatrième pyramide à gauche ", (nommée " Black Pyramid). La légende de Bushby en-dessous dit d'ailleurs presque la même chose que pour la Grande Pyramide " Square cornered stone structure with sculptured facing stones ? " (" Structure de pierre carrée avec des pierres de façades sculptées ? "). En fait, la présence d'une quatrième pyramide à Gizeh a déjà été mentionnée en 1737, en particulier par le Danois Frédéric-Louis Norden, qui l'a non seulement décrite mais dessinée. Des auteurs antiques en font mention, et d'autres encore aux 17ème et 18ème siècles ; puis on n'en entend plus parler et surtout, on ne la voit plus... Aurait-elle servie de carrière pour restaurer la Grande Pyramide, ou même pour la ville du Caire ?
Dessin des 4 pyramides de Gizeh - 1737 - Frédéric-Louis Norden
La distance par rapport aux trois Pyramides n'est pas très importante si on suit à la lettre ce plan de Bushby et dessin de Norden. Mais ne correspond pas non plus avec le temple-pyramide de Khentkawes I, qui est placé juste au sud du sphinx d'après ce plan de Gizeh :
Le dessin et le plan semblent plutôt montrer un endroit à gauche de la Pyramide de Menkauré, soit l'une des trois petites pyramides des Reines (mais dont la taille ne correspond pas)... soit éventuellement ce qui apparaît maintenant comme étant la carrière de Menkauré... qui ne serait donc pas une carrière à l'origine, mais bien une ancienne pyramide, détruite pour un besoin de pierres déjà taillées...
Difficile de trouver une photo de la carrière de pierres de Menkauré, qui donne sur la route du même nom, chemin sacré reliant l'endroit au Nil... pourrait-on y voir les restes d'une pyramide ?
On trouve ainsi plusieurs références très anciennes au sujet de cette 4ème (voir cinquième selon les endroits) pyramide du plateau de Gizeh :
- John Greaves (1602-1652) dans (Miscellaneous Works) évoque “four Pyramids of Cheops, Cephren, Mycerinus and Asichys”.
- Pierre François Henry (1759-1833) dans (Route de l'Inde, ou Description géographique de l'Égypte, la Syrie, l'Arabie, la Perse et l'Inde, 1798) écrit "Les deux pyramides septentrionales sont les plus grandes, et ont 900 pieds de hauteur perpendiculaire. Les deux autres sont bien moindres..."
- A. Dufeu dans (Découverte de l'âge et de la véritable destination des quatre pyramides de Gizeh, principalement de la Grande Pyramide, 1873) écrit “Nous avons vu que la Grande Pyramide, ainsi que les deuxième, troisième et quatrième ..."
- Richard et Quétin dans (le Guide en Orient : itinéraire scientifique, artistique et pittoresque, édité en 1851) écrivent "Elles sont au nombre de quatre, à savoir ..."
- Johann Georg Heck dans (The art of building in ancient and modern times ; or architecture illustrated, édité en 1856) écrit "... his successor, erected the fourth. (son successeur construisit la quatrième)".
Sur l'image ci-dessus, prise d'avion au début du 20ème siècle, la flèche désigne une colline, apparemment haute d'environ 25 m (ombre) dont la localisation pourrait correspondre à celle de cette quatrième pyramide dessinée. Le propriétaire aurait tiré parti de la présence d'une colline naturelle et l'aurait recouverte de briques pour construire une pyramide à moindre frais. Sa disparition (des structures artificielles) pourrait être liée à la nature du matériau utilisé pour la construire, dégradation naturelle (briques crues) ou volontaire pour récupération (briques cuites). Enfin, l'utilisation de briques suggère qu'elle pourrait être tardive, vers la 12° dynastie ou époque de l'occupation romaine !
Sur cette photo moderne du plateau de Gizeh, on devine cette colline tout en haut à droite, elle semble en tout cas très érodée (ou ensablée encore plus) et sans ombre particulière de nos jours...
Vous avez ici un lien direct vers une image satellite avec zoom et mouvements possibles, permettant à tout un chacun de voir les lieux, de la carrière citée proche de la 3ème pyramide, ainsi qu'une vue sur les collines (avec manifestement des structures artificielles non excavées ou au contraire ensevelies, dans le prolongement de cette 3ème pyramide... - Adobe Flash nécessaire) et tout le plateau et environs...
Bon, relativisons, car si on compte la tombe de Khentkawes I comme une pyramide (ce qui semble de plus en plus se confirmer), il existe bel et bien déjà 8 pyramides officielles dans la nécropole de Gizeh ! : Pyramide de Khéops • Pyramide de Khéphren • Pyramide de Mykérinos • Pyramide G1A • Pyramide G1B • Pyramide G1C • Pyramide G1D • Pyramide de Khentkaous I...
C'est assez surprenant car vers 2008 tombe la nouvelle de la redécouverte d'une pyramide "oubliée", que certains médias appellent aussitôt "la 4ème Pyramide" perdue... Une redécouverte donc, qui ne sera exploitée réellement par les médias que vers 2014 et 2015, avec même un grand reportage vidéo par la chaîne "Planète", avec une confirmation à l'époque par le grand maître de l'archéologie ancien égyptienne, Mr Hawass (voir les vidéos ci-dessous, trouvées sur le net)... Il s'agit de la redécouverte d'une très grande pyramide, située à 8 kilomètres seulement de la Grande Pyramide de Gizeh, de l'autre côté de la vallée, sur un promontoire qui continue en quelque sorte le plateau de Gizeh. Et cette pyramide est bien aussi attribuée à l'un des successeurs de Kheops, et a été découverte il y a longtemps, au 19ème siècle, par Vyse et Perring, pour être quelque peu "oubliée" ou tout au moins délaissée, par les égyptologues...
Mais si on regarde les archives du net, l'un des premiers articles sur ce sujet provient de la chercheuse Antoine Gigal, dès 2008 : http://www.gigalresearch.com/uk/publications-abu-rawash.php
Cette pyramide, et même une autre dont on parle encore moins (la pyramide 1 de Karl Richard Lepsius), se situe donc à Abu Rawash, le site pyramidal le plus au Nord (et où Napoléon avait installé ses troupes pour surveiller de haut Le Caire). C'est sur ce plateau calcaire escarpé, dominant les terres cultivés du delta du Nil, que le pharaon Djédefrê, connu aussi sous le nom de Rédjédef (IVe dynastie) choisi d'ériger sa pyramide. Cette pyramide, connue sous le nom de el Ka'a, est la plus septentrionale de toutes les pyramides égyptiennes ayant subsisté jusqu'à nos jours. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer le choix de ce site :
- La volonté de marquer son attachement à la IIIe dynastie, dont une nécropole était déjà présente sur le site ;
- La volonté de profiter de la situation dominante du plateau d'Abou Rawash pour dépasser la hauteur absolue de la pyramide de son prédécesseur et père, Khéops, avec une simple pyramide de 68 m (pour une hauteur absolue de 256 m contre 206,7 m pour celle de Khéops, grâce au plateau...).
Mais pourquoi cette pyramide a-t-elle été ainsi "oubliée " ? Deux raisons : Il ne restait que 10 mètres de visible de la pyramide de Djédefrê, la rendant peu attractive et déjà fouillée de multiples fois depuis 1830, se trouvait dans une zone archéologique encore "à l'étude". Mais surtout, cet endroit était un endroit stratégique et base militaire, interdit aux civils...
Les égyptologues modernes ont pensé que la pyramide était en fait inachevée, à cause de la supposée brièveté du règne du pharaon. En effet, Djédefrê traîne une bien mauvaise réputation historique (on en sait beaucoup plus sur lui que sur son père Kheops, qui est pourtant considéré comme le constructeur de la principale merveille du monde antique !) : ayant subi une damnatio memoriae qui voudrait que son règne eut été illégitime : selon la légende, il aurait fait tuer son frère Kaouab Ier pour s'emparer du trône et aurait été banni par la famille, ce qui expliquerait qu'il soit enterré à Abou Rawash au lieu de Gizeh, comme c'était la tradition de la dynastie. Certains voient en Djédefrê le même personnage que le fameux magicien Djédefhor du conte du papyrus Westcar bien qu'un personnage du même nom ait un mastaba aménagé sur le plateau de Gizeh. Dans ce conte célèbre de la littérature égyptienne antique, ce fils de Khéops fait venir à la cour le magicien Djedi qui, après un certain nombre de tours destinés à réjouir le cœur du roi, lui annonce sous forme de prédiction la naissance future de trois enfants mâles conçus par Rê et qui régneront sur le trône... mais ne sont pas de sa descendance. Cette prophétie est censée annoncer l'avènement de la Ve dynastie.
Ce qui est certain c'est que Djedferê est le premier pharaon à porter le qualificatif de fils de Rê (fils du Soleil) dans sa titulature et que le choix du site de sa pyramide rattache un peu plus encore son règne à la théologie héliopolitaine, car située en face de la ville du dieu soleil.
Mais les récentes fouilles de sa "redécouverte" annulent beaucoup de ces interprétations des archéologues (archéologie, qui est une science d'interprétations surtout, qui peuvent durer des décennies, on le voit presque tous les jours...). Car selon les marques de tailleurs de pierre découvertes sur le site de son complexe funéraire à Abou Rawash, son règne aurait duré au moins vingt-trois ans. Ce fait découvert récemment sur le site lors des fouilles et études menées par le Fonds National de la Recherche Suisse et l'Institut français d'archéologie orientale viennent ainsi remette en cause l'idée d'un règne court, à la marge de la dynastie.
Le fait aussi qu'un petit Temple cérémoniel existe sur le côté de la pyramide atteste que cette dernière a bien été finie. Ce genre de Temple était construit après la pyramide terminée. Il semble que cette pyramide ait été démantelée dès l'époque romaine, alors que cela continuait encore au 19ème siècle : Flinders Petrie mentionne à son époque qu'il voyait 300 chameaux par jour sortir du lieu de la pyramide, chargés de pierre... On sait par exemple qu'un certain nombre de blocs furent utilisés par l'Eglise pour la construction du monastère copte voisin... " Si elle ne fut ni la plus grande, ni la plus haute, elle force néanmoins le respect de par la pierre utilisée. Si les pyramides de l’Ancien Empire étaient faites de calcaire, celle de Djédefrê déroge à la règle puisqu’elle se constituait alors d’un parement de granit rose sur un tiers de sa hauteur en partant de la base. Le granit rose étant une pierre bien plus dure à travailler et beaucoup plus longue à acheminer que le calcaire locale. On vit alors en cette pyramide une prouesse véritable. La pyramide fut malheureusement utilisé comme carrière de pierre dès l’époque romaine afin de bâtir une caserne sur le temple funéraire du pharaon ".
On note aussi que Antoine Gigal nous montre des photos d'un escalier monumental, en plein désert, qui descend longuement vers des souterrains. Alors que l'on sait que de nombreux chercheurs ont parlé des souterrains sous les Pyramides de Gizeh y compris Mr Hawass, reconnu à son époque comme l'un des meilleurs égyptologues égyptiens, qui n'a jamais nié leur existence, au contraire.
Mais en fait, la pyramide la plus grande et la plus mystérieuse est bien celle découverte par Lepsius dans les années 1840 : À deux kilomètres à l'est de la pyramide de Djédefrê se trouvent les ruines d'une pyramide anonyme en brique crue (dont les proportions devaient être colossale) construite sur un noyau rocheux abritant la crypte...
Ce monument reste très méconnu malgré une étude préliminaire effectuée par N. Swelim en 1987. Les estimations de la hauteur de la pyramide varie de 107,5 mètres à plus de 150,5 mètres, cette dernière dépassant celle de la pyramide de Khéops. La base devait être de 215 mètres environ. Sa datation est également très discutée, les uns avançant la IIIe dynastie ou la IVe dynastie et les autres la Ve dynastie ou la VIe dynastie. N. Swelim opte pour la IVe dynastie, avançant le fait que le massif de la pyramide bénéficie d'une éminence rocheuse, particularité architecturale propres aux pyramides de cette période.
La superstructure était constituée de gradins en briques crues, semblables à ceux d'une pyramide à degrés, qui furent d'après N. Swelim, recouverts d'un parement donnant l'aspect final d'une pyramide à faces lisses.
Les appartements funéraires suivent le même plan que celui de la pyramide de Djédefrê. Une longue descenderie accessible sur la face nord et inclinée d'un angle de 25°. Cependant, cette descenderie est en grande partie taillée dans le roc et aboutit à une chambre funéraire souterraine, située sous l'apex et dont les dimensions sont de 5,50 mètres de côté à la base et 5 mètres de hauteur.
De fait, cette mystérieuse pyramide anonyme, plantée sur un promontoire calcaire plus élevé que celui de Gizeh, ETAIT la Première Pyramide quand on arrivait du Delta du Nil et la plus élevée en altitude, dominant à son époque toutes les autres !
Les vestiges de la mystérieuse pyramide de Lepsius, dessinés par le découvreur (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_n%C2%B0_1_de_Lepsius)
Newberry, Percy E. “Queen Nitocris of the Sixth Dynasty.” The Journal of Egyptian Archaeology, vol. 29, 1943, pp. 51–54. JSTOR, JSTOR, https://www.jstor.org/stable/3855037?seq=1#page_scan_tab_contents
WIKIPEDIA
Yves Herbo et Traductions, Sciences-Faits-Histoires.com, http://herboyves.blogspot.com/, 18-08-2018, 01-09-2018
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