Découverte de la fille d'une Néandertalienne et d'un Dénisovien
C'est une découverte extraordinaire qui vient d'être annoncée et publiée dans l'une des éditions référencées à comité de lecteurs préférées des scientifiques, Nature, par les auteurs Viviane Slon, Fabrizio Mafessoni et Benjamin Vernot du Département de génétique évolutive, Institut Max Planck d'anthropologie évolutive, Leipzig, Allemagne. Le type de découvertes rêvées par tous les archéologues, anthropologues et généticiens biologistes, celles qui confirment par des faits des analyses génétiques amenant jusqu'à présent de bonnes suppositions.
Voici le résumé de la publication : " Les Néandertaliens et les Dénisoviens sont des groupes éteints d'hominidés qui se sont séparés (d'après la génétique) il y a plus de 390 000 ans. Nous présentons ici le génome de 'Dénisova 11', un fragment d'os de la Grotte Dénisova (Russie) et montre qu'il provient d'un individu qui avait une mère néandertalienne et un père Dénisovien. Le père, dont le génome porte des traces d'ascendance néandertalienne, était issu d'une population apparentée à un Dénisovien retrouvé dans la grotte. La mère venait d'une population plus proche des Néandertaliens qui vivaient plus tard en Europe que d'un ancien Néandertalien trouvé dans la grotte Dénisova, suggérant que les migrations de Néandertaliens entre l'Est et l'Ouest de l'Eurasie se sont produites il y a 120 000 ans.
La découverte d'une progéniture de Néandertal-Dénisovan de première génération parmi le petit nombre de spécimens archaïques séquencés à ce jour suggère que le mélange entre des groupes d'hominidés du Pléistocène tardif était courant lorsqu'ils se sont rencontrés ".
Fragment d'os de « Denisova 11 », découvert en 2012, par des archéologues Russes dans les montagnes de l'Altaï en Sibérie (grotte Dénisova). © Ian Cartwright - University of Oxford/Max Planck Institute/AFP
Quelques détails sur la découverte et la publication :
Un minuscule fragment d'os daté de 50 000 ans apporte aujourd'hui la preuve d'un accouplement entre ces deux espèces distinctes de la lignée humaine supposée, le genre "Homo", dont l'Homo Sapiens (Homme Moderne) en est un autre représentant, non éteint. « C'est la première fois qu'on trouve un descendant direct de ces deux groupes », explique à l'AFP Viviane Slon, de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig en Allemagne.
Ce que nous savons à ce jour d'après l'archéologie, c'est que l'Homme de Néandertal s'est éteint physiquement sur notre planète il y a environ 40.000 ans (plutôt il y a entre 28 000 et 24 000 ans dans le sud de l'Europe), pour une raison toujours inconnue, les suppositions faisant intervenir Homo Sapiens (Homme Moderne) dans cette extinction, mais d'autres hypothèses demeurent. Les Dénisoviens ont aussi disparu, mais l'on ne sait pas exactement quand, par manque de données archéologiques et génétiques, ni la ou les raisons de cette extinction évidemment.
Fig. 1: Localisation des Néandertaliens (bleu), des Denisovans (rouge) et des anciens Humains Modernes (jaune) datant d'environ 40 ka ou plus tôt. (University of Oxford/Max Planck Institute)
Par contre, des analyses ADN (qui progresseront avec de nouvelles découvertes d'échantillons analysables), ont prouvé que l'Homme de Dénisova a laissé une partie de son génome à certains Homo sapiens (Homme Moderne). Ces résultats actuels démontrent qu'on trouve moins de 1 % du génome dénisovien chez les populations asiatiques et amérindiennes, et jusqu'à 5 % pour les aborigènes d'Australie ou les Papous de Nouvelle-Guinée. De la même manière, tous les Hommes Modernes, à l'exception des Africains, ont dans leur génome environ 2 % d'ADN légué par Néandertal, preuve des croisements qui ont pu se produire entre ces trois "espèces" (ou trois "cousins" dans un lointain passé, voir sur les dernières découvertes sur l'ancienneté de Homo Sapiens (Homme Moderne), notamment au Maroc, Libye, Egypte, Israel, Arabie Saoudite et régions préhistoriques voisines).
Ce croisement entre "cousins" (donc compatibles biologiquement d'après cette naissance) est avéré par un os de 1,5 centimètre, voir photo en haut) si petit qu'il a fallut attendre de longues analyses et méthodes pour que les chercheurs puissent affirmer qu'il avait appartenu à un hominidé. Cet os a été trouvé en 2012 dans la fameuse grotte Dénisova dans les montagnes de l'Altaï en Sibérie, près de la frontière moderne entre la Russie et la Mongolie. Entre 2012 et cette publication de 2018, les chercheurs ont découvert que cet os appartenait à une hominidée, qu'ils ont nommé « Denny », de sexe féminin, d'au moins 13 ans, qui vivait dans l'Altaï il y a plus de 50.000 ans (limite du C14). L'os viendrait de son fémur, de son humérus ou de son tibia.
Relationships and gene flow events between Neanderthal and Denisovan populations inferred from genome sequences. Ci-dessus un arbre représentant les événements de relations et flux de gènes entre Néanderthaliens et Denisoviens croisés avec les séquences des génomes connues de ces populations, avec en jaune un probable ancêtre commun X, en bleu Néanderthal, en rouge Dénisova et violet "DénisoNéander - Denny". (University of Oxford/Max Planck Institute)
Les résultats des généticiens sont la visualisation des chromosomes hérités par la jeune femme de son père et de sa mère. Pas de doute scientifique, ils lui ont été légués par une Néandertalienne et un Dénisovien... « J'ai d'abord pensé qu'il y avait eu une erreur en laboratoire », raconte Svante Pääbo, également chercheur à l'Institut Max-Planck et coauteur de l'étude. En quittant l'Afrique, les Néandertaliens se sont dispersés en Europe et dans l'ouest de l'Asie tandis que les Dénisoviens se sont dirigés vers l'Asie de l'Est. YH : 1) Nous n'avons pour l'instant aucune preuve de la présence dénisovienne en Afrique ! 2) Ce pourrait-il que cette répartition géographique soit volontaire et donc concertée ? Ce manque de préjugés et apparente "amitié" entre deux espèces pourrait contredire les "résonnements" scientifiques modernes (qui sont peut-être de réels préjugés hérités des problèmes psychologiques agressifs de l'homme moderne) sur des comportements "sauvages" supposés lors de la préhistoire de l'humanité...
« Néandertaliens et Dénisoviens n'ont peut-être pas eu beaucoup d'occasions de se rencontrer. Mais quand cela arrivait, ils ne semblaient pas avoir de préjugés les uns envers les autres », note Svante Pääbo qui est à l'origine de l'identification de l'Homme de Denisova. « Ils devaient s'accoupler fréquemment, beaucoup plus que ce que nous pensions auparavant, sinon, nous n'aurions pas été aussi chanceux », ajoute-t-il.
Sources : Nature
https://static-content.springer.com/esm/art%3A10.1038%2Fs41586-018-0455-x/MediaObjects/41586_2018_455_MOESM1_ESM.pdf
Yves Herbo (C) et Traductions, S-F-H, http://herboyves.blogspot.com/, 25-08-2018, 06-09-2018
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