Il y a 2,3 milliards d'années, une vie complexe a existé pendant 200 millions d'années
Ce fossile d'un organisme pluricellulaire, ici reconstitué en 3D par microtomographie X, a été découvert au Gabon, dans des roches vieilles de deux milliards d'années ! © Kaksonen, photothèque CNRS
L'étude des plus vieux fossiles pluricellulaires connus et présentés au public en 2010
bouleverse une nouvelle fois les fausses réalités apprises consciemment
ou non quant aux théories approuvées jusqu'à présent. Cette étude
révèle non seulement de nouvelles données sur notre atmosphère passée et
le taux de son oxygène, mais prouve que, pendant au moins 200
millions d'années, grâce au premier gros apport en oxygène sur la
planète, une vie complexe et pluricellulaires s'est largement développée
(avec des tailles de 1 centimètre à 25 centimètres) il y a 2,3
milliards d'années. Certes, les seuls fossiles jamais trouvés
ne sont que ces masses pluricellulaires, ce qui ferait penser que la
chute prouvée du taux d'oxygène 200 millions d'années après
aurait empêché un développement complet et une évolution. Mais
méfions-nous des pensées faciles si souvent détrompées en pensant au
développement très rapide après l'autre grosse "invasion d'oxygène" dans
l'atmosphère au Cambrien, il y a un peu plus de 500 millions d'années,
et aussi au simple fait que notre propre civilisation et notre histoire
complète sont assez petites en durée, même par rapport aux premiers 200
millions d'années...
Citation de
: " Après sa formation, notre atmosphère comportait environ 100.000 fois moins de dioxygène (O2) qu’aujourd’hui, de quoi fortement limiter le développement de formes de vie complexes. Cependant, cela n’a pas empêché l’apparition de la photosynthèse il y a 3,8 milliards d’années, durant le Précambrien. Elle était alors pratiquée par des cyanobactéries qui libérèrent de grandes quantités d’oxygène dans les océans.
Seulement voilà, il s’est d’abord lié avec des composés ferreux
présents dans l’eau (précipitation d’hématite et de magnétite).
Ainsi,
il a fallu attendre qu’une grande partie du fer marin soit consommé
avant que de l’oxygène ne soit libéré en masse dans l’atmosphère, ce qui
est arrivé voici 2,3 milliards d’années lors de la Grande Oxygénation.
Ensuite, de nombreux ouvrages expliquent que sa concentration n’a fait
qu’augmenter par plateau pour atteindre sa valeur actuelle : ils se trompent ! Le taux atmosphérique d’O2 n’a cessé de monter puis de redescendre durant l’histoire de notre planète. Une nouvelle étude publiée par Donald Canfield de l’université du Danemark du Sud dans la revue Pnas, dans le cadre d’un projet coordonné par Abderrazak El Albani, de l’université de Poitiers, vient de nous le rappeler.
Les
fluctuations de la concentration en oxygène dans l’atmosphère ne sont
pas sans conséquence sur l’environnement, notamment d’un point de vue
géologique. Ainsi, en analysant des roches sédimentaires trouvées au
Gabon, grâce à différents marqueurs (isotopes du molybdène et carbone
13, entre autres), les chercheurs sont parvenus à retracer l’évolution
du taux d’O2 dans l’air durant une période qui s’étend de -2,150 à -2,080 milliards d’années, donc un peu plus de 200 millions d’années après la Grande Oxygénation. Voici deux milliards d'années, la concentration atmosphérique en oxygène aurait été au plus bas !
Ces fossiles sont ceux d'êtres pluricellulaires qui ont vécu voici deux milliards d'années. Plus de 500 individus ont été récoltés à ce jour. Certains ne font que 1 cm de long, tandis que d'autres atteignent 25 cm. © Abderrazak El Albani
Les sédiments marins montent, l’oxygène descend
En
effet, les sédiments les plus anciens (-2,150 milliards d’années)
étaient plus riches en carbone que les roches les plus jeunes (-2,080
milliards d’années). Mais comment l’expliquer ? Durant la Grande
Oxygénation et les 200 millions d’années qui ont suivi, des organismes
photosynthétiques ont produit de l’oxygène tout en intégrant du carbone.
Une fois morts, ils ont précipité vers les fonds marins, provoquant
ainsi un stockage du carbone dans les sédiments marins. Ayant moins de
possibilités d’interagir, l’oxygène se serait alors accumulé dans
l’atmosphère.
L’astuce,
c’est qu’il réagissait également avec des roches terrestres, les
érodant progressivement. Les précipitations ont alors emporté des
nutriments (phosphore et fer, par exemple) vers les océans, où ils ont
favorisé le développement des micro-organismes, et donc la capture
d’encore plus de carbone. Ce cycle aurait pu se poursuivre sans fin
mais… des sédiments marins ont fini par remonter en surface,
probablement par le jeu de la tectonique des plaques (YH : notons ici
tout de suite que le même phénomène peut aussi se produire à cause de la
fonte du permafrost sibérien et canadien, et que la tectonique des
plaques n'est peut-être pas la principale raison, mais plutôt les
changements climatiques...). La matière organique accumulée au fil du temps se serait alors massivement oxydée, ce qui aurait consommé une grande fraction de l’oxygène présent dans l’atmosphère, en produisant du CO2 en retour.
Un essai évolutif abordé par la raréfaction de l’oxygène
Grâce à d’autres travaux réalisés par la même équipe, nous savons également que le
taux d’oxygène a à nouveau augmenté voici 1,9 à 1,8 milliard d’années,
avant de finalement baisser à un niveau qui a limité le développement de
formes de vie complexes durant un milliard d’années. La suite… nous la
connaissons. Il y a 542 millions d’années environ, l’oxygène a atteint
une concentration qui a permis à la vie de se développer rapidement : il
s'agit de l’explosion cambrienne.
Ce qui n’a pas encore été dit, c’est que ces analyses ont été réalisées sur des roches qui entourent des fossiles d’êtres pluricellulaires présentés en 2010.
Or, plus aucun organisme complexe n’a été observé dans les roches du
Paléoprotérozoïque après la chute drastique de la concentration en
oxygène. Selon Abderrazak El Albani, nous pouvons dès lors imaginer la théorie suivante : des
formes de vie complexes n’auraient-elles pas essayé de se développer
voici deux milliards d’années, avant que les conditions
environnementales ne mettent fin à cet essai évolutif ? ".
www.futura-sciences.com/magazines/terre/infos/actu/d/geologie-precambrien-oxygene-atmospherique-eu-hauts-bas-49811/#xtor=RSS-8
Yves Herbo-SFH-10-2013
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