Climat : actualité des modifications climatiques
En Arctique, les 100 dernières années sont les plus chaudes depuis 44000 ans minimum
L'île de Baffin est dans l'est du Grand Nord canadien. On compte actuellement 11.000 habitants, pour une île qui fait plus de 500.000 km2 de surface. Si on ne compte pas l'Australie, l'île de Baffin est la cinquième plus grande au monde. © Ansgar Walk, Wikipédia, cc by sa 2.5
Le réchauffement que connaît actuellement l’Arctique n’a pas été égalé depuis au moins 44.000 ans.
Pour la première fois, une équipe scientifique montre, preuves à
l’appui, que le réchauffement actuel dans l’est du Grand Nord canadien défie la variabilité naturelle du climat.
Depuis les années 1970, la banquise arctique perd 12 % de sa surface totale par décennie. Le Giec rapporte par ailleurs que la fonte de la calotte polaire groenlandaise s’est accélérée, elle perdait 34 Gt d’eau par an entre 1992 et 2001, et six fois plus entre 2002 et 2011.
Il n’y a pas de doute, le pôle Nord réagit au changement climatique,
mais le débat sur le rôle de l’activité anthropique est toujours aussi
vif. Pour une équipe de l’université du Colorado à Boulder, le constat
est sans appel, le réchauffement actuel se détache de tout ce qui a pu être attribué à la variabilité naturelle du climat.
Preuves à l’appui, l’équipe montre que la température estivale dans l’est du Grand Nord canadien est plus haute ces 100 dernières années que durant n’importe quel siècle des dernières 44.000 années. Il est même probable qu’elle majore la température des siècles survenus jusqu’à voilà 120.000 ans. Leurs résultats, publiés dans les Geophysical Research Letters constituent la
première preuve directe que le pic de température actuel dépasse celui
du début de l’Holocène, où l’hémisphère nord recevait pourtant 9 % de
rayonnement solaire supplémentaire.
L’équipe de l’université du Colorado, menée par le chercheur Gifford Miller, base ses résultats sur la datation au radiocarbone de plantes de la toundra,
de plus en plus apparentes avec le recul des glaciers. Les
scientifiques en ont daté plus de 145, découvertes en différents points
géographiques de l’île de Baffin. C’est la plus grande île canadienne, et la sixième plus grande au monde. La majeure partie de l’île est située dans le cercle arctique, et
le terrain y est si plat que le paysage emprisonné sous les glaces est
resté quasiment intact au fil du temps. En quatre points différents de
l’île, la datation au carbone indique que les plantes n’ont pas été
exposées aux éléments depuis 44.000 à 51.000 ans.
Le
chercheur Gifford Miller est recueille des racines de plantes, qui
jusqu'à il y a encore peu était emprisonnées dans la glace. © Gifford
Miller, Université du Colorado
Depuis 20 ans, le recul des glaces sur l’île de Baffin est drastique
Comme la datation au carbone n’est fiable que pour une période de 50.000 ans,
il est impossible d’utiliser la méthode pour déterminer si les plantes
sont encore plus vielles que cela. Toutefois, les données d’archives
géologiques de carottes indiquent qu’au-delà de 50.000 ans, la Terre
était en période de glaciation. D’après ces données géologiques,
il faudrait remonter au moins jusqu’à 120.000 ans de cela pour
retrouver les même conditions de température qu’aujourd’hui.
La
clé de l’étude est bien là. L’augmentation de température actuelle
défie la variabilité climatique naturelle. « Bien que la température de
l'air en Arctique augmente depuis 1900 environ, le réchauffement le plus important sur l’île de Baffin a vraiment commencé dans les années 1970, explique Gifford Miller dans un communiqué de l’université du Colorado. Au
cours de ces 20 dernières années, le réchauffement de la région a été
tout simplement sensationnel. Toute la glace de l'île de Baffin est en
fusion, et nous nous attendons à ce que les calottes glaciaires
disparaissent à terme, même s'il n'y a pas de réchauffement supplémentaire. »
Par
L'eau de surface se raréfie dans le sud de la France
Une
étude réalisée par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques
(Onema) et l'Institut national de recherche en sciences et technologies
pour l'environnement et l'agriculture (Irstea) montre que sous l'impact du changement climatique, l'eau de surface se raréfie dans le sud de la France.
Ce
qui est longtemps resté une hypothèse est à présent confirmé. Au-delà
de la pression grandissante imputable à la démographie et à
l'urbanisation, à l'agriculture et à l'énergie, l'augmentation des
températures moyennes – qui a d'ailleurs un impact plus sensible que les
modifications du régime des précipitations – suscite une aggravation des sécheresses.
L'étude de l'Onema s'appuie sur le patrimoine statistique exceptionnel de la France dans ce domaine. Les auteurs – Ignazio Giuntoli, Pascal Maugis, Bénédicte Augeard et Benjamin Renard
– ont analysé les données collectées quotidiennement par 236 stations
hydrométriques en métropole et 14 dans les départements d'Outre-mer
depuis au moins quarante-cinq ans. Celles-ci mesurent l'importance des
étiages (lorsque le niveau de la rivière est au plus bas), le débit
annuel moyen, les hautes eaux.
SÉVÉRITÉ ET PRÉCOCITÉ DES PÉRIODES DE SÉCHERESSE
Les
stations sélectionnées analysent des cours d'eau qui n'ont pas été
bouleversés de façon conséquente soit par la construction d'un barrage
hydroélectrique ou de tout autre aménagement, soit parce que ces
rivières n'ont pas subi de prélèvements importants sur une longue
période. Ces données journalières ont été passées au crible : la
sévérité des étiages en particulier, c'est-à-dire l'importance du
déficit en eau, la durée de la période de sécheresse et la précocité à
laquelle celle-ci se produit dans la saison.
Une fois nourris de ce travail, les modèles mathématiques indiquent une incontestable aggravation du manque d'eau pour la période 1967-2007 dans plusieurs régions de la moitié sud de la France : dans les Pyrénées, le Massif central, le Jura, ainsi qu'en Aquitaine et sur le pourtour méditerranéen. Dans le sud-est du territoire et dans quelques cours d'eau de Bretagne, la saison des étiages a en outre tendance à commencer de plus en plus tôt.
Au chapitre des hautes eaux, qui peuvent se traduire par des inondations, les auteurs se montrent plus circonspects dans leurs conclusions. Ils notent cependant une tendance à l'augmentation du maximum annuel de débit dans le nord-est qui peut croître au rythme de 3 % à 5 % par décennie. Quel que soit l'indicateur retenu, les différentes cartes de cette étude laissent apparaître des signaux d'alarme nets pour les départements situés aux contreforts des Pyrénées où de vives tensions existent déjà en été pour l'accès à l'eau.
Prudemment, les auteurs ne prennent pas le risque de présenter ces tendances à la raréfaction de l'eau
comme une preuve irréfutable du réchauffement de la planète, compte
tenu du rôle possible des oscillations climatiques. Il n'empêche,
écrivent-ils, ce panorama qui, contrairement à la précédente étude de
2006, est "statistiquement significatif", met en évidence "une situation
de tension sur la ressource", confirmée par de nombreuses observations de terrain.
Notons aussi que d'après cette une étude de l'Institut de recherche sur l'impact climatique de Postdam (PIK) publiée dans Environmental Research Letters, le changement climatique va créer ou accroître la pénurie en eau pour environ 500 millions de Terriens, dans le scénario optimiste d'un réchauffement contenu à 2°C en 2100, notamment en Asie, en Afrique du Nord et dans la région méditerranéenne.
La fonte des glaces de l'Arctique pourrait augmenter les précipitations estivales en Europe du nord
Une nouvelle recherche publiée dans ERL offre une explication pour la récurrence extraordinaire des étés humides rencontrées par la Grande-Bretagne et l'Europe du Nord-Ouest entre 2007 et 2012.
L'étude, en utilisant un modèle informatique pour étudier comment le
recul spectaculaire de la banquise arctique influence le climat, a
constaté que la perte de la banquise arctique déplace le
jet-stream plus au sud que la normale, entraînant une augmentation de la
pluie durant l'été en Europe du nord.
Figure
3. (a) Observed 300 hPa zonal wind (m s−1) averaged over the 10%
wettest summer months over northern Europe (15° W–20° E, 45–60° N; shown
by dashed box). (b) As (a), but for the 10% driest summer months over
northern Europe. ((c), (d)) As ((a), (b)), but for the simulations.
((e), (f)) Differences between (a) and (b), and between (c) and (d),
respectively. Black contours show the p = 0.1 statistical significance
level. - Figure 3. (a) Observé 300 hPa vent zonal (ms-1) en moyenne sur 10% des mois les plus pluvieux de l'été sur le nord de l'Europe (15 ° W-20 ° E, 45-60 ° N; délimité par des pointillés). (b) Comme (a), mais pour 10 % des mois les plus secs de l'été en Europe du Nord. ((c), (d)) As ((a), (b)), mais pour les simulations. ((e), (f)), les différences entre (a) et (b), et entre (c) et (d), respectivement. Les Contours noirs montrent le p = 0,1 seuil de signification statistique.
Yves Herbo-SFH-10-2013
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