Caraibes et archéologie : les découvertes en République Dominicaine
Quand on parle des Caraïbes, on cite souvent les pirates et les corsaires, le rhum, Christophe Colomb, les tropiques et le sable fin. Certains parlent parfois du Triangle des Bermudes, ou encore de l'Atlantide et de Bimini, de pyramides englouties au large de Cuba...
mais on n'entend jamais personne se soucier d'antiquité ou de
préhistoire dans ces régions. Pour une majorité de gens, ces territoires
sont jeunes et étaient vierges, voir inconnus avant les débuts de
l'esclavagisme et de l'arrivée des conquistadores espagnols...
Quelle ne fut donc pas la surprise de Sir Robert H. Schomburgk lorsqu'en 1849, il découvrit les grottes de Borbon ou " del Pommier " et leurs peintures rupestres étonnantes. Ses écrits, publiés en 1854 à
Londres, restent parmi les plus anciens connus parlant des peintures
rupestres au niveau mondial. C'était tellement inattendu d'ailleurs pour
la science de l'époque, que cette découverte faite en République
Dominicaine (ou île Hispaniola, où Colomb établi ses quartiers à son
arrivée) retomba assez vite dans l'oubli...
Situées à environ 35 kilomètres à l'ouest de Santo-Domingo (Saint-Domingue) et à côté du village de Borbon, c'est 55 cavités
qui ont été localisées dans un petit karst composé de collines boisées
atteignant les 170 mètres de hauteur. Ces grottes sont en majorité des
abris sous roche, des grottes horizontales d'environ 200 mètres de
développement, ou de grottes plus importantes accessibles par des puits
et des dolines d'effondrements (sur 10 à 40 mètres) et recoupant des
galeries ou tunnels importants.
Ce sont dans ces sanctuaires que des amérindiens, identifiés d'abord comme des Arawaks (Caribs) et des Tainos, mais aussi depuis par les Igneri,
considérés comme les vrais indigènes pré-colombiens, habitant les
Bahamas, les Grandes Antilles et quelques petites îles antillaises, et
qui ont laissé des peintures et des témoignages de leur lointaine
culture. Des datations ont confirmé un âge étalé sur 8000 à 2000 ans pour ces peintures, et on sait aussi qu'un peuple s'est installé très tôt à Cuba par exemple puisque des traces très anciennes y auraient été découvertes récemment...
Ce n'est qu'en 1955 qu'un prêtre, Tarciso Villanueva, accompagné de jeunes scouts, redécouvrira la " Cueva del Corral ", et ce n'est qu'en 1976 qu'une mission du Museo del Hombre Dominicano, dirigée par Dato Pagan Perdorno,
réalise les premiers relevés topographiques et photographiques de ces
cavités, ce qui provoque en même temps leur classification en tant que
"parc national". Depuis, Domingo Abreu Collado
(président du seul groupe spéléologique de l'île), lutte pour la
reconnaissance et protection de ces sites. Car malgré leur classement
comme parc national, le site archéologique n'a jamais fait l'objet de
protection réelle ni d'attention particulière.
La
scène internationale avait été alertée lors du 8ème symposium
international d'art rupestre américain qui s'était déroulé à
Saint-Domingue en juin 1987. En 1992, Robert Bednarik
écrivait dans le rapport INORA (t17) l'importance de ces sites et
faisait état de demandes répétées auprès de l'IFRAO pour une
intervention directe de cet organisme. Malheureusement, cela est resté
sans suite et les préjudices causés à ces sites se poursuivent et
atteignent un degrés de risques pouvant provoquer leur destruction pure
et simple.
Des
carriers sans scrupules dynamitent au-delà de leurs limites
d'exploitation à l'intérieur même du parc national. Des tirs ont eu lieu
à 6 - 8 mètres de l'entrée de la Cueva la Cigua, provoquant le
détachement des parois d'un bloc de 50 à 60 tonnes...
YH
: peintures rupestres dans les grottes et interprétations des
archéologues concernant ces rites dits "chamaniques" (cliquer dessus
pour lire)
On note que ce n'est qu'en 1996 que ces sites ont enfin reçu une protection officielle, après quelques endommagements malheureusement irréversibles...
Ceci est un extrait de la Lettre Internationale d'informations sur l'Art Rupestre (I.N.O.R.A en anglais) N° 7 de 1994, une édition du Dr. Jean Clottes
qui est intéressante car l'une des rares publications archivée de
l'époque sur ce qui se trouve dans les Caraïbes au niveau antique, voir
préhistorique.
" Given the international importance of these caves for the study of Amerindian groups that inhabited the Caribbean Islands for nearly 8,000 years prior to the arrival of western culture, the caves are being considered for the unique category of Capital Prehistoric De Las Antillas (Prehistoric Capital of the Antilles) and the rehabilitation of one of its caves and its surrounding area to match this new category. "
Autre source : https://en.wikipedia.org/wiki/Pomier_Caves
YH
: on ne peut s'empêcher de faire la relation entre ces dessins de
silhouettes d'oiseaux et les dessins similaires trouvés sur l'ïle de Paques,
ainsi que toutes les légendes (mondiales) parlant des hommes-oiseaux ou
dessinant des hommes-oiseaux... à ce titre, il est encore difficile
d'appuyer la thèse de "culture locale" ou "d'un peuple"... mais bien
plutôt d'une culture très ancienne et mondiale, trouvable sur tous les
continents, et à des périodes pas très éloignées les unes des autres en
final...
Ile de Paques-l'Homme-Oiseau
Yves Herbo Archives, Sciences, Faits, Histoires, 24-11-2014
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