Le mystérieux peuple des Natoufiens, découvertes récentes
Les Natoufiens sont appelés ainsi par les archéologues car c’est le long des berges d’une petite rivière nommée Natouf, à environ 15 kilomètres au nord-ouest de la ville de Lod en Israël, plus précisément en Judée occidentale, que les premières traces de leur existence ont été découvertes. On ne connaît pas leur origine réelle, mais on retrouve leur culture sur une large bande du Moyen-Orient, qui s’étale du Jourdan jusqu’à la Syrie. Leur ancienneté les fait toujours assimiler à des chasseurs-cueilleurs, mais leur sophistication de plus en plus démontrée au fil du temps en a déjà fait une culture « intermédiaire entre le paléolithique et le néolithique ».
En fait, il ne s’agit plus tout à fait de simples chasseurs-cueilleurs mais aussi de constructeurs, semi-sédentaires, probablement de cultivateurs-agriculteurs « avant l’âge », mais aussi, on le découvre maintenant, de pratiquants religieux et de guérisseurs-chamans, parmi les premiers connus maintenant, et ayant des connaissances des plantes très avancées.
On situe maintenant leur culture comme étant de « 15.000 ans à 8.000 ans environ » avant maintenant… et comme étant probablement l’une des toutes premières cultures humaines basées sur l’agriculture, l’élevage et la construction de maisons fixes, sédentaires, avec un outillage de plus en plus sophistiqué de pierre polie et la poterie en céramique. Ils se sont donc nourris à la fois des animaux locaux (gazelles, oiseaux, tortues, poissons) et aussi de céréales et légumes sauvages, avant de les domestiquer ou de les faire pousser par eux-mêmes…
Leur répartitions par petits groupes sur de grands espaces fait penser aux spécialistes qu’ils ont réduit volontairement leurs territoires de chasse propre à chaque groupe pour adopter une semi-sédentarisation dans leurs terrains , avec l’utilisation d’outils en pierre pour broyer les céréales sauvages en farines, avec une domestication du chien notamment.
Chose remarquable, les Natoufiens ont très tôt construit de petites maisons et des silos en fosses pour y stocker des réserves de céréales sauvages. Mieux que ça, tout récemment en 2014, les archéologues de l’Université Hébraïque de Jérusalem ont découvert une tombe mystérieuse sur le site de Hilazon Tachtit. Selon Leore Groszman, l’une des archéologues ayant déterré et étudié cette tombe, il s’agit à l’évidence de la tombe d’une femme-chamane de 45 ans environ, ayant revêtu à son époque une grande importance ou notoriété.
Datée de 12.000 ans, il s’agit de l’un des plus anciens exemples connus sur ce type de pratique, et en tout cas un cas unique dans la région et cette ancienne culture.
Schéma montrant la tombe de Hilazon Tachtit avec le squelette entouré d'offrandes. Crédit : P. Groszma
Les preuves sont multiples et comparables à d’autres exemples connus plus récents : cette tombe ne contient qu’un seul corps et, surtout, ce dernier est entouré d’un grand nombre d’offrandes et témoins, parmi lesquels ont trouve 50 carapaces de tortues complètes, des os en nombre d’aigles royaux, un pelvis de léopard, des crânes de martes (une espèce de belette) et même un pied humain complet ! Exactement ce qu’on s’attend à trouver dans la tombe d’un chaman, hautement considéré par les siens pour ses capacités à entrer en communication avec le monde des esprits-animaux ou des ancêtres, afin d’intercéder auprès d’eux pour, par exemple, guérir des maladies ou obtenir une bonne chasse.
Les détails des restes d'animaux trouvés dans la tombe. Crédit : Gideon Hartman.
D’autres indices prouvent que cette personne – qui présentait de plus l’évidence d’une difformité au niveau de la colonne vertébrale à cause d’un squelette asymétrique – était une chamane guérisseuse : un pilon et un mortier présent dans la tombe, permettant classiquement la préparation de potions de soins, en plus du fait que le nombre d’offrandes, difficiles à se procurer et ayant nécessité un déploiement de temps et d’énergie important dans la région…
La découverte est lisible dans un article publié récemment dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (USA) et ajoute à d’autres découvertes de 2013, notamment de nouveaux indices sur les comportements funéraires, les rituels et l'alimentation des natoufiens.
Les Natoufiens, dans l'ancien Israël, enterraient non seulement leurs morts avec des fleurs, mais ils avaient aussi apparemment une connaissance avancée de l'utilisation des plantes; non seulement pour leur consommation, mais aussi pour des rituels chamaniques…
La première preuve de l'utilisation de lits de fleurs pour l'enterrement, il y a plus de 13,700 ans, a été trouvée dans la grotte Raqefet au Mont Carmel, au cours de l'été 2013.
Dans quatre tombes différentes de la période Natoufienne, qui remontent entre 13 700 à 11700 ans, des dizaines d'empreintes de sauge et de variétés de menthe ont été trouvées sous des squelettes humains.
Le professeur Dani Nadel de l'Université d'Haïfa et ses collègues affirment que l'utilisation des plantes dans la grotte Raqefet était beaucoup plus large que pour quelques rituels funéraires. Dans un article publié dans le Journal of Anthropological Archaeology, ils décrivent comment les habitants du Mont Carmel de l'époque utilisaient les graines et les plantes dans la vie de tous les jours, en se basant sur les phytolithes trouvés dans la grotte.
Les habitants de Raqefet faisaient partie de la culture Natoufienne. Ils ont également été parmi les premiers groupes connus à créer des cimetières, espaces définis dans lesquels ils enterraient leurs morts au fil des générations.
Raqefet était un lieu de sépulture : 29 squelettes de bébés, d'enfants et d'adultes ont été découverts dans la grotte, lors de fouilles menées entre 2004 et 2011. Les chercheurs ont également constaté environ une centaine d’installations creusées dans la roche, de différentes tailles et formes : depuis de minuscules trous de 2 à 5 centimètres jusqu'à de larges cupules, des petits bols et des mortiers.
Certains de ces trous ont été utilisés pour faire de la nourriture, notamment pour moudre ou écraser les céréales, d'après les scientifiques. Ils se sont basés sur les échantillons de phytolithes prélevés sur les tombes, et d'autres endroits dans et autour de la grotte en comparaison.
Les phytolithes sont des minuscules particules de silice rigides formées par les plantes qui continuent d'exister longtemps après sa décomposition. Leurs morphologies distinctes permettent aux scientifiques d'identifier les espèces de plantes que les hommes des cavernes utilisaient il y a des milliers d'années. (YH : mais il semble que le terme « hommes des cavernes » soit peut-être inadéquat pour les Natoufiens : il semble les avoir surtout utilisé comme cimetière ou « fabrique » d’outils ou de farines selon les découvertes !)
Des concentrations de phytolithes plus élevées ont été trouvées dans les sédiments liés à l'activité humaine, ont rapporté M. Robert C. Power, de l'Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutionnaire et le professeur Arlene M. Rosen du département d'anthropologie de l'Université du Texas, Austin.
La principale catégorie de plante trouvée dans la grotte était les herbes. Comme l'homme moderne, ils mangeaient évidemment des graines de blé et d'orge ainsi que des plus petites graines de plantes qui ne sont plus utilisées aujourd'hui pour la consommation. Mais les espèces de plantes qui sont la source des phytolithes ne peuvent pas toujours être clairement identifiées.
Un intérêt particulier a été donné aux phytolithes extraits de sédiments près de l'abdomen de deux des hommes enterrés dans la grotte. Nadel et ses collègues pensent qu'ils peuvent représenter une offrande de nourriture au mort, ou leur régime alimentaire classique.
Ainsi, les graminées à petites graines auraient été consommées dans la grotte de Raqefet, comme un aliment important: probablement était-ce un dernier repas.
Cette notion serait à rapprocher d’une autre constatation au même endroit : les habitants de Carmel faisaient des veillées avec de la viande, en particulier de la gazelle, après avoir enterré leurs morts.
Il y avait d'autres actes symboliques dans la grotte, comme la pose de dalles de pierre près de la tête des morts, et pose de pierres plates horizontalement au-dessus de plusieurs tombes.
Avec les fleurs dans certaines des tombes et donc des offrandes végétales au mort, une idée plus précise des comportement rituels et symboliques en ce qui concerne les sépultures d’il y a environ 13.000 ans, est en train d’être révélée.
Source: Haaretz: "Carmel cavemen used plants in rituals 13,000 years ago, archaeologists find"
UNE MAISON VIEILLE DE 10000 ANS TROUVÉE À ESHTAOL EN ISRAEL
Les archéologues ont fait plusieurs trouvailles surprenantes lors de fouilles sur un chantier de construction en Israël. Ils ont trouvé des haches de pierre, un temple "cultuel" et, surtout, les traces d'une maison vieille de 10.000 ans...
Sur la photo, la maison âgée de 10000 ans, l'habitation la plus ancienne à ce jour en Shéphélah Judéenne. Credit: Ya'akov Vardi, courtesy of the Israel Antiquities Authority
Les découvertes faites fournissent une image assez détaillée du développement humain sur des milliers d'années : depuis le moment où les gens ont commencé à s'installer dans des maisons jusqu'aux premiers jours d’une planification urbaine (village, rues, temples…).
La fouille a eu lieu à Eshtaol, situé à environ 25 kilomètres à l'ouest de Jérusalem, lors des premiers préparatifs pour l'élargissement d'une route israélienne.La plus ancienne découverte sur le site est un bâtiment du huitième millénaire avant notre ère, au cours de la période néolithique.
"C'est la première fois qu'une telle structure aussi antique est découverte dans la Shéphélah Judéenne" ont déclaré les archéologues et l'IAA (Israel Antiquities Authority), se référant aux plaines à l'ouest de Jérusalem.
Le bâtiment semble avoir subi un certain nombre de travaux de rénovation et représente une époque où les hommes ont commencé à vivre dans des villages permanents plutôt que de se déplacer sans arrêt à la recherche de nourriture.
A proximité de cette maison, l'équipe a trouvé un groupe de silex abandonnés et de haches en calcaire. "Ici, nous avons la preuve de la transition vers des logements permanents, ce qui correspond à priori aux débuts de la domestication des animaux et des plantes. Au lieu de chercher et chasser un mouton sauvage, l'homme de cette époque a commencé à les élever (et les tuer) près de leurs maisons, " expliquent les archéologues.
Les fouilleurs disent aussi qu'ils ont trouvé les possibles restes d'un temple "cultuel" (religieux), qui a plus de 6000 ans. Les chercheurs pensent que cette structure, construite dans la seconde moitié du Ve millénaire avant notre ère, a été utilisé à des fins rituelles, car il contient une lourde pierre levée de 1.3 mètre de hauteur, polie sur ses six côtés et faisant face à l'est.
"Ces fouilles nous donnent une vue d'ensemble de la progression et du développement de la société dans son habitat à travers les âges", a déclaré Amir Golani, l'un des directeurs de fouille de l'IAA.
Golani ajoute qu'il y a des preuves à Eshtaol de la transition d'une société rurale vers une société urbaine à l'âge du Bronze ancien, il y a 5000 ans : "nous pouvons voir nettement un habitat qui est devenu progressivement planifié, comprenant des ruelles et des bâtiments qui étaient extrêmement impressionnants du point de vue de leur taille et de leur mode de construction. Nous pouvons clairement voir les traces d'urbanisation progresser (...)"
Les bâtiments et les artéfacts ont été découverts avant l'élargissement de l'autoroute 38, qui traverse du nord au sud, la ville de Beit Shemesh.
En Israël, les nombreux projets de construction conduisent souvent à de nouvelles découvertes archéologiques. Ainsi, au cours des dernières extensions de l'autoroute 1, la route principale reliant Jérusalem et Tel-Aviv, des figurines d'animaux vieilles de 9500 ans, une sculpture de phallus de l'âge de pierre et un bâtiment rituel de l'époque du Premier Temple, avaient été mis au jour.
Source: Live Science: "'Cultic' Temple, 10,000-Year-Old House Found in Israel"
DES FIGURINES AGÉES DE 9500 ANS DÉCOUVERTES PRÈS DE JÉRUSALEM
Des archéologues ont récemment trouvé des figurines d'animaux, , remontant à l'âge de pierre, il y a environ 9500 ans, lors de l'expansion de l'autoroute de Tel-aviv.
Ils ont découvert les figurines d'un bélier et d'un bovin sauvage à Tel Moza, un site archéologique dans les collines de Judée autour de Jérusalem. Le bélier en calcaire a des cornes finement sculptées et mesure environ 15 centimètres de long.
Ils ont découvert les figurines d'un bélier et d'un bovin sauvage à Tel Moza, un site archéologique dans les collines de Judée autour de Jérusalem. Le bélier en calcaire a des cornes finement sculptées et mesure environ 15 centimètres de long.
"La sculpture est extraordinaire et montre précisément les détails de l'image de l'animal, la tête et les cornes font saillies en avant du corps et leurs proportions sont extrêmement précises," a déclaré le Dr. Hamoudi Khalaily, l'un des co-directeurs de la fouille, de l'Autorité des Antiquités d'Israel.
La seconde figurine est plus abstraite et représente un grand animal avec des cornes en avant qui pourrait être un bovin sauvage ou un bison.
D'après Khalaidy, ces objets remontent probablement à l'époque où les premiers hommes ont commencé la transition d'une vie nomade de chasse et de cueillette à une vie sédentaire basée sur l'agriculture et le pâturage avec des établissements permanents: "Le néolithique pré-céramique période B (le huitième millénaire avant notre ère) est considéré comme l'un des chapitres les plus fascinants de l'histoire de l'humanité; de nombreux changements ont eu lieu et ont eu un impact sur la société humaine sur les milliers d'années à venir".
Anna Eirikh, co-directrice des fouilles, pense que les figurines sont liées au processus de domestication des animaux, lorsque les habitants ont commencé à construire des sociétés plus complexes et des villages agricoles.
Khalaily pense plutôt que ces figurines ont été utilisées comme talismans: "Vraisemblablement, les figurines ont servi de statues porte-bonheur pour assurer le succès de la chasse et ont du faire l'objet d'une cérémonie traditionnelle par les chasseurs avant d'aller sur le terrain pour poursuivre leur proie".
Les archéologues ont découvert une foule d'objets à Tel Moza, y compris des outils de l'âge de pierre, des objets associés à des funérailles, des rituels de culte, et d'autres objets artistiques.
Source: The Jérusalem Post: "Archaeologists find 9500-yr-old figures near J'lem"
Yves Herbo traductions, Sciences, F, Histoires, 03-11-2014
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