Brésil : Des français déterrent des objets de 23 000 ans
Denis Vialou, du Musée national d'histoire naturelle de Paris, et ses collègues pensent avoir trouvé des artefacts de 23 000 ans dans le refuge de Santa Elina dans l'est du Brésil, selon un rapport publié dans Science News . Les artefacts, trouvés dans trois couches de sédiments, comprennent des objets en pierre et des plaques osseuses prises à partir de la peau de paresseux géants, qui ont été modifiées avec des encoches et des trous. Des foyers ont également été trouvés dans les couches de sédiments. Les sites d'occupation humaine précoce en Amérique du Sud se trouvent généralement le long de la côte.
D. Vialou et al. - l'Antiquité
" Des gens ont chassé des paresseux géants dans le centre de l'Amérique du Sud il y a environ 23,120 ans ", disent les chercheurs, une découverte qui ajoute une nouvelle preuve que les humains ont atteint l'Amérique du Sud bien avant que les chasseurs de la culture Clovis parcourent l'Amérique du Nord il y a environ 13 000 ans.
La preuve de la présence des gens dans le refuge rocheux de Santa Elina, situé dans une partie boisée de l'est du Brésil, pose des questions sur la façon dont les gens sont entrés en Amérique du Sud il y a si longtemps. Les premiers colons ont peut-être flotté vers la côte du Pacifique dans des canots avant de se diriger de 2 000 kilomètres vers l'est, vers le refuge à distance, ou ils ont pu emprunter une route intérieure vers l'Amérique du Nord, rapportent l'archéologue Denis Vialou du Musée national d'histoire naturelle de Paris et ses collègues dans la publication de l'Antiquité d'août 2017. D'autres sites sud-américains auraient été occupés par des humains de l'âge de pierre beaucoup plus près de la côte (YH : certains parlent même de datations de - 45 000 ans sur les côtes) que Santa Elina. YH : On assiste peu à peu à un possible retournement de la colonisation humaine des Amériques, provenant du sud puis remontant vers le nord. Cela pourrait expliquer la découverte d'une très ancienne (peut-être la toute première des Amériques !) civilisation inconnue dont on commence à retrouver les traces suite au défrichage de l'Amazonie (notamment vers Acre, mais aussi ailleurs).
Les fouilles à Santa Elina de 1984 à 2004 ont révélé trois couches de sédiments contenant de nombreux objets en pierre et des os de jeunes paresseux géants éteints appelés Glossotherium. Les résidus de paresseux incluent des petites plaques osseuses de la peau que les humains ont transformées en ornements d'une certaine sorte en ajoutant des entailles et des trous. Les couches de sédiments contiennent également des restes de foyers de bois.
Trois méthodes de datation, appliquées aux particules de charbon de bois, aux sédiments et aux os, indiquent que ces personnes ont atteint Santa Elina il y a plus de 20 000 ans. Des humains ont de nouveau visité l'abri rocheux il y a environ 10 120 ans et 2 000 ans, disent les chercheurs.
De plus près (extraits de https://nda.revues.org/214) : " Les fouilles que nous avons conduites dans l’abri rupestre Santa Elina ont mis en évidence une longue séquence d’occupations, dont les premières appartiennent, sans conteste, au Pléistocène : elles ouvrent sur la problématique des premiers peuplements de cette zone centrale du continent sud-américain, aux sources du bassin hydrographique du Rio de la Plata vers le sud et en bordure immédiate du bassin de l’Amazonie vers le nord. "
(Fig. 1) : Abri rupestre, Santa Elina : longue séquence stratigraphique, de 25 000 ans à 2 000 ans BP - Photo A. et D. Vialou
" Santa Elina (Jangada, environ 120 km au nord de Cuiabá, capitale du Mato Grosso) est un abri de 60 m de long situé à la base d’une puissante couche de calcaire précambrien de la Serra das Araras. Cet immense plissement barre le plateau sur 40 à 50 km de largeur, jusqu’à 800 m de hauteur, et plus de 500 km de longueur. La paroi relativement plane rassemble près de 900 représentations, dessins et peintures. La séquence d’occupations, bien calée dans des couches non perturbées et datées, est ininterrompue sur 2 m d’épaisseur jusqu’au sol daté de 10 000 ans avant le présent. Entre celui-ci et les plus anciennes occupations, les dépôts, régulièrement stratifiés sur 1 m d’épaisseur, alternant des niveaux de fraction fine sableuse et de fraction grossière (des blocs de calcaire érodés), sont archéologiquement stériles (Fig. 1). " (...)
" Dans cette occupation profonde, décapée sur 30 m2, les pièces lithiques s’associent clairement avec de nombreux restes osseux d’un Paresseux géant (Glossotherium Letsomii), espèce de la mégafaune sud-américaine qui s’est éteinte à la fin du Pléistocène. " (...)
" Les trois méthodes de datation ont été mises en application sur place par les spécialistes eux-mêmes : Uranium-Thorium sur des ostéodermes du Glossotherium, luminescence optique stimulée (Osl) sur les grains de quartz des sédiments enrobant le matériel archéologique et faunistique (avec dosimètres placés dans la couche, en coupe), accélérateur spectrométrie de masse (Asm) à partir de micro-charbons recueillis dans la couche. Ces trois méthodes ont fourni des datations autour de 25 000 ans BP. Une datation Uranium-Thorium tentée sur des ostéodermes prélevés dans le niveau archéologique à foyers datés vers 10 000 ans a fourni une date autour de 13 000 ans, en correspondance méthodologique donc avec celle donnée par le C14. De même, d’autres datations Osl de niveaux sableux intercalés entre les deux occupations à Glossotherium ont donné des dates intermédiaires. L’intercalibrage des trois méthodes (deux étant à la limite inférieure de leur validité) donne un premier résultat qui renforce encore davantage la datation remarquable du niveau anthropique profond, la plus ancienne aujourd’hui obtenue, dans des contextes archéologiques et stratigraphiques parfaitement établis (Falguères 2005 ; Feathers 2005 ; Fontugne, Hatté et Noury 2005 ;Valladas 2005). " (...)
" Les représentations figuratives sont composées exclusivement d’animaux (68 déterminés, surtout des cerfs, mais aussi des oiseaux, tapirs, félins, singes et suidés) et d’humains (49). Cent six figures restent indéterminables, en particulier les plus abîmées ou incomplètes. Les signes forment plus des deux tiers des représentations : leur éventail typologique va des points, signes ponctués, et des barres et signes linéaires simples à des formes géométriques complexes. "
Fig 2 : Abri rupestre, Santa Elina : peinture d’indien (YH : on voit ici que les 5 doigts/orteils sont bien détaillés) - Photo A. et D. Vialou
Serra da Capivara : un autre endroit daté de - 25 000 ans, beaucoup de pétroglyphes, et certains avec des personnages possédant 3 doigts et une coiffe étrange, serait-ce des paresseux géants, ou autre chose ? ...
" La première phase est composée de grands animaux peints en violet (tapirs en particulier), concentrés au centre de l’abri et en hauteur (entre 2 et 4 m du sol actuel) (YH : étant donné le contexte étroit de l'abri (voir fig. 1), pourquoi faire ces dessins si haut (en considérant en + que le sol était donc 2 mètres plus bas que l'actuel pour la première phase !), alors qu'il n'y a pas de recul ? Des dessins faits entre 4 et 6 mètres de hauteur nécessitent une grande taille (qui était donc ce peuple ?) ou d'élaborer un échafaudage solide !). Une des phases les plus récentes est dominée par des groupes de petits cervidés dispersés sur toute la longueur du dispositif, dans sa partie basse (parfois au ras du sol). Certains signes composent des panneaux sans représentations figuratives (YH : laissés vides donc pour accueillir une suite), en marge de la zone centrale. Des groupes d’humains, dont certains portent des parures céphaliques, occupent les extrémités (fig. 2). "
" La plus ancienne phase (YH : de ces pétroglyphes et peintures) pourrait remonter aux débuts de l’Holocène (-10 000 ans). La dernière, constituée de petits tracés crayonnés et de plages ou alignements de percussions oblitérant des représentations peintes ou dessinées, est probablement contemporaine des dernières occupations (Vialou 2005). " (...)
Fig 4 : Abri rupestre, Acrobatas : signes et motifs - Photo A. et D. Vialou
" Des milliers de représentations ont été inventoriées, enregistrées, analysées (YH : dans la région). Les figures, traitées de façon plutôt réaliste pour les animaux et de façon plus synthétique pour les humains, sont assez peu nombreuses. Les signes représentent plus des trois quarts du corpus ; certains dispositifs pariétaux ne comportent que des signes.
Des signes élémentaires comme des barres, ou complexes comme des cercles concentriques et des rectangles cloisonnés, sont fréquents dans tous les micro-secteurs géographiques de la région. D’autres types sont plus rares, voire limités à deux ou trois sites voisins appartenant à la même sous-unité géographique. Enfin, il existe des motifs géométriques spécifiques à un seul site, comme s’ils en étaient les enseignes, les symboles identitaires (fig. 4) (Vialou et Vilhena Vialou 1996 ; Vialou 2003 ; Vilhena Vialou et Vialou 2003). " (...)
Sources : D. Vialou et al. Peuplage du centre sud-américain: le site du Pléistocène tardif de Santa Elina . L'antiquité . Vol. 91, août 2017, p. 865. doi: 10.15184 / aqy.2017.101. https://www.cambridge.org/core/journals/antiquity/article/peopling-south-americas-centre-the-late-pleistocene-site-of-santa-elina/04FF5616EBC1883B6B79A2F1BDFB928E
Àgueda Vilhena Vialou et Denis Vialou (Professeur au muséum national d’histoire naturelle et professeur associée à l’université de Sao Paulo), « Peuplements préhistoriques au Brésil », Les nouvelles de l'archéologie [En ligne], 111/112 | 2008, mis en ligne le 15 juin 2011, consulté le 10 septembre 2017. https://nda.revues.org/214
Autres articles sur le sujet : http://www.sciences-faits-histoires.com/blog/sciences/bresil-prehistoire-migrations-adn-ovnis.html
Yves Herbo et Traductions, Sciences-Faits-Histoires, http://herboyves.blogspot.com/, 10-09-2017
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