Lybie : Débuts de la recherche de la cité perdue de Barca
Noyez que la Lybie est l'ancien nom de la Libye selon Pline l'ancien, cité par Denis Diderot " Pline dit avec un peu d’exactitude, que les truffes de Lybie étoient plus charnues que les autres " (Denis Diderot, Jean Le Rond d’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, Chez Briasson, 1765). :)
Cela a été annoncé officiellement fin août 2017 par l'Autorité Archéologique Libyenne : un projet vient d'être planifié au sujet de la recherche de l'ancienne ville perdue de Barca, liée à une civilisation libyenne disparue et qui a été décrite dans les livres d'Histoire. Selon certains anciens écrits d'historiens, la ville disparue de Barca pourrait se situer aux alentours de la ville actuelle d'Al-Marij, qui est très ancienne, c'est donc là que les premières fouilles auront lieu...
Pour rappel, la ville de Barca (ou Barqa, ou Barka, appelée Barké ou Barce dans l'Antiquité) est mentionnée comme déjà existante avant l'arrivée des anciens Grecs dans la contrée, et serait devenue la capitale de l'ancienne province de Cyrénaïque, du temps des anciens Grecs. En fait, il faut distinguer la ville qui s'était étendue au fil du temps jusqu'à la mer pour y créer un port, et l'ancienne ville, située dans les terres... et qui a complètement disparue...
Anna Leon proche de Al Marij sur un terrain propice aux fouilles... (Libya Observer)
Le chef de l'Autorité d'archéologie libyenne, Ahmed Hussein, a déclaré que le projet a été lancé en coopération avec la municipalité d'Al-Marij après avoir signé un accord avec le professeur Anna Leon, de l'Université de Durham en Angleterre, qui dirigera la formation d'une équipe d'archéologues libyens.
"Ils seront formés pour utiliser les technologies de topographie d'archéologie de pointe et sur l'enquête géophysique. Après la formation, l'autorité recevra l'équipement de haute technologie". Explique Hussein.
Il a ajouté que cette enquête est une étape cruciale sur la façon de découvrir une époque importante dans l'histoire des anciens Libyens.
"Un autre sondage sera lancé dans la région centrale et le processus d'arpentage de la région de Western Mountain sera également repris une fois que le budget sera prêt", a fait remarquer le chef de l'Autorité d'archéologie libyenne.
Sources : https://www.libyaobserver.ly/culture/libyan-archeology-authority-look-lost-ancient-city-barca
Mais que savons-nous de cette cité disparue au juste ? : Ses origines ne sont pas très certaines mais c'était primitivement le centre de la tribu des Barcaei, nomades renommés pour leurs chevaux. Tout ceci remonte fort loin et même jusqu'aux légendes grecques, puisque nous sommes ici, avec cette région et plateau "Barka", dans la région du Jardin des Hespérides, situé à l'ouest...
Héraclès et les Hespérides - Bas-relief. Villa Albani, Rome
Pour mémoires, les Hespérides, traduction des "Occidentales", étaient trois nymphes (selon deux versions) dont le jardin était composé d'arbres qui portaient des pommes d'or. La légende affirme que ces arbres avaient été donnés par Héra à Zeus, lors de son mariage avec ce chef des dieux. Leurs fruits avaient des vertus surprenantes et plusieurs légendes s'y rattachent : ce fut avec une de ces pommes que la Discorde brouilla les trois déesses qui aspiraient à être les plus belles; Hippomène adoucit la fière Atalante grâce à l'un de ces fruits. Alors ces pommes d'or avaient-elles été mises sous la protection du fils de Gaïa, Ladon, un horrible dragon à cent têtes, et qui poussait en même temps cent sifflements formidables. Ce qui n'empêcha pas Héraclès (Hercule) de s'emparer de ce trésor, et d'accomplir ainsi l'un de ses Douze travaux... Ce mythe est très complexe car il varie beaucoup selon les auteurs grecs...
Quoiqu'il en soit, le Jardin a probablement existé sous la forme d'un grand verger fertile, car les écrits romains parlent encore du silphium qui y croissait naturellement, (deriah des Arabes), un arbrisseau précieux pour ses propriétés médicinales et culinaires...
Par la suite, on donna le nom de Cyrénaïque à une région de la côte méditerranéenne de l'Afrique dont la colonie grecque de Cyrène était la capitale. La Cyrénaïque était donc située à l'Ouest de l'Égypte, entre ce pays et le golfe de la Grande Syrte, dans une région qui correspond au Nord-Est de la Libye actuelle. Cette région comprenait essentiellement le plateau de Barca, sur lequel étaient les cinq cités formant la Pentapole, dont le nom est souvent employé pour désigner la région entière: ces cinq cités étaient : Cyrène, Barca (Barka, Barcé), Teucheira (plus tard Arsinoé), Hespérides ou Hesperis (plus tard Bérénice) et Apollonia.
Historiquement, la région devint une colonie grecque vers l'an -631 avant JC. Les premiers colons, d'après l'historien Mènèkles, dont l'écrit ne nous est pas parvenu mais des fragments par d'autres (Scholiaste de Pindare, Pyth. IV) et par Hérodote, étaient d'origine dorienne et vinrent de l'île de Thèra, vers 630 av. J.-C.. Le chef de l'expédition, oekiste ou fondateur religieux et politique de la cité nouvelle, était Battus, d'origine mynienne. Mais la tradition locale attribuait un rôle prépondérant aux Crétois, qui, certainement, fournirent un gros contingent de colons, et faisait de Battus un petit-fils du roi crétois d'Assus. Ce dernier forma un royaume qui grandit avec ses successeurs, mais qui tomba ensuite sous la domination des Perses, et devint, vers 514, une république florissante par son commerce. Les ruines nombreuses qui jonchent encore le sol attestent de la grandeur de cette civilisation disparue. Les Grecs vivaient surtout dans les villes; au voisinage étaient leurs exploitations agricoles auxquelles participaient quelques populations sédentaires les Asbystes, près de Cyrène; les Auschisae, au Sud de Barca; les Cabales, près de Teucheira; enfin les nomades erraient librement alentour, promenant leur bétail et leurs chariots attelés d'excellents chevaux; les Nasamones faisaient des caravanes vers l'oasis d'Augila, commerçant avec l'Afrique centrale. La dynastie royale des Battiades était demi-africaine. Les noms de Battus et d'Arcésilas alternent chez ses huit rois. A priori, Barca est fondée vers -550 Av. J.C. La fin complète de la dynastie des rois Battiades, vers -450 Av. J.C. laisse une période dont on ne connaît pratiquement rien, sinon que la région prospéra tout de même toujours et partagea avec Carthage la côte nord d'Afrique, fixant la limite à l'Ouest de son comptoir d'Automala au point où fut élevé l'autel des Philènes.
En -331, les Cyrénéens se soumirent volontiers à Alexandre le Grand. Mais plus tard, à cause de grands troubles de population, les dirigeants oligarques appelèrent Ptolémée, maître de l'Égypte; celui-ci envoya une armée commandée par Ophellas; Thimbron fut vaincu et pendu, Ptolémée vint visiter sa conquête, dont Ophellas devint vice-roi (-322). Une insurrection des Cyrénéens échoua en -312 et leur ville, contenue par une citadelle qu'occupait une garnison égyptienne, ne put recouvrer sa liberté. Ophellas, allié à Agathocle, entreprit avec lui une grande expédition contre Carthage et lui amena son armée par terre. L'aventurier sicilien le tua par trahison et rembarqua ses colons amenés de Cyrène, lesquels se noyèrent en mer (-307)...
Les ruines de Ptolemaïs, le port de Barca (CC BY-SA 3.0)
La Cyrénaïque, où Ophellas aurait pu se rendre indépendant, resta donc une dépendance de l'Égypte ptolémaïque. Cette période fut pour elle très favorable; les Ptolémées, selon leur politique, fondèrent de nouvelles cités où du moins en favorisèrent d'autres aux dépens des anciennes. Barca fut éclipsée par son port Ptolémaïs qui devint la capitale, Cyrène fut dépassée par Apollonia, Hespérides prit le nom de Bérénice, Teucheria celui d'Arsinoé; la Pentapole fut donc formée de ces cinq cités (Cyrène, Apollonia, Ptolémaïs, Arsinoé, Bérénice). En l'an -117, la Cyrénaïque fut érigée en royaume au profit d'un bâtard de Ptolémée Physcon, du nom d'Apion. Quand il mourut en -95 ou -96, il légua son royaume aux Romains.
Les Romains garantirent aux cités leurs libertés, occupant seulement le domaine royal et exigeant un tribut. Les querelles intestines provoquèrent l'intervention de Lucullus et décidèrent les Romains à réduire la Cyrénaïque en province; elle fut jointe à la Crète (-67). Sous Auguste ce fut une province sénatoriale à laquelle on préposa depuis lors un propréteur avec titre de proconsul, assisté d'un légat et d'un ou deux questeurs. Sous Constantin, la Cyrénaïque devint une province distincte appelée Libye supérieure et confiée à un président.
L'Empire Romain vers 120 après J.C., avec mention de la Cyrénaïque et de la Crète, regroupées en une province
Le grand événement de son histoire au temps de l'empire romain fut l'insurrection des Juifs (sous Trajan, +115 à +117); ils massacrèrent 220 000 Romains et Cyrénéens, et ne furent soumis qu'à grand-peine. Lorsque l'Empire affaibli ne put plus défendre ses frontières, les gens de la Cyrénaïque devinrent les victimes des perpétuelles incursions des Libyens; les nomades du désert ruinèrent peu à peu les populations sédentaires. Synésius, évêque de Ptolémaïs au VIe siècle après J.C., a décrit les misères du pays...
En 616, le Perse Chosroës dévasta la Cyrénaïque, dont la conquête arabe acheva la ruine (647). Toutes les villes anciennes ont disparu sauf Bérénice, aujourd'hui Benghazi...
Le site gréco-romain de Cyrène en Libye - Dailymotion
Sources (extraits et résumés de) : http://www.cosmovisions.com/index.html
Yves Herbo et traductions, Sciences-Faits-Histoires, http://herboyves.blogspot.com/, 16-09-2017
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